Israël et la bombe atomique
227 pages
Français

Israël et la bombe atomique , livre ebook

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227 pages
Français

Description

L'arsenal nucléaire israélien est le premier mur symbolique que les israéliens ont édifié, il y a 50 ans. Les armes nucléaires israéliennes restent opaques et non déclarées officiellement par l'Etat hébreu. Cette investigation scientifique et journalistique permet d'apporter des éléments de réponse à la question suivante: comment Israël a développé ses armes nucléaires? L'auteur révèle un jeu du chat et de la souris entre Tel-Aviv et Washington à partir de documents historiques inédits.

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Publié par
Date de parution 01 septembre 2006
Nombre de lectures 407
EAN13 9782296154766
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos Par opposition aux autres pays détenteurs des armes nucléaires, le cas d’Israël est à la fois unique et frappant, du fait de sa non-transparence et de son ambiguïté sur le plan historique et technique. Tout se passe comme si le gouvernement israélien, tout en affirmant son intention de ne pas vouloir nucléariser le Moyen-Orient, avait tenu à ce qu’indirectement le monde sache comment le nucléaire serait utilisé, le cas échéant. Dans toute l’histoire régionale du Moyen-Orient et depuis la création de l’État hébreu en 1948, il manque officiellement, un chapitre important. Ce chapitre est celui des armes nucléaires israéliennes. Il complète le tableau et donne ainsi une vision plus claire de la manière dont se gère la conflictualité entre Arabes et Israéliens depuis cinquante ans. Ce chapitre qui manque est pourtant un socle lourd qui affecte directement les rapports et les relations entre les pays dans la région. Il affecte aussi le rôle des puissances internationales dans la gestion de la conflictualité régionale. Objet secrètement gardé, entouré de flou et d’opacité, la recherche de sa trace s’avère difficile. La littérature scientifique n’abonde pas de recherches à son égard. Parmi la quantité considérable d’ouvrages existants et dans les travaux de recherche consacrés à l’historique des conflits au Moyen-Orient, rares sont ceux qui abordent cette partie cachée de l’histoire. Ce chapitre manquant est volontairement entouré d’une politique d’ambiguïté et est bien caché par les Israéliens eux-mêmes. Le problème du chercheur devient ainsi doublement compliqué, car au fond sait-on vraiment la réalité des choses en la matière ? La principale problématique de ce travail réside dans le fait que l’objet n’est pas facilement accessible mais bien caché et entouré d’un tabou. On manque de traces à son égard et il est souvent intégré, par les rares acteurs témoins, dans un jeu subtil d’évocation. Au fond, comment les acteurs israéliens peuvent-ils témoigner d’un objet qu’ils ont eux-mêmes classé secret défense ? Comment peut-on demander à Shimon Pérès, un des principaux architectes de la bombe, de parler du nucléaire israélien, alors qu’il est l’homme de la formule magique de l’ambiguïté israélienne : «Israël ne sera pas le premier à introduire le nucléaire au Moyen-Orient. »
Lors d’une interview avec Shimon Pérès en 1995, nous posions la question suivante :le ministre, tout le monde sait qu’Israël Monsieur détient l’arme nucléaire, confirmez-vous cette information ?cette À 1 question Shimon Pérès répond : « tout le monde oui, sauf Israël, cela n’inclut pas Israël.»L’État hébreu adopte une politique officielle d’ambiguïté sur le nucléaire, refusant à la fois de confirmer ou d’infirmer qu’il détient des armes nucléaires. Selon des experts étrangers, Israël possède le sixième arsenal nucléaire du monde, dont 300 ogives et dispose d’une capacité d’expansion rapide. «ne sais pas ce qu’il vient voir (ici). Israël est Je obligé de détenir toutes les composantes de la force nécessaire à sa défense»,déclare Ariel Sharon, le 6 juillet 2004. Le Premier ministre israélien tient ces propos alors que le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, est attendu le jour même en Israël. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon réitère alors qu’Israël s’en tiendra à sa politique d’ambiguïté sur le nucléaire, rapporte la radio de l’armée israélienne.«La politique d’ambiguïté sur le nucléaire qui est la nôtre a fait ses preuves et elle sera maintenue»,déclare Ariel Sharon. Construite à la fin des années 1950, la centrale de Dimona, site de production des armes nucléaires israéliennes, est le site le mieux protégé en Israël. Le secret que contient ce réacteur, est l’un des secrets les mieux gardés au monde. Entre 1967, date de son entrée en fonction et 1986, date des révélations de Mordechaï Vanunu, Dimona reste dans l’oubli. Depuis, c’est seulement en 1995, année de la signature du TNP, que l’on reparle de la bombe atomique israélienne. En février 2000, à la Knesset, a lieu le seul débat sur le programme nucléaire israélien en 50 ans d’existence. Fin août 2000, une association américaine prônant le contrôle des armements a publié sur Internet des images satellite du site nucléaire de Dimona. En avril 2004, Mordechaï Vanunu, un ex-technicien de la centrale de Dimona, est libéré après avoir purgé 18 ans de prison ferme pour avoir révélé au monde les secrets nucléaires de l’État hébreu. Il est de nouveau arrêté après avoir accordé des interviews à la presse étrangère. 1 Interview avec Shimon Pérès, Ministre israélien des Affaires étrangères, diffusée par la chaîne européenne d’information continue EuroNews en mai 1995.
Restant un des secrets les mieux gardés au monde, le nucléaire israélien est, pour l’État hébreu, considéré comme le protecteur sacré. Il est bien 2 voilé et secrètement caché . Les documents le concernant sont rares ou introuvables à l’heure qu’il est. Ils sont inaccessibles, détruits ou rendus illisibles. L’un des sites les plus secrets de l’État hébreu, jalousement surveillé jusqu’ici par la censure militaire israélienne, la centrale nucléaire de Dimona (sud d’Israël), est montrée, le 7 janvier 2005, pour la première fois par une chaîne de télévision israélienne. La chaîne de télévision privée, Channel 10, s’est toutefois refusée à indiquer l’origine de la vidéo diffusée. Selon cette chaîne, la diffusion a eu lieu suite à l’accord de la censure militaire. Le film vidéo du site est d’une durée de 14 minutes et les séquences sont essentiellement des vues extérieures. Les images montrent les jardins bien entretenus de la centrale, avec parfois, en arrière plan, le dôme argenté du réacteur, les ateliers d’apprentissage et les employés jouant au ballon. Depuis les années 70, on peut identifier les traces d’une campagne systématique de rumeurs, particulièrement aux États-Unis, portant sur tous les aspects du programme nucléaire israélien. D’après George 3 Quester , nul doute que cette campagne avec ses nombreux signaux (tests de missiles et autres) fait partie d’une entreprise d’intimidation qui a pour but, pour les Israéliens, de renforcer la dissuasion et d’affaiblir psychologiquement toute volonté d’agression de la part de certains pays voisins. Depuis 1967, il est l’absent/quasi-présent. Il est le caché qui ne cesse de se montrer de temps à autre. Le pouvoir qui se trouve en lui est destiné à imposer silence à autrui. Dénié et caché par ses détenteurs israéliens, il est l’objet à dévoiler absolument par ses détracteurs, voisins de l’État hébreu. Pour eux, il est une chose volatile et virtuelle. Comme un démon, ils l’entendent sans pouvoir le saisir et ils le sentent sans trouver comment le voir. Ils le dénoncent sans vraiment pouvoir le localiser. Ils le montrent du doigt et le considèrent comme la source de l’instabilité régionale. Cette chose leur échappe sans cesse sans jamais pouvoir la sortir de sa cache ou lui ôter l’existence. 2  Marcel Duval, “À la recherche d’un secret : l’arme nucléaire israélienne”,Défense nationale,avril 1998. 3  George Howard Quester, “Nuclear Weapons and Israel”,Middle East Journal, N. 37, autumne 1983.
Lorsqu’on s’intéresse à cette partie cachée à la fois de l’histoire officielle régionale et internationale, il faut descendre dans les profondeurs pour chercher ses racines. C’est ainsi que l’on arrive aussi à comprendre les raisons de la conflictualité régionale durant les cinq dernières décennies. En effet, les actions des acteurs sont régies par ce socle ô combien important et primordial dans la prise des décisions de ces mêmes acteurs. Cela renvoie à la question du choix des acteurs dans la région, à la rationalité de leurs décisions et par conséquent à la dissuasion. Y a-t-il vraiment des armes nucléaires en Israël ? Telle est la question 4 posée par Merav Datan . Car au fond, hormis la question qui se pose de savoir si la politique de l’ambiguïté est une bonne ou une mauvaise chose, les Israéliens détiennent-ils vraiment des bombes atomiques ? La réponse est naturellement oui, écrit Merav Datan mais, toujours selon des sources étrangères et non israéliennes. En effet, si l’on regarde de près ce qui se passe au niveau israélien, on se rend bien compte que rares sont les déclarations officielles qui donnent des informations précises relatives au programme nucléaire israélien. D’après leBulletin of American 5 ème Scientistsplace parmi les pays producteurs du, Israël se classe en 6 6 plutonium militaire . Ce que nous savons, c’est que les médias israéliens donnent certes des informations, mais se basent toujours sur des sources étrangères. Même en organisant un débat public en février 2000, le nucléaire de l’État 7 hébreu apparaît soudain pour disparaître dans son mystère . Le journal 8 israélienHaaretz publie un article dans lequel le vice-ministre Israélien de la Défense Silvain Shalom nie qu’Israël a effectué un test nucléaire 9 trois semaines auparavant , dans le golfe d’Aqaba.
4  Merav Datan, “Relaxing the Taboo : Israel Debates Nuclear Weapons”,Disarmament Diplomacy,N. 43, février 2000. 5  World Plutonium Inventories,Bulletin of the Atomic Scientists, Vol. 55, No. 5, p. 71, septembre/octobre 1999. 6  Chiffres publiés dans leBulletin of American Scientists, qui cite un classement établi par le NRDC, Conseil de Défense des Ressources Naturelles, sur la base de documents confidentiels du département américain de l’énergie. 7 Aviv Lavi,“Atom and Impenetrability”,Haaretz, 7 février 2000. 8 Haaretz, 18 juin 1998. 9 C’est en mai 1998, qu’Indiens et Pakistanais procèdent à des tests nucléaires. 
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