Frontières des genres
65 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Frontières des genres , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
65 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un nouvel ouvrage sur la question des genres, à partir de la littérature, de la peinture et de la langue ? Pourquoi ? Les manifestations des genres et la séparation ou la porosité entre le masculin et le féminin doivent être approchées autour de zones tranchées, indécidables ou de contact. Que signifie le « neutre » en langue ? Qu’est-ce qui incite une personne de sexe déterminé à utiliser les signes et caractéristiques de l’autre sexe, dans le champ socio-culturel, littéraire, artistique ? Quels sont les signes qui désignent le sexe, comment en joue-t-on et quels sont les effets produits ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 avril 2006
Nombre de lectures 2
EAN13 9782304053319
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Christiane Chaulet Achour
Frontières des genres
Collection Genre(s) et création
é ditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Conte et narration au féminin , Christiane Chaulet Achour, 2005
Comité scientifique (pour ce volume) :
Les différentes contributions de cet ouvrage sont le fruit de recherches menées dans le groupe Féminin/Masculin du Centre de recherche textes et francophonies (ex. CRTH). Les auteures sont deux professeures de l’université de Cergy-Pontoise, C. Chaulet Achour et Dominique Fattier, une docteure ès lettres de Montpellier III, Valérie Lotodé et quatre doctorantes des universités de Cergy-Pontoise et de Paris III, Marie Blancard, Simona Crippa, Marie Frémin et Audrey Roussey.
ISBN numérique 9782304053319 ISBN papier 9782748170627 © 2006


La collection Genre(s) et création
À l’heure du combat pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre, la création, sous toutes ses formes, demeure le lieu privilégié pour la révéler et l’affirmer. Qu’elle soit littéraire, artistique ou scientifique, il s’agit de questionner, de déconstruire, de subvertir les classifications sociales et culturelles du féminin et du masculin fabriquées par le système sexe/genre binaire et normatif. Cette collection se propose d’une part de publier en langue française des ouvrages théoriques fondamentaux pour la réflexion, d’autre part de faire connaître des travaux de recherche susceptibles d’enrichir les savoirs et de dynamiser les pratiques.


Présentation
Au moment de présenter ce travail, limité à ses objets, mais qui a la prétention de faire réfléchir plus largement sur les « frontières des genres » par les auteures ou les problématiques abordées, sort en librairie un livre polémique et inquiet sans doute, Le Premier sexe … « La complainte du mâle », a-t-on dit, d’Eric Zemmour 1 ; Antoinette Fouque l’a qualifié de « baroud de déshonneur »… Le ton et les arguments y appellent à un retour à la distinction des sexes et des genres dans une société qui « succomberait » à sa féminisation… rampante, bien évidemment. Il semble que cette position, éditée, rencontre le sentiment d’hommes et de femmes qui n’ont pas la même possibilité de s’exprimer que le journaliste et qu’elle ne surgit pas à n’importe quel moment, mais lorsque les nombreux travaux engrangés permettent aujourd’hui, en sciences sociales, de ne plus contester « la domination masculine ». Il participerait à un effet de brouillage pour freiner les avancées. L’ouvrage que nous présentons a donc toute son utilité, malgré sa modestie.
Notre réflexion a eu pour base la définition, désormais classique, du couple sexe/genre :
« Les sociétés humaines, avec une remarquable monotonie, surdéterminent la différenciation biologique en assignant aux deux sexes des fonctions différentes (divisées, séparées et généralement hiérarchisées) dans le corps social en son entier . Elles leur appliquent une “grammaire” : un genre (un type) “féminin” est imposé culturellement à la femelle pour en faire une femme sociale, et un genre “masculin” au mâle pour en faire un homme social. Le genre s’exerce matériellement dans deux champs fondamentaux : 1) la division sociosexuée du travail et des moyens de production ; 2) l’organisation sociale du travail de procréation, où les capacités reproductives des femmes sont le plus souvent exacerbées par diverses interventions sociales. Les autres aspects du genre – différenciation du vêtement, des comportements et attitudes physiques et psychologiques, inégalité d’accès aux ressources matérielles et mentales, etc. – sont des marques ou des conséquences de cette différenciation sociale de base […] Ni les définitions du sexe et du genre ni les frontières entre sexes et/ou entre genres ne sont aussi claires ». 2
Elle a eu aussi comme fil directeur, la littérature et la langue. Pourquoi ? Depuis bien des années, les études et questions sur le féminin et le masculin se multiplient, tout particulièrement dans le domaine des sciences sociales 3 . Mais la littérature, plus que les sciences du langage d’ailleurs, semble se prémunir contre de telles interrogations, l’argument essentiel étant la neutralité sexuée de la création littéraire et plus généralement artistique et pour appuyer cet argument, on cite volontiers la phrase de Virginia Woolf en conclusion de son essai, Une chambre à soi : « Il est néfaste d’être purement un homme ou une femme ; il faut être femme-masculin ou homme-féminin ». Or, au terme de toute une démonstration qu’il faut reprendre, V. Woolf appelle à la prise en charge de la totalité de l’être humain sexué par l’art, donc de sa part féminine et masculine et non à sa dilution. L’androgynie n’est pas la disparition des marques sexuées. Tout son essai a bien montré par ailleurs combien, du sexe au genre, le parcours des femmes était ardu et périlleux.
Aujourd’hui, nous pouvons constater les effets de la recherche scientifique sur le terrain et donc la diffusion plus large d’un certain nombre des avancées du féminisme théorique. À côté de la bibliographie scientifique impressionnante qu’on peut réunir sur le sujet, l’exemple de deux sites parmi d’autres est éloquent : le premier est celui de la Mairie de Nantes qui propose comme thème en 2005-2006 : « Féminin – Masculin : des écrits en tout genre » où la problématique est déclinée et détaillée ainsi : – Les rapports entre Ils et Elles ; – Des images de tous les genres ; – Hymnes à l’amour ; – Genres à déranger ; avec un argumentaire très intéressant accompagnant le document où chacun(e) peut trouver une voie d’observation et de transmission. Le second exemple est la série de fiches pédagogiques du CRDP de l’Académie de Créteil, « Télémaque », sur Féminin/Masculin, proposées par le SCÉRÉN à travers la littérature de jeunesse et à partir d’elle.
Un nouvel ouvrage sur la question émanant de chercheuses, de terrains tenus en suspicion par la recherche scientifique (littérature, peinture et sciences du langage) ne nous a pas paru superflu.
Qu’est-ce que le féminin ? Qu’est-ce que le masculin ? S’il semble aisé de répondre à ces interrogations spontanément, on se rend compte, dès que l’on se place en position d’observation, que les choses se compliquent et se complexifient. Pour approcher certaines délimitations de ces deux « espaces » ou « lieux », on a réfléchi aux zones tranchées (ouvertement « féminines » ou « masculines ») ou indécidables où l’un n’est pas l’autre, mais l’est presque, où l’autre peut être l’une – et l’une, l’un… On a réfléchi aux zones de contact, de porosité entre les genres .
Que signifie le « neutre » en langue ? Qu’est-ce que l’androgynie (le mot pouvant être pris au sens propre, mais aussi dans ses usages métaphoriques) ? Qu’est-ce qui incite une personne de sexe déterminé à utiliser les signes et caractéristiques de l’autre sexe, dans le champ socioculturel, littéraire, artistique ? Quels sont les signes qui désignent le sexe et comment en joue-t-on ? Quels sont les effets de ce « jeu » ?
Dans le domaine de la littérature, l’ouvrage pionnier de Béatrice Didier, en 1981, L’ é criture-femme (PUF), plusieurs fois réédité, a bien déblayé le terrain et a permis des compléments, des réadaptations et des extensions. Un ouvrage comme celui édité à Toronto poursuit dans cette optique d’interrogation des textes littéraires à partir des sexes et des genres 4 . Auparavant, l’ouvrage de Christine Planté, La Petite sœur de Balzac – Essai sur la femme auteur 5 , développait cette confrontation entre genre et genres littéraires.
Il était judicieux de commencer par un mythe… féminin, moins étudié peut-être que celui d’Antigone ou de Médée. Les mythes dont on sait combien ils aident les êtres humains à vivre, selon la très belle affirmation de Pietro Citati, ne sont pas univoques. Audrey Roussey dans Le renversement de la sexualisation dans le conte d’Apulée , revient sur le mythe de Psyché y analysant un renouvellement de l’héroïsme féminin qui reposerait notamment sur une inversion. Au cours de son initiation, Psyché subit une métamorphose : elle quitte l’archétype féminin pour revêtir des caractéristiques propres au principe masculin dans le même temps, le personnage de Cupidon se féminise. Selon toute vraisemblance, l’enfant Psyché doit d’abord faire l’expérience de son androgynie avant de devenir une femme à part entière. Par ailleurs, un héros féminin ne pourrait accomplir des exploits qu’à condition de devenir un homme. Mais ce qui pourrait être simple lecture misogyne se révèle bien plus complexe et trahit la difficile acceptation de la différence des sexes se traduisant dans la hiérarchie homme/femme par l’activation involontaire de « la valence différentielle des sexes », selon les termes de Françoise Héritier.
À quel moment et pourquoi choisit-on dans la société, lorsqu’on est une femme de changer de sexe social, de passer du genre féminin au genre masculin ? Les deux articles qui suivent abordent cette question avec des exemples très différents.
Dans William et Ellen Craft : « Mon maître comme j’appellerai désormais ma femme », Marie Frémin affronte la lourde contrainte sexuelle, sociale et politique de l’esclavage. Le couple dont il est question a réussi sa fuite en utilisant ses particularités : Ellen, « blanche », s’est transformée en « maître » de son mari qui devenait son « esclave ». Une fois libre, ne voulant confier à personne le récit de cette fuite, William apprend à lire et à écrire et la raconte onze ans après. C’est l’aventure du couple qui est narrée et non celle d’un individu. Sans Ellen et son déguisement masculin, rien n’aurait été possible. Comment est raconté ce fait ? Que devient la voix féminine, dans ce récit et la personne d’Ellen, dans sa diffusion, car le livre eut un grand retentissement et les époux participèrent à de nombreux meetings ?
Christiane Chaulet Achour étudie un

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents