L intimité d un conflit : Récit ethno-biographique du harcèlement moral
174 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'intimité d'un conflit : Récit ethno-biographique du harcèlement moral , livre ebook

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174 pages
Français

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Description

Cet ouvrage travaille la question du harcèlement moral. La première partie de l'ouvrage suit l'entrée de la narratrice dans une petite entreprise familiale, l'apprentissage du métier de réceptionniste, les connaissances acquises, puis les tensions, les incompréhensions, les conflits, jusqu'au burn-out et à la démission. Le récit raconte comment on en est arrivé là, et comment le harcèlement et la démission s'expliquent d'une manière logique. Puis, un texte méthodologique nous décrira les processus d'écriture, les choix stylistiques, tout en interrogeant la manière dont des situations réelles peuvent s'intégrer à une analyse plus vaste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2016
Nombre de lectures 26
EAN13 9782140019562
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Logiques sociales
Logiques sociales
Collection dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l’action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d’un terrain, d’une enquête ou d’une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques.
Dernières parutions
Christophe CAMUS, Mais que fait vraiment l’architecte ?, Enquête sur les pratiques et modes d’existence de l’architecture , 2016.
Roland GUILLON, Mes années 1950 et 1960 ou l’éveil d’une sensibilité, 2016.
Louis DURRIVE, Compétence et activité de travail , 2016.
Laurent AUCHER, Le Tribunal des ouvriers, Enquête aux prud’hommes de Vierzon , 2016.
Michel BOURDINOT, Vers de nouvelles fonctions pour le permanent UD CFDT ?, 2016.
Isabelle PAPIEAU, Il y avait des fois, La Belle et la Bête . Réalités et magie à l’italienne , 2016.
Yvon CORAIN, L’expérience dans tous ses états, Une approche méthodologique , 2016.
Cécile NOESSER, La résistible ascension du cinéma d’animation. Socio-genèse d’un cinéma-bis en France (1950-2010), 2016 .
Aurélien CINTRACT, La mort inégale. Du recul de la mort à l’analyse socio-historique de la mortalité différentielle , 2016
Éric LE BRETON, Mobilité et société dispersée, Une approche sociologique , 2016
Lenita PERRIER, Couleur de peau et reconnaissance sociale, L’expérience vécue des afro-brésiliens émigrés à Paris , 2016
Michel BONNET, Mobilités l’ombre d’un père , 2016
Dieudonné KOBANDA NGBENZA, Enfants isolés étrangers, Une vie et un parcours faits d’obstacles , 2016.
Marie Zoé MFOUMOU, La professionnalisation des métiers féminins. L’exemple du secrétariat au Gabon , 2016.
Thérèse PEREZ-ROUX, Richard ÉTIENNE, Josiane VITALI (dir.), Professionnalisation des métiers du cirque. Des processus de formation et d’insertion aux épreuves identitaires, 2016 .
Titre

Annabelle Boissier





L’intimité d’un conflit

Récit ethno-biographique du harcèlement moral




Suivi de
L’ethnographe hors terrain
De l’autobiographie au matériau d’enquête



Postface de Jean-François Laé
Copyright






















© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77192-2
Remerciements


Ce récit ne serait pas le même sans les lectures, conseils, suggestions, corrections, aides que j’ai reçus de : Mickaële Lantin-Mallet, Samuel Lézé, Olivier Celik, Brigitte Beauzamy, Jérôme Lebecq, Julien Verscheure, Valérie Bourgeois. Je leur exprime ici toute ma gratitude.
Mes remerciements vont également à Jean-François Laé, Alban Bensa et Bruno Péquignot pour l’accueil fait à ce récit, ainsi qu’à l’ensemble des membres du groupe de recherche Ethnographie des subjectivités coordonné par Marieke Blondet et Mickaële Lantin-Mallet entre 2011 et 2015 au sein de l’IRIS-EHESS.
L’ensemble des noms propres présents dans le récit, en dehors de celui de l’auteure, a été modifié.
Dédicace


À Édi,
Exergue


Ce n’est peut-être pas le talent qui fait l’écrivain, mais le refus d’accepter la langue et les idées toutes faites. Je crois qu’au début, on est tout simplement bête, plus bête que ceux qui n’ont pas de mal à comprendre. Alors on se met à écrire comme pour se rétablir d’une grave maladie, pour maîtriser sa folie – ne serait-ce que le temps de l’écriture.
Imre Kertész, Journal de galère , Actes Sud, 2010 (1992), p.20.
L’intimité d’un conflit
Récit ethno-biographique du harcèlement moral
Gagner du fric
Après des études d’arts appliqués et d’arts plastiques ; après une thèse de doctorat en anthropologie et une dizaine d’années passées entre la Thaïlande et la Tunisie ; après un temps principalement consacré à la rencontre des artistes, au partage de leur vie, à l’étude de leur monde, à l’analyse de leurs pratiques ; après deux années d’enseignement à l’école des beaux-arts de Tunis ; après m’être mariée ; après avoir tenu bon et finalement décidé de changer de vie ; me voici de retour à Paris, où mon absolue priorité est de gagner mon autonomie ici, maintenant. Et ça, ça passe par l’argent.
J’espère bien faire mon trou au sein de l’académie, passer les concours de maître de conférences, celui du CNRS, et pour cela, je dois reconstituer mon réseau en France délité après tant de temps passé à l’étranger. Il me faut trouver des charges de cours et donc un emploi principal puisque l’institution publique l’exige. Alors pas question d’être au RSA et puis, de toute façon, je suis en instance de divorce, une situation familiale transitoire qui constitue un frein à son obtention. J’espère trouver un « job » d’étudiante, malgré mes diplômes. Et là, bien sûr, ma formation en sciences sociales active tous les signaux, hérisse la conscience. Comment se fait-il qu’un tel parcours aboutisse à la recherche d’un job ? Pourquoi sommes-nous si nombreux dans ce cas ? Étudier la société c’est une chose, mais il faut y vivre, il faut en vivre, et même si ça aiguise la compréhension des situations vécues, ça ne facilite rien.
Mais quand on rentre, quand on a pris une grande décision, on est battant, on en veut. Alors, je commence. Je démarche quelques magasins, à l’occasion des courses, des séminaires. En tenue inadéquate, jean-t-shirt-baskets, je ne donne pas l’image d’une recherche d’emploi sérieuse, personne ne me fait de réflexion, mais voilà, ça colle pas, je le sens. J’entame des démarches spécifiques, j’y consacre du temps, je me rends dans un grand magasin au sein duquel j’ai bossé lors de mes études. J’espère trouver des visages connus et tâter le terrain. Le magasin est entièrement réaménagé, les marques ont changé, je ne reconnais personne, on m’explique que le recrutement passe par une application internet. Je postule.
Dans le même temps, je fais le tour des hôtels de mon quartier, un CV allégé à la main. On m’a conseillé de dissimuler mes diplômes, ils font peur, semble-t-il. Pourquoi vouloir une place de réceptionniste quand on a obtenu une thèse de doctorat ? Ils doivent penser que quelque chose se cache là-dessous. Je mets donc en valeur mes expériences à l’étranger et mes jobs d’étudiante. Certains répondent directement qu’ils ne recherchent personne. D’autres prennent mon CV, ne me rappellent jamais. Un autre m’y fait noter mes disponibilités, le statut désiré et le type de contrat. Pas bête. Je réalise alors que je peux me vendre en proposant une grande disponibilité horaire, les soirs et les weekends, ce qui compenserait mon inexpérience.
Lors de ces dix jours de recherche, j’obtiens trois réponses positives. Un mi-temps au SMIC dans le grand magasin, que je regretterai à maintes reprises de ne pas avoir choisi – mais j’anticipe ; un plein temps dans une chaîne de magasins pour enfants dont le patron tunisien a été marqué par ma maîtrise de sa langue, mais le manager semblait totalement exécrable – autant ne pas se mettre délibérément en mauvaise posture ; un poste de réceptionniste/barmaid que je choisis pour les horaires décalés et, ma foi, l’attrait de l’inconnu. Bref, mon embauche se fit en trois étapes.
L’embauche
Entre une sandwicherie et une agence immobilière, une grande porte surmontée d’un auvent violet et encadrée de deux arbres signale l’entrée d’un hôtel que je n’avais jusqu’alors jamais remarqué. Pourtant, depuis mon re

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