Les psychothérapies en prison
174 pages
Français

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Description

Pratiquer la psychothérapie en milieu pénitentiaire nécessite un respect rigoureux de principes théoriques et éthiques, mais implique cependant certains aménagements en raison des personnalités rencontrées et des contraintes de la vie carcérale. Les auteurs, qui ont pratiqué et développé diverses méthodes de psychothérapies en prison, présentent ici le cadre, les principes, l'intérêt et les difficultés de ce type d'approches.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 31
EAN13 9782336287416
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Francis Descarpentries Aude Fani
LES PSYCHOTHERAPIES EN PRISON
Psychothérapies et Actes Criminels
L’Harmattan
Copyright
© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-28741-6
Introduction
Ce livre présente la psychothérapie auprès des personnes détenues.
Les professionnels de santé en milieu pénitentiaire s’efforcent de pouvoir proposer aux personnes détenues les mêmes possibilités de soins qu’à l’extérieur.
Il s’agit là de la mise en œuvre du principe de l’égalité des soins entre personnes détenues et personnes libres, consacré par différents textes législatifs parmi lesquels la loi de 1994 constitue une charnière. Nous pourrions disserter de ce qu’il en est réellement, mais ce n’est pas ici notre objet. Cette loi attribuait aux services publics de santé la charge d’assurer soins et prévention auprès des détenus, alors qu’auparavant l’administration pénitentiaire y subvenait.
En vertu du principe de l’égalité de l’offre de soins entre personnes incarcérées et personnes libres, l’accès aux psychothérapies, dans leurs diverses acceptions théoriques et méthodologiques, devrait donc être garanti aux personnes détenues qui en ont besoin.
Exercer en prison, pour un thérapeute, n’est cependant pas simple. Le cadre carcéral et ses contraintes, le poids de l’institution, celui de l’enfermement, la promiscuité des personnes, la pluralité et l’omniprésence du partenariat, les difficultés sanitaires et psychologiques particulières des personnes incarcérées, la primauté des décisions judiciaires sur leur condition, nécessitent quelques aménagements des pratiques, mais aussi une plus grande vigilance à maints égards.
Les conflits d’enjeux, les demandes (– ou pressions) émanant du partenariat incontournable, interrogent quotidiennement nos positions et notre éthique.
Nous avons tenté de contribuer à promouvoir en prison, en tant que psychiatre et psychologue, l’interrogation psychodynamique et l’accès aux psychothérapies.
En principe toute personne détenue devrait pouvoir en bénéficier, à trois conditions bien sûr :
– si elle en fait la demande, de façon spontanée voire sur incitation ;
– si elle y est accessible et si une évolution psychique apparaît souhaitable et possible ;
– s’il n’y existe aucune contre-indication.
En prison, des particularités inhérentes à la condition de détenu interfèrent inévitablement, et vont avoir des conséquences sur le cadre, sur la pratique, et même sur les indications des psychothérapies :
– infléchir les demandes et indications en matière de psychothérapies, en raison de plusieurs facteurs, comme nous le verrons ;
– induire des contraintes particulières de cadre et de temps ;
– nécessiter une vigilance particulière sur la préservation de l’espace thérapeutique et sur les limites de nos rôles.
Quels sont donc les facteurs qui influencent les demandes et indications de psychothérapie en prison ?
Il s’agit d’abord du fait même de l’incarcération et des bouleversements émotionnels et psychiques qu’elle induit, que d’aucuns ont pu qualifier de trauma carcéral, moment souvent douloureux mais aussi propice à l’émergence d’une interrogation introspective qui n’avait parfois pu être mentalisée ou exprimée auparavant.
Nous aborderons donc, après avoir rappelé quelques généralités importantes sur l’exercice des soins en prison et sur le cadre de l’incarcération, cette question des effets que l’enfermement peut induire sur la personne du prisonnier.
Nous verrons ensuite les questions posées par les psychothérapies en prison, en prenant comme exemples quatre cas de sujets incarcérés qui se sont engagés « à cette occasion » dans un processus de psychothérapie. Ces patients ont en commun plusieurs caractéristiques :
– ils n’avaient jamais amorcé avant leur incarcération de travail psychothérapeutique ;
– ils sont responsables pénalement de leur acte ;
– ils se sont, à un certain moment, et en rapport avec leur situation pénale et/ou carcérale, interrogés sur le sens de leurs actes ; et comme nous le verrons, le questionnement sur le sens de l’acte peut être le premier pivot d’une réelle élaboration psychique.
Premier chapitre : La détention : notions générales
Un « détenu » est une personne faisant l’objet d’une mesure privative de liberté à l’intérieur d’un établissement pénitentiaire, ou par le biais d’un aménagement de peine comme le placement sous surveillance électronique. C’est du moins ainsi que Code de procédure pénale le définit. Nous restreindrons notre étude aux détenus incarcérés.
Les détenus condamnés sont incarcérés dans un établissement pénitentiaire en vertu d’une condamnation judiciaire définitive. Les prévenus sont des personnes incarcérées, sous le coup de poursuites pénales, n’ayant pas fait l’objet d’une condamnation définitive : ce sont les personnes mises en examen, les accusés et les personnes condamnées ayant formulé une voie de recours contre cette décision de justice.
La distinction entre prévenus et condamnés détermine, en principe, le type d’établissement pénitentiaire où les uns et les autres sont incarcérés.
Les condamnés sont répartis selon plusieurs critères dans les établissements affectés à l’exécution des peines : leur sexe, leur âge, leur situation pénale, leurs antécédents, leur état de santé physique et mental, leurs aptitudes, et plus généralement leur personnalité et le régime pénitentiaire dont ils relèvent en vue de leur réadaptation sociale.
Les condamnés à de longues peines font un stage dans un centre d’orientation, où une affectation est attribuée au terme d’une évaluation notamment sociale et psychologique.
Les établissements pénitentiaires sont actuellement au nombre de 191. Nous distinguons les maisons d’arrêt, au nombre de 99, et les établissements pour peine au nombre de Il existe aussi 6 établissements pénitentiaires n’accueillant que des mineurs (prévenus et condamnés).
Les maisons d’arrêt reçoivent les prévenus et les condamnés dont la peine ou le reliquat n’excède pas deux ans.
Les établissements pour peine ont un régime de détention défini par l’isolement de nuit. Ils sont répartis en différents centres :
• Les centres pénitentiaires (43) : établissements mixtes comprenant au moins deux quartiers à régimes de détention différents (maison d’arrêt, centre de détention et / ou maison centrale).
• Les centres de détention (25) : accueillant des condamnés à plus de deux ans d’emprisonnement considérés comme présentant les meilleures perspectives de réinsertion. A ce titre, les centres de détention ont un régime de détention principalement orienté vers la resocialisation des détenus.
• Les maisons centrales (6) : recevant les condamnés les plus difficiles ou ceux condamnés à de longues peines. Leur régime de détention est essentiellement axé sur la sécurité.
• Les centres de semi-liberté (11) : ces centres spécialisés sont chargés d’accueillir les condamnés bénéficiant d’un régime de semi-liberté en raison de leur faible reliquat de peine, dans une perspective de réinsertion. Les détenus en semi-liberté généralement sortent la journée pour travailler, et réintègrent la prison le soir et le week-end.
• Les établissements pénitentiaires pour mineurs (6) : ces derniers sont dévolus à l’accueil des condamnés et des prévenus mineurs, de 13 à 18 ans. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Au 1 er janvier 2012, 67 373 détenus étaient écroués dans les établissements français (uniquement les détenus incarcérés) qui comptaient à cette date 57 236 places opérationnelles. Nous comptons actuellement 99 personnes détenues pour 100 000 habitants contre 93 au 1 er janvier 2010.
Il existe au moins une maison d’arrêt par département. Le régime d’emprisonnement pr

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