Remords et honte
113 pages
Français

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Description

Les émotions comme la honte et les remords sont des sentiments qui prennent leur source dans les rapports intimes des individus avec la société. L’originalité de cet ouvrage est de démontrer que pour l’individu, la transgression des règles et des interdits crée un mal-être.
Ne pas être dans les normes de la représentation sociale peut devenir une souffrance mais aussi un levier pour modifier l’existant et a permis la société d’avancer au niveau des acquis sociaux.
Cet ouvrage regroupe les recherches et réflexions de nombreux chercheurs européens qui ont ainsi donné naissance à « la vie intime des sentiments sociaux ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782304046397
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0025€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Remords et honte
Lecture sociologique des sentiments

Sous la direction d’Emmanuel Jovelin et Antigone Mouchtouris, avec la collaboration de Radoslav Gruev

Éditions Le Manuscrit 2016
ISBN:9782304046397
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Préface
La honte d’Ève et les remords d’OresteRéflexions sur le fondementde l’imaginaire occidental
Souffrance sociale, honte, jeu social
Phénoménologie comparée de la honte et de la pudeur
Les deux hontes des victimes de la discrimination
Honte et remords, entre intimité,opinion publique et espace commun
Du mektoub à el ghorba : parcours de vie des immigrés âgés. L’exil de la honte ?
Les enfants des prostituées face à la honte
Les symboles significatifs de la honte pour les jeunes placés en foyer de l’enfance
Le poids du prénom en héritage : entre assignations sociales et stratégies de reconnaissance
Discours politiques remords et honte : sentiments décalés, l’exemple des résistants de la guerre civile en Grèce
Les camps de la honte et la honte des campsGestion sociale de la mémoire
PostfaceHontes, remords et espaces publics
Dans la même collection  (Topos)
 
La nostalgie comme sentiment , Piero Galloro et Antigone Mouchtouris, 2016.
Métaphonie, itinéraire dialogique , Charles Dreyfus Pechkoff, 2016.
Temporalité et jugement social , Antigone Mouchtouris, 2014.
Éros et liberté. Trois essais de sociologie et d’histoire , Joëlle Deniot, Antigone Mouchtouris et Jacky Réault, 2014.
Actualité de la pensée grecque , Antigone Mouchtouris et Panagiotis Christias, 2013.
Passions sociales , Bernard Valade, Antigone Mouchtouris et Éric Letonturier, 2013.
Actualité muséale. La temporalité d’un espace culturel , Antigone Mouchtouris 2013.
La réception des œuvres : la temporalité de l’expérience esthétique , Antigone Mouchtouris, 2013.
 
 
 
© couverture : Charles Dreyfus « Les cas pas cités », miroir gravé 39×29×10 cm, collection J+C Mairet, Photographie Jean Mairet.
Préface
 

 

Antigone Mouchtouris
Professeure de sociologie
Université de Lorraine-Metz
 
Les émotions en tant qu’objet d’étude sociologique ont été délaissées durant près d’un siècle. On trouvera peu d’auteurs qui se soient intéressés à la manière dont ces émotions, qu’elles soient des sens ou intellectuelles, pourraient intégrer, à part entière, les études sociologiques.
Cet ouvrage collectif est le troisième livre que nous leur consacrons après Les Passions sociales et La Nostalgie comme sentiment , nos recherches concernant cette fois la honte et les remords.
En revanche, en littérature, en philosophie, en art et surtout en psychologie, cela est monnaie courante ; ce qui est très critiquable car, à force de voir la psychologie s’emparer de tous les terrains, cela nous prive, dans l’espace public, de parler de la dimension sociale de la souffrance et de la possibilité d’être en société. Cela est une particularité française de l’École sociologique de Durkheim qui a catalogué les sentiments comme des non-objets, indignes d’être étudiés, tandis que n’importe quelle personne qui regarde le programme d’anthropologie et de sociologie de l’Université de Madrid peut constater qu’il existe des cours consacrés à la sociologie des mœurs, ce qui signifie que ce n’est pas un interdit de parler des sentiments et que ce n’est pas non plus une erreur de l’épistémè sociologique.
Est-ce que parler de sentiments revient à parler de mœurs ? On peut certainement dire aussi qu’on parle de mœurs mais également de normes, d’interdits, de limites et de possibilités qu’il y a de pousser les frontières. Ce qu’il est surtout intéressant d’étudier avec les sentiments, c’est comment l’individu, par excellence, se trouve être un être social. C’est Aristote le premier qui a signalé la pesanteur du social sur la formation des conduites. L’être humain ne peut pas être coupé de la société ni de ses interdits et de ses règles, car c’est lui-même qui les construit.
Nous pouvons étudier les émotions de trois façons en sociologie.
Premièrement : par une approche socio-historique comme celle de Norbert Elias. En démontrant qu’il y a des sentiments qui prennent forme à une époque et pas à une autre. L’auteur qui a le plus parlé, avec un certain cynisme, de l’action des sentiments, c’est Bernard Mandeville, au xviii e siècle, avec La fable des Abeilles . Dans ce pamphlet, il a mis, entre autres, en avant la question de la puissance des sentiments face aux dangers. Au xx e siècle, avec le développement de l’anthropologie, nous avons aussi eu une autre lecture culturelle où l’être humain peut avoir honte ou des remords, mais pas pour les mêmes raisons. Ainsi, l’on est entré dans une lecture relativiste de la manifestation des sentiments et, en même temps, le courant culturaliste s’en est trouvé bien hypertrophié.
Deuxièmement : en étudiant la fonction sociale des sentiments, tant au niveau de la normativité qu’à celui des actes fondateurs dans la société qui permettent de dépasser les lignes d’horizon d’une vision sociale et de la conscience de soi. La fonction sociale de la honte ou des remords au niveau social nous ramène à la lecture des normes et aussi à la puissance des sentiments et leur gestion sociale par les acteurs eux-mêmes, mais également par l’ensemble du groupe social. On constate que les acteurs qui souffrent de ces sentiments peuvent, dans un contexte donné, renverser ces marques de souffrance en des choses positives. On constate que le mouvement des femmes a été aussi fondé sur cette question de la naissance des sentiments. Les normes et les interdits qui ont été les plus durs à supporter, cela a été désigné comme une femme ayant de “mauvaises mœurs”. Ainsi, ces deux sentiments, la honte et les remords, peuvent être un stimulus au niveau de la créativité et du dépassement de soi et des limites fixées par la société, celles qui nous ont été inculquées comme des lignes directrices à suivre. Nous pouvons défendre l’idée que ces deux sentiments peuvent être à la fois un stimulus de dépassement et un moyen d’écraser l’individu. Ceci est possible par la faille qui existe en lui après avoir commis une action non acceptée par lui-même, mais aussi par la pesanteur de son environnement social qui lui fait sentir qu’il a commis une faute. Le contre-exemple pour comprendre les effets du poids social, ce sont les personnes déviantes comme les membres de la mafia ou des groupes d’influences qui ne ressentent jamais de honte ou n’ont jamais de remords lorsqu’ils commettent des crimes pour des intérêts économiques.
On observe que, si l’on veut infantiliser un individu, il n’y a pas mieux que de le culpabiliser pour des actions commises, réellement ou non, mais qui correspondent à des actions répressibles. Tandis qu’un être libre est un homme qui est conscient de ses propres sentiments et des obligations de sa propre société ; d’ailleurs, ce qui peut le remplir de honte ou de remords, ce ne sont que des règles intériorisées sans lesquelles ni lui ni sa société n’auraient pu exister.
Troisièmement : en interrogeant la sociologie sur le fait d’imprégnation, d’intériorisation et d’extériorisation des règles. Les deux auteurs principaux, qui ont approfondi ce thème, sont Georg Simmel, avec le concept de réciprocité, et George Herbert Mead, dans son ouvrage Le soi l’esprit et la société . Ils ont permis de voir comment ces processus d’intériorisation et d’extériorisation des règles ont été mis en place et comment ils sont vécus dans la vie quotidienne. Ce qui signifie qu’« être en société », ce n’est pas « faire société ». Cette dernière idée, très en vogue dans le milieu sociologique, nous a fait oublier que l’être humain ne peut pas vivre sans ces relations de réciprocité, sans s’associer avec l’autre, sans créer, inventer d’autres formes de relations humaines, au-delà du cadre établi.
C’est pour cela que l’existence de ces sentiments témoigne de cette inté

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