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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 15 mai 2017 |
Nombre de lectures | 8 |
EAN13 | 9782336790268 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 3 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-polytechnique, 75 005 Paris
http://www.harmattan.fr
EAN Epub :978-2-336-79026-8
Diaboado Jacques THIAMOBIGA
L’homme, la nature
et le développement
À Tous mes défunts parents,
Diégou, Malo, Taladi, Bénédicte, ma gratitude !
Que Dieu de Bonté, de Beauté et de Bien
vous comble de son Amour infini !
Le présent ouvrage est le fruit du travail et des efforts conjugués des amis, des parents, des collègues. Aussi, avant de le présenter, voudrions-nous exprimer notre profonde gratitude à vous tous qui, d’une manière ou d’une autre, avez contribué à son élaboration et sa soutenance. Nous remercions particulièrement :
– | Tous les enseignants de tous ordres qui ont assuré notre formation du primaire au supérieur en passant par le scondaire ; |
– | Monseigneur Anselme Titianma SANON, Archevêque émérite de Bobo-Dioulasso, Excellence, merci pour tout ce que vous êtes et vous faites pour nous ; |
– | Notre épouse, Solange et nos enfants, (Emmanuel, Christian, Auguste, Philippe, David), nos belles-filles, Alida Hervine, Masarran, Grâce, et nos petits-fils Vince, Bénédicte et Joël pour leurs soutiens multiples et multiformes ; |
– | Nos amis, nos connaissances, nos collègues, nos étudiants et tous ceux qui nous ont toujours soutenu. |
Que Dieu nous donne grâce sur grâce pour la gloire de son Nom !
Figure 1 : Situation du Burkina en Afrique
Figure 2 : Isohyètes du Burkina
Figure 3 : Carte de la Commune rurale de Bama
Figure 4 : Relevé pluviométrique de Bama
Figure 5 : Evolution de la population de la commune rurale de Bama de 2008 à 2012
Figure 6 : Carde de la Commune de Houndé
Figure 7 : Pluviométrie de Houndé de 1995 à 2013
Figure 8 : Latrine traditionnelle
ADP | Assemblée des Députés du Peuple |
ARPE | Agence Régionale de la Promotion de l’Emploi |
BEPC | Brevet d’Etudes du Premier Cycle |
CEP | Certificat d’Etudes Primaires |
CIRDES | Centre International de Recherche Développement sur l’Elevage en zone Subhumide |
CMA | Centre Médical avec antenne Chirugicale |
CNR/PRES | Conseil National de la Révolution/Présidence |
DRASA | Direction Régionale de l’Agriculture et de la sécurité Alimentaire |
DREDD | Direction régionale de l’environnement et du Développement Durable |
DPEBA | Direction Provinciale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation |
DPASA | Direction Provinciale de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire |
ECOLOC | Economie Locale |
FAO | Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture |
FP/PRES | Front Populaire/Présidence |
GRADI | Groupe de Recherche et d’Appui au Développement Intégré |
INERA | Institut de l’Environnement et de Recherches agricoles |
INSD | Institut National de la Statistique et de la Démographie |
MAE | Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage |
MEBA | Ministère de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation |
MET | Ministère de l’Environnement et du Tourisme |
MECV | Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie |
PAGREN | Projet d’Appui à la Gestion participative des Ressources Naturelles |
PCD | Plan Communal de Développement |
RAF | Réorganisation Agraire et Foncière |
SONACOR | Société Nationale de Commercialisation du Riz |
SOFITEX | Société des Fibres et des Textiles |
UCAO | Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest |
UNESCO | Organisation des Nations Unies pour la Science et l’Education |
UICN | Union Internationale pour la conservation de la Nature |
UPB | Université Polytechnique de Bobo-Dioulasso |
ZATA | Zone d’Appui Technique en Agriculture |
ZATE | Zone d’Appui technique en Elevage |
La fin du XXè siècle et le début du XXIè ont été essentiellement marqués par une plus grande prise de conscience de l’humanité de la triple nécessité de préserver l’environnement, (Rio, 1992), de réaliser le développement durable, (Johannesburg, 2002), de faire face aux nombreux changements climatiques, COP-Paris, 2015. Cette prise de conscience s’inscrit dans la perspective du Créateur de l’univers (Dieu) qui s’était résolu à ne plus jamais détruire l’humanité par l’alliance qu’il a établie avec Noé.
Cette alliance a été scellée en ces termes, « Voici le signe de l’alliance que j’institue entre moi et vous et tous les êtres des générations à venir. Je mets l’Arc dans la nuée. Il deviendra le signe de l’alliance et quand l’arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l’alliance éternelle… », (Genèse 9, 12 à 16). Ces versets bibliques constituent le fondement spirituel du développement durable dont le premier penseur et acteur est Dieu lui-même.
En réalité, la prise de conscience de l’humanité de la nécessité de réaliser le développement durable répond aux véritables préoccupations de nos sociétés contemporaines en général et des sociétés émergentes comme celles du Burkina en particulier. Ces sociétés sont à la croisée des chemins en termes de développement. Leur environnement se dégrade de plus en plus ; la paix qui était la source de leur progrès social, économique et politique a été durement ébranlée voire éprouvée par toutes sortes de mouvements socio-politiques.
Dans ces conditions, il est légitime de se demander si elles ont suffisamment pris conscience de la nécessité de trouver les voies et moyens susceptibles de les aider à réaliser leur développement durable. Car, le comportement, tant des décideurs politiques que des acteurs du développement à la base montrent que ces sociétés sont dans des zones de turbulence qui tendent à hypothéquer leur développement durable.
Ce contexte montre qu’il y a véritablement une problématique du développement durable de ces sociétés qui se résume en une conjonction des facteurs endogènes et exogènes peu favorables au développement durable de ces sociétés surtout que ces sociétés tendent à dormir sur la natte des sociétés occidentales qui sont elles-mêmes en pleine crise économique, écologique, politique. Or, comme l’affirme KI-ZERBO, (2002), dormir sur la natte d’autrui, c’est dormir à terre.
À la lumière des pratiques observées, l’approche actuelle du développement de ces sociétés se révèle, partielle, surtout pernicieuse. Elle ne prend pas suffisamment en compte les logiques et les pratiques écologiques locales dans leur processus de développement. Cela aboutira à terme à un « mal-développement voire à un non-développement » de ces sociétés qui ne réaliseront certainement pas de cette manière leur développement durable.
Au demeurant, l’une des conclusions majeures de nos recherches sur la société madaré du Burkina Faso a été de dire que cette société ne peut réaliser son développement durable que si elle arrive à enraciner les technologies modernes et par voie de conséquence la modernité dans sa culture. Le présent ouvrage qui se veut héritier des approches culturelles du développement, va au-delà du culturalisme classique pour faire de la culture non seulement un objet de recherches et d’études scientifiques mais surtout la pierre angulaire du développement. Il s’inscrit de ce fait dans la perspective voire la prospective de la théorie de l’enculturation développée notamment par SANON (1978).
Ce faisant, nous avons bâti nos analyses autour d’une approche holistique. En effet, tout processus d’enracinement culturel est un phénomène social, total ou un mouvement de déstructuration et de restructuration (GURVITCH, 1967). Il en résulte que la théorie de l’enculturation ou de la connexion du développement moderne à la culture d’une société, couvre un champ complexe.
Aussi, soutenons-nous que l’enracinement du développement moderne dans la culture des sociétés burkinabè en général et à celle des communes urbaines et rurales de notre zone de recherche en particulier est le gage de leur développement durable. C’est à ce niveau épistémologique que nous situons le présent essai socio-anthropologique du développement durable des six communes dont deux communes urbaines (Bobo-Dioulasso et Houndé) et quatre communes rurales (Bama, Koumbia, Péni, Karrangasso-Vigué.
Le présent ouvrage se veut aussi la capitalisation des résultats de nos travaux de recherche que nous menons sur le développement des sociétés burkinabè depuis trente ans. La grande leçon que nous tirons de nos travaux se résume en une trilogie « Homme, Nature, Développement ».
Cette trilogie constitue le fondement existentiel de la pensée écologie de toute société des savanes ! Aussi, en avons fait le titre du présent ouvrage qui s’articule autour des trois chapitres. Le premier décrit le champ sémantique du développement durable, le second présente la méthode de travail et le troisième, analyse les problématiques des logiques et des pratiques de développement des communes ciblées.
Le champ sémantique porte essentiellement sur les savanes du Burkina et le développement durable.
1. SAVANES DU BURKINA
Le Burkina est un pays sahélien qui est situé au cœur de l’Afrique occidentale, (Cf Figure 1).
Figure 1 : Situation du Burkina en Afrique
Cette position le rend particulièrement exposé.
Au plan agro-écologique, le Burkina se situe au centre de la zone soudano-sahélienne de l’Afrique de l’Ouest (GUINKO, 1984) comme le montre la figure 2.
L’un des défis que le Burkina est appelé à relever est d’assurer son développement durable sous sa triple dimension environnementale, économique et socio-culturelle, et ce, en référence aux recommandations des sommets mondiaux, de planète-terre de Rio, (1992) du développement durable, (Johannesburg, 2003), de la COP Paris, 2015, COP Marrakech, 2016. Ce défi devient d’autant plus grand pour lui du fait qu’il soit dans un contexte de la dégradation continue de son environnement en général et de ses ressources naturelles (terres, eau, flore) en particulier.
Sa position géographique décrite dans la figure 2 ci-dessus l’expose particulièrement aux effets des variations climatiques. En effet, les aléas climatiques qu’il vivait déjà, deviennent de plus en plus récurrents et tendent à compromettre les productions agro-sylvo-pastorales qui constituent pourtant l’épine dorsale de son économie.
Il subit les effets induits des changements climatiques. Ces effets, sont entre autres la mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies, les inondations, l’élévation des températures, (OUEDRAOGO et al. 2010 ; PANA, 2007. selon PEREIRA (2007), la distribution des précipitations quotidiennes pourrait évoluer dans le sens d’une augmentation de la proportion des pluies diluviennes. Il y aurait par ailleurs une diminution du nombre de jours de pluie dans certaines régions.
Ces effets induits des changements climatiques contribuent à dégrader davantage les ressources naturelles du pays. Ce qui le place dans une situation économique difficile. Son économie dépend très largement des ressources naturelles notamment la terre, l’eau et la flore, et ce, d’autant plus que 86 % de sa population active vivent essentiellement de l’agriculture.
Il en résulte que sa zone soudienne qui constituait autrefois la partie forestière est devenue une zone des savanes. Les savanes constituent un biome des zones semi-arides de la planète, (Roland Pourtier 2003). Pour lui, la savane est une formation végétale composée de plantes herbacées vivaces de la famille des Poacées ou des Graminées. Elle est constituée d’arbres ou d’arbustes dont la densité permet de répartir la savane en savane arbutive et en savane arborée.
Les savanes se trouvent essneitellement en Afrique soudanienne mais aussi en Asie et en Amérique du Sud, particulièrement au Brésil et en australie. En afrique, son climat est de type tropical qui comporte une saison humide allant de mai à octobre et une saison sèche allant de novembre à avril.
Sa flore est formée essentiellement d’herbe (Pennistum ou herbe à éléphant, Imperata ou herbe à paillottes, Andropogon et d’arbres à feuilles caduques (cas du Baobab, du Tamatinier, du Karité, etc.
Au plan pédologique, les sols de savane sont variés dont les principaux sont les sols ferigneux, les sols noirs riches en matières organiques, etc.
Pour Shorrocks, B., les écosystèmes de savanes se caractérisent par une strate herbacée supérieure continue, composée essentiellement de graminées vivaces et parsemée plus ou moins densément d’arbres ou d’arbustes à port fréquemment tortueux. Par ailleurs, les savanes sont d’origine anthropique. Elles sont en effet marquées par de nombreuses actions des hommes (défriche, feu de brousse et autres actions de déboisement). Tous ces faits anthropiques contribuent à changer de manière durable la nature physique et physionomique des savanes.
S’agissant des pratiques agricoles, les paysans des savanes ouest-africaines pratiquent presque les mêmes grandes cultures céréalières (Mil, Maïs, Riz, Sorgho, Fonio). Dans leur ensemble, les savanes ouest-africaines regorgent d’un potentiel appréciable de bas-fonds où les femmes pratiquent la riziculture dite riculture de bas-fond. Par ailleurs, les paysans des savanes ouest-africianes pratiquent une culture grande consommatrice de l’espace rural le Coton qui constitue la principale source de revenus des paysans des savanes.
Enfin, les savanes ouest-africaines constituent des zones riches en pâturages. Elles sont sur ce plan, proprices à l’élevage ou, plus simplement, savanes vivrières restées hors de la dynamique cotonnière pour des raisons d’enclavement. Les savanes représentent aussi un grand domaine d’élevage, bovin en particulier, et ce d’autant plus que la pression anthropique fait progressivement reculer les espaces boisés et donc réduit les gîtes à glossines (mouches tsé-tsé), vectrices de la trypanosomiase. Les troupeaux peuvent ainsi, au gré des saisons, exploiter des pâturages allant des steppes sahéliennes jusqu’aux mosaïques savanes-forêts.
Géographiquement, les savanes se situent dans les zones sahéliennes et soudaniennes de l’Afrique. Ces zones sont formées des pays groupés autour du quartorzième parallèle, (Banque mondiale, 1985).
Elles couvrent aussi les parties septentrionales du Cameroum, du Nigéria du Togo, du Bénin, du Ghana et de la Côtel d’Ivoire, Leur pluviométrie est surtout décrite par NICHOLSON, (1982). Cet auteur soutient que les différents isohyiètes sont compris entre :
• 200 à 350 mm pour la zone sahélienne ;
• 350 à 600 mm pour la zone sahélo-soudienne ;
• 600 à 800 mm pour la zone soudanienne ;
• plus de 800 mm pour la zone soudano-guiénne.
Partant de ces données scientifiques, nous pouvons dire que la zone de notre recherche, notamment celle des sociétés des savanes ouest-africaines, se situe dans les zones soudaniènne et soudano-guinéenne. Autrement dit, elle est comprise entre les isohyiètes 600 à plus de 800 mm, cf. figure 3.
Figure 2 : Isohyètes du Burkina