Sécurité en Côte d Ivoire : les menaces hybrides
231 pages
Français

Sécurité en Côte d'Ivoire : les menaces hybrides , livre ebook

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Description

Sur le plan de la sécurité générale, la Côte d'Ivoire et d'autres pays d'Afrique de l'Ouest sont confrontés à des menaces de nature hybride parce qu'elles sont multiformes et constituent par conséquent des défis majeurs pour les forces de sécurité, de défense et des services de renseignement. Cette typologie de menaces occupe un champ très vaste d'actes malveillants. En outre, de nombreux phénomènes de risques régionaux peuvent être alimentés par des guerres irrégulières qualifiées de "guerres hybrides", lesquelles requièrent de nouvelles méthodes tactiques et stratégiques pour les circonscrire et les maîtriser.

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Publié par
Date de parution 06 janvier 2020
Nombre de lectures 9
EAN13 9782140139505
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

par conséquent des défis majeurs pour les forces de sécurité,
(trafics de migrants et de produits illicites, gangs en milieu urbain, coupeurs de route, vols dans les plantations, conflits
stratèges et analystes américains qualifient de
Etudes africaines
Série Défense
Jacob E
Sécurité en Côte d’Ivoire : les menaces hybrides
Sécurité en Côte d'Ivoire : les menaceshybrides
Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc.
Dernières parutions
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Jacob ETIENNE
Sécurité en Côte d'Ivoire : les menaceshybrides
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-17872-1 EAN : 9782343178721
Préambule
Lorsqu’on examine le contexte environnemental de la Côte d’Ivoire, on constate qu’il se caractérise par une prolifération des attaques armées qui sont perpétrées par des individus qui appartiennent à des mouvements insurrectionnels dans des pays frontaliers qui se trouvent au nord du pays, en particulier le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette violence meurtrière est dirigée, d’une manière non exclusive, contre les instances de sécurité et de défense de ces États, mais les malfaiteurs visent également les intérêts occidentaux en général dans la région, et ceux de la France en particulier. D’où les nombreuses opérations militaires de contre-insurrection qui sont menées par des armées occidentales et panafricaines dans la zone sahélienne. Le Mali, qui partage une frontière commune avec la Côte d’Ivoire, constitue l’épicentre des mouvements insurrectionnels dans le Sahel et les pays contigus.
Cependant, en raison des mouvements de populations entre les différents pays qui constituent l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire, par ses potentialités économiques, attire de plus en plus des ressortissants des pays périphériques. D’où les nombreuses interférences entre la Côte d’Ivoire et les pays frontaliers. Aussi, l’attentat terroriste qui est intervenu à Grand-Bassam le 13 mars 2016 témoigne de la capacité des groupes de malfaiteurs armés à élargir leur champ d’intervention au-delà de leurs zones d’enracinement habituelles ; ce qui les amène à entretenir des réseaux d’alliances dans les pays qui se trouvent dans l’environnement de leur base. Toutefois, et selon les spécialistes qui étudient cette forme de violence, l’attentat terroriste précité a été organisé par le groupe islamiste radical Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ; les services de sécurité de la Côte d’Ivoire sont parvenus à établir que les auteurs de cet acte criminel avaient bénéficié du concours de complices autochtones, d’où le caractère hybride de nombreuses menaces auxquelles la Côte d’Ivoire se trouve exposée.
Ainsi, à la suite de cet attentat, les enquêtes policières ont conduit à l’arrestation de 38 personnes, dont 26 en Côte d’Ivoire, 6 au Burkina
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Faso, 4 au Mali et 2 au Sénégal, a déclaré le porte-parole du gouvernement ivoirien. Parmi les suspects arrêtés figurent des terroristes 1 impliqués au plus haut niveau dans la planification de l’attaque . On entrevoit le rôle fondamental des services de renseignement dans la prévention de ce type de risque qui nécessite, pour les combattre, des forces de sécurité et de défense spécialisées dans la lutte contre des groupes insurrectionnels et les différentes cellules de malfaiteurs armées qui tendent à se multiplier en Afrique de l’Ouest.
La crise sociopolitique et politico-militaire qui intervint en Côte d’Ivoire après le décès de Houphouët-Boigny en 1993, et qui s’est transformée en une guerre civile, a révélé les disparités économiques auxquelles le Nord se trouvait affublé. Mais cette situation de déséquilibre résulte d’un processus historique au cours duquel les régions Sud, Sud-Ouest et Sud-Est, qui disposent d’un climat favorable, présentent des caractéristiques géologiques nécessaires pour le développement de grandes plantations coloniales dont les produits pouvaient être exportés assez facilement grâce d’abord au port de Grand-Bassam, lequel a été abandonné à partir des années cinquante au profit de celui d’Abidjan, plus propice à l’accueil des flottes marchandes pour écouler les différents produits d’exportation et d’importation. Par sa position géographique, le port d’Abidjan constitue un facteur déterminant pour l’économie des grandes plantations et le commerce du bois.
Depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, Houphouët-Boigny a assumé la présidence de cette jeune République jusqu’à sa mort. Si cette ancienne colonie française a connu une accalmie relative jusqu’à la fin des années soixante-dix, qui correspond à une période faste sur le plan économique, elle a dû affronter néanmoins des révoltes ethniques qui ont été très vite maîtrisées par la coercition. Toutefois, en raison de la chute des cours du café et du cacao, et un mode de gestion des affaires de l’État contesté par des organisations financières internationales comme la Banque mondiale, Houphouët-Boigny doit affronter des contestations sociales des classes moyennes et populaires qui aspirent à une amélioration de leurs conditions de vie et un changement dans les relations de leur pays avec l’ancienne puissance tutrice à laquelle une majorité de la population ivoirienne reprochait une trop grande proéminence dans l’économie de la Côte d’Ivoire.
1 http://www.jeuneafrique.com
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À partir des années quatre-vingt, des mouvements de contestations sociales contre la politique de Houphouët-Boigny s’amplifient et deviennent de plus en plus violents ; les forces de police procèdent à des actions répressives, ce qui accentue les récriminations de la population contre les instances de sécurité et de défense. Aussi, la Côte d’Ivoire va évoluer vers une crise sociopolitique et politico-militaire qui aboutira à une guerre civile.
Cette étude constitue une exploration du contexte sociopolitique et socio-économique de la Côte d’Ivoire dans une approche géopolitique pour décrypter le présent qui reste imprégné des aléas du passé porteurs de changement en perspective. Les pays francophones d’Afrique évoluent dans un nouveau contexte de sécurité international qui résulte de la fin de la guerre froide, mais avec des changements significatifs dans les rapports de force entre les puissances du Nord et celles du Sud. Les crises sociopolitiques en Afrique se caractérisent par les intérêts antagonistes qu’elles cristallisent, et dont il convient de dévoiler les enjeux cachés qui témoignent de la violence qu’elles expriment. Autrement dit, les forces politiques dans les pays francophones d’Afrique doivent tenir compte des nouveaux rapports de force qui émergent dans le contexte post-guerre froide, et qui requièrent de nouveaux paradigmes sur le plan conceptuel pour les appréhender. Ainsi, contrairement à la période de la guerre froide, les États-Unis, qui assument le leadership des puissances du Nord, réprouvent les coups d’État militaires dans les pays du Sud, car cette pratique ne répond plus aux exigences du capitalisme libéral dominant au niveau mondial. Aussi, les tentatives de coup d’État militaire en Afrique sont vouées à l’échec et condamnent leurs auteurs à l’isolement sur le plan international parce que ce mode d’accès au pouvoir politique par la force est réprouvé par les Nations unies et les grandes puissances influentes comme la Chine, la Russie et les pays émergents qui considèrent cette violence comme une entrave à la libre concurrence. D’où la nécessité d’une recomposition des forces de sécurité, de défense et des structures de renseignement des pays africains pour lutter contre ce type de menace hybride.
Cependant, les relations entre le pouvoir politique et l’armée en Afrique francophone restent imprégnées des velléités de la guerre froide à travers lesquelles le changement d’un chef d’État en exercice pouvait s’opérer par la voie d’un coup d’État militaire pour protéger les intérêts économiques de groupes puissants comme les multinationales. Les crises sociopolitiques en Afrique francophone ne peuvent être appréhendées
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comme des phénomènes, dont les causes seraient uniquement endogènes, car elles cristallisent les interactions entre des forces exogènes en quête de leur positionnement géoéconomique. Aussi, toutes les guerres irrégulières qui se déroulent en Afrique depuis la fin de la guerre froide revêtent un caractère hybride parce qu’elles impliquent des acteurs dont les intérêts peuvent être conflictuels ou convergents. Ainsi, la République centrafricaine est pourvue de gisements de cuivre, d’or, d’uranium et de diamants qui sont convoités par des compagnies étrangères qui ne partagent pas une position commune face aux groupes insurrectionnels qui profitent de leurs contradictions pour se renforcer.
La sécurité, à laquelle aspire l’ensemble de la population ivoirienne, demeure une donnée fondamentale de paix et de développement économique dans un environnement politique centré sur des valeurs démocratiques et la bonne gouvernance. Aussi, les aspects sécuritaires et de défense revêtent une importance cardinale non seulement en Côte d’Ivoire, mais également dans les pays frontaliers. L’insécurité qui affecte le Mali, le Burkina Faso et le Niger, n’est pas sans conséquence sur la Côte d’Ivoire compte tenu des mouvements de populations entre les différents pays d’Afrique de l’Ouest.
Des nouvelles menaces de nature hybride qui émergent dans l’environnement de la Côte d’Ivoire nécessitent un renforcement des institutions de sécurité et de défense de ce pays pour relever les nombreux défis en matière de gestion des risques, c’est d’ailleurs la vision des experts du Commandement militaire des États-Unis pour 2 l’Afrique (AFRICOM) .
Avant la colonisation, des groupes ethniques dans le Nord (Kong, Mandé, Sénoufo…) étaient rattachés à des empires qui ont exercé des pressions guerrières sur d’autres communautés du pays, en particulier le groupe Akan dans le Centre et le Sud. L’histoire des populations du Nord de la Côte d’Ivoire est marquée par des traditions de guerres d’envergure dans le cadre des empires constitués (Malinké avec le roi Samory Touré et le royaume de Kong). Cette expérience historique de la guerre a contribué à la détermination des rebelles et à leurs modalités d’engagement dans la confrontation ; d’où l’efficacité de leurs mouvements et la maîtrise de l’espace qui ont surpris les forces loyalistes au point de dévoiler leur impuissance à contrôler leurs zones respectives.
2 DUNN Brian J.,The AFRICOM Queen, MILITARY REVIEW, May June 2016, pp.50-61.
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