99
pages
Français
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2015
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Ebook
2015
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Publié par
Date de parution
09 juillet 2015
Nombre de lectures
1
EAN13
9791029003233
Langue
Français
Publié par
Date de parution
09 juillet 2015
Nombre de lectures
1
EAN13
9791029003233
Langue
Français
Une passe en arrière
Orely Liard
Une passe en arrière
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevrad Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2015
ISBN : 979-10-290-0323-3
1
Une fois de plus je n’arrive pas à fermer cette valise, je la tourne dans tous les sens, rien ne marche. Je n’ai pourtant rien mis dedans juste quelques tenues de travail, deux ou trois tout de soirée et sans oublier toutes celles de sport.
– Tu auras vraiment besoin de tout cela là-bas ? Tu oublies que l’on va au pays de tous les possibles, tu crois qu’ils n’ont pas de tenue adéquate ? me crie Orely à l’autre bout de l’appartement qui ressemble plus à une garçonnière qu’à un appartement.
Après de longues minutes je finis par m’asseoir dessus, la fermant ainsi sans trop de difficultés, enfin une bonne chose de faite quoiqu’un nœud dans le ventre qui me rappelle que je ne suis pas près de remettre les pieds de sitôt dans cette faculté remplie de gamins boutonneux qui courent partout dans les logements minuscules, étroits et surloués du campus. Quant à Orely, elle n’arrête pas de tourner et retourner constamment sur elle-même, elle va et vient dans la pièce comme une lionne en cage. Après plusieurs minutes devant le miroir, je tente en vain de coiffer mes cheveux qui ne veulent rien savoir, je mets un coup de peigne, un élastique, cela ira bien comme ça. J’enfile une chemise bleu parme, des leggins noirs, une petite veste noire, ma paire d’escarpins bleu marine, je mets mes écouteurs, scrute mon IPod pour enfin choisir la chanson « Je suis en vie », elle me redonne du baume au cœur, ainsi qu’une force à déplacer un éléphant. Je m’arrête un instant profitant de l’instant puis sans un regard sur notre passé, nous filons vers l’aéroport d’Orly direction notre avenir, pour une autre vie à New York, l’espérant meilleure. Le trajet en bus vers l’aéroport est long et riche en intensité. De plus, l’attente aux douanes est très longue sans fin, on nous informe que notre avion aura quinze minutes de retard voire plus, dû aux intempéries de ces derniers jours.
Dans l’avion, nous sommes placées aux premières places de la seconde classe, Orely a l’air tendu. Elle n’a jamais aimé l’avion, je lui prends la main pour l’encourager pendant que les gens s’agitent dans l’habitacle, lui donnant ainsi un peu de force pour ce long voyage d’onze heures. Pendant que les hôtesses annoncent les règles de sécurité, l’avion est sur la piste de décollage et restons un bon moment sans bouger, je lui presse la main de plus belle pour la rassurer. Je vois son visage livide, pâle, elle qui est normalement d’une peau rosée avec ses jolis cheveux blonds ondulés qui lui tombent à la moitié du dos, avec des yeux bleu azur, une jolie petite bonne femme avec beaucoup de classe, très naturelle, sans artifices. Au moment du décollage, je vois Orely pas bien, je lui donne un médicament pour qu’elle puisse se détendre, elle a toujours eu peur qu’un accident n’arrive et que l’on s’écrase. Nous prenons de l’altitude, le décollage fut calme et sans aucun problème. Après de longues minutes d’anxiété, interminable je vérifie qu’Orely dort bien avant de mettre sur mon IPod « Envole-moi » et ferme les yeux.
Le réveil est dur, je ne sais combien de temps j’ai dormi, l’excitation me gagne en apercevant la piste d’atterrissage. Je sens le sang monter en moi, je suis prête à démarrer comme un sprinteur, prêt à bondir au coup de fusil. Un stage à New York, pour finir sur une bonne note mes études en STAPS, afin d’obtenir ma licence en fin d’année. Tous les étudiants français auraient aimé pouvoir être à ma place ; avec un sourire béat aux lèvres, je sais que je fais rire Orely avec mon air idiot.
L’attente fut longue aux douanes, avec des contrôles divers et variés, avant de voir enfin la ville de New York. Parmi toute cette foule, une belle blonde fine au tailleur bleu marine et chemise blanche, aux escarpins surdimensionnés, nous attend avec un léger sourire pour nous accueillir.
– Mademoiselle Sigmon, Mademoiselle Sorly, si vous voulez bien me suivre.
Son allure est élégante avec un timbre de voix très professionnel et tant soit peu un accent britannique, elle nous dirige vers une Mercedes classée sport, d’un gris métal magnifique, tout équipé et siège en cuir blanc polaire où nous prenons place. Que t’as l’air d’une nunuche ! bouda ma conscience que je n’écoutai pas. Orely dresse notre itinéraire auprès du chauffeur, un petit homme d’une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants, avec un air de lutin de Noël, qui semble absorbé par son décolleté.
– Orely, comment as-tu pu avoir tout cela, en si peu de temps ? dis-je en chuchotant.
– Papa tient une chaîne de discothèques privées sur toute la côte ouest-américaine. Il a mis tout cela à ma disposition.
– Cela ne fait pas un peu trop cliché ? dis-je avec inquiétude.
– C’est l’Amérique, pourquoi ne pas essayer notre chance ? Et puis, tu n’es là que pour six mois, alors détends-toi.
– À l’occasion, tu me rappelleras de remercier ton père de ce voyage. Comment a-t-il pris l’idée que tu voulais être photographe ?
– Tu le sais, tu es comme sa deuxième fille. Pour la photographie, il n’est pas au courant, il pense que je ne fais que t’accompagner ! glousse-t-elle, avec un grand sourire aux lèvres.
– Où va-t-on ?
– Dans un grand journal très connu, tu vas le reconnaître, tu verras.
– Rien que cela ! dis-je choquée.
– Oui, j’y ai un entretien. Tiens, nous y voilà, courage, Bella, à tout à l’heure.
La voiture s’arrête devant un immense immeuble en verre où le soleil de midi éblouit le trottoir d’un bleu pourpre, avec une lumière qui se reflète, tel un diamant pur. Le nombre d’étages me donne le tournis, mes croissants font des saltos arrière dans mon estomac à imaginer la vue du dernier étage, je déglutis rien que d’y penser. Je fixe Orely qui prend sa respiration, passe la porte coulissante en me faisant un signe de la main. En silence, la Mercedes continue sa route jusqu’à un grand hôtel sur Park Avenue, avec marqué le nom de « Gramm Sport Institut ». Le perron est sobre, au ton bleu platine, accommodant, aux allures des films des années trente, lieu de pègre de la mafia italienne. Le lieu est vétuste, l’accueil est arrondi, orné de marbre gris rose, un coin détente sur ma gauche où quelques femmes, habillées de grands couturiers, discutent leurs pinschers au bras. Sur ma droite, un petit bar en bronze forme un L et donne à la pièce un côté vieux Montmartre ; une jolie brune aux yeux noisette juste un peu plus grande que moi m’accueille avec un large sourire.
– Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?
– Euh… Oui bonjour, je suis Mademoiselle Sigmon, j’ai rendez-vous pour un entretien de coach sportif.
Je cherche mes mots ; l’anglais n’est vraiment pas mon point fort. Elle m’annonce par téléphone.
– Monsieur Gramm vous attend. Tenez, votre badge, vous prenez l’ascenseur de suite sur votre gauche, c’est au vingt-cinquième étage sur votre droite.
– Merci bien.
Elle me sourit timidement, me balayant du regard, sceptique, en me donnant mon passe pour enclencher le départ de l’ascenseur. Elle ne doit pas voir des Français tous les jours , bouda mon alter ego, ou mon accent est ridicule .
L’ascenseur est si rapide que je suis déjà arrivée en une fraction de seconde. Je suis éblouie par toutes les photographies de sportifs, de boxe, de catch ou encore de hockey sur glace. Ils sont tous affichés le long d’un grand couloir, qui m’amène à une nouvelle hôtesse. Une belle blonde, très petite, aux yeux si clairs que l’on dirait presque un diamant pur, à l’air surpris et un peu rigide, lève ses yeux fixes sans émotion. Ma bouche se retrouve asséchée par tant de froideur, me demandant s’ils sont tous si professionnels.
– Bonjour, j’ai rendez-vous avec Monsieur Gramm.
– Veuillez patienter, il va vous recevoir. Puis-je vous servir quelque chose à boire ? me désignant des fauteuils bleu pâle sur sa droite devant une immense baie vitrée qui me donne le vertige.
– Un grand verre d’eau, s’il vous plaît.
Un bon Monaco, bouda ma conscience.
– Monsieur Gramm finit son entretien et sera à vous.