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pages
Français
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2016
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Publié par
Date de parution
13 avril 2016
Nombre de lectures
2
EAN13
9782342050264
Langue
Français
« Qu'est-ce qu'être métis aujourd'hui ? Par ce texte, résultat de nombreuses discussions, réflexions et observations personnelles, l'auteur a voulu livrer son témoignage sur la notion de métissage et son rapport avec la société moderne. Car si le monde a changé, le métis a changé lui aussi. »
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Date de parution
13 avril 2016
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2
EAN13
9782342050264
Langue
Français
Considération sur le métissage moderne
Jean-Jacques Darboussier
Mon Petit Editeur
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Considération sur le métissage moderne
Avant toute chose, il nous semble essentiel de définir la raison, ou plutôt la cause, qui nous a poussés à écrire ces lignes et à essayer de parler de ce qu’est le métissage aujourd’hui. Si l’on s’en tient à l’Histoire du monde, nous pouvons en définir plusieurs périodes, que certains découperaient selon l’Histoire des découvertes technologiques, spirituelles ou encore selon les conquêtes diverses. À notre sens, une description de l’Histoire du monde est évidemment un exercice très difficile et impossible à produire de manière exacte. Nous appliquerons donc notre propre lecture qui, nous l’espérons, sera validée par toi, ami lecteur, et qui cadre notre réflexion, mère productrice de ces lignes.
La fracture historique qui a permis l’émergence du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, que nous appellerons monde moderne, est la seconde guerre mondiale. C’est après cette guerre, qui sous tous les aspects analysables fût la plus grande guerre de l’Histoire de l’Humanité, que le monde actuel, nouveau ou moderne, a vraiment pris son essor et s’est définitivement imposé sur le monde ancien. Étant donné qu’une mutation ne peut se faire immédiatement, qu’il faut du temps pour la développer et l’installer, nous assistons à un processus qui correspond à ce changement et qui est appelé mondialisation. Cette fracture produite par la seconde guerre mondiale a laissé un espace, un vide, sur lequel la société de consommation, la liberté individuelle, le développement technologique ont pu s’engouffrer et prospérer, transformant ainsi en profondeur le monde connu.
C’est à partir de ce constat, et par l’observation de la société produite depuis, que notre réflexion sur le métissage s’est engagée.
Conséquemment à ce changement le terme « métis » aujourd’hui a totalement changé, parce que ce monde moderne, mondialisé, a lui aussi beaucoup changé et a fini par exister comme une nation à part entière, comme l’expression « citoyen du monde » l’illustre parfaitement.
Comme toute nation, ce monde moderne produit une culture et existe parmi les autres nations comme telle. De là a alors démarré notre réflexion : s’il est possible de se sentir aujourd’hui « citoyen du monde », c’est-à-dire membre du peuple de la mondialisation, tout en étant toujours d’ici ou de là, dans quelle mesure la double appartenance, qui est quelque part la définition du métissage, a-t-elle évolué ? Nous essaierons de répondre en reprenant ce qu’est la mondialisation selon nous et en suivant le fil de son raisonnement.
La mondialisation s’appuie sur deux leviers pour se développer. Le premier est la mondialisation matérielle, possible grâce à une modification des règles économico-politiques permettant immigration de masse et échange de biens et services au mépris des différences de niveau de vie entre les peuples. Le second, concomitant du premier mais venant dans un second temps comme pour enfoncer le clou, repose sur la mondialisation des esprits. Ceci implique une uniformisation de la pensée et une acceptation de ce monde nouveau mondialisé, de ses valeurs, par la mise en place de références idéologiques, de symboles et d’icônes à l’échelle mondiale ce qui se traduit, dans les faits, par la création d’un réseau culturel mondial (RCM), c’est-à-dire d’un espace culturel international commun de référence.
C’est ce que l’on appellera ici mondialisation culturelle, fille de la mondialisation-mère économique, différente puisque visant l’être humain en lui-même et ce qui lui permet de se définir en tant que membre d’un peuple parmi une multitude d’autres. Cette mondialisation a été rendue possible par les développements technologiques successifs, radio, TV, etc. qui permettent de diffuser son idéologie, qui a pour but la mise en place et en référence d’un modèle culturel, c’est-à-dire un ensemble de comportement de vie en société et d’une échelle de valeur, servant de vecteur à la légitimation de la mondialisation économique. Nous reviendrons plus tard en détail sur la pratique mais il est bon par ces quelques lignes de préciser la relation, l’imbrication de l’une et de l’autre.
Par le fait que la mondialisation culturelle émane de la mondialisation économique, c’est-à-dire matérielle, il y a entre elles un effet d’entraînement, de propulsion même. Cette dernière ayant permis l’émergence de la première, il en découle que la mondialisation culturelle est bâtie sur les mêmes repères que la mondialisation économique et lui emprunte le même cadre, le capitalisme ultralibéral, et donc le même but, à savoir la génération de profit. Elle possède alors le même rapport à l’être humain, à savoir une ultrasegmentation marketing, sur laquelle nous reviendrons plus tard, se traduisant par un individualisme exacerbé. Cet individualisme exacerbé s’exprime parfaitement dans la promotion de sa propre personne, le culte de soi, correspondant sur le plan conceptuel à une vision ultra-matérialiste. La boucle se boucle alors et l’idéologie de la mondialisation culturelle sert complètement à l’expansion de la mondialisation économique et qu’il y a un rapport de propulsion entre elles, l’une se nourrissant de l’autre et vice-versa.
C’est d’ailleurs par le développement d’un objet technique, que nous pourrions appeler génériquement les « supports technologiques individuels de réseau » (STIR), dont le smartphone est la première version qui permet sa diffusion maximale, qu’elle atteint son summum aujourd’hui. Si nous considérons le smartphone comme la version finale des supports technologiques de réseau, ce n’est pas pour dire que demain nous ne nous pourrons pas voir débarquer sur le marché un outil plus performant, plus rapide etc., mais que par sa dimension individuelle et par son niveau technologique nous pouvons affirmer que le smartphone est l’outil qu’attendait le réseau culturel mondial pour prendre toute sa place dans la société mondialisée culturellement, c’est-à-dire ce que nous nommons la société de métissage avancé.
La multiplication des supports technologiques de réseaux a eu un effet sur leurs utilisateurs et sur la société en général faisant voler en éclat les frontières matérielles qui permettaient un enclavement culturel. Avant l’apparition de la radio il était par exemple impossible qu’une chanson écrite aux USA fût chantée en même temps en France, au Japon, au Brésil, etc. Aujourd’hui il est possible qu’une chanson soit répandue à travers le monde dans tous les pays en même temps. Nous voyons se matérialiser le RCM. Un autre levier, complémentaire du levier divertissement, s’appuyant sur le développement du RCM, permets cette mondialisation culturelle de manière efficace puisqu’il permet de faire surgir des sujets précis et ainsi de cibler les différences culturelles en vue de les comparer puis de les harmoniser, le tout calqué sur le modèle culturel dominant du RCM, que nous définirons ensuite. Nous parlons bien entendu des médias, ce qu’a constitué la presse écrite pendant longtemps, aujourd’hui largement remplacé par les chaînes d’information en continue qui, par leur maillage et leur capacité d’émission, peuvent globaliser et cadrer le débat sur certains sujets de société.
Le meilleur exemple qui soit est le mariage pour tous qui est aujourd’hui un standard de la culture mondialisée, validé dans un grand nombre de pays, dont le débat a été traité de manière partiale et globale par les médias. Que l’on soit pour ou contre, force est de constater que le RCM, pour imposer son modèle sociétal, s’est largement appuyé sur les médias et sur leur capacité à globaliser les sujets, légitimant le politique dans son action et orientant le débat de manière éhontée, tout ceci malgré l’évidente réticence de la population.
Nous entendons déjà les premières contestations. Les détracteurs de notre temps commenceront toujours leurs contre-raisonnements par une question ouverte : « Vous parlez de mondialisation culturelle mais qu’est-ce que la culture ? Vous en parlez fort bien, mais en vous lisant, on ne sait ce que c’est ? ». Question large s’il en est mais tout à fait malhonnête car il est impossible d’y répondre précisément. Il s’agit un terme si large que l’on peut l’appliquer à des habitudes culinaires, la pratique d’une religion, un style de musique ou à la façon d’éduquer ses enfants. Voyez donc le piège ! Pour nous, afin de définir ce qu’il appartient de culturel à un peuple, il suffit d’y mettre un étranger et de le laisser constater ce que, en général et spontanément, le peuple fait. Si nous voyons au Vietnam la majorité des parents laisser pleurer leurs nouveau-nés jusqu’à épuisement, il convient de dire que c’est culturel comme comportement parental. Si nous débarquons à Cuba et voyons la majorité des Cubains danser la salsa, nous pourrons conclure que cette danse fait partie de la culture Cubaine.
Le problème pour définir la culture, c’est qu’elle se cultive à différents niveaux. Elle peut être nationale, religieuse, régionale, familiale, personnelle et est tout ça à la fois. Au final, il nous semble qu’il vaille mieux se retenir de donner une définition figée, et au reste nous faisons confiance, cher lecteur, en ton bon sens, ton intelligence et ton honnêteté intellectuelle pour ne pas t’arrêter à un terme flou et précis en même temps m