Identité, cosmologie et chamanisme des Tsachila de l Equateur
288 pages
Français

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Identité, cosmologie et chamanisme des Tsachila de l'Equateur , livre ebook

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Description

Montserrat Ventura découvre les rapports sociaux et dessine les contours de l'identité tsachila. En analysant la constitution de la personne et ses composantes, la langue et les formes de relation, elle dévoile le relativisme caractéristique de la logique culturelle de ce groupe, notoire dans la communication des chamanes avec le monde des esprits. Travaillant sur la conception de la maladie, de la mort, et sur l'action rituelle, ce livre nous introduit dans la cosmologie des sociétés chamaniques amérindiennes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 217
EAN13 9782296929364
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Identité, cosmologie et chamanisme
des Tsachila de l’Équateur
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09836-7
EAN : 9782296098367

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Montserrat Ventura i Oller


Identité, cosmologie et chamanisme
des Tsachila de l’Équateur


À la croisée des chemins


Préface de Jean-Pierre Chaumeil


L’Harmattan
Recherches Amériques latines
Collection dirigée par Denis Rolland
et Joëlle Chassin

La collection Recherches Amériques latines publie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili.

Dernières parutions

Henri FAVRE, Le mouvement indigéniste en Amérique latine , 2009.
Thomas CALVO, Vivre dans la Sierra zapotèque du Mexique (1674-1707) , 2009.
Paola DOMINGO et Hélène VIGNAUX (dir.), Arts et sociétés en Amérique latine : la transgression dans tous ses états , 2009.
Héctor DANTE CINCOTTA, Ricardo Molinari ou la solitude de la Pampa , 2009.
Monesty Junior FANFIL, Haïti : le maintien de la paix en Amérique centrale et dans les Caraïbes , 2009
L. AUBAGUE, J. FRANCO, A. LARA-ALENGRIN (dir.), Les littératures en Amérique latine au XX e siècle : une poétique de la transgression ? , 2009.
Ismail XAVIER, Glauber Rocha et l’esthétique de la faim , 2008.
Henri FAVRE, Changement et continuité chez les Mayas du Mexique , 2008.
Carmen Ana PONT, L’autobiographie à Porto Rico au XX e siècle : l’inutile, l’indocile et l’insensée , 2008.
Françoise MOULIN CIVIL (sous la dir.), Cuba 1959-2006. Révolution dans la culture. Culture dans la Révolution , 2006.
Jahyr-Philippe BICHARA, La privatisation au Brésil : aspects juridiques et financiers , 2008.
Idelette MUZART-FONSECA DOS SANTOS et Denis ROLLAND, Le Brésil des gouvernements militaires et l’exil. 1964-1985 , 2008.
Bernard GRUNBERG, Le contrôle de la vie religieuse en Amérique , 2008.
Nadine SUSANI, Le règlement des différends dans le Mercosur , 2008.
Anath ARIEL DE VIDAS, Jeux de mémoires – Enjeux d’identités. Pour une histoire souterraine des Amériques (coord.) , 2008.
À mes parents, Josep et Margarida

A Igor et Meritxell

À Rosa Veronica, Sonia et Joana Aguavil
enfants tsachila devenues femmes
Préface
Tsachila, autrefois nommés Colorados « hommes rouges » , rouge du roucou dont ils avaient coutume de s’oindre tout le corps. Ils résident aujourd’hui dans cette région forestière de Santo Domingo en Équateur, qui produit un cacao grand cru du même nom. Au centre de ce livre se déploie une société de l’entre-deux, issue d’une ethnogenèse coloniale relativement récente, remontant au milieu du XVIII e siècle, à partir de plusieurs groupes habitant le piémont occidental des Andes. Cette inscription territoriale entre les hautes et les basses terres occidentales a permis aux Tsachila de s’affirmer très tôt comme intermédiaires commerciaux dans les vastes circuits d’échange inter-ethnique reliant les Andes, le littoral du Pacifique et la lointaine Amazonie.
La belle étude qu’on va lire est le fruit d’une longue et patiente enquête de terrain réalisée entre 1991 et 1997 chez les Tsachila, société de 2000 personnes environ, établie dans une zone intermédiaire entre les Andes et la côte du Pacifique. Malgré ou, plutôt, à cause de la relative facilité d’accès aux communautés tsachila en butte à la folklorisation de leur culture, l’enquête était loin d’aller de soi et demandait une intensité du vécu et une implication personnelle exprimée dans le ton singulier du texte qui tranche avec la froideur parfois excessive des descriptions ethnographiques.
D’emblée se trouvait donc posée la question de l’approche ethnologique d’une société recomposée, issue de migrations successives et engagée dans de bien complexes réseaux de relations. Comment dès lors aborder et comprendre une société « à la croisée des chemins » , comment saisir la continuité et l’originalité de l’identité tsachila avec les outils classiques de l’ethnologie ? Telle est l’une des interrogations centrales de ce livre, ainsi que le précise Montserrat Ventura : « la rencontre avec une société qui s’accommode mal des typologies classiques de la tradition ethnologique exige dès le départ un effort ethnographique et analytique particulier » .
Pour ce faire, il fallait d’abord se débarrasser du carcan essentialiste qui a longtemps nui aux études sur la question des identités, mais aussi remettre en cause certains des grands principes dichotomiques qui ont marqué la discipline et se démarquer des approches réduisant trop souvent ces groupes à de simples « sociétés colonisées » ou à des « Indiens invisibles » à la recherche d’une légendaire identité perdue. Plutôt que de s’embarquer sur de tels « chemins » , Montserrat Ventura a cherché au contraire les raisons de la continuité et de l’originalité de l’identité tsachila dans la logique et la dynamique culturelle propre à cette société. Elle croit ainsi déceler dans la logique culturelle de l’évitement, du non-conflit, qui incite à préférer la fuite à l’affrontement – les Tsachila n’ont apparemment fomenté aucune révolte sanglante comme ce fut souvent le cas ailleurs concernant d’autres peuples – mais aussi dans l’ouverture aux échanges interethniques (par le biais du chamanisme notamment), les formes majeures de la relation à autrui et les ressorts essentiels de l’identité tsachila contemporaine. Voici donc une société tout entière tournée vers la non-violence, où le compromis, la prudence, l’évitement et la discrétion – jusque dans l’apprentissage chamanique et les déplacements où l’on efface ses traces derrière soi – sont non seulement de mise mais valorisés comme forme privilégiée de relation à autrui.
« Une histoire faite de relations » : dans ce premier chapitre si justement et joliment intitulé, l’auteure nous donne une réévaluation de l’histoire. Elle retrace le processus d’ethnogenèse des Tsachila en s’appuyant notamment sur les travaux ethnohistoriques de l’anthropologue nord-américain Frank Salomon, et souligne l’ampleur des réseaux d’échange – économique, culturel, chamanique – avec les Andes, le littoral du Pacifique et l’Amazonie. La faiblesse dans le discours tsachila de références explicites au passé exprimerait selon l’auteure les cheminements de cette histoire tourmentée ; elle informe sans doute aussi sur la façon dont les Tsachila pensent le rapport à l’histoire et aux autres, ces autres avec lesquels ils ont toujours cherché à maintenir, jusqu’à l’excès parfois, des relations pacifiques. Même si la forêt a pratiquement disparu du paysage, réduite à sa portion congrue suite aux défrichements intensifs, entraînant la perte de certains repères identitaires, elle n’en demeure pas moins l’axe fondamental de leur univers symbolique. À y regarder de plus près en effet, les Tsachila déploient une cosmologie plus proche de celle des sociétés amazoniennes que des cosmologies andines, étant entendu que ces deux univers ne doivent pas être aussi systématiquement opposés, comme on l’a hélas trop souvent professé. Cette dichotomie Andes/Amazonie est en effet très profondément ancrée dans l’histoire des études américanistes qui a longtemps maintenu séparées les traditions intellectuelles et les problématiques relevant de ces deux aires géographiques. Or des études récentes permettent de poser l’existence de nombreux traits culturels communs entre elles. On en appréciera d’autant mieux dans ce livre le recours à des notions comme celles d’animisme et de perspectivisme amérindien développées respectivement par Philippe Descola et Eduardo Viveiros de Castro pour l’Amazonie. Dans les mythes tsachila par exemple, les Cayapa (groupe appartenant comme les Tsachila à la macrofamille Chibcha) représentent, dans le pur esprit du perspectivisme amazonien, l’altérité cannibale sous forme de jaguars prédateurs pour les Tsachila convertis en gibier. Or, ironie de l’

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