Le maternel au masculin
154 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le maternel au masculin , livre ebook

-

154 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Sous le voile du roman psychanalytique : Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci Freud s'épanche. Il évalue la pétrification encourue pour l'audace trangressive de s'adjurer le maternel au masculin, de se jouer de la différence des sexes et des générations. Ainsi Freud quinquagénaire tente d'exorciser pour lui-même le destin menacé attribué à Léonard, autre conquérant sacrilège.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 50
EAN13 9782296806917
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Maternel au masculin
Freud et Léonard de Vinci
DU MÊME AUTEUR
Œuvres complètes de Karl Abraham (Préface et Traduction, Payot 1966 / réédition 2000).
Sandor Ferenczi (Petite Bibliothèque Payot, 1972).
L’appétit d’excitation (PUF, Le fil rouge, 2009).
En collaboration avec Robert Barande :
Histoire de la Psychanalyse en France (Privat, 1975, version allemande in « Psychologie des XX Jahrhundert », Kindler, 1977).
De la perversion. Notre duplicité d’être inachevé (Cesura 1989).
Ilse BARANDE


Le Maternel au masculin
Freud et Léonard de Vinci
1 er édition :
Éditions Aubier Montaigne, 1977.
Titre original : Le maternel singulier


© L’Harmattan, 2011
5-7, ruse de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54725-4
EAN : 978229654725-4

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Préface à la nouvelle édition
Au cours du tiers de siècle écoulé depuis la parution du « Maternel singulier », le contexte social et culturel auquel nous participons et dans lequel nous baignons a changé. Il aura sans doute contribué à infléchir la perception du parcours proposé et conduit l’auteur à oser un titre plus explicite, masculinisant son thème sans ambiguïté pour le lecteur. Les humains, tous mammifères, s’en trouveront-ils moins égarés et plus prêts à atténuer ce que la guerre des sexes charrie de contresens et d’excitations. L’actualité semble bien témoigner d’un engagement plus aménagé dans cette direction.
Des illustrations hétéroclites peuvent témoigner de ces changements. Quoique d’acquisition récente, ils sont déjà devenus une seconde nature au gré d’un lamarckisme culturel auquel les découvertes et les applications issues de l’intersection de la physique et de la biologie ont impulsé une modification accélérée, non sans soulever une foule de questions. Ainsi en est-il de la procréation médicalement assistée qui a démétaphorisé le Saint Esprit de l’Annonciation, tout comme l’infusion de l’âme au giron des géniteurs incarnés.
De mes lectures buissonnières je retiens l’écart entre la méditation sur le passé et les préoccupations de saison. Ainsi dans « Le sein du père, Abraham et la paternité dans l’occident médiéval » (Gallimard 2000), l’auteur, Jérôme Baschet, dégage du recueil d’une iconographie sérielle et des textes liturgiques médiévaux la vision de ce « monde-comme-parenté » auquel nous serions devenus infidèles. À l’extrême opposé la sociologue Irène Théry fait le point du « Démariage » (Odile Jacob1993) et avance ses convictions pour davantage de liberté et de transparence, s’agissant de la désarticulation du mariage et de la filiation.
Au su des investigations et des débats présents, le décryptage des paradoxes et des détours du Freud lyrique composant « Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci » peut paraître lointain. Mais ce serait ignorer la vividité subjective de Freud offerte à notre curiosité par l’artiste interposé. De ce pan d’auto-analyse inavouée, Freud appréciait les méandres, par dessus tous ses autres écrits. Il nous introduit à sa suite, comme subrepticement, au foisonnement d’un maternel dont le secret doit être tu.
Le présent ouvrage s’emploie à débusquer le Freud autobiographe dissimulé au cœur de son « roman psychanalytique » sur Léonard de Vinci. Ce choix narcissique atteint son apogée avec la rencontre des quinquagénaires : l’auteur Freud de 1909 et le peintre de Mona Lisa du début du XVI ème siècle se dévoilent complices dans un fantasme partagé. Ce dernier les guide, de l’ensorcellement par leur mère au désir d’être la mère séductrice.
Evoluant de l’avoir à l’être, l’aspiration à occuper cette place est accomplie par le biais de l’œuvre. La fécondité matrophore prêtée à un Léonard subjugué révèle celle de son metteur en scène si volontiers méconnu comme tel. Plus sûrement qu’à Catarina, mère de l’artiste, Gioconda et Santa Anna Metterza nous conduisent à Amalia, la mère de Freud. Et en effet, vingt ans après, elle disparue, Freud se saisit de la composante décisive dans la formation du couple amoureux : selon lui la trace du velouté maternel, butiné dans l’enfance par le ou la partenaire dans sa relation princeps, gouverne ce charme.
Ce maternel ne présume pas le genre féminin. Les identifications, en quête de conciliation, de l’enfant aux adultes tutélaires, ne cesseront de sédimenter dans la conduite et le caractère et d’alimenter la variété des processus de leur élaboration. Ce maternel n’est pas l’équivalent obligé de la maternité chamelle, son prototype. Il se joue de la différence des sexes et des générations, mais il doit à la vitalité du conflit les déguisements exigés par l’appétit d’excitation qui nous anime pour le meilleur et le pire.
Puisée parmi les versions du Panthéon égyptien, la déesse Nout-ciel, femme de Geb-terre. est parcourue nuitamment, de sa bouche à sa fente, par Amon-Rê le solaire. Ce créateur suprême trace la courbe du jour de l’aube au crépuscule puis, bousculant les chronologies, il s’abandonne aux douceurs du giron et de l’obscurité.
Moins immémoriales, les figurations de la Madone à l’enfant et du Christ assomptionnant Marie se répondent, reprenant dans le registre chrétien l’au-delà déjà gagné avec la postérité nichée dans le flanc prolifique des pères créateurs de l’ancien testament.
Le maternel ne présume ni le genre féminin ni la maternité chamelle, son prototype. Il se joue de la différence des sexes et des générations pour autant que sa constitution le supporte !
Singulier
« Aussi bien dis-je : la mère, c’est la créature de l’enfant. L’enfant est la mère de toutes les mères, de toutes les mères perdues et recréées. L’instinct filial ou l’instinct matrigène, comme on voudra, en quoi consiste-t-il, si ce n’est en la réédition incessante du combat entre deux mélancolies, la présente et la future, entre deux mères, l’une déjà gagnée comme perdue et l’autre dont la perte accomplie reste encore à gagner ?…
– Oui : le poème, c’est bien la mère. Encore faudrait-il savoir quel poème et quelle mère nous sommes en train de nous fabriquer… »
Nicolas Abraham : « Parenthèmes »,
dans l’« Introduction à Hermann »,
in L’instinct filial, Denoël, 1972.
Ce livre donne la joie de réfléchir par le singulier qui frappe l’oreille. En effet, il ne s’agit pas dans cet écrit, qui porte Léonard et Freud aussi dans son titre – écrit-guide pour un voyage partant du Nil, longeant l’Arno, les yeux richement ouverts, aboutissant finalement à Vienne au face à face avec Freud – il n’y s’agit pas d’une nouvelle œuvre sur Léonard, ni de son Souvenir d ’ enfance rêvé par Freud. Mais plutôt de confronter celui-ci au sens caché de son envol poétique. Si Freud voulait présenter un Léonard inhibé, artiste lambinant, pour expliquer ses égarements scientifiques ou autres… on va lui révéler – en le prenant à la lettre de son chant – la racine de sa fascination : l’amour de Sigmund et de sa mère Amalia (aux deux sens de la relation), et que lui renvoie en miroir la passion contenue, jusqu’à la mort, entre Catarina-mère et son bâtard da Vinci.
Nel mezzo del cammin … Catarina meurt. Son fils Léonard, à comptabilité funéraire minutieuse, pudique à exprimer aucun « dolore », se trouve surpris vers ses cinquante ans par ce qu’un autre quinquagénaire, bien des siècles plus tard, Freud (1909), va appeler le « tournant » du peintre. Il s’agit de l’achèvement (enfin !) de sa bienheureuse Gioconda, au singulier sourire, qu’il gardera par-devers lui, sans jamais la donner, sans jamais la « vendre ».
Sigmund de Vienne qui ressemblerait tant à Léonard de Vinci – par ce qu’il a, par ce qu’il est, par la qualité de ce qu’il fait – a déjà, il est vrai, perdu un père, mais sa mè

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents