Québequeer : Le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécoises
402 pages
Français

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Description

En plus d'offrir un portrait des productions culturelles queer au Québec tant francophones qu'anglophones, dont certaines autochtones, cet ouvrage s'attarde à révéler le caractère queer de celles qui ne le sont pas de facto. Il se présente comme un manuel de référence sur le sujet, avec des essais critiques - qui portent autant sur la littérature et le monde du spectacle que sur les arts médiatiques ou la presse gay - et des textes expérimentaux - fictions, dessins, récits autobiographiques.
Plus de 27 oeuvres de fiction publiées entre 1965 et 2017 y sont analysées sous différents aspects, avec des méthodologies diverses, mais toujours sous l'éclairage queer (un terme à la nature instable, paradoxale, que calque la forme éclatée de l'ouvrage). Du polyamour à l'inceste, en passant par le racisme, l'urbanité, le suicide, le non-désir d'enfant, l'alimentation ou les processus de production, le queer met en scène des personnages hétéros ou homosexuels, intersexués, cis, trans, travailleur.euse.s du sexe, gros et plusieurs autres... Cette juxtaposition d'états, de genres, de thèmes, de formes et de pratiques constitue l'une des forces de ce livre qui intéressera bien sûr un lectorat d'intellectuel.le.s et de personnes issues de communautés LGBTQIAS+, mais pas seulement. Il deviendra, sans nul doute, une ressource indispensable pour l'enseignement de nouvelles perspectives dans le cadre des sciences humaines et sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760640702
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Isabelle Boisclair, Pierre-Luc Landry et Guillaume Poirier Girard
QuébeQueer
Le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécoises
Les Presses de l’Université de Montréal

Placée sous la responsabilité du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ), la collection Nouvelles études québécoises accueille des ouvrages individuels ou collectifs qui témoignent des nouvelles voies de la recherche en études québécoises, principalement dans le domaine littéraire: définition ou élection de nouveaux projets, relecture de classiques, élaboration de perspectives critiques et théoriques nouvelles, questionnement des postulats historiographiques et réaménagement des frontières disciplinaires y cohabitent librement.
Directrice:
Martine-Emmanuelle Lapointe, Université de Montréal
Secrétaire:
Hélène Hotton, Université de Montréal
Comité éditorial:
Marie-Andrée Bergeron, Université de Calgary
Daniel Laforest, Université de l’Alberta
Karim Larose, Université de Montréal
Jonathan Livernois, Université Laval
Nathalie Watteyne, Université de Sherbrooke
Comité scientifique:
Bernard Andrès, Université du Québec à Montréal
Patrick Coleman, University of California
Jean-Marie Klinkenberg, Université de Liège
Lucie Robert, Université du Québec à Montréal
Rainier Grutman, Université d’Ottawa
François Dumont, Université Laval
Rachel Killick, University of Leeds
Hans Jürgen Lüsebrinck, Universität des Saarlandes (Saarbrücken)
Michel Biron, Université McGill





Mise en pages: Yolande Martel Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Québequeer / Isabelle Boisclair, Guillaume Poirier Girard, Pierre-Luc Landry. Noms: Boisclair, Isabelle, 1961- auteur. Poirier Girard, Guillaume, 1988- auteur. Landry, Pierre-Luc, 1984- auteur. Description: Comprend des références bibliographiques. Texte en français seulement. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190016159 Canadiana (livre numérique) 20190016167 ISBN 9782760640689 ISBN 9782760640696 (PDF) ISBN 9782760640702 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Théorie queer dans la littérature. RVM: Théorie queer dans l’art. RVM: Littérature québécoise—Histoire et critique. RVM: Arts québécois—Histoire et critique. Classification: LCC PS8101.G45 B64 2019 CDD C840.9/35266—dc23 Dépôt légal: 1 er trimestre 2020 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2020 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).






AVANT-PROPOS La pensée queer
Isabelle Boisclair, Pierre-Luc Landry et Guillaume Poirier Girard
La pensée queer a des racines multiples. Attribuable dans ses fondements entre autres à Gloria Anzaldúa (1981) 1 , Gayle Rubin (1984), Judith Butler (1990), Eve Kosofsky Sedgwick (1990), Teresa De Lauretis (1991) 2 et Monique Wittig (1992) 3 , elle a été actualisée par Sam Bourcier (1998) et Paul B. Preciado (2000). Selon Didier Eribon, qui situe son émergence au début des années 1990, elle trouve ses précurseurs dans les années 1970, notamment avec Guy Hocquenghem (1972), Gilles Deleuze et Félix Guattari (1972) ainsi que Michel Foucault (1976):
[…] s’il est souvent présenté comme un courant de pensée «nouveau» (ce que, en un sens, il est en effet), le queer peut également être perçu comme la redécouverte, et l’approfondissement théorique, de questionnements formulés antérieurement, notamment au début des années 1970, que ce soit aux États-Unis, en Angleterre ou en France, par les militants homosexuels radicaux, pour lesquels la lutte pour la subversion sexuelle ne se dissociait pas d’une lutte plus générale pour la transformation sociale (2003: 396).
Les femmes sont absentes de ce palmarès dressé par Eribon: c’est que nombre d’entre elles étaient tenues éloignées de l’arène réflexive, souvent dominée par l’entre-soi masculin mais, surtout, que leurs voix passaient sous le radar; aussi pourrait-on y ajouter des écrivaines qui n’en ont pas moins formulé des critiques radicales des systèmes en place, telles Christiane Rochefort, Michèle Causse, Françoise D’Eaubonne ou, pour remonter plus loin, Virginia Woolf, et des théoriciennes et militantes américaines telles que Shulamith Firestone (1970), Kate Millett (1969), Ti-Grace Atkinson (1975), Gayle Rubin (1998 [1975]) et Audre Lorde (1983) ainsi que des théoriciennes et militantes italiennes comme Carla Lonzi (1978) et combien d’autres encore, de partout dans le monde, que les études décoloniales nous révéleront un jour. Voire, on pourrait y adjoindre Simone de Beauvoir, puisque refuser les essences, c’est bien un geste queer. Pour Preciado, «[l]a théorie queer s’est engouffrée dans une brèche ouverte par le féminisme tout en reconnaissant que le féminisme straight et blanc est partie intégrante de l’héritage de l’humanisme colonial européen» (2003a: 82).
La filiation du queer coïncide en effet avec les mouvements de libération des femmes, dans lesquels il faut noter le mot libération ; une des branches de ces mouvements, d’ancrage plus intellectuel que militant, a œuvré à déconstruire le système de sexe/genre (Rubin, 1998 [1975]) qui assigne à chacun·e sa place sur l’axe sexe/genre/désir (Butler, 1990), rejoignant ainsi les assignations concernant les gais et lesbiennes. Ainsi, si au départ le queer concerne davantage certaines identités soutenues et performées par des homosexuel·le·s, il enveloppe bientôt tout le système de sexe/genre à l’origine du sexage, notion proposée par Colette Guillaumin (1978) puis reprise par les féministes matérialistes (Causse, 2000; Wittig, 2001) et, partant, de l’hétérosexisme, cette «technologie bio-politique destinée à produire des corps straight» (Preciado, 2003b: 18). Le queer et le féminisme matérialiste se rejoignent ainsi dans leur critique du patriarcat 4 – responsable du sexage comme de l’hétérosexisme –, ce qui inclut les dispositifs 5 auxquels il a donné lieu: aussi bien les institutions que les outils. Ils ont en commun la déconstruction des identités, la critique des normes et visent l’éclatement du bicatégorisme, pour une reconnaissance de la diversité des potentialités identitaires et performatives de chacun·e, dans une optique d’autodétermination. Bientôt, aux mouvements gais et lesbiens et aux mouvements féministes se joignent les mouvements trans et intersexes. Tout en paraissant revendiquer des identités, ces mouvements appellent plutôt la simple et juste reconnaissance des identités minoritaires. Le queer est donc postidentitaire 6 . Il vise à se départir des étiquettes qui ne conviennent plus, désuètes et de surcroît oppressives: si elles satisfont les sujets qui s’y conforment, elles en font souffrir et en discriminent, stigmatisent, rejettent et excluent un grand nombre.
Les mouvements et le militantisme donnent lieu à des réflexions, donc à des objets d’étude, puis à des théories. S’il s’agit en premier lieu, pour les théories queer, de découdre l’alignement cishétéronormatif de l’axe sexe/genre/désir, alors on doit reconnaître le travail des féministes, qui se sont attelées à dissocier sexe et genre (Delphy, 1991), de même que celui des homosexuel·le·s, qui se sont davantage intéressé·e·s à disjoindre ce que le sexe/genre a à voir avec le désir (Rubin, 1984). Car si le mot a été repris et resignifié par les homosexuel·le·s militant·e·s de Queer Nation («We’re here, we’re queer, get used to it»), ce qu’il cherche à déconstruire ne peut faire l’économie de la perspective féministe, qui a amorcé la déconstruction du dispositif destiné à fabriquer des mâles-masculins-hétéros et des femelles-féminines-hétéros. Par la suite, ce sont les personnes trans qui se sont attachées à découdre les identités «homme» et «femme» de l’équation sexe + genre = identité. Car on ne naît ni femme ni homme, en effet, on le devient – ou pas . Et si être femme signifie s’identifier à ce qui est désigné comme féminin (plutôt qu’à l’être femelle, qui ne recèle intrinsèquement rien de ce qu’il est convenu d’appeler la féminité), alors aussi bien mâles que femelles et personnes intersex(ué)es peuvent investir ce territoire symbolique et adopter les signes qui y sont rattachés; il en est de même pour ce qui, culturellement, a été construit comme masculin. On voit qu’un quatrième terme s’immisce dans l’axe: l’identité, qui, si elle était absente de la triade sexe/genre/désir, était présupposée, pensée comme le débouché naturel de chacune des propositions binaires: un homme est un mâle masculin qui doit désirer une femme, qui, quant à elle, est une femelle féminine qui doit désirer un homme. Voire: qui doit désirer être un objet-pour-un-homme – c’est en ce sens que Wittig écrit que «les lesbiennes ne sont pas des femmes», puisque la catégorie «femmes» est pensée relationnellement à celle des hommes, figurant son complément sexuel dans un cadre hétérosexiste: «la femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels» (2001 [1992]: 76). Ce sont bien les injonctions serties dans chacun des maillons articulant ces termes entre eux qui sont décousues et désignées caduques. Le queer constitue la scène où quel que soit le sexe qui lui est assigné (et qui pourrait très bien ne pas l’être), mâle, femelle ou autre, le sujet se construit lui-même, en interaction avec le monde qui l’entoure, empruntant le chemin qu’il veut, selon le champ de possibilités qui s’

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