Inde et Israël : Le rapprochement stratégique

Nicolas Blarel

Description

Tout semble opposer l'Inde et Israël, géographiquement et historiquement. Comment expliquer leur rapprochement actuel ? Le pragmatisme économique, l'industrie militaire israélienne approvisionnant l'armée indienne, et la complémentarité stratégique dans la lutte contre le terrorisme, en sont les principales raisons. Suffiront-elles, même avec le soutien appuyé des États-unis, à modifier les liens religieux, historiques traditionnels dans cette région ?

Sujets

• Défense
• Armée
• Géopolitique
• Diplomatie
• Afrique subsaharienne
• Relations internationales
• Securite

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juin 2006
• Nombre de lectures: 293
• EAN13: 9782296150010
• Langue: Français

Extrait

AVANT-PROPOS Pour comprendre l’essentiel des relations internationales contemporaines, suffirait-il de bien saisir le fonctionnement de quelques grands centres géographiques mondiaux ? Ceux qui penseraient encore aujourd’hui cela peuvent ferment de suite ce livre : la perspective adoptée ici par Nicolas Blarel ne leur conviendra guère a priori. Avec cette étude des relations stratégiques entre deux acteurs secondaires, l’Inde et Israël, nous ne sommes effectivement pas au cœur des « grandes » relations internationales. Et pourtant… On passe souvent trop vite de l’enjeu local à l’enjeu planétaire, ou réciproquement. Et l’on se prive d’un horizon d’entendement des relations internationales : la compréhension des enjeux régionaux ou transrégionaux ne passe pas seulement par l’intelligibilité des rapports entre grandes puissances ou entre l’hyperpuissance et certaines autres puissances ; et elle dépasse à coup sûr aussi la perspective étroite des relations entre pays frontaliers. C’est ce que cette étude rappelle pour deux ensembles géographiques que nous avons tendance à appréhender seulement par rapport aux voisins proches ou pour leurs capacités d’interférence dans les enjeux mondiaux des relations internationales. Ainsi, Nicolas Blarel montre que l’établissement de relations stratégiques au début des années 1990 entre Israël et l’Inde est très compréhensible pour au moins deux ensembles de raisons, valorisés par le contexte de fin de Guerre froide. D’une part, les complémentarités militaires des deux pays sont alors avérées : Israël cherchait marchés et sources de financement pour une industrie militaire coûteuse, tandis que l’Inde était à la recherche d’un nouveau fournisseur militaire de haut niveau. D’autre part, l’établissement de ces relations indo-israéliennes complète ou symbolise la stratégie nord-américaine dans cette région : au-delà d’alliances conjoncturelles (avec le Pakistan par exemple), contrôler ce « Grand Moyen-Orient »

en « encadrant » l’espace musulman continental, et contribuer à établir un contrepoids à une puissance chinoise dont « l’émergence » est désormais un fait d’histoire et non plus une perspective inquiétante. Lorsque Nicolas Blarel est venu me rencontrer, comme unique spécialiste local des relations internationales ouvert aux mondes du Sud, pour diriger son mémoire de fin d’études au sein de l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg, ma première réaction a été la perplexité. En quoi pouvais-je diriger ce travail de recherche très orienté vers la science politique et, qui plus est, sur une question très extérieure à mes aires géographiques de travail ? Mais il fallait satisfaire, dans une institution qui ne peut avoir toutes les spécialités nécessaires, le désir d’un étudiant rentrant d’une année à l’étranger dans le cadre d’une extraordinaire règle académique, cette nécessité de passer une année à l’étranger : une obligation poussée souvent à l’extrême par les jeunes Européens concernés : la tendance générale est à la désaffection du Vieux Monde et à la recherche de terrains plus lointains ? La première réponse, nous l’avons apportée ensemble, en demandant à Christian Jaffrelot, directeur du CERI à Sciences-Po Paris, politiste et spécialiste de la zone géographique étudiée de co- diriger le mémoire – ou plutôt d’en assurer la direction scientifique réelle. Et il doit être remercié ici. La seconde, l’institution l’a donnée en créant un poste d’enseignant-chercheur spécialiste de l’Asie. Mon travail a donc été celui d’un simple accompagnateur discret et provisoire. Mais avec un quadruple bonheur : celui de se laisser très rapidement convaincre par l’intérêt du sujet ; celui de voir se construire méthodiquement une première recherche passionnante ; celui de guider un peu un jeune chercheur dont l’avenir paraît désormais assuré ; celui, enfin, de contribuer à la publication d’une étude qui est une indispensable mise au point sur un sujet négligé des relations internationales. Denis Rolland Institut Universitaire de France Institut d’Etudes Politiques-Strasbourg URS Centre d’histoire, Sciences Po (Paris)

10