Qu est-ce qu un gouvernement socialiste? : Ce qui est vivant et ce qui est mort dans le socialisme
111 pages
Français

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Description

Alors que la «gauche» semble avoir officiellement rompu avec le socialisme pour redevenir un avatar du libéralisme et qu’elle s’est, une bonne fois pour toutes, entièrement dissociée des classes populaires, l'hégémonie du bloc populiste-néolibéral semble inexpugnable. Seule la relance d’un programme socialiste à gauche de cette «gauche» libérale permettrait de la défaire, nous dit Franck Fischbach. Mais au préalable, il faut revenir aux hypothèses fondatrices du socialisme. 
Par un retour aux propositions philosophiques à la base de la pensée socialiste, notamment celles formulées par Hegel, Marx, Durkheim et Dewey, Franck Fischbach esquisse dans cet ouvrage un socialisme conscient de la rationalité du social, un socialisme de coopération entre égaux dont la tradition n'a été épuisée ni par l'État social ni par le socialisme «réel», loin de là.  Les partis socialistes sont morts, vive le socialisme!

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782895967163
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Humanités», dirigée par Jean-François Filion, prolonge dans le domaine des sciences l’attachement de Lux à la pensée critique et à l’histoire sociale et politique. Cette collection poursuit un projet qui a donné les meilleurs fruits des sciences humaines, celui d’aborder la pensée là où elle est vivante, dans les œuvres de la liberté et de l’esprit que sont les cultures, les civilisations et les institutions.
© Lux Éditeur, 2017
www.luxediteur.com
Dépôt légal: 1 er trimestre 2017
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN (papier): 978-2-89596-255-7
ISBN (pdf): 978-2-89596-908-2
ISBN (epub): 978-2-89596-716-3

Nous socialistes qui, par expérience, savons que toutes les vieilles formes politiques sont impuissantes à satisfaire les revendications populaires, nous devons nous employer activement à préparer les éléments d’organisation de la société future.
Eugène Varlin, La Marseillaise , 11 mars 1870
Le socialisme est une tendance à faire passer, brusquement ou progressivement, les fonctions économiques de l’état diffus où elles se trouvent, à l’état organisé.
Émile Durkheim, La science sociale et l’action
Le socialisme est au premier chef la tendance inhérente d’une civilisation industrielle à transcender le marché autorégulateur en le subordonnant consciemment à une société démocratique.
Karl Polanyi, La Grande Transformation
Le premier libéralisme considérait l’activité isolée des individus en concurrence les uns avec les autres comme le moyen de parvenir au bien-être social, qui était la fin. Il faut inverser cette perspective et comprendre que l’économie socialisée est le moyen de parvenir au libre développement de l’individu, qui est la fin.
John Dewey, Après le libéralisme?
I N T R O D U C T I O N
L’oubli du socialisme
I L EST DIFFICILE D’IMAGINER une période historique qui soit aussi peu propice que la nôtre au réexamen – je n’ose écrire: à la redécouverte – du contenu des hypothèses fondatrices du socialisme ou de «l’idée du socialisme [1] ». Rien ne semble plus étranger à notre époque que la perspective du socialisme. Cela relève de l’évidence dans les pays qui, au centre et à l’est de l’Europe, ont connu et subi la forme soviétique du «socialisme»: celui qui se réclamerait de ce nom serait assuré d’y être inaudible. Quant aux pays occidentaux, les partis politiques qui y portent encore le nom de «socialiste» n’ont plus de socialiste que le nom: il y a longtemps que leurs cadres ignorent jusqu’au sens du mot et, quand ils en ont une vague idée, ils cachent mal leur impatience à se débarrasser de cette encombrante appellation (ce qui aura au moins le mérite de les mettre en accord avec leurs pratiques de ralliement au libéralisme – néo ou pas – et avec leurs politiques de soumission systématique aux impératifs des marchés financiers et au diktat des multinationales). Quant aux mouvements politiques qui ont émergé et se sont formés à la gauche des vieux partis dits «socialistes» ou «sociaux-démocrates», les noms qu’ils se sont donnés confirment, s’il en était besoin, le discrédit dans lequel est tombé l’idée du socialisme: aucun d’entre eux ne s’en réclame explicitement et ils ont préféré se nommer ici Parti de Gauche ou die Linke (la Gauche), là Podemos ou Syriza, ailleurs Bloco de Esquerda (Bloc de gauche). Mais, de socialistes, point, ou plus. L’existence même de ces mouvements, mais aussi celle du mouvement altermondialiste, d’Attac et des mobilisations du type des Indignés et d’Occupy, de la «Révolution des parapluies» à Hong Kong et du «Printemps érable» au Québec, tout cela témoigne certes de ce que les évolutions des sociétés capitalistes durant les trente dernières années à l’échelle mondiale font l’objet d’un rejet et d’une critique dans une part non négligeable de la population et à une échelle qui est elle aussi mondiale: mais tout aussi significatif est le fait que ni ce rejet ni cette critique ne se formulent dans les termes d’une perspective, et encore moins d’une revendication de type socialiste.
Il y a cependant pire encore: les affres des partis politiques (encore) dits «socialistes» ne sont que la manifestation superficielle d’un processus autrement plus profond dont nos sociétés ont été le théâtre ces dernières décennies. Ce processus est celui qui a conduit les esprits de nos contemporains à s’accoutumer à une représentation de la société qui est l’exacte antithèse d’une conception socialiste: «les contraintes de l’auto-commercialisation individuelle, […] la généralisation des comportements d’optimisation stratégique ont alimenté la tendance à percevoir la société comme un réseau d’acteurs uniquement mus par le souci de leurs propres intérêts», et non comme «une institution dont nous serions collectivement responsables en tant que membre d’une communauté de coopération [2] ». Ce qui paraît avoir ainsi disparu des représentations sociales et culturelles dominantes, c’est jusqu’à la possibilité même, pour l’individu contemporain, de «sentir – comme disait Durkheim – les collaborateurs qui travaillent à côté de lui à la même œuvre que lui: il n’a même plus du tout l’idée de cette œuvre commune [3] ». Cette forme, que Durkheim considérait comme la forme anormale (ou «anomique») et pathologique de la division du travail social, semble bien en être devenue la forme normale. De sorte que ce qui s’est en même temps quasiment effacé, c’est jusqu’à la possibilité même de concevoir la société comme l’œuvre commune à l’élaboration de laquelle coopèrent les individus, et ce, à l’avantage de chacun d’entre eux. Or cette idée n’est autre – comme je le montrerai ici – que l’idée fondamentale du socialisme. La seule forme de sauvetage que l’on puisse sans doute encore effectuer de cette dernière est de montrer qu’elle n’est pas essentielle seulement à la conception du socialisme, mais qu’elle l’est aussi et tout autant à la conception de la démocratie, et qu’elle conduit à la conception d’une démocratie sociale ou d’une organisation démocratique de la société en un sens assez différent de la forme encore régnante aujourd’hui – mais à bout de souffle – de la démocratie représentative et parlementaire. C’est ce que je tenterai de montrer ici.
Et si l’on veut compléter d’une touche supplémentaire ce tableau déjà très noir de la situation contemporaine, il faut prendre en compte non seulement le fait que le socialisme en tant que tel et sous son nom ne mobilise plus grand monde, mais aussi le fait qu’à l’inverse, ce à quoi il y a une adhésion de plus en plus large, notamment dans les pays occidentaux, c’est à des idées et à des mouvements politiques qui incarnent l’exact opposé du socialisme: de fortes mobilisations, dans les urnes et dans les rues, sont le fait de mouvements populistes, démagogiques, nationalistes voire racistes, xénophobes, antisémites, homophobes et antiféministes. La reconfiguration néolibérale du capitalisme durant ces trente dernières années a engendré des dispositions subjectives (et elle a sans doute structuré des formes de personnalité) qui vont précisément à l’encontre d’un besoin de renforcement des liens de solidarité entre sujets autonomes. Ces subjectivations se caractérisent au contraire par des formes de renoncement à l’autonomie individuelle et des demandes de soumission à l’autorité. Il peut être utile de se rappeler ce que disait Adorno des «conditions sociales objectives qui nourrissent le fascisme»: «l’ordre économique et l’organisation économique rendent la majorité des hommes dépendants de facteurs qui leur échappent et les empêchent d’accéder à la majorité; s’ils veulent vivre, ils n’ont d’autre ressource que de s’adapter et de se plier à la réalité donnée; ils sont contraints de tirer un trait sur cette subjectivité autonome à laquelle se réfère l’idée même de démocratie et ne peuvent survivre que s’ils renoncent à être eux-mêmes; […] la nécessité d’une telle adaptation, d’une identification avec la réalité donnée, avec le pouvoir en tant que tel, contient en puissance le totalitarisme [4] ». Là où le socialisme suppose un attachement indéfectible à l’autonomie individuelle et porte l’exigence que les rapports sociaux soient organisés collectivement de telle sorte qu’ils procurent et garantissent à chacun les moyens et les conditions d’une autonomie réelle, là donc où le socialisme porte l’exigence d’une s

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