Histoire de Charles XII , livre ebook

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L'Histoire de Charles XII est celle d'un roi guerrier et du chef d'un grand pays du Nord. À la fin du xviie siècle la Suède s'étendait en Carélie, en Poméranie aux duchés de Brême et de Verden. Quand notre auteur écrit, vivent en Suède des personnages qui pourraient lui paraître étranges, en tout cas étrangers à ce que lui offraient les manoirs du Devon, les salons de Paris, voire la cour de Versailles, tel Swedenborg, mécanicien très savant et théosophe, un mystique qui sera à la fois historien et « philosophe ».

Le jeune roi était bien jeune et son redoutable voisin le tsar Pierre, bien puissant, bien assez en tout cas pour tenter de mettre la main sur tout l'Orient de la mer Baltique et, signant une entente avec le roi de Pologne, tenter d'enlever à la Suède «… tous ces pays qui sont entre le golfe de Finlande, la mer Baltique, la Pologne et la Moscovie… » Imaginer Voltaire la plume levée, une carte à ses côtés, attablé devant une croisée ouvrant sur la campagne verte et laissant vaguer son esprit vers le Golfe de Finlande, le Danemark, entités incertaines et cependant assurées par le dessin du cartographe et la littérature de Shakespeare. Tout est de cette même veine, l'amour du mot bizarre, du lieu étranger par excellence, la recherche intriguée, la penne parcourt le dessin d'îles inconnues et froides, les champs de batailles, les marches forcées sont calculées du bout encré de la plume : le plaisir.

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2001

Nombre de lectures

140

EAN13

9782876233560

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

HISTOIRE DECHARLES XII
Voltaire
HISTOIRE DE CHARLES XII
Préface de Yves Lemoine
MICHEL DEMAULE
Illustration de couverture : CharlesXII, par David von Krafft Palais de Versailles Conception graphique : LES3TSTUDIO
© ÉDITIONS TUM/MICHEL DEMAULE, 2001
Voici une nouvelle édition de l’Histoire de CharlesXIIque Voltaire publia en 1731. Je ne sais pourquoi la lecture de ce texte me remplit toujours d’aise ! Voltaire travailla beaucoup à cet ouvrage qui connut des débuts difficiles puisqu’on l’accu-sa de plagiat (c’est l’affaire du P. Barre). Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser cet homme-là, au seuil de sa maturité d’auteur à se lancer dans une histoire aussi nor-dique. C’est un dramaturge chanceux puisqu’il a déjà tâté de la Bastille ; il est l’auteur d’Œdipe, deLa Henriade, il a à peine trente ans qu’il est en passe d’être reconnu pour le poète épique dont la France manquait cruellement. L’explication est simple comme l’exil. En 1725, après la célèbre bastonnade des gens du chevalier de Rohan et après un nouveau et bref séjour à la Bastille, il est prié d’aller méditer en Angleterre. On dit qu’il y découvrit Mil-ton, ce qui est peu croyable puisqu’avant cet exil il voulait déjà être Milton ; en revanche, il est certain que Dryden, Addison lui donnèrent le goût des drames violents et de la tragédie moralisatrice. L’Angleterre offrait quelque chose d’inédit. Les sciences y étaient philosophiques et la philosophie, en Angle-terre, était de ne croire en rien, ce qui convenait particulière-ment à cet homme jeune. Swift était sceptique, Pope, déiste,
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Bolinbroke, incrédule, et Woolston publiait des discours contre les miracles de Jésus-Christ. Il passa trois années sérieuses, irreligieuses avec applica-tion, luxueuses, heureuses. Il ne vit que ce qu’il voulut voir, fut reçu par lagentryla plus aimablement rieuse. Il préparait dans son esprit des ouvrages d’Histoire, et sesLettres philosophiques qu’il rédigea directement dans la langue de son pays de cœur. Il n’échappera pas au lecteur que le principe du livre fut arrêté en 1727 et le manuscrit commencé probablement en Angleterre en 1728. L’Histoire de CharlesXIIest celle d’un roi guerrier et du chef e d’un grand pays du Nord. À la fin duXVIIsiècle, la Suède s’étendait en Carélie, en Poméranie (la Poméranie suédoise), aux duchés de Brême et de Verden. Quand notre auteur écrit, vivent en Suède des personnages qui pourraient lui paraître étranges, en tout cas étrangers à ce que lui offraient les manoirs du Devon, les salons de Paris, voire la cour de Versailles : Swe-denborg, mécanicien très savant et théosophe, un mystique qui sera à la fois historien et « philosophe ». Marquée depuis GustaveIIAdolphe par un luthéranisme assuré, la Suède produit un genre de penseur inédit, doté d’une forte propension à l’observation exacte et à l’exégèse la plus scrupuleuse. Mais n’avait-elle pas donné à l’humanité le plus illustre des frères Brahe, Thycho, qui, à 14 ans, fut boulever-sé par l’éclipse de soleil d’août 1560 au point d’entrer en astronomie. À trente ans, ce surgeon de la grande Suède qui errait de Bâle à Venise, à Budapest reçut du roi de Danemark l’invitation de venir se fixer «… dans l’Île de Hveen, entre Elseneur et Landskrona où il pourrait construire un châ-teau… » qui devint le château d’Uranie.
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La Suède, le Danemark quand on sort de la lecture de Sha-kespeare, ne sont-ce pas ces mondes mystérieux, insolites, où les princes s’habillent en noir et méditent sur la mort… La mort, bien sûr, est le début de toute biographie, Voltaire nous dépeint celle de la mère du souverain, morte des « cha-grins que lui donnaient son mari… », femme pieuse et juste qui se jeta aux pieds de CharlesXIpour lui demander pitié pour leurs sujets et s’entendit répondre : « Madame, nous vous avons prise pour nous donner des enfants et non pour nous donner des avis ». Mais le jeune roi était bien jeune et son redoutable voisin le tsar Pierre, bien puissant, bien assez en tout cas pour tenter de mettre la main sur toutl’Orientde la mer Baltique et, signant une entente avec le roi de Pologne, tenter d’enlever à la Suède «… tous ces pays qui sont entre le golfe de Finlande, la mer Baltique, la Pologne et la Moscovie… » Magnifique incertitude des mots quand la plume se fait rêveuse : tout ce qui se trouve entre le golfe de Finlande, la mer Baltique, la Pologne et la Moscovie. Imaginer Voltaire la plume levée, une carte à ses côtés, attablé devant une croisée ouvrant sur la campagne verte et laissant vaguer son esprit vers le Golfe de Finlande, le Dane-mark, entités incertaines et cependant assurées par le dessin du cartographe et la littérature de Shakespeare. Tout est de cette même veine, l’amour du mot bizarre, du lieu étranger par excellence, la recherche intriguée, la penne parcourt le dessin d’îles inconnues et froides, les champs de batailles, les marches forcées sont calculées du bout encré de la plume : le plaisir. On lira que la Pologne est « cette partie de l’ancienne Sar-matie, un peu plus grande que la France, où tout le monde parle latin jusqu’aux domestiques. Les ouvriers, les marchands
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sont des Écossais, des Français et surtout des Juifs qui y comp-tent plus de trois cents synagogues et qui, à force de se multi-plier, en seront chassés comme en Espagne. Ces Juifs achètent à vil prix les denrées qu’ils revendent aux trafiquants de Dant-zick et de toute l’Allemagne, vendant chèrement aux nobles l’espèce de luxe qu’ils connaissent et qu’ils aiment ». Il est entendu que les Juifs sont une espèce de gens qui profitent grassement d’un pays dont le peuple est civilisési l’on veut puisque les nobles ont des goûts, certes dispendieux, mais assez bizarres et qui ne conviendraient pas dans les salons de l’Hôtel Lambert ou sous l’attiquede Versailles. Dame, chacun ses goûts ! Ceci écrit, la description des institutions polonaises est fouillée et on n’y trouve rien à redire. Les fantassins, les cavaliers, les cardinaux, l’Histoire écrite par Voltaire est faite de marches et de contre-marches puis de traités. Le roi de Suède fort peu chrétien était fait pour s’entendre avec le czar qui faisait couper la barbe aux moines et aux paysans, c’est à se demander pourquoi ces gens-là se font la guerre. Mais quoi, c’est le jeu de l’Europe, on voit défiler Venise qui veut se faire appelerSérénissimeet qui ne sera appelée qu’illustre. Tout cela est quand même assez ennuyeux – je veux dire pour l’auteur – qui emprunte des raccourcis pour nous dire que l’objet de son étude fit un roi en Pologne. Mais il y a tellement de choses à dire sur ces régions : tenez par exemple « en 1703 le Czar fit transporter trois cent mille hommes qui venaient de l’Astracan et jusque des frontières de la Chine » pour construi-re une nouvelle ville au beau milieu d’une île putride Saint-Petersbourg. Ce ne sont pas la fortune ou l’infortune des armes du roi de Suède qui nous apprennent quelque chose de la guerre et de la politique des princes septentrionaux ; c’est davantage ces réflexions écrites naïvement (elles feront plus tard l’objet de
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