Une leçon de métaphysique  adressée à Francis Wolff, Frédéric Nef, Quentin Meillassoux, ...
196 pages
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Une leçon de métaphysique adressée à Francis Wolff, Frédéric Nef, Quentin Meillassoux, ... , livre ebook

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Description

En 2013 était réédité par les presses universitaires de France un livre écrit par neuf philosophes du groupe MENS (Métaphysique à l’école normale supérieure) sous la direction de Francis Wolff – professeur à l’ENS – et dont le titre, prometteur, est : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

C'est cet ouvrage qui est censé, selon Francis Wolff, relancer l’intérêt pour la métaphysique, qui sert d’exemple à Serge Druon pour montrer la grande misère de la philosophie contemporaine.

L’édition institutionnelle de la philosophie et le sérail universitaire constituent un entre-soi où se garde soigneusement le monopole de ce qui se publie en matière de pensée. Alors, comment pense et écrit cet entre-soi constitué, institué, arrivé, de la philosophie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414356652
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-35666-9

© Edilivre, 2019
Du même auteur
Du même auteur (aux éditions Edilivre ) :
• L’être et la logique , Essai, 2009
• Frontières et lieux communs , Essai, 2011
• Quelqu’un arrive, Franz Kafka , Essai, 2011
• À propos de rien , Essai, 2012
• Alain Badiou, ou l’obscur retour de la métaphysique , Essai, 2013
• Le Dernier Mot de la métaphysique, cycle Après Heidegger n°1, Essai, 2014
• Théorie des choses , cycle Après Heidegger n°2, Essai, 2015
• Le phénomène religieux , cycle Après Heidegger n°3, Essai, 2016
• Dialogue des mondes à propos d’Arthur Rimbaud , Essai, 2017
• La philosophie après Heidegger , cycle Après Heidegger n°4, Essai, 2017
• On a trop pardonné à Wittgenstein , Essai, 2018
• Badiou, Heidegger, et la question de l’être , Essai, 2018
• Précis de métaphysique phénoménologique , Essai, 2019
• Alain Badiou et La guerre des infinis, Une lecture de L’Immanence des vérités , Essai, 2019
Exergue

Rien n’est en vain – et surtout pas le rien lui-même ; car en lui l’estre se sauve en sa manière à nulle autre pareille d’être unique.
Martin Heidegger, Réflexions VII
Introduction
En 2007 – puis en 2013, en réédition – paraissait aux Presses Universitaires de France un livre écrit par 9 philosophes appartenant au groupe MENS (Métaphysique à l’Ecole Normale Supérieure), sous la direction de Francis Wolff – professeur de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure – et dont le titre, prometteur, est : Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Cet ouvrage, qui est censé, selon Francis Wolff, relancer l’intérêt pour la métaphysique, va me servir d’exemple pour illustrer mon sujet : La grande misère de la philosophie contemporaine.
Cet exemple – j’aurais pu en choisir nombre d’autres – m’a paru particulièrement éloquent. Pourquoi ? D’abord parce qu’il est signé par 9 philosophes – que je désignerai dorénavant par « les neuf », ils sont les neuf –, tous universitaires, professeurs ou chercheurs, certains bien connus, tous solidaires de la teneur d’ensemble d’un livre écrit après plusieurs réunions sur le sujet avec l’ensemble du groupe MENS, réunions auxquelles se sont joints d’autres philosophes tels que Claudine Tiercelin – maintenant professeur au Collège de France – et Frédéric Worms – professeur à l’ENS. Ensuite parce que le sujet qu’ils ont choisi de traiter, qui porte sur ce qu’il est convenu d’appeler « la question fondamentale de la métaphysique », est en effet central, premier, et doit concerner toutes les écoles de philosophie, de la philosophie dite continentale à la philosophie analytique, du théisme à l’athéisme, de l’Orient à l’Occident. Enfin, parce qu’il est édité par les Presses Universitaires de France – les puf.
Pourquoi associer ici, dans le même naufrage, les philosophes du groupe MENS, donc l’ENS, grande pourvoyeuse de professeurs et d’écrivains philosophes, et les puf ? Après tout, les puf ne sont qu’un éditeur, elles ne sont pas responsables de ce qui se pense et de ce qui s’écrit. Sans doute. Mais elles sont responsables de ce qui se publie en matière de philosophie. Ce sont elles, majoritairement, qui choisissent et fournissent ce qui nous est donné à lire. Les puf ne sont pas n’importe quel éditeur : elles représentent, en France, l’édition quasi institutionnelle de la philosophie. Elles publient, en principe , ce qui se fait de mieux, de plus fort, de plus important, de plus profond, de plus étayé et aussi de plus novateur, en matière de philosophie. Elles ont donc cette responsabilité de représenter, par leurs choix, l’état de la philosophie contemporaine à son avant garde. Beaucoup de ce qu’elles publient concerne la réédition des grands classiques de la littérature philosophique et surtout les commentaires faits par les philosophes contemporains de ces grands classiques. Ce créneau ne doit pas être négligé et je veux bien admettre – bien que ces commentaires soient eux-mêmes révélateurs – qu’il est couvert, surtout en quantité. Mais la philosophie ne peut pas s’arrêter là. Elle continue. Il y a, il doit encore y avoir, des penseurs, des créateurs de philosophie, comme il y en a eu à toutes les époques depuis les présocratiques – pour ce qui concerne la philosophie occidentale. La pensée écrite et publiée aujourd’hui a l’avantage insigne d’avoir pu s’appuyer sur les grands textes qui nous sont laissés en héritage, sur l’histoire de la pensée, celle qui est retenue et enseignée par l’université. Elle peut, elle doit, aller plus loin sur le chemin de pensée. Je soutiens que nous sommes, nous hommes d’aujourd’hui, plus armés que jamais pour penser ; et aussi et surtout pour porter la pensée au langage, souci premier du philosophe écrivain. Il ne peut s’agir, en matière de philosophie et en particulier de métaphysique, de progrès commun comme c’est le cas en science. La science progresse en emmenant avec elle l’humanité entière. Il n’y a qu’une science. Si l’un d’entre nous soulève une question scientifique et l’exprime, la communauté scientifique évaluera cette question, vérifiera l’hypothèse sous-tendue, et ira jusqu’à donner la solution. À la fin, il faut qu’un consensus soit trouvé et, en général, un consensus est effectivement trouvé. Il ne peut y avoir de consensus en philosophie. La vérité scientifique se transmet à tous et progresse. La vérité métaphysique ne se transmet pas. Elle s’exprime, elle s’échange, elle se nourrit de ces échanges, mais elle ne se transmet pas. Chaque philosophe écrivain exprime sa vérité au mieux de ce qu’il peut faire. À chacun de nous d’y puiser ce qui lui convient en fonction de sa propre vérité. « Vérité » ici ne doit pas être conçu seulement comme « proposition vraie », mais surtout comme « pouvoir de vue ». Il s’agit ici, en métaphysique, de l’ouverture du champ de la perception, de sa profondeur, de l’acuité visuelle : il s’agit de voir ce qui se donne à voir, ce qui se montre à nous, de ne rien laisser échapper de ce qui se montre. Il faut admettre que nous ne voyons pas tous de la même façon, que s’il y a un champ de vision commun – le champ de la science –, il y en a un autre qui est propre à chacun de nous. Il faut sans doute admettre que certains d’entre nous voient plus et autrement. Il faut sans doute admettre que certains d’entre nous disent plus et mieux ce qui est à voir. Il faut sans doute admettre que si nous pouvons tous, potentiellement , voir tout ce qui se donne à voir, nous ne le voyons pas tous actuellement , et ceci même si l’un d’entre nous tente de le donner à voir à travers ce qu’il dit, ce qu’il écrit. Penser et voir – ou percevoir, au sens large, incluant les sensations, vérité et sensibilité s’équivalant ici – sont ici synonymes. Le critère de l’évaluation d’une philosophie, d’une métaphysique, est toujours personnel. Le lecteur de philosophie – celui qui choisit de lire de la philosophie – n’est pas n’importe quel lecteur. Beaucoup d’entre nous ne s’intéressent pas à la littérature philosophique – il semblerait que nous soyons de moins en moins nombreux à le faire –, ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas de philosophie. S’ils en restent à ce que la culture en place dans leur milieu leur a transmis depuis l’enfance, c’est souvent parce que cette littérature est difficile d’accès, ne parvient pas à les attirer. Le lecteur de philosophie compare sa propre vue avec celle qui s’exprime, qui décrit ce qu’elle voit. Il s’agit d’une comparaison de pouvoirs de vue. Le lecteur peut ne rien comprendre à ce qui se dit là. C’est peut-être l’indice qu’il lui faudra y revenir plus tard, lorsque son expérience de pensée et de parole aura grandi. À l’inverse, il peut comprendre parfaitement ce qui se dit. Ici, deux cas de figure. Soit il adhère totalement, l’auteur voit comme lui, il reconnait là un frère, cette expérience de communion peut être jubilatoire 1 . Soit, au contraire, il n’adhère pas du tout en ce sens qu’il voit parfaitement que la vue qui lui est proposée est courte, étroite, partiale, trompée, trompeuse. Entre l’incompréhension totale et la compréhension totale – avec ou sans adhésion –, il y a le cas intermédiaire – certainement le plus fréquent – où ce qui est dit semble compréhensible, même compris mais sans que cela soit sûr, pose question, demande réflexion quant à une possible adhésion : il y a peut-être là une opportunité pour avancer sur son propre chemin, le chemin de l’autre allant peut-être plus loin que le sien, un « plus loin » qui peut être dû à une vue plus profonde, plus large, ou à une autre manière de l’exprimer, peut-être meilleure, à une meilleure parole. Quoi qu’il en soit, le lecteur, s’il parvient à comprendre au moins en partie ce qu’il lit, est toujours capable de se faire une idée de sa profondeur de vue par comparaison avec la sienne.
Pourquoi ai-je écrit plus haut que les puf « publient, en principe , ce qui se fait de mieux », en mettant « en principe » en italique ? Parce qu’en réalité l’édition de la philosophie ne supporte la pensée neuve éventuelle qu’en provenance du sérail universitaire. Son critère premier – peut-être même unique –, pour décider d’une publication, c’est le CV, c’est la notoriété universitaire. Pour être publié par les puf – ou par n’importe laquelle des grandes maisons d’éditions qui publient de la philosophie –, il est non seulement nécessaire, mais aussi quasiment suffisant, d’appartenir au sérail, c’est la garantie de la qualité, on ne prend pas de risque – du moins, c’est ce qu’on croit dans ce milieu, et c’est la valeur de cette garantie mondaine que je mets ici en question. Dans quelle situation nous place, nous lecteurs, ce monopole de la pensée écrite ? De quels

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