Un imaginaire européen
202 pages
Français

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Un imaginaire européen , livre ebook

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Description

Existe-t-il un imaginaire européen ? Sommes-nous des citoyens européens ? Quel "nous" justifie l'énoncé de ces citoyens ? Y a-t-il au contraire dans chacun des pays qui composent l'Union européenne un imaginaire d'Europe différent ? Quelle patrie habite l'imaginaire des "émigrés" portugais qui sont confrontés à la société française ? Quelle est la patrie de ces Portugais que les Français imaginent et méconnaissent ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 78
EAN13 9782296709294
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN IMAGINAIRE EUROPÉEN
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13085-2
EAN : 9782296130852

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
MARIA ISABEL BARRENO


UN IMAGINAIRE EUROPÉEN


Essai sur l’identité européenne
et les imaginaires nationaux des Portugais et des Français


Traduit du portugais par Madalena Guerra et Annick Moreau
avec la participation de l’écrivain


Préface de Maria Graciete Besse


L’harmattan
Du même auteur

En français :
Nouvelles lettres portugaises , avec Maria Velho da Costa et Maria Teresa Horta, Paris : Le Seuil, 1974.
La disparition de la mère , Paris : Des Femmes, 1983.
« La mer », Lisbonne n’existe pas, Cognac : Le temps qu’il fait, 1996, pp. 35-56.
Le cercle vertueux , Éditions Fíndakly, 1998.
« L’envoyé », Des nouvelles du Portugal 1974-1999, Paris : Éditions Métailié suites, 2000, pp. 165-172.
Les Veilles oubliées/As Vésperas Esquecidas, édition bilingue, Éditions Fíndakly, 2004.


En portugais (ouvrages cités) :
De Noite as Àrvores s ã o Negras, Publ. Europa-América, 1968.
Novas Cartas Portuguesas , com Maria Velho da Costa e Maria Teresa Horta, Estúdios Cor, 1972.
A Morte da M ã e, Morais editores, 1979.
O Senhor das Ilhas , Editorial Caminho, 1994.
O C í rculo virtuoso, Editorial Caminho, 1996.
As Vésperas Esquecidas, Caminho de Abril, 1999.
A Ponte, sob o pseudónimo de Ricardo Caeiro, Lisboa:
Publicações Dom Quixote, 1998; 2 a ed. sem pseudónimo, 2004.


Titre original: Um Imagin á rio Europeu, Lisbonne, Caminho, 2000.
© Maria Isabel Barreno, 2000
Traduction française © L’Harmattan, 2009
PRÉFACE
MARIA ISABEL BARRENO,
UNE ARCHÉOLOGIE DE LA MÉMOIRE


Le rôle majeur joué par Maria Isabel Barreno dans la littérature portugaise contemporaine n’est plus à démontrer. Née à Lisbonne en 1939, elle fait paraître son premier roman en 1968 ( De Noite as Á rvores s ã o Negras ) . En 1972, elle est surtout connue comme l’une des porte-parole du mouvement d’émancipation féminine grâce au fameux livre Nouvelles lettres portugaises , écrit en collaboration avec Maria Velho da Costa et Maria Teresa Horta. Cet ouvrage, qui a déclenché un immense scandale suivi d’un procès imposé par la censure fasciste, a marqué profondément les consciences et obtenu la solidarité internationale des mouvements féministes. Les « trois Marias » osaient y proposer rien moins qu’une vision incisive de la féminité confrontée à la violence patriarcale ainsi qu’une dénonciation subtile de la guerre coloniale.
Après des travaux de type sociologique et la publication de contes et de nouvelles – on connaît en français La disparition de la mère (Éd. des Femmes, 1983), Le cercle vertueux (Éd. Fíndakly, 1998) et Les Veilles oubliées (Éd. Fíndakly, 2004) –, Maria Isabel Barreno a poursuivi une brillante carrière d’essayiste et de romancière, faisant quelques incursions dans le domaine de l’Histoire. Son dernier roman, O Senhor das Ilhas (1994), tissé sur un fond de colonisation portugaise au Cap-Vert, renouvelle singulièrement la tradition du roman historique. Un imaginaire européen (2000), qui paraît aujourd’hui en français, se présente comme un mixte d’essai, de poésie, d’autobiographie et de chronique où la mémoire est patiemment sondée par le biais de la question identitaire et des différences culturelles.
Le caractère hybride de ce livre annonce d’emblée la qualité mouvante des frontières génériques sous l’égide d’une identité problématique. Il nous offre une sorte de terrain expérimental où s’élabore une perception du monde fondée sur l’expérience individuelle de la narratrice, confrontée au destin collectif des immigrés portugais en France.
À la fin des années 90, Maria Isabel Barreno arrive à Paris, chargée par le gouvernement de Lisbonne de la coordination de l’enseignement de la langue portugaise auprès de l’Ambassade. Ce séjour professionnel va se révéler très fécond, lui permettant de démystifier une certaine image de la France, mais également de découvrir « la souffrance » de ses compatriotes, caractérisée par un manque profond d’estime de soi. La motivation de l’écrivain se trouve dans ce constat douloureux, accompagné d’une question fondamentale : « comment peut-on enseigner le portugais à des enfants qui ont honte d’être portugais ? ».
Même si ce trouble touche en particulier les premières générations d’immigrés, il est vrai que leurs enfants révèlent parfois des symptômes d’une crise identitaire qui peut prendre plusieurs visages, allant du sentiment d’humiliation à l’arrogance ou affirmant tout simplement la volonté d’intégration qui se conjugue souvent avec la fierté d’être portugais. Il semble donc intéressant de questionner l’anatomie de la crise afin de mieux comprendre les implications culturelles et psychiques à l’œuvre dans ce type de conflit dont la source se trouve à coup sûr dans le déracinement et la confrontation des cultures. C’est en grande partie ce que nous propose Un imaginaire européen .
L’ouvrage présente une structure kaléidoscopique rigoureusement construite à partir d’une introduction suivie de cinq séquences, précédées chacune d’un court poème. Elle fonctionne comme un jeu d’échos et de miroirs, donnant à voir dans toute sa complexité la relation entre le réel et la fiction, le continu et le fragmentaire, l’individuel et le collectif. La discontinuité et l’éclatement de l’identité textuelle conviennent parfaitement à la tonalité légèrement grinçante des réflexions d’ordre sociologique, tantôt subjectives, tantôt objectivement argumentées, dévoilant en filigrane un certain imaginaire européen et revisitant l’espace culturel selon trois axes essentiels : la crise identitaire des immigrés portugais, la déconstruction des mythes sur la France et enfin le questionnement du concept d’Europe.
Il est indéniable que l’expérience migratoire a eu des répercussions importantes sur l’identité de la population portugaise, arrivée massivement en France dans les années 60 pour échapper au salazarisme et à la misère. Définie d’abord par son invisibilité, cette première génération d’immigrés, originaire surtout des régions rurales du nord du Portugal, connaît d’assez mauvaises conditions matérielles en région parisienne et traverse ce que certains sociologues appellent « les années de boue ». L’importante vie associative qu’elle développe par la suite lui permet de retrouver ses racines, sans toutefois éviter la création de ghettos.
Partagés entre deux espaces, les Portugais s’ouvrent néanmoins à la société d’accueil dans un échange dont bénéficient surtout les femmes et les enfants. Cependant, ils n’échappent pas à la crise identitaire, aggravée par un déficit d’instruction scolaire et la dévalorisation sociale dont ils sont victimes dans l’espace urbain. Les déterminations socioculturelles contribuent fortement au manque d’estime de soi et à la blessure narcissique traduite par une forme de vulnérabilité. C’est certainement là que l’on peut identifier, du moins en partie, la source du sentiment de honte éprouvé par les enfants évoqués par Maria Isabel Barreno.
Au carrefour du réel et de l’imaginaire, la narratrice interroge sa propre cartographie intérieure mettant en lumière la délicate question des frontières et l’importance de l’entre-deux, avec la certitude que la question identitaire figure au centre de toute articulation culturelle, définissant le rapport à l’Autre et relevant volontiers de l’indéfinissable. Souvent invoquée, l’identité est par essence mouvante, elle se tisse dans la relation et résulte de multiples stratégies d’inclusion, d’exclusion, de projection et d’imagination, n’étant jamais donnée d’emblée ni définitivement conquise. Le discours de Maria Isabel Barreno nous montre clairement cette métamorphose toujours en devenir qui renvoie à une notion de culture hybride, particulièrement liée à un territoire en expansion continue.
Lors de son expérience parisienne, la romancière découvre que l’épaisseur historique du « nous » portugais, fondée sur le fabuleux siècle des grandes découvertes maritimes, est mise à mal par l’image négative qu

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