Histoire du musée de l Homme
376 pages
Français

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Histoire du musée de l'Homme , livre ebook

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Description

Les rois, les révolutionnaires, les voyageurs collectionnaient des objets rapportés du monde entier. Les pays du monde occidental en ont fait des musées depuis 1753. Cet ouvrage raconte l'histoire du musée d'Ethnographie du Trocadéro ouvert en 1882 et magnifié comme musée de l'Homme en 1938. L'auteur analyse également le rôle de nombreux acteurs prestigieux dans la renommée de cette institution. (Louis XIII, Louis XIV, Louis XV y sont associés. Apollinaire, André Malraux, Hô Chi Minh, Marcel Griaule, Paul-Émile Victor, Germaine Tillion, Claude Lévi-Strauss, Michel Leiris, Jean Rouch ...)

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Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2017
Nombre de lectures 23
EAN13 9782842807900
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

É
Bernard Dupaigne
Histoire du musée de l’Homme
De la naissance à la maturité (1880-1972)
Histoire du musée de l’Homme
Histoire du musée de l’Homme
Publications des éditions Sépia avec le musée de l’Homme Francine NDIAYE,Le Musée de Dakar. Arts et traditions artisanales en AfriqueNoire, Dakar, Institut Fondamental d’Afrique Noire, 196 p., 229 ph. n. et bl., 35 ph. coul., 1994. Francine NDIAYE,Secrets d’initiés . Masques d’Afrique Noire dans les collectionsdu musée de l’Homme, Ville de Boulogne-Billancourt-éditions Sépia, 144 p., 58 ph. n. et bl., 40 ph. coul., 1994. Nouvelle édition : Montpellier, Conseil Général de l’Hérault-éditions Sépia, 1994. Francine NDIAYE,Emblèmes du pouvoir, Nigéria, Cameroun, Musée d’ArtAfricain de Dakar, 144 p., 73 ph. n. et bl., 80 ph. coul., 1995. Francine NDIAYE,De l’art d’Afrique à l’art moderne. Aux sources de la création, Ville de Sisteron, 92 p., 36 ph. n. et bl., 33 ph. coul., 1995. Christine HEMMET,Montagnards des Pays d’Indochine dans les collections dumusée de l’Homme, 136 p., 2 cartes, 82 ph. n. et bl., 36 ph. coul., 1995. Anne VITART (sous la direction de),Les Indiens Montagnais du Québec entre deuxmondes, 126 p., 1 carte, 51 ph. n. et bl., 64 ph. coul., 1995. Marie-Claire BATAILLE-BENGUIGUI, FRANCOISE COUSIN sous la direction de), Cuisines, reflets des sociétés, éditions Sépia-musée de l’Homme, 464 p., 6 cartes, 43 dessins, 115 ph. n. et bl., 51 ph. coul., 1996. Gabriel MASSA, Josette RIVALLAIN, Raymond PUJOL,Sculpturesanimalières d’Afrique noire, 160 p., 1 carte, 24 ph. n. et bl., 143 ph. coul., 1996. Josette RIVALLAIN, Pierre EDOUMBA-BOZANKO,Les textiles, dessins de Marie-Claude Eyraud, Ministère de la Coopération-éditions Sépia, « découverte jeunesse », 32 p., 1 carte, 18 dessins, 1 ph. n. et bl., 14 ph. coul., 1997. A. Félix IROKO, Josette RIVALLAIN,Calebasses béninoises, dessins de Marie-Claude Eyraud, Ministère de la Coopération-éditions Sépia, « découverte jeunesse », 32 p., 1 carte, 21 dessins, 2 ph. n. et bl., 16 ph. coul., 1998. A. Félix IROKO, Josette RIVALLAIN,Les appliqués sur tissus du Bénin(République du Bénin), dessins de Marie-Claude Eyraud, Ministère de la Coopération-éditions Sépia, “découverte jeunesse”, 32 p., 1 carte, 31 dessins, 1 ph. n. et bl., 14 ph. coul., 1998. Jacques FAUBLEE,La musique à Madagascar, éditions Sépia, dessins de Marie-Claude Eyraud, 32 p. coul., 1999. Olenka DARKOWSKA-NIDZGORSKI et Denis NIDZGORSKI,Marionnettes et masques. Au cœurdu théâtre africain, 2000, 208 p. LE BOMIN Sylvie,Musiques bateke. Mpa atege, Gabon, éditions Sépia, 128 p. (disque sonore), 2004. Serge TORNAY,Rencontres lumineuses au cœur de l’Afrique. Carnet de route Sud-Soudan, 228 p., 2009. Monique GESSAIN,Bassari. Guinée et Sénégal, 1927-2002, 80 p., 2003. Francine NDIAYE, Gabriel MASSA,L’oiseau dans l’art de l’Afrique de l’Ouest, 2005, 168 p. Claire BOSC-TIESSE, Anaïs WION,Peintures sacrée d’Éthiopie. Collection de la MissionDakar-Djibouti, 2005, 144 p. Monique GESSAIN,La femme et le masque. Ou l’éloge de l’équilibre chez les Bassari, 220 p., 2006. Bernard DUPAIGNE,Les Chams hindouistes du Vietnam. Tissages rituels d’un royaume disparu, éditions Sépia, 184 p., 150 ph. coul., 41 ph. n. et bl., 2015. Monique GESSAIN,Coniagui. Guinée, Sénégal et Gambie. 1904-2004. L’histoired’une diaspora, 128 p., 2016.
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Bernard Dupaigne Histoire du musée de l’Homme De la naissance à la maturité (1880-1972)
Du même auteur Le Pain, La Courtille, 1979. Le Guide de l’Afghanistan, avec Gilles Rossignol, La Manufacture, 1989. Afghan Embroidery, Lahore, UNHCR–Fondation de France, 1993. Le Pain de l’Homme, La Martinière, 1999. Visages d’Asie, Hazan, 2000. Asie nomade, Hazan, 2000. Enfances lointaines, photographies de Kevin Kling, Hazan, 2001. Le carrefour afghan, avec Gilles Rossignol, Gallimard, « Folio–Le Monde actuel », 2002. Afghanistan, rêve de paix, Buchet-Chastel, 2002. Le scandale des arts premiers. La véritable histoire du musée du quai Branly, Mille et une nuits, 2006. Afghanistan. Monuments millénaires, Imprimerie nationale, 2007. Afghanes, Titouan Lamazou et Bernard Dupaigne, Gallimard, 2009. Les Chams hindouistes du Vietnam. Tissages rituels d’un royaume disparu, éd. Sépia, 2015, 184 p., 150 ph. coul., 41 ph. n. et bl. Désastres afghans. Carnets de route, 1963-2014, Paris, Gallimard, « Témoins », 2015, 326 p., 12 ph. coul. Prix d’Histoire Louis Castex 2016 de l’Académie française. Les Maîtres du fer et du feu. Le fer dans les royaumes d’Angkor,CNRS éditions, 2016, 440 p. Cambodge insolite, Cosmopole, 2016, 160 p. Le présent ouvrage a bénéficié d’une aide du département « Homme, Natures, Sociétés » du Muséum national d’Histoire naturelle. Avec le soutien de la Société des Amis du musée de l’Homme.
© Sépia, 2017 ISBN : 979-10-334-0121-6 EAN : 9791033401216
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INTRODUCTION
Le départ des collections d’art et d’ethnologie du musée de l’Homme vers le nouveau musée du quai Branly s’est fait sans arrêté du ministère de l’Éducation nationale, ni délibération du conseil d’administration du Muséum national d’Histoire naturelle, les deux institutions dont il dépend. Pour cela, il était nécessaire d’accabler de péchés le vieux musée. Le musée de l’Homme serait fils du colonialisme, il « mépriserait » les Arts traditionnels (déclarés « premiers »). Voici ce que l’on a pu malheureusement entendre pour justifier sa disparition et la captation de ses collections prestigieuses par le nouveau musée. Le musée de l’Homme est-il vraiment « fils du colonialisme », ou simplement construction de son époque ? « Méprisait-il » les arts ? Dans sa forme contemporaine, le musée de l’Homme a été constitué en 1937 par l’ajout aux collections de l’ancien Musée d’Ethnographie du Trocadéro celles du Muséum national d’Histoire naturelle dans les domaines de l’anthropologie physique, de la paléontologie humaine, puis de la préhistoire. La création de ce Musée d’Ethnographie avait été elle-même le fruit d’une longue prise de conscience de la nécessité d’assurer la conservation et la mise à disposition pour un large public des objets venus de différentes régions du monde, au fur et à mesure des découvertes et de l’avancée de l’influence occidentale.
Certaines civilisations conservent, d’autres ont le goût de la destruction. De ce côté-ci du monde, nous rapportons des objets de voyages, des souvenirs pour nous-mêmes mais aussi pour les montrer aux autres. L’accumulation a ainsi deux facettes, l’affirmation de son activité et de sa puissance, mais également le besoin de connaissance et le désir de la partager. Les monarques d’autrefois avaient ouvert des « Cabinets des Merveilles de la Nature » pour faire découvrir à leurs proches les « Curiosités », ou les « Merveilles du monde » qu’ils avaient réunies ou qui leur avaient été offertes, et cultiver leur prestige. Avec la multiplication des voyages de découverte des terres et des peuples était venu le désir de comprendre ce qui était nouveau dans ce qui nous entourait : l’idée de musées ouverts à un large public s’est imposée en
e Europe depuis leXVIIsiècle, en même temps que la volonté encyclopédique de décrire le monde, donc de le posséder symboliquement.
Qui rapportait des collections pour les musées de l’exotisme ? Des amateurs, des militaires, des administrateurs, des ecclésiastiques, des naturalistes, qui transmettaient ce qu’ils avaient remarqué durant leurs voyages outre-mer, sans avoir eu le temps de les étudier. Ce pouvait être des objets ordinaires, utilitaires, accessibles à tous, ou des pièces plus secrètes commandées spécialement et destinés à une partie de la société, des dirigeants ou des religieux. La création en 1925, au sein du Musée d’Ethnographie du Trocadéro, de l’Institut d’Ethnologie a été pensée pour former des chercheurs professionnels, qui étudieraient les sociétés, mais aussi qui choisiraient ce qu’il fallait pour exprimer ces sociétés aux yeux du public. Cette prétention était utopique, car une simple vitrine ne peut parvenir à rendre compte de la complexité d’une société. Mais l’intention était louable : on voulait ne plus réduire les autres à une facette, à un préjugé. Ce mouvement a duré le temps des missions outre-mer qui combinaient recherches ethnologiques et souci d’enrichir le musée pour développer la connaissance. L’esprit n’est maintenant plus le même au quai Branly : contempler suffit.
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I. PRÉLUDES. LE VOYAGE DES OBJETS
Depuis toujours, princes et rois s’échangent des objets précieux, que ce soit pour montrer leur puissance ou pour établir des alliances. De leur côté, les peuples soumis envoyaient comme tribut et reconnaissance de l’autorité supérieure, objets précieux et objets de prestige, jades, chevaux, épices. Charlemagne (742-814), roi des Francs en 768, puis empereur d’Occident (800-814), a noué des relations diplomatiques avec Haroun al-Rachid, le calife ‘abbasside de Bagdad (766-809). Espérant son alliance contre les Byzantins, celui-ci lui envoie en 801 et 807 des présents royaux, dont certains sont encore conservés comme probablement une pièce d’échiquier 1 en ivoire sculpté provenant des Indes . Un objet à usage religieux, de Syrie e ou de l’Égypte du début duXIVsiècle, conservée au Trésor de l’Abbaye de Saint-Denis et ayant appartenu aux collections royales françaises, aurait pu 2 avoir servi au baptême de Louis XIII . L’installation de l’Europe dans les Temps Modernes, après la découverte du nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492, va s’accompagner d’un mouvement de recherche de connaissances nouvelles sur le monde, mouvement des idées qui va de pair avec le désir de conquêtes commerciales et religieuses. La nature et les hommes sont à conquérir, pour le profit des idées, des empires et du commerce. Charles-Quint reçoit ses premières collections du Mexique en 1518. Cortés lui fait parvenir des cargaisons 3 entières d’« œuvres d’un art vraiment prodigieux », raflés au Mexique .
Collections royales : montrer sa puissance Les Médicis, banquiers et marchands de Florence, avaient développé une tradition de collectionneurs et de mécènes. Laurent, dit « le Magnifique »
1  « Pièce d’échiquier de Charlemagne », Bibliothèque Nationale, Cabinet des Médailles, n° Chabouillet 3271, entrée à la Révolution, après avoir appartenu, dès avant 1505, au Trésor de l’Abbaye de Saint-Denis. 2 Musée du Louvre, A. O. n° LP 16, dit faussement « baptistère de Saint-Louis ». 3 Albert Dürer,Journal d’un voyage aux Pays-Bas pendant les années 1520 & 1521, Dédale-Maisonneuve et Larose, 1993. Premier envoi par Juan de Grijalva en 1518.
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