Penser la médiation
161 pages
Français

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Description

Face aux mutations profondes de notre société, les rapports sociaux se complexifient et nécessitent de trouver des formes originales de régulation et a fortiori des médiations (familiale, sociale, professionnelle). Des sociologues, des juristes, des psychologues entendent présenter diverses façons d'appréhender les nouvelles médiations qui se développent dans notre monde contemporain. IL apparaît nécessaire de penser et d'organiser ces nouveaux cadres de régulation à même de faciliter le "vivre-ensemble".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2008
Nombre de lectures 165
EAN13 9782336275505
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Travail du Social
Collection dirigée par Alain Vilbrod
La collection s’adresse aux différents professionnels de l’action sociale mais aussi aux chercheurs, aux enseignants et aux étudiants souhaitant disposer d’analyses pluralistes approfondies à l’heure où les interventions se démultiplient, où les pratiques se diversifient en écho aux recompositions du travail social.
Qu’ils émanent de chercheurs ou de travailleurs sociaux relevant le défi de l’écriture, les ouvrages retenus sont rigoureux sans être abscons et bien informés sur les pratiques sans être jargonnants.
Tous prennent clairement appui sur les sciences sociales et, dépassant les clivages entre les disciplines, se veulent être de précieux outils de réflexion pour une approche renouvelée de la question sociale et, corrélativement, pour des pratiques mieux adaptées aux enjeux contemporains.
Dernières parutions
Francisco MANANGA, Les conditions de travail dans le secteur social. Approches juridiques d’un exercice professionnel bien particulier, 2008.
Geneviève BESSON, Le développement social local, Significations, complexité et exigences, 2008.
Philippe BREGEON, A quoi servent les professionnels de l’insertion ? , 2008.
Nathalie GUIMARD, Le locataire endetté, 2008.
Jean LOBRY, Dominique ALUNNI, Culture ouvrière, éducation permanente et formation professionnelle, 2008. Camille THOUVENOT (coord.), La validation des acquis de l’expérience dans les métiers du travail social, 2008.
Grégory GOASMAT, L’intégration sociale du sujet déficient auditif, 2008.
Hélène CHERONNET, Statut de cadre et culture de métier, 2006.
Hervé DROUARD, Former des professionnels par la recherche , 2006.
Teresa CARREIRA et Alice TOMÉ (dir.), Champs sociologiques et éducatifs, enjeux au-delà des frontières , 2006. Jean-Pierre AUBRET, Adolescence, parole et éducation. Penser de nouvelles frontières, 2006.
Penser la médiation

Fathi Ben Mrad
© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com difftision.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.&
9782296066052
EAN : 9782296066052
Sommaire
Travail du Social - Collection dirigée par Alain Vilbrod Page de titre Page de Copyright Introduction Médiation et régulations négociées par un tiers : une question de principe Médiation, conciliation, arbitrage des techniques ou un nouveau modèle de régulation sociale L’émergence de l’exigence déontologique ou la preuve par la déontologie : témoignage d’une pionnière - La déontologie garante de la qualité et de l’identité de la médiation La médiation vue par la société, la médiation vue par le Luxembourg l’exemple du Luxembourg Les métamorphoses de l’activité médiatrice - Quand la médiation tacite concurrence la médiation formelle Les gardiens d’immeuble de l’habitat social ou la négociation au quotidien Les auteurs
Introduction
FATHI BEN MRAD, HERVÉ MARCHAL ET JEAN-MARC STÉBÉ

Les modes de régulation instituée constituent des formes récurrentes et singulières d’ordonnancement des relations entre les individus. Au cœur de la vie sociale, ces régulations doivent être interrogées afin de mieux les appréhender, les définir et les comprendre. C’est pourquoi il est pertinent de les soumettre à des questionnements historique, psychologique, sociologique et philosophique qui dépassent les simples incantations idéologiques et les prescriptions doctrinales. À l’image de la médiation ou de la conciliation, elles ne sont pas des pratiques qui s’inscrivent dans une spontanéité de l’immédiat mais de véritables modalités singulières d’ordonnancement liées aux cadres socio-culturels dans lesquels elles s’insèrent (Ben Mrad, 2002). Pour rendre ces modes de régulation plus intelligibles, il est indispensable de saisir les spécificités contextuelles dans lesquelles ils se concrétisent et les formes relationnelles qui les caractérisent.
Dans nos sociétés, l’accélération des processus d’intlividualisation, qui se manifeste par la fragilisation des liens privés (conjugaux, familiaux, professionnels...) et le déclin des formes traditionnelles d’appartenance, semble particulièrement significative. L’homme contemporain se définit de plus en plus en prenant appui sur de multiples appartenances collectives (religieuses, communautaires, culturelles, associatives...). De façon plus précise, les individus vivant au sein de l’urbain globalisé et mondialisé organisent leur vie quotidienne et bricolent leur identité personnelle à partir de fragments d’univers sociaux et matériels (Marchal, Stébé, 2008). Ces derniers sont autant de supports identitaires dans le sens où ils participent d’une manière ou d’une autre à la constitution de son moi et aux représentations que l’on a d’autrui (Marchal, 2006). C’est dans la multiplicité des ressources de sens que les individus parviennent à s’aménager des espaces de liberté qui leur permettront de développer un quant-à-soi. Devenus acteurs de leurs choix relationnels, ils font en sorte que leur vie ne soit pas, dans la mesure du possible, régie par des règles qui les surplombent. Autrement dit, ils entendent vouloir se dégager des carcans collectifs et trouver leur propre voie d’épanouissement personnel.
Sur le plan de la sociabilité, loin d’une vie communautaire où chaque individu se sent relié à tous, l’autonomie s’affirme à travers la possibilité de choisir, ne serait-ce que sur le plan social, ses amis, ses partenaires, ses connaissances. Les aspirations à l’autonomie et à l’épanouissement se manifestent chez chacun d’entre nous par des inclinations affinitaires et relationnelles qui rendent parfois la coexistence avec autrui plus difficile. Mais le paradoxe de cette relative autonomie est source d’insécurité personnelle (Elias, 1991). La cohabitation dans l’espace public avec la majorité des anonymes qui composent l’environnement ne va plus de soi. Le souci de préserver un réseau de sociabilité caractérisé par des liens de qualité fait parfois oublier la nécessité de maintenir les règles collectives de civilité lors des confrontations imposées — « non-choisies » — à autrui. Il suffit de se promener dans une galerie marchande ou d’utiliser les transports en commun durant les moments de forte affluence pour se rendre compte que la capacité à cohabiter et à vivre ensemble est parfois malmenée et mise à l’épreuve (Martucelli, 2007 ; Stébé, 2008). Entre indifférence et hostilité, la marge est souvent faible pour caractériser les relations sociales ordinaires. En nous invitant à la cohabitation avec la majorité des individus composant la foule solitaire caractéristique de la ville diffuse (Stébé, Marchal, 2007), l’espace public s’oppose à notre liberté d’élire l’autre avec qui on souhaite lier une relation (Goffman, 1993).
Il n’est pas surprenant que les modes de régulation sociale comme la médiation semblent particulièrement appropriés pour faciliter la gestion de ces espaces où les individus n’ont pas forcément choisi d’avoir des relations entre eux. Les conflits de voisinage (médiation sociale), les affaires relatives aux hostilités entre automobilistes (médiation pénale), les relations de travail conflictuelles (médiation en entreprise), sont autant de situations où le délitement du lien social devient manifeste malgré la qualité des affinités électives qui par ailleurs composent l’environnement relationnel privé des individus. Les modes de régulation contemporains sont certes des réponses partielles mais ils contribuent à rendre plus paisible la co-présence des individus tant dans leur espace public que dans leur espace privé.
L’affirmation de l’autonomie et des caractéristiques individuelles (sexe, âge, biographie...) ainsi que l’opposition à un modèle social globalisant se manifestent aussi dans les rapports interpersonnels « choisis ». Sur ce plan, les exigences de la conjugalité, de la vie amoureuse, de la parentalité se définissent par une volonté des individus de s’affranchir des liens traditionnels. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, les relations de couple se veulent fondées sur l’amour qui est, par définition, d’ordre privé et non régi par une institution, du moins si l’on excepte de nouvelles pratiques de rencontre ( speed dating entre autres). Le couple contemporain exprime, dans une certaine mesure, son refus de soumettre ses relations à des exigences extérieures (coutumes, familles, prescriptions religieuses...) et chacun de ses membres entend privilégier son épanouissement personnel (De Singly, 2003).
Mais encore une fois le paradoxe de cette autonomie au niveau des relations interpersonnelles et intimes se révèle être source d’insécurité affective. Les membres du couple doivent en m

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