Parce que l’émigration réside en un déplacement, en un mouvement, elle est, avant d’être le fruit de considérations économiques, objet spatial, relatives à des territoires quittés ou investis. Ce retour à une démarche géographique, voire géosociologique, Emmanuel Isidore Bocco l’initie dans ce recueil d’essais qui interroge les relations et interactions qui existent entre gestion et/ou organisation territoriale, et émigration et/ou immigration. Des espaces africains morcelés et distendus, à l’origine de questions identitaires, aux banlieues françaises et politiques urbaines mises en place par l’Etat, l’auteur de ces "Trois propos" aborde ainsi une thématique mondiale en se dérobant aux angles d’attaque traditionnels. D’où une triple réflexion aux conclusions fertiles. Des terres de départ aux terres d’accueil, de la dépossession à l’impossible appropriation, du rejet à la ghettoïsation, "Territoires de migrants: trois propos" balaye, de ses origines à ses conséquences, le phénomène migratoire. Se donnant au travers d’études ciblées, cet ouvrage, documenté et sous-tendu par des références intelligemment exploitées, n’en garde pas moins une portée critique plus globale, visant à souligner les enjeux spatiaux – puis socio-économiques – qui agitent et nourrissent la thématique émigratoire.
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