Les Migrations internationales contemporaines. Une dynamique complexe au cœur de la globalisation
415 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Migrations internationales contemporaines. Une dynamique complexe au cœur de la globalisation , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
415 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les migrations humaines ne se prêtent pas aux raccourcis d’analyse. Elles relèvent d’une dynamique complexe qui se déploie sur la longue période, celle des générations, et leur territoire est, aujourd’hui plus que jamais, global. Toute politique qui prétendrait « régler la question » par quelques mesures énergiques, en plus d’être tendancieuse, est donc vouée à l’échec. Les discours simplistes auront beau s’égrener, on n’appréhende pas une constante de civilisation comme un problème de gérance.
Pour comprendre, il faut admettre la complexité. En examinant les multiples aspects du fait migratoire, c’est ce que font les spécialistes de nombreuses disciplines qui signent cet ouvrage. Ils considèrent ainsi la logique individuelle dans un espace social, le discours politique et identitaire, les questions de souveraineté et de sécurité, la migration comme vecteur de transformation sociale et la migration comme un droit de la personne. Autant d’enjeux parallèles et souvent concurrents, autant de réalités qui se superposent et doivent être reconnues. Chercheurs, commentateurs et décideurs trouveront ici les éléments d’une réflexion englobante, actuelle et nécessaire.
François Crépeau occupe la Chaire Hans et Tamar Oppenheimer en droit international public à l’Université McGill. De 2004 à 2008, il a été titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit international des migrations (CDIM) et directeur scientifique du Centre d’études et de recherches internationales (CÉRIUM) à l’Université de Montréal. Delphine Nakache est professeure adjoint à la Faculté de droit de l’Université d’Alberta. Idil Atak est doctorante à la Faculté de droit de l’Université de Montréal, où elle a été la coordonnatrice de la CDIM de 2005 à 2007.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2011
Nombre de lectures 15
EAN13 9782760625457
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les migrations internationales contemporaines
Page laissée blanche
Sous la direction de François Crépeau, Delphine Nakache et Idil Atak
Les migrations internationales contemporaines
Une dynamique complexe au cœur de la globalisation
Crédit des illustrations : p. 20-21 : Ann Johansson/Corbis p. 70-71 : John Zich/Zrimages/Corbis p. 99 : Justin Guariglia/Corbis p. 219 : iStockphoto p. 324-325 : Tony Vece/Epa/Corbis
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre : Les migrations internationales contemporaines Comprend des réf. bibliogr. ISBN978-2-7606-2125-1 eISBN978-2-7606-2545-7 l. Émigration et immigration.2. Migrations de peuples.3. Transnationalisme. i. Crépeau, François.ii. Atak, Idil.iii. Nakache, Delphine,1976-.
JV6035.M53 2009
304.8'2
C2008-942584-7
er Dépôt légal :1trimestre2009 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal,2009
Les Presses de l'Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition. Les Presses de l'Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Imprimé au Canada en mars2009
Introduction
François Crépeau, Delphine Nakache et Idil Atak
Le présent ouvrage réunit un certain nombre des textes présentés au cours d’un séminaire transdisciplinaire organisé par la Chaire de recherche du Canada en droit international des migrations (CDIM) en2005-2006. Ce séminaire visait à une exploration transdisciplinaire de la complexité des migrations internationales. Y participèrent des sociologues, des anthropo-logues, des psychologues, des juristes, des politologues et des économistes. Nous souhaitions en effet répondre aux discours simplistes sur les migrations, prononcés par la classe politique ou véhiculés par les médias. Combien de fois avons-nous entendu dire par un nouveau ministre de l’Immigration qu’il allait régler telle ou telle question « une fois pour toutes », ou que, contrairement au gouvernement précédent, on allait « mettre fin au laxisme en matière d’immigration » ? Combien de fois avons-nous entendu sur les ondes qu’il y avait « trop d’immigrants » ou qu’il fallait « fermer les frontières », ou encore que le gouvernement ne « faisait rien », que « l’identité nationale était menacée par le multicultu-ralisme » ? Aucune de ces questions ne peut être réglée en quelques mois, ni même en quelques années. Les questions migratoires doivent être pensées en fonction d’un temps générationnel, non pas un temps électoral. Il est certes possible de mettre en place des forums de réflexion à court terme, à l’instar de la commission Bouchard-Taylor, mise sur pied par le gouvernement du Québec en2007accommodementspour débattre de la question des «
8les migrations internationales contemporaines
raisonnables » réclamés pour des motifs religieux. Mais les attitudes des populations et les comportements des individus et des groupes sont contraints par des facteurs dont beaucoup évoluent sur le long terme. Prenons un seul exemple : l’immigration d’Europe du Sud (et parti-culièrement italienne, portugaise et grecque) vers Montréal s’est poursui-vie jusque vers1975, alors que les pays d’origine profitaient eux aussi des Trente Glorieuses. En fait, ce sont tous les espoirs de la génération qui a connu la guerre et la misère dans sa jeunesse qui ont maintenu cette migra-tion sur trois décennies, avant que les générations d’après-guerre puissent être élevées avec l’espoir de pouvoir construire une vie décente pour eux-mêmes et leurs enfants dans leur pays d’origine, et décident donc de ne pas quitter le pays. Faut-il rappeler que le simplisme dans le discours sur les migrations, sur l’étranger, sur l’Autre a conduit à des atrocités innommables au cours de l’histoire ? La construction de l’ennemi est l’activité favorite des mani-pulateurs politiques de tous les temps. Les génocides des Arméniens, des Juifs, des Tsiganes, ceux au Cambodge, au Rwanda et au Darfour, pour e choisir parmi les événements les plus sombres duxxsiècle, témoignent de l’immense capacité de notre espèce à désigner à la vindicte collective un bouc émissaire pour les maux qui nous affligent. Il est essentiel de montrer à ces acteurs politiques et médiatiques et à tous ceux qui veulent y réfléchir intelligemment, à quel point les questions migratoires, qui sont le fruit de destins individuels, sont complexes, et ne peuvent donc jamais impunément être traitées de façon simpliste. Il s’agit là autant d’un devoir scientifique que d’une responsabilité citoyenne. Douze thèmes avaient retenu notre attention, qui nous semblaient représenter autant de facettes importantes des phénomènes migratoires. Tout d’abord, la migration est uneconstante de civilisation. La migration est aussi ancienne que l’humanité ; c’est un phénomène consubstantiel à la destinée humaine. Elle a constamment modifié la composition des peuplements humains sur la planète et doit être comprise et analysée sur le long terme. La sédentarisation est récente, les peuples nomades existent encore, l’« envie de partir » tenaille toujours de nombreuses personnes qui, naturellement, cherchent à améliorer leur propre vie ou le sort de leur famille. La transhumance de week-end et l’exode rural sont des migra-tions. La recherche de nouveaux horizons est encore une « frontière » importante de notre imaginaire.
Introduction9
La migration estune logique individuelle dans un espace social. La migration est souvent décrite comme un phénomène collectif. Le langage courant est plein d’expressions renvoyant à des flux, des vagues, des envahissements. Des politiciens d’extrême droite l’ont comparée à une marabunta(la colonne de fourmis rouges amazoniennes détruisant tout sur son passage). Or, la migration, comme de nombreux autres phéno-mènes humains, est le résultat d’une interaction entre décisions indivi-duelles et contraintes sociales. L’être humain n’est jamais seulement un pion sur un échiquier qu’il ne contrôle pas et le migrant n’est jamais seule-ment une victime (des circonstances ou des autres). Il est aussi toujours un acteur de son propre destin, un stratège pour lui-même et pour ses proches, cherchant constamment à trouver le geste qui lui permettra d’améliorer son sort. La migration est untransfert économique. Elle est souvent le résultat d’une paix instable et d’une prospérité inégale dans les régions limitrophes. Elle est également un facteur de transfert de technologies, de savoirs et de savoir-faire. L’impact économique des transferts migratoires ne peut être mesuré seulement en termes d’apport de capitaux ou de force de travail dans l’immédiat. Il faut aussi tenir compte, sur le plus long terme, de l’ap-port de l’établissement d’une famille et de sa contribution à la prospérité économique et à la vie collective de l’État d’accueil. La migration est unfacteur de développement. Sur ce point, la migra-tion joue un rôle paradoxal. En privant les pays d’origine de citoyens parmi les plus dynamiques, elle constitue une « fuite des cerveaux » (brain drain) débilitante. Toutefois, par le jeu des remises de fonds (remittances), elle permet le financement direct des dépenses des familles et contribue ainsi à la prospérité de régions d’origine entières. De plus, le tissage et l’entretien constants de liens entre pays d’origine et pays d’accueil permet-tent de développer des réseaux de communication économique (import-export, entre autres) au bénéfice mutuel de chacun. Enfin, on commence à constater des phénomènes importants de retour vers le pays d’origine pour s’y réinstaller et y établir des entreprises, en rapportant avec soi l’ex-pertise et l’expérience acquises au cours d’une vie. L’Inde est à cet égard un exemple édifiant dans le domaine des télécommunications. La migration peut être unobjectif démographique. La migration permet l’accroissement rapide de la population de certains pays, comme le Canada. Compte tenu de l’importance accordée au facteur population
10les migrations internationales contemporaines
dans l’évaluation comparée de la « puissance » des États, y aurait-il un objectif politicodémographique à la volonté de certains États de pour-suivre des politiques d’immigration de peuplement ? De plus, une immi-gration importante permet de nouer des liens durables avec de nombreux pays par l’entremise de réseaux sociofamiliaux divers. Y aurait-il une dimension géostratégique à la volonté des pays d’immigration de se posi-tionner au cœur de réseaux d’influence et d’acquérir ainsi un statut d’intermédiaire utile ou obligé sur de nombreuses questions délicates ? La migration est unenjeu du discours politique et identitaire. Les ques-tions migratoires sont devenues, depuis le milieu des années1970, des questions d’une suprême sensibilité politique. Des mouvements d’extrême droite en ont fait un vigoureux cheval de bataille identitaire et les autres politiciens n’ont souvent pas su contrer ces discours pernicieux par des choix de valeurs clairs. Les médias n’ont pas toujours joué le rôle de cri-tique de telles dérives, compte tenu de la complexité des phénomènes en jeu, souvent difficilement explicables dans les formats médiatiques prédéterminés (par exemple, le migrant comme « menace » ou « victime ».) Les opinions publiques occidentales, déstabilisées par des années de pré-carité économique, ainsi que par les rapides transformations de l’espace social, ont parfois trop facilement accepté la figure de l’étranger comme bouc émissaire de leurs maux sociaux et de leurs doutes identitaires. La migration est unvecteur de transformation sociale. La migration produit des effets sociaux à long terme qui n’ont aucunement été prévus, encore moins planifiés. La question de l’intégration sociale des migrants préoccupe beaucoup les sociétés occidentales, particulièrement en Europe. Cette crise de l’intégration résulte de plusieurs facteurs : un taux de chô-mage élevé parmi certaines populations de migrants et leurs descendants, ainsi qu’une vulnérabilité permanente aux retournements de conjoncture ; l’attirance de fondamentalismes religieux révélateurs de fractures identi-taires profondes entre les communautés migrantes et le reste des sociétés d’accueil, comme au sein de la « population d’accueil » ; des discours poli-tiques et médiatiques alarmistes, manifestant un refus du multicultura-lisme comme cadre d’intégration ; un accès restrictif à la nationalité de l’État hôte et le maintien de nombreux migrants dans des statuts précaires ; etc. Les politiques de lutte contre le racisme n’arrivent pas à agir durable-ment contre la marginalisation sociale et la ghettoïsation communautaire
Introduction11
de nombreux migrants. Dans de nombreux autres pays du monde, l’inté-gration sociale n’est ni souhaitée ni encouragée. La migration est undéfi à la souveraineté territoriale. Les migrations sont généralement considérées par les pays d’accueil comme un test mesu-rant leur capacité de contrôle migratoire. S’appuyant sur la plus classique des conceptions de la souveraineté territoriale, la plupart des États consi-dèrent encore qu’ils doivent pouvoir déterminer librement et sans con-trainte qui peut entrer ou rester sur leur territoire. Les États n’acceptent que difficilement des limites à leur pouvoir d’admettre ou de renvoyer les étrangers, et combattent bec et ongles, devant les tribunaux, les tentatives de soumettre ces décisions à des considérations de respect des droits fon-damentaux, par exemple. L’acceptation de la libre circulation des personnes sur le territoire commun européen — premier véritable affront à la souve-raineté territoriale du fait de l’abandon des contrôles des personnes aux frontières intérieures de l’Europe — est expressément limitée aux « citoyens européens » et aux ressortissants étrangers résidents réguliers, et constitue de ce fait une exception rare au principe. La migration est unenjeu sécuritaire. Dès la fin des années1980, l’aug-mentation des flux migratoires irréguliers et des demandes d’asile dans les pays occidentaux a transformé la question migratoire, jusqu’ici vue comme un phénomène social et de travail, en une question de « sécurité inté-rieure ». Au même titre que le trafic d’armes, le trafic de drogues et la cri-minalité maffieuse, la migration clandestine devient une affaire policière. Avec les événements du11septembre2001, le paradigme se modifie à nou-veau et la migration clandestine est désormais une affaire de sécurité nationale. Au sein du processus de « sécurisation » de l’espace public, le migrant est désormais une figure emblématique des « risques » que courent les sociétés démocratiques. La migration peut être unphénomène clandestin. Ce changement de paradigme met en lumière une caractéristique fréquente de la migration à l’échelle planétaire, soit la clandestinité. Dans de nombreuses sociétés du Nord, le travail clandestin est simultanément encouragé (par les entre-prises en manque de main-d’œuvre : jardinage, soins à domicile, travailleuses domestiques, abattoirs, vêtements, etc.) et combattu (par les autorités qui, répondant à des obsessions démagogiques, font du migrant plus que de l’entreprise, un vecteur de criminalité). Les politiques systématiques de répression des migrations irrégulières et l’admission au compte-gouttes
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents