Ne pas être... ou L ombre de soi-même
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Description

Il est un monde aussi étrange que l'origine du monde, c'est le fonctionnement du cerveau humain et nous en faisons bien souvent la triste expérience, combien il est difficile de comprendre l'autre et d'être incapable de se mettre à sa place pour quelque raison que ce soit. Si nous naissons tous libres et égaux, nous naissons tous avec un cerveau à fonctionnement unique, dont la totale maîtrise est impossible par le sujet lui-même, ayant pourtant le pouvoir de la direction des manœuvres. Certaines de ses fonctions sont très indépendantes de notre volonté et sont bien souvent responsables de notre mal-être profond. C'est ainsi que nous sommes tous à la merci d'un dysfonctionnement pour le moins déstabilisateur dans ce mode dit de la normalité. Ange, le personnage qui se raconte, est un autiste, qui a eu la chance de naître à une époque où son handicap fait les premiers pas vers une prise de conscience, que sa différence mérite d'être reconnue et que l'aide, qui va lui être dispensée toute son enfance avec le soutien de ses parents, s'investissant jour et nuit et entourés de tuteurs spécialisés, lui sera le sésame pour ouvrir la tour dans laquelle il est enfermé depuis sa naissance. Atteint du syndrome d'Asperger, il va utiliser quant à lui l'écriture pour sortir de sa bulle, comme un oiseau sort de sa cage après que la porte lui est ouverte, et n'aura de cesse d'utiliser ce moyen pour laisser son cerveau s'exprimer au gré de ses émotions et enfin communiquer avec le monde extérieur. L'Ange qu'il est va déployer ses ailes comme un papillon sort de sa chrysalide pour enfin Etre ! Il va devenir Écrivain.

Informations

Publié par
Date de parution 21 janvier 2013
Nombre de lectures 7
EAN13 9782312007335
Langue Français

Extrait

Ne pas être… ou L’ombre de soi-même
Julie Tomiris
Ne pas être … ou L’ombre de soi-même
Du même auteur

Livre 1, Paris, LEN, 2012. Se faire mener en bateau… au sens propre… et au sens figuré !
Introduction
Cette nouvelle est un hommage à toutes ces personnes, autistes, regardées et considérées comme des gens anormaux. La différence détectée chez un individu est alors systématiquement répertoriée sous la catégorie de la folie. Un mot galvaudé qui ne fait que regrouper toutes les anomalies sortant des normes acceptées et concentrées autour de la psychiatrie.

En hommage aussi à leurs parents, injustement rendus responsables trop souvent de l’état de leur enfant face aux importantes zones d’ombre dans ce domaine rencontrées par le milieu médical, même spécialisé en psychiatrie ou neurologie. Des maladresses de la part de certains praticiens, très douloureuses pour des parents courageux et responsables pour beaucoup de tenter l’impossible, afin de trouver des solutions pouvant aider leur enfant atteint de ce handicap parfois très lourd à supporter.

La définition actuelle de l’Autisme est définie plus généralement : «TSA» - troubles du spectre autistique – relevant des troubles du développement humain, caractérisés par une interaction sociale et une communication anormales, avec des comportements restreints et répétitifs.

L’autisme affecterait la façon dont le cerveau traite les informations en modifiant, de manière qui reste un mystère, l’organisation des connexions de neurones durant le développement. Les symptômes sont généralement détectés par les parents dès les deux premières années de la vie de leur enfant.

Particulièrement touchée et sensibilisée par cette étrangeté du fonctionnement du cerveau qu’est l’Autisme, éteignant la lueur de la vie dans les yeux de jeunes enfants et ce refus d’entrée en communication avec le monde dit de la normalité, je penserais qu'ils n'ont pas voulu naître et se trouvent entre deux mondes. Celui d'avant et celui où ils ont été invités à être. Comme ils n'ont pas eu le choix, ils ont posé leurs pieds, mais ils ont gardé la tête dans les étoiles, où ils voyagent en solitaire et sans escale.
En outre, nous vivons dans une Société de moules et de concepts pré-formatés, dont il ne faut surtout pas sortir, au risque de se voir considérés exclus d'un cadre prédéfini, incluant un modèle unique de la meilleure façon de marcher et en prenant surtout le bon chemin. Il est un mot qui enrobe le tout comme l’emballage d’un cadeau mal choisi, dont le contenu est largement sujet à controverses. Il s'agit de la normalité !

Or, s'il est dit que nous naissons tous libres et égaux, il semble que ce slogan ne soit qu'un euphémisme du bien-être de tous à espérer de la vie sur Terre, une fois que les pieds sont posés dessus quand la direction est fléchée et le sens giratoire obligatoire.

Comment ne pas être troublée et ne pas se poser de questions sur ladite normalité quant à cet étrange handicap lorsque des autistes atteints du syndrome d’Asperger, malgré des limitations handicapantes, socialement en particulier, sont associées à une singularité qui se révèle parfois être une compétence exceptionnelle.

Ils ne sont pas tous des génies, mais à des degrés différents réussissent à faire prendre conscience qu’il ne faut jamais se fier aux apparences et que le cerveau gardera des parcelles de mystère tant que l’évolution humaine poursuivra sa route vers l’inconnu.

P ARTIE I
A… comme AUTISTE

Chapitre N° 1
Un Ange sans ailes
Dans mes moments d’atterrissage sur la Planète Terre, je donne l’impression à mes proches qu’un miracle se produit chaque fois. Moi-même, je suis surpris de constater que le contact a lieu. Bien sûr, cela ne dure jamais bien longtemps, mais la lueur de mon regard change, paraît-il, au moment où la vie m’interpelle en quelque sorte, en m’invitant à sa table comme un invité de marque.

Lorsque je suis arrivé sur terre, en chair et en os, pour le bonheur de mes parents, rien de particulier n’a été décelé d’anormal chez moi. Comme tous les nouveau-nés, il a d’abord fallu que je m’habitue à ce nouveau monde dans lequel j’ai basculé, sans que l’on me demande mon avis.

Il aurait mieux valu qu’ils sachent que j’avais choisi de rester dans ma bulle protectrice et surtout que je m’accrocherais à ce monde d’enfermement intérieur, qui est le mien. C’est ma tour de Babel, mon lien avec le ciel, que je défends âprement lorsqu’elle est menacée d’intrusion.

A l’intérieur, je suis le maître absolu qui fait régner sa terreur de l’existence dans une Société qui attribue la normalité comme modèle, contre son contraire : «l’anomalie génétique», provoquant bien souvent l’incompréhension et malheureusement le rejet.

J’ai beaucoup de chance, quant à moi, d’appartenir à une famille qui se voue corps et âme à mon handicap, utilisant toutes les solutions possibles pour parvenir à m’atteindre au fond de ma tour infernale.

Le prénom qui m’a été donné est Ange. C’est le seul mot que j’ai été capable de prononcer. «Papa» et «Maman» ne sont que des onomatopées !

Les chemins de la communication sont pour moi impraticables. C’est d’ailleurs à partir d’un retard de langage et de l’extinction de la lueur de mon regard que des psychologues se sont penchés sur mon cas. En outre, ce qui me trahit le plus, ce sont mes balancements hypnotiques que j’utilise pour me rassurer. De plus, les gestes vitaux, comme boire, n’ont pas été imprimés parmi les réflexes de l’instinct de survie dans mon cerveau, puisque je ne supporte déjà pas le simple fait de vivre.

Lorsque ma mère tente de me laisser boire tout seul, je reste des heures à fixer l’eau dans le verre en la faisant bouger contre les parois de ce dernier, sans jamais le porter à ma bouche. Personne ne peut imaginer à ce moment là que je voyage dans ma tête et que certaines destinations sont parfois merveilleuses. Une façon de me bercer, me dorloter !

Il m’arrive aussi de vouloir faire éclater les parois de ma bulle d’isolement en me tapant la tête contre les murs. Mais ceux-là sont en dur ! Comme pour décupler ma force, les sons qui sortent de ma bouche expriment toute ma souffrance dans un langage désordonné et incompréhensible. J’échappe à tout contrôle, y compris de moi-même. Le spectacle que j’offre alors a le don de déstabiliser mes parents, et leur meilleure volonté s’effondre momentanément. Ils se sentent si désarmés, si impuissants que le désespoir, de part et d’autre, est sans doute le seul échange que nous ayons. Toutefois, pour moi cela reste dans le domaine de l’inconscient.

Un «statut» a été donné à mon état d'être. Le repli pathologique sur soi dénommé en psychiatrie : Autisme. {1}

Pour moi, il se traduit par vivre sans pouvoir poser les pieds sur terre. Je suis comme un funambule craignant de tomber dans le vide à chaque instant. Le prénom qui m’a été donné ne m’a pas fourni les ailes qui vont avec pour fuir à toutes volées ce quotidien qui me terrorise. Les bruits m’insupportent et menacent mes tympans d’exploser. Comme si des haut-parleurs étaient montés au maximum !
Pour stabiliser mon humeur et m’éviter des crises de panique spectaculaires, il faut respecter mes différents rituels me servant de repères dans l’espace et le temps. Je peux me focaliser pendant des heures, de manière cadencée, sans jamais me lasser à faire le même geste, sans pour autant parvenir à retrouver mes marques et un apaisement de ce délire d’Être.

De quoi dérouter le commun des mortels, auquel je n’appartiens pas. Je suis un être à part, né pour «ne pas être» Un éternel rêveur, le roi de l’évasion, de la divagation, de l’errance de l’esprit. Pour les gens dits normaux, cela s’appelle battre la campagne ou prendre la clé des champs. Une poésie qui ne peut m’être attribuée, mais qui m’attire compassion et une patience infinie de la part de ceux qui m’entourent au quotidien. Je suis un ange, et comme tout ange, insaisissable !

Toujours cette différence, qui m’oppose à cette normalité psychologique, parce qu’elle m’empêchera, toute ma vie, de me prendre en charge totalement comme un être responsable et indépendant.

Si les degrés d’autisme sont très variables parmi les individus qui en sont atteints, j’appartiens quant à moi à la catégorie des «poids légers» Et ce après avoir suivi un entraînement de haut niveau dans une institution pratiquant la méthode

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