Un cabinet d amateur
78 pages
Français

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Un cabinet d'amateur , livre ebook

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Description

Le sujet dont nous allons nous occuper est assez intéressant, pour que nous en fassions l’objet d’un article séparé ; l’histoire de la céramique et de la plastique chez les Grecs et les Etrusques est en effet pour ainsi dire l’histoire des mœurs, des coutumes civiles et religieuses, des idées politiques, morales et poétiques de ces deux peuples : une collection de vases peints est une véritable galerie de peintures historiques, nous révélant la Grèce depuis ses époques fabuleuses jusqu’à l’heure de sa décadence.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346121960
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Gustave Hagemans
Un cabinet d'amateur
CÉRAMIQUE 1 GRECQUE ET ÉTRUSQUE,
Eo pervenit luxuria, ut etiam fictilia pluris constent, quam murrhina.
PLINE, L. XXXV, C. 46.
 
 
Le sujet dont nous allons nous occuper est assez intéressant, pour que nous en fassions l’objet d’un article séparé ; l’histoire de la céramique et de la plastique chez les Grecs et les Etrusques est en effet pour ainsi dire l’histoire des mœurs, des coutumes civiles et religieuses, des idées politiques, morales et poétiques de ces deux peuples : une collection de vases peints est une véritable galerie de peintures historiques, nous révélant la Grèce depuis ses époques fabuleuses jusqu’à l’heure de sa décadence. La céramique peinte formant dans l’histoire de l’art chez les anciens une classe de monuments véritablement distincte, nous en ferons l’objet d’une étude spéciale, réservant pour la suite la description des productions artistiques de matières différentes, qui malgré leur origine hellénique ou étrusque, trouveront d’autant mieux place parmi les monuments de provenance romaine, que parler de l’art romain c’est véritablement parler de l’art grec et étrusque. Rome en effet n’a guère eu un art qui lui soit propre : celui de la guerre absorbait toutes ses pensées. Les fiers et rudes descendants de Romulus, qui empruntèrent à l’Etrurie ses croyances et ses superstitions, lui demandèrent aussi le secours de son art, et lorsque cet art plus grossier ne suffit plus au luxe effréné du peuple-roi, ils s’adressèrent à la Grèce pour avoir des artistes dignes d’embellir la grande ville, reine du monde. Ce furent des Grecs alors qui sculptèrent les statues de ces Dieux venus à leur tour de la Grèce ; ce furent des Grecs qui décorèrent les murs des fresques magnifiques représentant les aventures fort humaines de ces divinités faciles ; ce furent des Grecs encore qui modelèrent, qui ciselèrent ces vases précieux des sacrifices, ces milliers d’ornements d’or, d’argent et de bronze enrichissant les demeures des Dieux et les palais des conquérants du monde. Ce fut la Grèce enfin, qui imposant à Rome la loi de ses goûts, de ses mœurs, de sa civilisation épurée, qui mettant même son langage harmonieux dans la bouche des jeunes beautés romaines, qui ne voulaient plus aimer ni être aimées qu’en grec, ce fut elle en un mot qui se vengeant noblement du joug imposé par le fer, ce fut, comme le ; dit Horace, la Grèce asservie qui subjugua son rude vainqueur :

Græcia capta ferum victorem cepit, et artes Intulit agresti Latio.
 (Ep. 1, L. II, VERS 156.)
Aussi, comme nous le disions, faire l’histoire de l’art romain, c’est faire celle de l’art hellénique et étrusque ; nous nous bornerons par conséquent à ne parler ici que d’une classe de monuments, propres à la Grèce et à l’Etrurié, que les Romains n’ont jamais songé ou du moins ne sont jamais parvenus à imiter.
Les fouilles qui les premières rendirent à la science les vases peints, ne rémontent qu’au XVII e siècle, et Lachause en publia quelques-uns en 1690 dans son Musœum romanum. Aussitôt les Toscans, par un amour-propre national exagéré, en attribuèrent la fabrication à leurs ancêtres les Etrusques : ils s’autorisaient d’une épigramme de Martial, qui nomme étrusques certains vases fabriqués à Arezzo, probablement par des ouvriers Grecs. Les Dempster, les Passeri, les Buonarroti, les Gori firent si bien, que malgré la justesse des aperçus de Winkelman, malgré les savantes observations de d’Hancarville et de tous les antiquaires et des érudits qui depuis ont parlé des vases peints, l’on s’obstine encore à les appeler étrusques.
Et cependant, lorsque les Toscans attribuèrent aux Etrusques ces productions de l’art, leurs prétentions étaient d’autant moins fondées, que nul vase de cette espèce n’avait encore été trouvé, comme le remarque Winkelman, dans le sol de l’antique Etrurie : il ne s’était même jusque là présenté aucune inscription en langue ni en caractères étrusques, qui pût donner gain de cause à l’opinion de ces archéologues. Loin de là, toutes les inscriptions étaient grecques, et les vases sur lesquels on les lisait se rencontraient à Athènes, à Mégare, à Milo, en Aulide, en Tauride, à Corfou, dans les îles de là Grèce, dans tous les pays enfin de l’ancienne domination grecque et surtout dans les parties de l’Italie nommées la Grande Grèce,
Winkelman remarqua que la Campanie en conservait les trésors les plus précieux, que Nola, Capoue, Naples, Pœstum, etc., offraient dans ce genre les fouilles les plus riches aux antiquaires, et il fut le premier qui leur donna le nom de vases campaniens.
D’Hancarville, par de nouvelles observations pleines de jugement, basées sur le résultat des fouilles pratiquées de son temps, fit une révolution complète en publiant la belle collection d’Hamilton ; il modifia si bien les doctrines de ses prédécesseurs, il fut avocat si habile dans cette cause littéraire, qu’il gagna le procès si long-temps en suspens, et les antiquaires, par un revirement total, nommèrent grecs, désormais, des vases connus jusqu’alors uniquement comme étrusques. Ce qui avait été une étruscomanie devint une grécomanie  : un excès en avait enfanté un autre.
Winkelman disait que le meilleur moyen de soutenir l’opinion commune en faveur des Etrusques serait de produire des vases trouvés effectivement en Toscane. C’est précisément ce qui a eu lieu depuis, et à Vulci, entre autres, on a eu le bonheur de trouver en 1829 plus de 6000 vases remarquables par leur beauté et offrant le plus grand intérêt ; et qui plus est, ces vases présentaient des exemples de lettres étrusques mêlées aux lettres grecques. On le voit, la question n’était pas vidée, et l’on avait eu tort de se prononcer d’une manière trop absolue. Le plus sage était de les nommer généralement vases peints.
Que la plupart des vases peints soient d’origine purement hellénique, il est impossible d’en douter. Les lieux de découvertes, les inscriptions en langue et écriture grecques, les sujets des peintures entièrement tirés de la mythologie grecque, les détails d’armes et de costumes, le style général de la forme et du dessin, tout enfin concourt à donner pleine certitude à cet égard. Mais d’autre part, ainsi que nous venons de l’observer, il existe aussi, mais en nombre plus restreint, il est vrai, des vases qui, trouvés en Etrurie, présentent des inscriptions entièrement étrusques ou composées, du moins en partie, de caractères propres à cette nation ; les types des figures, les Dieux figurés avec des aîles, les types architectoniques, le costume, l’ameublement y démontrent à l’évidence le travail étrusque, marqué cependant à certains égards du sceau de l’hellénisme.
Cette dernière influence du goût et du style hellénique est aisée à comprendre, et il n’y a nullement lieu de s’étonner que l’on retrouve même des traces si profondes de la mythologie étrangère chez un peuple, dont les galères sillonnaient depuis long-temps la Méditerranée, et qui par son voisinage des colonies grecques devait naturellement avoir adopté quelque chose des usages et des croyances qu’il y voyait répandus. Ses relations constantes avec la Sicile, où la Grèce avait établi ses colonies, devaient aider à entretenir cette influence, et ce long contact devait finir par affaiblir la couche asiatique si profondément répandue sur les premières productions d’un peuple venu des Lydiens 2 .
Il serait bien plus étonnant que la Grèce, cette reine des des beaux-arts qui polissait par son contact tout ce qui l’approchait, n’eut pas exercé cette heureuse influence sur un peuple, dans l’histoire duquel elle joue un rôle souvent si important. Suivons en effet les traces de l’histoire hellénique, et nous en retrouverons les vestiges profondément empreints sur le vieux sol étrusque.
En 581, avant J.-C., le grec Démarate 3 , héritier de la race royale des Bacchiades de Corinthe renversés par les Cypsélides, fugitif et errant

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