Usages et usagers de la route
600 pages
Français

Usages et usagers de la route , livre ebook

-

600 pages
Français

Description

Ce livre est l'histoire de l'apprentissage de la "mobilité" par une société où le nombre moyen de kilomètres parcourus autrement qu'à pied par chaque individu a été multiplié par 60 en un siècle et demi. De cette histoire technique, économique, sociale, administrative et politique, l'auteur a réuni les fragments et les a confrontés à d'abondantes archives. L'attention portée aux statistiques, à la répression des infractions et aux organisations policières éclaire l'histoire des accidents.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 98
EAN13 9782296479333
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,2250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait








USAGES ET USAGERS DE LA ROUTE

Requiem pour un million de morts : 1860-2010




























© L'HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55696-6
EAN : 9782296556966 Jean ORSELLI






USAGES ET USAGERS DE LA ROUTE

Requiem pour un million de morts : 1860-2010
























L’HARMATTAN Du même auteur
Les transports en Région Parisienne, collection L’Administration Nouvelle,
Éditions Berger-Levrault, 1975.
Le statut de Paris, sous le pseudonyme de Marcel Étienne, collection
L’Administration Nouvelle, Éditions Berger-Levrault, 1975.
Energies nouvelles pour l’automobile, collection Transports et
Communications, Éditions Paradigme, 1992.
Les systèmes intelligents de transports et l’automatisation de la conduite
automobile, en collaboration avec Jean-Jacques Chanaron, collection
Transports et Communications, Éditions Paradigme, 2001.
Tramway, le coût d’une mode, en collaboration avec Michel Carmona,
collection Transports et Communications, Éditions Paradigme, 2001.
Les nouveaux tramways, collection Transports et Communications, Éditions
Paradigme, 2004.
Rapports officiels
L’analyse statistique des variations spatio-temporelles des accidents de la
route, Rapport du Conseil général des ponts et chaussées, 196 pages, La
Documentation française, juin 2003.

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapportspublics/044000187/index.shtml
Usages et usagers de la route, 1860-2008, Rapport du Conseil général de
l’environnement et du développement durable, 2009.

http://portail.documentation.developpementdurable.gouv.fr/documents/cgedd/004583-01_rapport.pdf H
Avant-propos
Voici l’histoir d’un « apprentissage », celui de la « mobilité », par une
société où le nombre moyen de kilomètres parcourus autrement qu’à pied
par chaque individu a été multiplié par 60 en un siècle et demi.
Cela ne fit pas sans difficultés, notamment en termes d’accidents. On a
ainsi recensé un million de tués dans les transports en France entre 1860 et
12010 , la grande majorité l’ayant été sur la route.
La croissance de la mobilité avait commencé très tôt, le Français de
1900 parcourant déjà 2,5 fois autant de kilomètres (autrement qu’à pied) que
celui de 1860. La mobilité individuelle sera encore multipliée par 25 entre
1900 et 2010. C’est dire l’importance insoupçonnée de la dilatation continue
de l’univers de chacun en cinq générations. La quantité de transports de
marchandises par individu a été multipliée par 15 de 1860 à 2010.
En matière d’accidents, une boucle est bouclée : en 2010, le nombre de
morts par an dans les transports (à population égale) est de 25 % inférieur à
2ce qu’il était à l’âge du cheval et du chemin de fer, entre 1860 et 1913 .
Il n’en reste pas moins que l’insécurité a culminé en 1972 à un niveau
cinq fois plus élevé que celui d’aujourd’hui avec plus de 20 000 morts par
an (toujours ramené à la population actuelle).
La question ici posée est de comprendre comment et pourquoi les gains
de sécurité ont si longtemps été en retard par rapport à la croissance
relativement régulière de la mobilité.

1 Plus précisément, en s’en tenant à la définition du « tué à 6 jours » qui a prévalu pour les
accidents d’automobile de 1967 à 2005, on décompte en France métropolitaine 840 000 tués
sur la route sur 139 ans (déduction faite des années 1914-1918 et 1939-1945) et 70 000 dans
les chemins de fer. En ramenant ces chiffres à la population de 62,5 millions d’habitants de la
fin des années 2000, on trouverait 1 100 000 morts sur la route et plus de 100 000 dans les
chemins de fer.
2 On compte 4 000 morts sur la route et 60 sur les chemins de fer en 2010, contre plus de
4 000 morts sur la route et 1 000 dans les chemins de fer entre 1860 et 1913 (ramenés à la
population de 2010).
7 Sur ce siècle et demi, il nous faudra faire une histoire statistique,
technique, associative, sociale, économique, administrative et politique. Insistons
sur l’importance de l’histoire statistique à laquelle nous consacrons le
dernier chapitre. Nous y montrerons que l’évolution des « comportements » a
été bien moins importante que celles des facteurs « matériels » :
amélioration des infrastructures et des véhicules, taux d’occupation des véhicules,
proportion d’automobilistes « novices », amélioration des soins médicaux.
Et nous y comparerons la sécurité en France par rapport à celle dans
d’autres pays.
Nous n’oublierons pas l’évolution des attitudes mentales, notamment le
lent déclin du fatalisme qui régnait dans la civilisation du cheval. C’est
finalement l’histoire d’un « apprentissage social » que nous devrons dégager
des mythologies et des autojustifications des revirements intervenus dans les
politiques de développement des routes et de la sécurité routière, ainsi que
des tabous et présupposés que la recherche s’est imposée ou vue imposer.
Bien sûr, il serait absurde de prétendre que cette étude dans la moyenne
durée a été réalisée en quelques mois. Elle est l’aboutissement d’une partie
de notre carrière. Notre passage à la Délégation à la sécurité routière au
début des années 1980, puis dans l’administration de la recherche en
transports au début des années 1990, nous avait laissé si insatisfait que nous
avons mené nos propres recherches au Conseil général des Ponts et
chaussées, couronnées par une thèse d’histoire à Paris 1 Sorbonne en 2009.
Le lecteur qui souhaiterait approfondir les éléments évoqués ici pourra
se reporter à cette thèse où chaque fait possède sa référence. Nous avons
cependant tenu à présenter les éléments d’archives et de bibliographie que
nous avons utilisés, et nous conseillons de ne pas en négliger la lecture,
même rapide, pour en mesurer la richesse que nous n’avons fait qu’effleurer.
N’ayant pas eu de prédécesseur dans notre entreprise de présentation
globale et sur un long terme de l’histoire de la mobilité et de ses accidents,
nous ne sommes redevables qu’à de rares auteurs – tel l’historien des routes
Georges Reverdy pour n’en citer qu’un –, qui ont traité d’aspects
thématiques du sujet, limités dans l’espace ou dans le temps, mais dont nous avons
médité, utilisé et parfois critiqué les apports.
Paris, le 21 août 2011.
8Introduction
Cette histoire de l’apprentissage de la mobilité n’est pas seulement une
histoire de l’automobile. Elle est plus vaste et plus complexe. Il nous faut
donc en fixer les limites.
Dans le temps, d’abord. À l’aube du XIXème siècle, les rares voyageurs
circulent à pied, à cheval, en bateaux fluviaux ou dans de rarissimes voitures
de transport en commun. Les véhicules attelés n’ont à leur disposition que
quelques liaisons de ville à ville et leur trafic reste local. Les « voitures
particulières » représentent un ou deux pour cent du trafic. Le transport de
marchandises se fait par voie d’eau sauf exception. C’est dans une nouvelle
civilisation matérielle qu’une Loi de 1836 va faire entrer la France ; elle fera
passer la longueur du réseau routier carrossable de 120 000 km en 1836 à
près de 600 000 km en 1900. La circulation attelée s’y développe et,
contrairement à une idée reçue, son trafic reste proche de celui du rail. La Loi sur
la police du roulage de 1851 redéfinit les règles applicables sur la route.
Parallèlement, la machine s’installe avec l’apparition des locomotives,
essayées sur route vers 1830, mais vite réservées à la voie ferrée. Vers 1900, le
réseau ferré comptera environ 100 000 km de lignes.
Notre second point de départ sera 1860. En effet, le premier recensement
de la circulation conservé date de 1857 et on peut s

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents