Les armées françaises face à la morale
216 pages
Français

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Les armées françaises face à la morale , livre ebook

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Description

Les militaires français sont tenus d'accomplir les missions qui leur sont dévolues, quand bien même ces dernières peuvent parfois s'avérer discutables sur le plan moral. Pour autant, sur le terrain, leurs actions doivent être irréprochables moralement. La lourde charge de la moralité de l'action militaire pèse sur les militaires alors même que cette dernière est initiée au niveau politique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 172
EAN13 9782296801806
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les armées françaises face à la morale
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54249-5
EAN : 9782296542495
Emmanuel Goffi
Les armées françaises face à la morale
Une réflexion au cœur des conflits modernes Préface du Général de corps aérien
Denis Mercier

Postface de
M. Jacques Arnould
L’Harmattan
Histoire de la défense
Collection dirigée par Sophie de Lastours
Cette collection se propose d’étudier les différents aspects qui composent l’histoire de la défense. La guerre, la technologie, la sécurité n’ont cessé de se transformer, de se construire et même de se détruire les unes par rapport aux autres. Elles sont en perpétuelle mutation. L’apparition de nouvelles menaces a toujours conduit les sociétés à tenter de s’adapter avec plus ou moins de succès et parfois à contre-courant des idées reçues.
Des questions seront soulevées et des réponses données, même si beaucoup d’interrogations demeurent. L’histoire, la géographie, le droit, la politique, la doctrine, la diplomatie, l’armement sont tous au cœur de la défense et interfèrent par de multiples combinaisons.
Ces sujets contribuent à poser les défis et les limites du domaine de la défense à travers le temps en replaçant les évènements dans leur contexte.
On dit par exemple que dans ce XXIe siècle naissant, les guerres entre Etats sont en train de devenir anachroniques au bénéfice de conflits tribaux ou religieux, mais seules des comparaisons, des études détaillées qui s’étendent sur le long parcours de l’histoire permettront de le vérifier.
Derniers parus
Arlette ESTIENNE MONDET , Des chenilles et des ailes , 2010.
Michèle RACLOT, 28 mai 1940. Le jour où le Brazza s’est englouti, 2010.
Christophe DARGERE, Si ça vient à durer tout l'été. Lettres de Cyrille Ducruy, soldat écochois dans la tourmente 14-18, 2010.
Xavier LAVIE , Une garde nationale pour la France, 2010. Souvenirs croisés de la première guerre mondiale : correspondance des frères Toulouse (1914-1916) et souvenirs de René Tognard (1914-1918) , 2008.
Henry OLIVARI, Mission d’un cryptologue français en Russie (1916), 2009.
Général Maurice SCHMITT, La deuxième bataille d’Alger (2002-2007) : la bataille judiciaire , 2008.
Dominique CARRIER, « On prend nos cris de détresse pour des éclats de rire » André Tanquerel, Lettres d’un poilu (1914-1916), 2008.
Patrick PAPA-DRAME, L’Impérialisme colonial français en Afrique ,2007.
Marcelin DÉFOURNEAUX, L’Espagne de Franco pendant la Seconde Guerre mondiale, 2007.
Préface
Il ressort d’une discussion avec le directeur de l’enseignement universitaire d’une grande école de l’air européenne que l’enseignement de l’éthique et de la morale ne va pas de soi. Il lui était reproché, me disait-il, de susciter le doute chez les jeunes officiers, provoquant le risque de les faire reculer au moment crucial, celui où l’armement doit être délivré.
Comment marier la fulgurance de l’action aérienne, dans un tempo toujours plus rapide avec la crainte de la conséquence juridique ou du dommage collatéral ? Allait-il, dans une école militaire, instiller le doute au combattant au risque d’obérer sa capacité à remplir sa mission ? Ce directeur me confia que, devant tant de résistance, il dut rencontrer le chef d’état-major qui éprouvait les mêmes réticences vis à vis d’un tel enseignement, non conforme à l’obéissance aveugle dans l’application des règles d’engagement qu’il espérait ancrer dans la formation de l’officier. Le directeur en question lui demanda alors quelle serait sa position lorsque dommage collatéral il y aurait, ce qui serait d’autant plus inévitable qu’on aurait déchargé l’officier de sa capacité à maîtriser l’emploi de la force et à impliquer son intelligence dans l’action. Comment justifierait-il, devant les inévitables questions relatives à la formation de l’officier et du combattant, que le choix du commandement fût justement de tuer dans l’œuf cette réflexion ? Il me dit que l’argument fut décisif pour la mise en place d’un module éthique.
Nous n’avons pas eu ce problème en France, différence de culture sans doute. Mais la question reste entière. L’Ecole de l’air organise tous les ans un séminaire relatif au droit des conflits armés. Il ne s’agit pas d’un simple débat de juristes mais d’une confrontation entre le droit de la guerre et le retour d’expérience d’officiers qui témoignent de moments forts, où le contexte qui a prévalu à l’établissement des règles d’engagement s’est soudainement effondré, les obligeant à adapter leurs modes d’action. Hors de tout cadre, alors qu’il faut réagir dans l’instant face à une situation d’urgence qui peut impliquer droit de vie ou de mort, que reste-t-il ? La réponse est individuelle.
Elle ne s’apprend pas et c’est bien la difficulté. Elle se nourrit de trois facteurs qui me paraissent essentiels : une réflexion éthique et morale approfondie assise sur des valeurs fortes, un socle d’expériences vécues partagées avec les plus anciens et, appuyée sur cette base, une capacité d’analyse et de discernement dans l’adversité plus que jamais essentielle dans les conflits modernes.
Certains jeunes officiers retirent une certaine frustration de ce séminaire qui n’apporte pas de recette simple.
L’imprévisibilité des engagements qui attend les officiers d’aujourd’hui implique une autre formation, fondée sur le développement du jugement, l’appréciation d’un périmètre de responsabilités qui doit s’adapter en temps réel à une situation évolutive et le respect de règles aux limites parfois floues.
Ethique et morale (pour la distinction entre ces deux termes, je renvoie le lecteur à la lecture du livre du capitaine Goffi) constituent les valeurs essentielles à développer chez ces officiers dans lesquelles ils pourront puiser au moment voulu : « au-delà des acquis de la formation, la réaction personnelle de chacun face à l’évènement relève de l’éthique militaire1 ».
Le livre du capitaine Goffi a ce grand mérite de poser les bonnes questions, plaçant les valeurs morales au centre de la complexité des engagements modernes. Barack Obama rappelait, lors du discours prononcé à l’occasion de la réception de son prix Nobel pour la Paix : « quand la force s’avère nécessaire, nous avons un intérêt moral et stratégique à respecter strictement certaines règles de conduite ». On comprend aisément à quoi faisait référence le Président américain dans cette phrase. Pour autant, la réalité des opérations modernes démontre la difficulté d’apprécier quelles sont ces règles de conduite dans des environnements mariant réseaux, systèmes déportés, équipements rustiques ou haute technologie et imbriquant combattants et populations tantôt amis, tantôt ennemis.
Je ne partage pas forcément toutes les analyses du capitaine Goffi. Plutôt que de se résigner à remonter au niveau supérieur, celui de l’Etat, une responsabilité qui nierait au combattant son aptitude à apprécier, à son échelon, l’environnement de son action dans un tempo toujours plus accéléré, il faut au contraire repenser sa formation. Aucun cadre, fût-il juridique ou moral, ne déchargera le soldat, a fortiori l’officier, de sa responsabilité devant l’usage de la force, quelle que soit la complexité de la situation dans laquelle il opère. Cette complexité offre au contraire à l’officier l’opportunité d’exprimer toute sa personnalité et place les valeurs humaines au cœur de l’action.
L’officier du 21ème siècle devra être très différent de ses prédécesseurs et c’est bien ainsi. Plus que jamais les valeurs d’éthique et de morale seront essentielles dans sa formation. Le débat ouvert par le capitaine Goffi, abordé avec conviction et sans tabou, nourrit la réflexion et ose poser les bonnes questions.
En ouvrant ce livre, je ne vous souhaite donc pas bonne lecture, mais bonne réflexion.
Général de division aérienne Denis Mercier
1 Michèle Alliot-Marie, allocution lors de la clôture des Journées int

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