Un homme élégant

Benoît Lugan

Description

Entre 1998 et 2001, Benoît Lugan fut l'un des aides de camp du Président de la République Jacques Chirac. Alors au contact permanent de celui-ci, il a pu en observer les principaux traits de caractère. Rigoureux et inquiet, attentif et courtois, pudique et généreux, courageux et sensuel, doué d'un remarquable sens tactique et d'une prodigieuse mémoire, et enfin tout à la fois fataliste et opiniâtre : ainsi est décrit, au travers de nombreux événements vécus, le tempérament de l'ancien chef de l'Etat.

Sujets

• Témoignage
• Securite
• Récit
• Armée
• Autobiographie
• Défense
• Science politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 octobre 2012
• Nombre de lectures: 69
• EAN13: 9782296984660
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Benoît Lugan



Un homme élégant



Quarante mois auprès du Président Chirac








L’HARMATTAN
Du même auteur
Bordemer , nouvelles, éditions Bénévent, 2002, épuisé. Soldamer , essai, éditions des Riaux, 2004, épuisé.
L’œil des maîtres , textes et illustrations, en collaboration avec Philippe Metzger et les peintres de la marine, éditions des Riaux, 2004, épuisé.

Croquer la pomme , textes et dessins, éditions des Riaux, 2005, épuisé.

Temps de Toussaint , roman, éditions L’Harmattan, 2010.

Sentinelle des mers , en collaboration avec Philippe Metzger, Emmanuel Descleves et Alain Zimmeray, présentation de la marine nationale, Marine Editions, 2011.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-98466-0
EAN : 9782296984660
Dédicace

A monsieur Jacques Chirac et aux membres de sa famille, en témoignage de ma très haute considération et de ma fidélité respectueuse.

A mon père, le contre-amiral Bernard Lugan, qui avait quelques mois de moins que Jacques Chirac. Il a quitté cette terre le 25 juin 2012, et fut également et ô combien un homme élégant.
1. Préambule
Pendant quarante mois placés à cheval sur le dernier changement de millénaire, j’ai servi monsieur Jacques Chirac, alors président de la République française, en qualité d’aide de camp 1 .

Cette période fut sans conteste l’une des plus enrichissantes et exaltantes de ma carrière d’officier de la marine nationale, qui pourtant m’en a offert d’autres magnifiques et continue de le faire.

Sans jamais connaître la moindre seconde d’ennui, j’y ai considérablement appris sur le sens de l’Etat, l’exercice du pouvoir, les relations humaines, la société française et internationale, l’histoire, la géographie et l’économie de notre pays et du monde 2 .
J’ai également, et surtout, découvert et estimé un homme à bien des égards exceptionnel, dont je voudrais aujourd’hui simplement faire l’éloge, à ma modeste place.

Il me sera objecté que la réserve, voire le silence, obligent ceux qui se voient confier une fonction de la nature de celle qui fut la mienne auprès du président de la République.

Cette observation est juste et je m’y conforme naturellement, aussi ne faudra-t-il pas espérer trouver ici quelque révélation sensationnelle, mais seulement un témoignage respectueux dont l’idée et le l’envie ne me sont d’ailleurs venus qu’au cours de l’été 2011, dix ans après avoir quitté l’aiguillette 3 .
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Ayant mené l’engagement politique que l’on sait, couronné par l’exercice, douze années durant, des plus hautes responsabilités de l’Etat français, monsieur Jacques Chirac a quitté ses ultimes fonctions politiques en 2007.

Il a assez rapidement publié pendant cette année une somme considérable 4 , l’ensemble des discours prononcés pendant l’exercice de sa fonction.

Puis il a mis sur pied sa fondation, dédiée au développement durable et au dialogue des cultures. Enfin il a publié ses mémoires, dont le second tome est paru au début de l’été 2011.

Ces publications récentes, qui en réalité font écho à celles 5 qui avaient précédé la campagne pour l’élection présidentielle de 1995, délivrent peut-être le message de sa vie.

Vues dans leur ensemble, elles me sont en tout état de cause apparues comme l’achèvement d’un labour, et je les ai perçues comme un ultime don à la vie publique au terme d’un engagement de longue date, et par conséquent l’ouverture vers un temps nouveau, celui du possible hommage vivant.

Temps ouvert en outre par la formidable et constante vague de sympathie populaire 6 qui se manifeste à l’égard de Jacques Chirac depuis cinq ans.

Temps qui autorise probablement, en tout cas qui m’en a donné le désir, à dire à ce grand homme d’Etat et à sa famille, maintenant qu’ils peuvent les recevoir sans ambiguïté, la reconnaissance et l’estime que je lui porte comme je crois beaucoup d’autres Français.

Ayant tâché d’identifier les traits de caractère qui le caractérisent le mieux de mon point de vue et selon mon expérience, je les ai attachés par chapitres aux récits de moments de notre "vie commune", avec le souci constant que ceux-ci ne servent que d’appui et d’illustration, ma position déterminée ici étant celle du témoin et non de l’analyste.

Etant donnée cette priorité à l’éclairage, je n’ai pas choisi d’ordre chronologique pour ces présentations au sein des chapitres, ce qui donnera peut-être au lecteur le sentiment de faire parfois au fil du texte les cent pas dans la période comprise entre 1998 et 2001. J’espère que cette dynamique sera plus vivifiante que déroutante.

J’ai conscience enfin d’avoir utilisé plus d’épisodes internationaux que de politique intérieure dans cette sélection. Que le lecteur n’en déduise pas que l’activité du président, même pendant cette période de cohabitation, fut indifférente à la vie métropolitaine des Français et à la politique intérieur du pays, bien au contraire.

Ceci est simplement dû au fait que les déplacements sur le territoire national étant par nature plus brefs car de but plus proche, ils m’ont apporté moins d’occasions prolongées d’observation.
§§§
Lorsque j’ai rejoint l’Elysée en 1998, l’une des collaboratrices de Jacques Chirac m’a confié :

"Cet homme est fait de très nombreuses pelures, et chacun d’entre nous n’en connaît que quelques unes."

J’en atteste, et cela me rend extrêmement humble dans l’approche du projet que j’ai conçu.

J’espère avant tout que le président comme sa famille se reconnaîtront dans un portrait par construction partial, mais auquel j’ai tenté d’éviter les pièges de l’hagiographie ou de la caricature.

J’espère ensuite que ce bref ouvrage contribuera, à sa place naturellement simple, à l’hommage national que mérite Jacques Chirac.

J’espère enfin que sa famille, si longtemps et si souvent placée sous des lumières toujours trop crues, connaîtra dans sa nouvelle forme de vie publique la paix et la sérénité qu’elle a grandement méritées.
1 Souvent confiée à un militaire, officier ou sous officier, cette fonction vise pour l’essentiel et littéralement à "aider à camper" une personnalité de l’Etat.
Il s’agit avec d’autres, chefs du protocole ou du cabinet et responsables de la sécurité, d’organiser puis de conduire les déplacements de cette autorité où qu’elle se rende, à pied dans un immeuble voisin ou par les moyens les plus divers à l’autre extrémité de la planète, de telle manière que ses conditions de travail et de vie restent aussi sûres et fluides que celles qu’elle apprécie et pratique sur son lieu de résidence normal.
Au cas particulier du président de la République française, chef des armées du pays, l’aide de camp, toujours un officier des armées, est en outre et d’abord chargé de maintenir un contact permanent entre le président et les organes de commandement militaires, afin notamment que puisse en tout lieu et à tout moment s’exercer la dissuasion nucléaire, pour le commandement de laquelle l’aide de camp assiste de plus le président sur le plan technique.
2 Après trente mois, j’avais dans le sillage du président parcouru plus de trente pays différents, et plus de trente départements français…
3 Un militaire aide de camp porte à l’épaule un parement brodé d’or ou d’argent qui l’identifie comme tel, appelé "aiguillette".
4 En deux tomes, "Mon combat pour la France" et "Mon combat pour la paix", consacrés l’un aux affaires intérieures et l’autre aux affaires internationales.
5 "Une nouvelle France", en 1994, et "La France pour tous" en 1995, marqués par le célèbre emblème du pommier.
6 78% d’opinions favorables en 2011… quand bien même d’ailleurs ont été depuis rendues à l’encontre de Jacques Chirac des décisions de justice sévères ; le peuple dans sa sagesse sait distinguer actes et mérites, équité et estime.
2. Esquisse

« Vous avez mon discours, commandant ? »
Ayant traversé pour la première fois de son histoire les Bouches du Rhône sur une nouvelle voie, un train à grande vitesse nous a dé