Mémoires de Vidocq - Tome III , livre ebook

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M?moires de Vidocq, chef de la police de s?ret? jusqu?en 1827, aujourd?hui propri?taire et fabricant de papier ? Saint-Mand?.M?moires de Vidocq, chef de la police de s?ret? jusqu?en 1827, aujourd?hui propri?taire et fabricant de papier ? Saint-Mand?.M?moires de Vidocq, chef de la police de s?ret? jusqu?en 1827, aujourd?hui propri?taire et fabricant de papier ? Saint-Mand?.M?moires de Vidocq, chef de la police de s?ret? jusqu?en 1827, aujourd?hui propri?taire et fabricant de papier ? Saint-Mand?.
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Date de parution

30 août 2011

Nombre de lectures

59

EAN13

9782820611253

Langue

Français

M moires de Vidocq - Tome III
Eug ne-Fran ois Vidocq
1828
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-1125-3
Que l’on n’accuse pas ces pages d’êtrelicencieuses, ce ne sont pas là ces récits de Pétrone, qui portentle feu dans l’imagination, et font des prosélytes à l’impureté. Jedécris les mauvaises mœurs, non pour les propager, mais pour lesfaire haïr. Qui pourrait ne pas les prendre en horreur,puisqu’elles produisent le dernier degré del’abrutissement ?
Mémoires, tome III.
CHAPITRE XXXII.


M. de Sartines et M. Lenoir. – Les filous avantla révolution. – Le divertissement d’un lieutenant-général depolice. – Jadis et aujourd’hui. – Les muets de l’abbé Sicard et lescoupeurs de bourse. – La mort de Cartouche. – Premiers voleursagents de la Police. – Les enrôlements volontaires et lesbataillons coloniaux. – Les bossus alignés et les boiteux mis aupas. – Le fameux Flambard et la belle Israélite. – Histoire d’unchauffeur devenu mouchard ; son avancement dans la gardenationale parisienne. – On peut être patriote et grinchir. – Jedonne un croc-en-jambe à Gaffré. – Les meilleurs amis du monde. –Je me méfie. – Deux heures à Saint-Roch. – Je n’ai pas les yeuxdans ma poche. – Le vieillard dans l’embarras. – Les dépouilles desfidèles. – Filou et mouchard, deux métiers de trop. – Le danger depasser devant un corps de garde. – Nouveau croc-en-jambe à Gaffré.– Goupil me prend pour un dentiste. – Une attitude.

Je ne sais quelle espèce d’individusMM. de Sartines et Lenoir employaient pour faire lapolice des voleurs, mais ce que je sais bien, c’est que sous leuradministration les filous étaient privilégiés, et qu’il y en avaitbon nombre dans Paris. Monsieur le lieutenant-général se souciaitpeu de les réduire à l’inaction, ce n’était pas là sonaffaire ; seulement il n’était pas fâché de les connaître, etde temps à autre, quand il les savait habiles, il les faisaitservir à son divertissement.
Un étranger de marque venait-il visiter laCapitale, vite M. le lieutenant-général mettait à ses troussesla fleur des filous, et une récompense honnête était promise àcelui d’entre eux qui serait assez adroit pour lui voler sa montreou quelque autre bijou de grand prix.
Le vol consommé, M. le lieutenant-généralen était aussitôt averti, et quand l’étranger se présentait pourréclamer, il était émerveillé ; car à peine avait-il signalél’objet, que déjà il lui était rendu.
M. de Sartines, dont on a tant parléet dont on parle tant encore à tort et à travers, ne s’y prenaitpas autrement pour prouver que la police de France était lapremière police du monde. De même que ses prédécesseurs, il avaitune singulière prédilection pour les filous, et tous ceux dont ilavait une fois distingué l’adresse, étaient bien certains del’impunité. Souvent il leur portait des défis ; il les mandaitalors dans son cabinet, et lorsqu’ils étaient en sa présence,« Messieurs, leur disait-il, il s’agit de soutenir l’honneurdes filous de Paris ; on prétend que vous ne ferez pas telvol… ; la personne est sur ses ardes, ainsi prenez vosprécautions et songez bien que j’ai répondu du succès. »
Dans ces temps d’heureuse mémoire, M. lelieutenant-général de police ne tirait pas moins vanité del’adresse de ses filous, que feu l’abbé Sicard de l’intelligence deses muets ; les grands seigneurs, les ambassadeurs, lesprinces, le roi lui-même étaient conviés à leurs exercices.Aujourd’hui on parie pour la vitesse d’un coursier, on pariaitalors pour la subtilité d’un coupeur de bourse ; et dans lasociété souhaitait-on s’amuser, on empruntait un filou à la police,comme maintenant on lui emprunte un gendarme.M. de Sartines en avait toujours dans sa manche unevingtaine des plus rusés, qu’il gardait pour les menus plaisirs dela cour ; c’étaient d’ordinaire des marquis, des comtes, deschevaliers, ou tout au moins des gens qui avaient toutes lesmanières des courtisans, avec lesquels il était d’autant plus aiséde les confondre, qu’au jeu, un même penchant pour l’escroquerieétablissait entre eux une certaine parité.
La bonne compagnie, dont les mœurs et leshabitudes ne différaient pas essentiellement de celles des filous,pouvait, sans se compromettre, les admettre dans son sein. J’ai lu,dans des mémoires du règne de Louis XV, qu’on les priait pourune soirée, comme de nos jours on prie, l’argent à la main, lecélèbre prestidigitateur, M. Comte, ou quelque cantatrice enrenom.
Plus d’une fois, à la sollicitation d’uneduchesse, un voleur réputé pour ses bons tours fut tiré descabanons de Bicêtre ; et si, mis à l’épreuve, ses talentsrépondaient à la haute opinion que la dame s’en était formée, ilétait rare que, pour se maintenir en crédit, peut-être aussi pargalanterie, M. le lieutenant-général n’accordât pas la libertéd’un sujet si précieux. À une époque où il y avait des grâces etdes lettres de cachet dans toutes les poches, la gravité d’unmagistrat, quelque sévère qu’il fût, ne tenait pas contre uneespièglerie de coquin, pour peu qu’elle fut comique ou biencombinée : dès qu’on avait étonné ou fait rire, on étaitpardonné. Nos ancêtres étaient indulgents et beaucoup plus facilesà égayer que nous ; ils étaient aussi beaucoup plus simples etbeaucoup plus candides : voilà sans doute pourquoi ilsfaisaient tant de cas de ce qui n’était ni la simplicité, ni lacandeur… À leurs yeux, un roué était le nec plus ultra , del’admirable ; ils le félicitaient, ils l’exaltaient, ilsaimaient à conter ses prouesses et à se les faire conter. Ce pauvreCartouche, quand on le conduisit à la Grève, toutes les dames de lacour fondaient en larmes ; c’était une désolation.
Sous l’ancien régime, la police n’avait pasdeviné tout le parti que l’on peut tirer des voleurs : elle neles regardait que comme moyen de récréation, et ce n’a été que plustard qu’elle imagina de remettre entre leurs mains une portion dela vigilance qui doit s’exercer pour la sûreté commune.Naturellement, elle dut donner la préférence aux voleurs les plusfameux, parce qu’il était probable qu’ils étaient les plusintelligents. Elle en choisit quelques-uns dont elle fit ses agentssecrets : ceux-ci ne renonçaient pas à faire du vol leurprincipal moyen d’existence, mais ils s’engageaient à dénoncer lescamarades qui les seconderaient dans leurs expéditions : à ceprix, ils devaient rester possesseurs de tout le butin qu’ilsferaient, sans que l’on pût les rechercher jamais pour les crimesauxquels ils auraient participé. Telles étaient les conditions deleur pacte avec la police ; quant au salaire, ils n’enrecevaient point, c’était déjà une assez grande faveur que depouvoir se livrer à la rapine impunément. Cette impunité n’expiraitqu’avec le flagrant délit, lorsque l’autorité judiciaireintervenait, ce qui était assez rare.
Long-temps on n’avait admis dans la police desûreté que des voleurs non encore condamnés ou libérés : Versl’an VI de la République, on y fit entrer des forçats évadés quibriguaient les emplois d’agents secrets, afin de se maintenir surle pavé de Paris. C’était là des instruments fort dangereux, aussine s’en servait-t-on qu’avec une extrême défiance, et dès l’instantqu’ils cessaient d’être utiles, on se hâtait de s’en débarrasser.D’ordinaire, on leur décochait quelque nouvel agent secret qui, enles entraînant dans une fausse démarche, les compromettait etfournissait ainsi le prétexte de leur arrestation. Les Richard , les Cliquet , les Mouille-Farine , les Beaumont , et beaucoupd’autres qui avaient été des limiers de la police, furent tousreconduits au bagne, où ils ont terminé leur carrière, accablés desmauvais traitements que leur prodiguaient d’anciens compagnonsqu’ils avaient trahis ; alors c’était l’usage, les agentsfaisaient la guerre aux agents, et le champ restait aux plusastucieux.
Une centaine de ces individus que j’ai déjàcités, les Compère , les César Viocque , les Longueville , les Simon , les Bouthey , les Goupil , les Coco-Lacour , les Henri Lami ,les Dore , les Guillet , dit Bombance , les Cadet Pommé , les Mingot , les Dalisson ,les Édouard Goreau , les Isaac , les Mayer , les Cavin , les Bernard Lazarre ,les Lanlaire , les Florentin, les CadetHerries , les Gaffré , les Manigant , les Nazon , les Levesque , les Bordarie ,faisaient en quelque sorte la navette dans les prisons, où ilss’envoyaient les uns les autres, s’accusant mutuellement, etcertes, ce n’était pas à faux ; car tous volaient, et ilfallait bien qu’ils fussent coutumiers du fait : sans le volcomment auraient-ils vécu, puisque la p

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