Banlieue sud et le 17ème printemps
280 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Banlieue sud et le 17ème printemps , livre ebook

-

280 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce nouvel épisode de la vie de Franck Lombard, héros de ces aventures urbaines dans la banlieue sud de Paris, en 1979, nous relate, dans un récit à la première personne, les affres de la vie adolescente, entre dépression, révolte et passion. Franck, âgé de 17 ans, devra se confronter à la violence, la sienne et celle des autres, afin de découvrir son chemin de vie. Le vécu des adolescents durant la période de la fin des Trente Glorieuses est-il si différent de celui des adolescents d'aujourd'hui?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296465626
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Banlieue sud et le 17 ème printemps
Ethnographie d’un parcours adolescent
(tome 2)
ETHNOGRAPHIQUES
Collection dirigée par Pascal LE REST


Ethnographiques veut entraîner l’œil du lecteur aux couleurs de la vie, celle des quartiers et des villes, des continents et des îles, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, des blancs et des noirs. Saisir le monde et le restituer en photographies instantanées, de façon sensible et chaude, proche et humaine, tout en préservant la qualité des références, des méthodes de traitement de l’information et des techniques d’approche est notre signe et notre ambition.


Déjà parus

Jacques HUGUENIN, La révolte des « Vieilles » : Les Panthères Grises toutes griffes dehors , 2003.
Pascal LE REST, Des Rives du sexe , 2003.
Mohamed DARDOUR, Corps et espace chez les jeunes Français Musulmans , Socioanthropologie des rapports de genre , 2008.
Bertrand ARBOGAST, Voyage initiatique d’un adolescent , 2009.
Pascal LE REST, Ethnographie d’un parcours adolescent. Une jeunesse entre béton et bitume , 2010.
Bertrand ARBOGAST, La tondue. Un amour de jeunesse franco-allemand , 2010.
Muriel SANTORO, Mon voisin de maiz. Voyage au Guatemala au cœur de la culture maya, 2010.
COLLECTION ETHNOGRAPHIQUES
Pascal LE REST


Banlieue sud et le 17 ème printemps
Ethnographie d’un parcours adolescent
(tome 2)


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55228-9
EAN : 9782296552289

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Du même auteur

La voie du karaté , une technique éducative , Chartres, Imprimerie Durand, 1997.
Le karaté de maître Kamohara , Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 1998.
Sur une voie de l’intégration des limites , Chartres, Comité Départemental de Karaté d’Eure-et-Loir, 1999.
Le Karaté, sport de combat ou art martial , Chartres, Comité Départemental de Karaté d’Eure-et-Loir, 1999.
Les jeunes, les drogues et leurs représentations , Paris, L’Harmattan, 2000 .
Le karatéka et sa tribu, mythes et réalités , Paris, L’Harmattan, 2001.
Prévenir la violence , Paris, L’Harmattan, 2001.
Drogues et société, Paris, L’Harmattan, 2001.
La Prévention Spécialisée, outils, méthodes, pratiques de terrain , Paris, L’Harmattan, Collection Educateurs et Préventions, 2001.
L’attraction des drogues , Paris, L’Harmattan, Collection Educateurs et Préventions, 2002.
Le visible et l’invisible du karaté, ethnographie d’une pratique corporelle, Paris, L’Harmattan, 2002.
Paroles d’éducateurs en Prévention Spécialisée, les éducs de rue au quotidien , L’Harmattan, Paris, 2002.
Des rives du sexe , L’Harmattan, Paris, 2003.
Méthodologie et pratiques éducatives en Prévention Spécialisée , L’Harmattan, Paris, 2004.
L’errance des jeunes adultes ; causes, effets, perspectives , L’Harmattan, Paris, 2006.
Le métier d’éducateur de prévention spécialisée , La Découverte, Collection Alternatives sociales, Paris, 2007.
Prévention spécialisée et évaluation , In Les défis de l’évaluation en action sociale et médico-sociale (ouvrage coordonné par B. Bouquet, M. Jaeger, I. Sainsaulieu), Dunod, Paris, 2007.
L’éducation spécialisée , Ellipses, Paris, 2008.
Les nouveaux enjeux de l’action sociale en milieu ouvert , Erès, Collection Trames, Paris, 2009.
Ethnographie d’un parcours adolescent. Une jeunesse entre béton et bitume , L’Harmattan, Paris, 2010.
Le karaté-do, une voie éducative pour aider les jeunes à se situer dans la socialité. In Arts martiaux, sports de combat et interventions psychosociales (sous la direction de Jacques Hébert). Presses de l’Université du Québec. Montréal. 2011.
Telle une sphère rouge incandescente, le soleil d’hiver se tient en équilibre dans le bleu du ciel. Nulle marbrure cendrée pour masquer le rouge dans le bleu. C’est presque irréel. Un raz de marée photonique se répand sur le bitume et la verticalité urbaine.
Sous le blouson noir, je sens battre mon cœur plus fort. J’aime ce temps. Sec et pur. Limpide. Fort. Un instant, je garde les yeux rivés sur l’astre flamboyant mais cesse immédiatement ce jeu stupide, de peur de chuter de ma bécane.
Les yeux perturbés par la pluie de lumière se réfugient sur le macadam. Les roues de ma mobylette le laminent de leur rage. Elles s’évertuent vainement à s’arracher de la pesanteur.
Je roule au maximum des capacités de ma machine mais il n’y a rien à faire, Gilles est toujours devant moi. Les mobs pétaradent à la gueule des passants. Leurs critiques, leur rasle-bol du bruit, leurs propos acerbes, nous les vendangeons sur l’instant et nous en délectons. Plus ils rouspètent, plus nous sommes heureux. Les vieux, on les emmerde. Leur connerie, que nous écumons à longueur de journée, on la leur renvoie par nos moyens. Pétarader, c’est notre vengeance pour les sévices qu’ils nous réservent chacun à leur manière. Gilles a plus de fric que moi pour acheter des carburateurs, des filtres à air, des pots de détente, des poignées d’accélération à tirage rapide. Il s’achète du matériel et trafique sa bécane. Il la gonfle si bien qu’effectivement, elle roule à une vitesse supérieure aux autres mobs. Il m’est impossible de le rattraper. Il s’est monté un guidon et une fourche qui font ressembler sa bécane à un « chopper » américain. Sur sa selle biplace, il a mis de la peau à longs poils blancs et un arceau pour s’adosser. Il possède une belle bête. Assis dessus, on dirait un mec sorti tout droit du film Easy rider. D’autant que Gilles est vêtu de façon singulière : veste de daim à franges, style cow-boy, Ray-ban sur les yeux, tiags noirs et gants de cuir. A ses côtés, avec le blouson noir et les mexicaines aux pieds, je ne frime pas moins.
On se prend pour les terreurs de la banlieue sud de Paris. On flambe. La tête haute et le regard agressif. Sauf lorsqu’on croise des loubards. On ne sait jamais. Il vaut mieux passer la main quand on sent que la force n’est pas de son côté. En fait, on frime surtout devant les minettes de notre âge. Ça les séduit nos dégaines. Elles s’imaginent qu’on est des héros, des mecs sans peur. Ça les sécurise de nous voir si assurés devant elles et notre côté macho, malgré qu’elles s’en défendent, ça les fait craquer. Ensuite, on emballe comme des dieux dans les booms, quand par chance, il se trouve plus d’une fille pour dix mecs.
Et Gilles, qui fonce toujours plus rapidement sur le goudron, marque de la distance. J’ai beau me coucher sur la mob pour offrir moins de prise au vent, la distance ne s’en accroît pas moins. Je rêve d’une mob qui lui en mette plein la vue. Gilles devant, moi derrière, nous traversons dans un concert de pétarades la ville d’Igny et filons sur la zone industrielle en direction de l’échangeur. Dans un fracas assourdissant, je laisse derrière la zone lorsque je vois Gilles, au bout de la ligne droite, qui freine et se retourne tout souriant pour apprécier mon retard. D’un majeur dressé solitaire vers le ciel, il se moque de ma relative lenteur. De nouveau il accélère de peur que je comble mon retard.
Il s’engage sur l’échangeur en négociant le virage à fière allure, sans même jeter un regard sur sa gauche. Pourtant, il y a priorité. Mais Gilles, les priorités, ça l’indiffère. Il passe. Moi, je mate. Il y a une voiture à une trentaine de mètres. J’accélère à fond sur le tirage rapide et décris une courbe fulgurante. En bout de course, je frôle le rail de sécurité et rétablis l’équilibre. J’adore me faire des frayeurs. Chaque fois, il s’agit d’avoir le bon réflexe, de calculer au plus juste la vitesse, la trajectoire, ce sans quoi la chute est fatale. Pas le droit à l’erreur. Prendre des risques gratuitement, c’est une seconde nature. Braver les éléments, me mesurer à eux, c’est pour moi déjà les maîtriser un peu.
Conneries. Comme si je ne me rétamais pas assez souvent la gueule sur le macadam. Je ne gagne rien à foncer sur la route tel un demeuré. Je suis en permanence en train d’embrasser le sol. Mais c’est vrai, j’m’évertue à être pl

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents