Trajectoires philanthropiques chez les élites juives
85 pages
Français

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Trajectoires philanthropiques chez les élites juives , livre ebook

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Description

Le Comité de bienfaisance israélite de Paris constitue, à la fin du xixe siècle, le bras armé des institutions juives parisiennes en matière de charité, s’occupant de secourir les pauvres de confession juive de la capitale. Depuis 1887, il dispose d’un conseil d’administration composé de notables qui participent à sa direction et organisent ses activités. L’étude de ces administrateurs et de leur implication dans la vie du Comité de bienfaisance éclaire la manière dont celui-ci fait l’expérience des transformations à l’oeuvre dans la capitale dans les milieux de la réforme sociale et de la bienfaisance privée. Alors que le Comité de bienfaisance israélite de Paris est progressivement modernisé et laïcisé, qu’il doit faire face à l’immigration juive et de la montée de l’antisémitisme, l’analyse de ses membres questionne également la place de la pratique de la philanthropie dans le processus d’émancipation des juifs de France à l’époque de l’affaire Dreyfus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304047875
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marie Aboulker
Trajectoires philanthropiques chez les élites juives
Le Comité de bienfaisance israélite de Paris (1880-1914)
Penser la solidarité, hier et aujourd’hui
é ditions Le Manuscrit
Paris



ISBN 9782304047875
© Janvier 2020


Dans la même collection
Un « plan Marshall juif » , Laura Hobson-Faure, 2018
Mettre l’éthique en pratique , sous la direction de Brigitte Bouquet, 2018
Comité scientifique
Sandra Bertezene, titulaire de la chaire de gestion des services de santé au Cnam
Patrick Cabanel, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, titulaire de la chaire Histoire et sociologie des protestantismes
Laura Hobson Faure, Professeure d’histoire contemporaine des mondes juifs à l’Université Paris I
Catherine Nicault, Professeur émérite des Universités en Histoire
Colette Zytnicki, Professeur émérite des Universités en Histoire
Comité de lecture de la collection
Laure Fourtage, chercheur en Histoire
Martin Messika, chercheur en Histoire
Dorothea Bohnekamp, Sandra Marc, professeur d’histoire en collège et lycée
Jean-Michel Rallières, chercheur en Histoire et professeur d’histoire en collège et lycée
Fabien Azoulay, directeur de la communication à la FCC
Directrice de la collection
Laure Politis, direction du centre de recherche, d’étude et de formation Fondation Casip-Cojasor


Présentation de la collection
La collection « Penser la solidarité, hier et aujourd’hui » a pour ambition de diffuser le savoir relatif à la recherche et à l’innovation dans les domaines de l’histoire sociale, de l’action sociale et de l’économie sociale et solidaire, ainsi que de réunir des travaux de recherche en histoire sociale menés à partir des fonds d’archives de la Fondation Casip-Cojasor et des actes de colloques et de journées de réflexion organisées par la Fondation Casip-Cojasor sur l’action sociale d’hier et d’aujourd’hui.
La collection est dirigée par un Conseil scientifique composé par Sandra Bertezene, Patrick Cabanel, Nancy Green, Laura Hobson Faure, Catherine Nicault et Colette Zytnicki, éminents universitaires spécialistes de l’histoire sociale et de l’action sociale et médico-sociale.
La Fondation Casip-Cojasor, institution spécialisée dans l’action sociale et médico-sociale dont les origines remontent à 1809, a créé un service d’archives et histoire dans les années 2000 et a ouvert son fonds d’archives au public. Depuis lors, la Fondation Casip-Cojasor encourage la recherche en histoire sociale sur des sujets liés à la philanthropie, à l’action sociale et à l’immigration. Grâce à ce soutien, plusieurs travaux de recherches et manifestations publiques ont déjà vu le jour reflétant la richesse des fonds d’archives de l’institution.
En parallèle, le Casip-Cojasor organise depuis quelques années des colloques portant sur l’innovation dans le domaine de l’action sociale et de l’économie sociale et solidaire. Ces manifestations réunissent les personnalités majeures (scientifiques, politiques et acteurs de terrain) du secteur. Elles sont ouvertes à la fois au monde scientifique et au monde professionnel du travail social et de l’économie sociale et solidaire.


Introduction
Après la défaite de la France en 1870 et la perte des provinces d’Alsace-Moselle, la ville de Paris s’impose progressivement comme la capitale du judaïsme français. Sur le plan démographique, la population juive parisienne passe de 20 000 personnes en 1866 à 60 000 en 1905 1 , en raison notamment de la forte immigration de provinciaux, principalement d’origine alsacienne 2 , mais également d’étrangers venus surtout d’Allemagne dans les années 1870 puis d’Europe de l’Est dans les années 1880 à 1900. Sur le plan institutionnel et religieux, Paris est le siège du Consistoire central 3 depuis 1808 ; la grande synagogue de la rue de la Victoire, dans le 9 e arrondissement, est inaugurée en 1874, tandis que le Séminaire israélite, qui a quitté Metz en 1859, s’installe rue Vauquelin dans le 5 e arrondissement, en 1881.
Dans le même temps, la population juive parisienne se transforme : la bourgeoisie, qui a connu une importante expansion depuis le Second Empire 4 , regroupe un ensemble hétérogène allant du monde des affaires 5 à celui des professions libérales, au côté de toute une population de commerçants et négociants. Les métiers « traditionnels » (journaliers, petits métiers de rue, colporteurs) déclinent au profit d’un artisanat de plus en plus spécialisé. Le nombre de juifs pauvres augmente avec l’immigration alsacienne : à la fin des années 1870, sont considérés comme indigents ceux dont l’inhumation est assurée par les établissements charitables 6 ou qui bénéficient des cérémonies religieuses gratuites, soit environ 15 ou 20 % de la population totale. Ce chiffre baisse au début des années 1880, avant que l’arrivée des juifs originaires de Roumanie ou de Russie, travaillant principalement dans l’artisanat à domicile, n’accentue la polarisation sociale de la société juive parisienne.
Le développement de la bienfaisance et de la philanthropie constitue l’un des visages du judaïsme français de la fin du xix e siècle. Celui-ci est associé, dans l’imaginaire collectif, à quelques figures brillantes de grands banquiers, mécènes et philanthropes richissimes, à l’image des familles Camondo, Furtado-Heine ou Rothschild, sur lesquelles se sont focalisés les regards, tantôt admiratifs, tantôt haineux, des contemporains et dont le nom est inscrit au fronton de nombreuses institutions. Mais ces figures offrent une image très éloignée de la réalité de la bienfaisance juive, qui prend la forme d’un engagement collectif, au sein d’une multiplicité d’œuvres et d’organisations chargées de l’assistance régulière des juifs indigents, à l’image du Comité de bienfaisance israélite de Paris.
Le Comité de bienfaisance israélite de Paris
Fondé le 24 octobre 1809 par le Consistoire central, le Comité de bienfaisance israélite de Paris s’appelle alors « Société consistoriale de secours et d’encouragement ». Cette création s’inscrit dans une logique centralisatrice. Il s’agit, pour le Consistoire, d’unifier les anciennes Hebroth , sociétés de secours mutuels qui réservaient à leurs membres une aide spécifique, tout en assurant les derniers devoirs envers les morts. Cette prise en main de la bienfaisance juive correspond à une tentative d’organisation de celle-ci par le haut, de rationalisation et d’élargissement de son action à tous les pauvres de la communauté. Ainsi, « l’association a pour but de venir en aide par son service social, aux indigents du culte israélite, dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise et de protéger les enfants du même culte, qui ont besoin d’assistance. » 7
Initialement 8 , le Comité se consacre à la répartition des aides financières aux indigents, à la surveillance et à la mise en apprentissage des enfants, à la distribution de secours aux malades et à l’organisation des inhumations. En avril 1839, un nouveau règlement introduit de nombreuses adaptations dans son fonctionnement et ses modalités d’intervention. Ainsi, les secours sont classés en différentes catégories (mensuels, temporaires, extraordinaires), les bénéficiaires inscrits dans un registre spécifique, la ville de Paris partagée en sections territoriales répartissant les indigents inscrits. Les premières enquêtes pour la distribution de secours à domicile sont mises en place, animées bénévolement par des « commissaires » et des « dames de charité ». Entre 1849 et 1869, le règlement du Comité est modifié à plusieurs reprises pour acter l’apparition de nouvelles œuvres ou adapter son fonctionnement à l’accroissement des œuvres existantes. Ainsi le Comité devient-il progressivement le point nodal de « toutes les institutions de bienfaisance fondées par le Consistoire et de toutes les questions qui s’y rattachent » 9 . En 1877, le Comité est complètement réorganisé, divisé en deux sections distinctes, l’une consacrée aux recettes et l’autre aux dépenses, organisées en sous-commissions qui marquent une première étape dans la spécialisation de ses activités. Le Comité de bienfaisance obtient, en 1887, la reconnaissance d’utilité publique 10 qu’il a sollicitée l’année précédente. Il cesse alors de dépendre du Consistoire et devient complètement autonome. Ses membres deviennent des administrateurs élus par une assemblée générale. De nouveaux statuts sont adoptés et restent inchangés jusqu’en 1924.
L’histoire du Comité de bienfaisance israélite de Paris se situe à l’intersection de plusieurs problématiqu

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