Qu est-ce que le "virtuel" au cinéma ?
257 pages
Français

Qu'est-ce que le "virtuel" au cinéma ? , livre ebook

-

257 pages
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Description

Virtuel et nouvelles technologies sont-ils forcément liés ? S'appuyant sur une analyse du cinéma des effets spéciaux, cet ouvrage propose une réflexion sur le virtuel en tant que concept et sur ses relations complexes aux techniques numériques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 320
EAN13 9782296224070
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le texte du présent ouvrage reprend, pour l’essentiel, la première
partie d’une thèse de doctorat rédigée entre 2002 et 2007 sous la
direction de M. Frank Curot, professeur à l’Université de
Grenoble III,et de Mme CatherineBerthet-Cahuzac, maître de
conférences à l’Université de Montpellier III. Qu’ils soient ici à
nouveauremerciés pour avoir permis à ce travail devoir le jour.
Cette page sera également l’occasion de remercier ceuxqui ne
l’ont pas encore été : Mme MaguyAlbet sans qui cette publication ne
serait même pasun projet, et M. le Professeur Edmond Cros pour ses
nombreuxtémoignages de sympathie et d’intérêt à l’égard dujeune
chercheur que je suis.

Les normes bibliographiques utilisées pour les notes de bas de
page sont les suivantes.
Dansle corpsdu texte,un appel de notesousforme de chiffresen
1
exposante( )stplacé à la fin de chaque citation. La note
correspondante mentionne laréférence de cette citation. Seulsfigurent
en capitalesdanslesnotesde basde pageslesnoms quirenvoientaux
entréesde la bibliographie.
Enrevanche,un appel de noteà l’intérieurd’une citation prend la
forme d’une étoile (*). La note correspondante estplacée
immédiatementen-dessousde la note numérotée mentionnantla
référence de la citation.
Dansla mesure oùlespagesconsultées surInternet sont
susceptiblesd’évolutionspermanentes, nousindiquonsla date de leur
dernière consultation danslesnotesainsique dansla bibliographie, et
nous signalonslespages suppriméesdepuis.

INTRODUCTION

Depuisle débutdesannées1980,un certain cinémause etabuse
des techniquesd’imagerie informatique dansle butmanifeste de
« nousen mettre plein lavue ». Sisonsuccèspopulairetend à prouver
qu’ilyparvient, lescritiquesauxquellesil donne lieu témoignenten
mêmetempsde l’agacement qu’ilsuscite. Qualifié de
« postmoderne » parles unscinéma de, dénommé «seffets spéciaux»
parlesautres, partie intégrante des« artsnumériques»selon d’autres
encore, ce courant s’apparente enréalité àunsous-genre, occupant
dansla culture postmoderne, dansl’histoire deseffets spéciauxetdans
la catégorietrès vaste desartsnumériques,une placequ’il convientde
situer. Que cesoitparl’utilisation de procédésinnovants,tel le
fameuxmorphing, ouparla mise en intrigue dethèmesliésà la
technique, il a largementcontribué, bien avantleurdiffusion à grande
échelle, à populariserles« nouvelles technologies», aujourd’hui au
centre detouslesfantasmesetdetoutesles utopies véhiculéesparle
«virtuceel »,tte notion particulièrementplastique etinsaisissable,
évoquant ununiversau statutincertain auquel il estdevenucourantde
seréférercomme àun lieucommunsansprendre la peine d’en
questionnerlespostulats.
L’amalgame désormaiscourantentre la notion devirtualité etles
techniquesinformatiques tend à occulterle fait que letermevirtuelest
d’origine philosophique. Aujourd’hui, parlerdu«virtuel » aucinéma
revientà évoquerdesfilmshollywoodiens qui, àuntitre ouàun autre,
ontfaitdate dansl’histoire desimagesdesynthèse :Tron,Willow,
Abyss,Terminator2,Jurassic Park,ToyStory,Matrix,La Menace
1
fantôme, etc. Dansd’autrescas, ce nesontpaslesparamètres
techniquesde fabrication maislathématique dufilmqui conditionne

1
Tron, de Steven Lisberger, 1981.Willow, de Ron Howard, 1988.Abyss, de James
Cameron, 1989.Terminator2: le jugement dernier, de JamesCameron, 1991.
Jurassic Park, de Steven Spielberg, 1993.ToyStory, de John Lasseter, 1996,
Matrix, de Andy& LarryWachowski, 1999.Star Wars: Épisode I – La Menace
fantôme, de George Lucas, 1999.

12

Qu’est-ce que le «virtuel » aucinéma ?

1
untel discours: desœuvrescommeLevel five, ouKaïro, plusproches
ducinéma d’auteur que ducinéma deseffets spéciaux,sontassociées
à la problématique générale du«virtuael »ucinéma parcequ’elles
traitent, de manière privilégiée, des thèmesdesjeux vidéo etde la
communication enréseau. Onremarqueraquetoutescesproductions
ontpourpointcommun d’êtrerattachées, de prèsoude loin, auxdeux
genres quesontle fantastique etlascience-fiction.
Parailleurs, même celuiqui cherche à élargirle débat se bornera
généralementàsoulignerla diversité desautresapplicationspossibles
de l’infographie aucinéma : celles, invisibles,quivisentàrenforcerle
réalisme oubien celles quis’inscriventdans une démarche
nonfigurative, non-narrative, etdemeurentà cetégard dansle champtrès
confidentiel ducinéma expérimental. Quantaux spécialistesdesarts
numériques, ils se contenterontla plupartdu tempsde faireremarquer
que le cinéma, par savisibilité auprèsdugrand public etparla
répétition desmêmes scénarios, donneune imageréductrice et
déformante dupotentiel des techniquesmisesen œuvre.
Enrevanche, il est rare d’aborderlethème du virtuel aucinéma
indépendammentde ces techniques. Cetouvrage entendse démarquer
de lathéorie ducinéma dans sa conceptdiion «sciplinaire » (au sens
universitaire du terme), pourlaquelle le cinéma deseffets spéciaux
faitle plus souventoffice de «mauvaisobjets», autant que de la
théorie desartsnumériques qui, pardéfinition, postule l’existence
d’une esthétique propre aux techniqueséponymesen négligeantde ce
faitla diversité despratiquesartistiques qui en font usage. Ellerejette
à la foisla posturequi consiste àstigmatiserlatechnique aunom de
l’artetcellequi, aucontraire,voitdansl’émergence d’unetechnologie
nouvelle la condition nécessaire et suffisante de l’originalité artistique
desesproductions.
Nousallonsnousattacher toutaulong de cespagesàrelierles
différents sensdumotvirtuel, l’historique etle moderne, le
philosophique etlescientifique, le populaire etlesavant, pour tenter
d’en dégager un noyaucommun. Ce faisant, nousespérons trouver
danscette notion l’outil conceptuel etméthodologiquequi éclairera
notre analyse ducourant que nous venonsd’évoquer, en nous
permettantde lereplacerdansla perspective d’une certaine
«virtualitdé »ucinéma dans son ensemble. Nousposonsdonc la

1
Level five, de ChrisMarker, 1996.Kaïro, deKiyoshi Kurosawa,2001.

Introduction

1

3

question «Qu’est-ceque le“virtuel”aucinéma?» ensupposant que
chacun de cesdeux termes,virtueletcinéma, aquelque chose à nous
apprendresurl’autre.
Notrequestionnement vise d’abord àsouligner que certaines
expressions,telles qu’« images virtuelles», aujourd’hui employées
trivialementpour qualifierdesimagescrééesparordinateur, nevont
pasforcémentdesoi :se demanderenquoi cesimages sontplus
virtuelles que desimagesanalogiquesimplique d’interrogerla
définition de l’adjectifvirtuel. Onse heurtera alorsà la multiplicité
desacceptionspossiblesetà leurcaractèresouventcontradictoire. Le
problème de larelation entre codage numérique,techniques
informatiqueset virtualité ne manquera pasdese poser. On
s’apercevra finalement que, dupointdevue du spectateur,
l’appellationimagesvirtuellesne fait sens que dansdeuxcas: en
référence aumode de fabrication de cesimages,suivant une définition
du virtuelrestreinte au vocabulaire informatique, cequisupposeque
lespectateurpossèdeune certainsavoir surles techniques utilisées, ou
biensi cette appellationqualifieunstyled’images. Cetteseconde
éventualitésuffira à invaliderl’amalgame entre levirtuel et
l’infographie, puisque l’analyse du style enquestionrévèlera, d’une
part,que celui-ci n’englobe paslatotalité desimagesinformatiques
mais seulementcelles«quisevoient», etd’autre part,que la nature
algorithmique de l’image ne conditionne pasl’existence de cestyle
qui estpresquetoujours un mixte d’analogique etde numérique, de
trace etdesynthèse, etpeutmêmerésulterdesmoyenslesplus
traditionnels.
D’autre part, dansle cadre du récitfilmique, l’analyse ne doitpas
s’entenirauxaspectsiconiquesdesimages, maiségalement tenir
compte de lathématique de l’œuvre, desatrame narrative, deson
montage et,trèsglobalement, desfameuses&#

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