Ne portez pas son cartable
112 pages
Français

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Ne portez pas son cartable , livre ebook

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Description

A la fin de son enfance, chaque adolescent sera confronté à un monde réel qui ressemblera plus à celui de son environnement scolaire qu'à celui du cocon familial. Il importe donc de les équiper au mieux, de mettre en cohérence les éducateurs familiaux que sont les parents et les professeurs des écoles. L'auteur, rééducateur de l'Education nationale, cherche à donner aux élèves les moyens de trouver une place à l'école pour pouvoir en trouver une autre dans la société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 16
EAN13 9782296486201
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ne portez pas son cartable
Collection
« Enfance , éducatio n e t société »
Cette collection regroupe des études et essais concernant l’enfance au travers d’approches multiples.
Etudes universitaires et essais issus du monde de l’éducation ou du secteur du travail social, ces travaux ont en commun la même préoccupation : apporter un éclairage diversifié sur un domaine essentiel de l’univers des sciences humaines.


La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Pierre Duriot
Ne portez pas son cartable
Paroles d’un rééducateur de l’Education nationale
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96790-8
EAN : 9782296967908
Avant-propos
Les enfants de ce XXI ème siècle interrogent de plus en plus souvent les pédagogues par leur résistance aux apprentissages, notamment celui de la lecture. Intellectuellement compétents, exempts de problèmes médicaux tels que des déficiences visuelle ou auditive, de dyslexie, certains n’en demeurent pas moins hermétiques à la chose scolaire. Ils se taisent dans leur petit monde et personne ne se souvient avoir entendu le son de leur voix, ou de les avoir vus jouer dans la cour. Ils s’agitent sur leur chaise ou passent à plat ventre sous la table, au milieu des crayons cassés et des gommes rongées. Ils tourneboulent des classes entières, quand ce ne sont pas des écoles. Sans compter de nombreuses attitudes intermédiaires qui se traduisent globalement par un faible appétit d’apprendre. Les maîtres et méthodes qui passent restent souvent sans effet, au grand désespoir des professionnels de l’Education et des parents. Ils vont voir le psychologue ou le pédopsychiatre, bénéficient d’une auxiliaire de vie scolaire mais dans la plupart de ces cas le travail sur l’enfant ne sera que la partie visible d’une problématique globale incluant une rupture entre les chaînons éducatifs positionnés autour de l’élève : le maître, les parents, les grands-parents, les frères et sœurs… et l’entrée en jeu d’un professionnel travaillant sur cet ensemble est souvent salutaire.
Cet ouvrage, loin de reprendre des items psychologiques ou psychanalytiques déjà largement explorés, vise à dénouer un écheveau tissé bien souvent entre école et famille. Il reprend les différents paramètres éducatifs et scolaires, décortique les mondes de l’enfance et ceux des parents, lesquels se sont complexifiés à mesure que changeaient, dans nos sociétés occidentales, le statut des enfants et les fondamentaux de la famille. Ne lisez pas ce livre d’un trait. Il est conçu pour piocher dedans, un paragraphe après l’autre, pas forcément dans l’ordre. Les petites recettes, si elles peuvent apparaître comme telles, n’en sont pourtant pas. Les paragraphes sont des incitations à réfléchir et à adapter la thématique développée à sa propre situation familiale ou scolaire. Chaque cas d’enfant au sein de sa famille et dans sa relation à l’école est unique, mais beaucoup de problématiques se ressemblent, dues à des composantes sociales ou à des mœurs actuelles.
Mon rôle dans les écoles consiste à amener les enfants à investir au mieux leur métier d’élève, à profiter au maximum de ce qu’ils reçoivent en classe mais aussi de leurs contacts avec les adultes et les autres enfants au sein de cette petite société qu’est un groupe scolaire. A ce titre, je travaille avec les enfants eux-mêmes, par la parole et le jeu, je reçois leurs parents, j’établis des contacts avec les maîtres pour, au final, amener tout le monde à une cohérence entre les rôles éducatifs des uns et des autres. On me désigne souvent, comme « Le monsieur qui fait grandir les enfants », c’est vrai, c’est parfois difficile de remplir ce rôle qui consiste à éloigner les enfants de leurs parents, mais c’est aussi enthousiasmant de voir nos jeunes s’éveiller au savoir et s’émerveiller de leurs compétences.
Ces paragraphes visent à constituer une toile de fond, avec les problèmes les plus souvent abordés par les parents et qui servira de base à une réflexion éducative de chaque adulte ayant la responsabilité d’un enfant.
Chapitre I. L’enfant et l’école
La question du sens de l’école
La question du sens est majeure pour un enfant d’aujourd’hui à l’école. Si, bien sûr, le profil d’enfant que je vais évoquer dans ce chapitre n’est pas général, il est pourtant majoritairement répandu et le décalage entre ce que vit l’enfant à la maison et ce qu’on attend de lui à l’école rend, à ses yeux, l’entrée dans un cursus éducatif peu attrayant. Combien de parents m’ont décrit une vie de famille centrée sur les enfants du couple ? Combien de mamans m’ont évoqué leur rôle de mère, passant totalement leur rôle d’épouse sous silence ? Les couples décrivent très fréquemment ces enfants à qui ils demandent en permanence ce qu’ils veulent manger, ce qu’ils veulent faire, où ils veulent aller en vacances, quel film ils veulent aller voir… L’enfant ou les enfants deviennent les personnages centraux de la vie de la famille, rien que de très normal, pense-t-on ? Oui et non… S’il est bien normal de veiller au confort et aux distractions de ses enfants, il est en revanche totalement anormal de les ériger en personnages centraux en fonction de qui tout va s’organiser. Cet état de chose créé chez eux un sentiment d’omnipotence permanent qui, à la longue, va les conduire à se positionner en chefs de familles, ne supportant aucune contrainte, aucune remarque, exigeant que tout s’organise en fonction d’eux à destination de leur bien-être. Ces enfants là vont mal vivre l’école, seul endroit de leur vie où ils ne sont plus le centre névralgique de l’activité. À l’école, on ne se tait pas quand ils parlent, on ne leur dit pas tout le temps : « C’est bien, ce n’est pas grave. » On leur demande des efforts, ne serait-ce que s’habiller tout seul en maternelle. Et que dire de la lecture en CP ! Activité ingrate, où rien n’est négociable, où il faut se taire, écrire, rester à sa place… L’enfant en est pourtant parfaitement capable, il lui manque simplement le sens et la finalité de l’effort qu’on lui demande. Vues d’un adulte, ces quelques lignes qui précèdent peuvent paraître exagérées. Plaçons-nous du point de vue de l’enfant. Que viendrait-il faire dans cet endroit où tout n’est que contrainte, où ce qu’il doit faire seul lui est fait à la maison, où on lui serine que pour être grand, il doit apprendre à lire, alors qu’il n’en voit pas le bénéfice immédiat ? Pire, s’il apprend à lire seul, sa mère ne viendra plus lui lire des histoires le soir. S’il grandit, on ne lui fera plus toutes les petites choses du quotidien que l’on fait sans même s’en rendre compte. Pire encore, s’il grandit, il deviendra l’un de ces adultes qu’il voit lui combler ses désirs, le servir, ces adultes qu’il fait plier avec des pleurs, des crises ou des comédies : il risque donc de perdre son pouvoir ! Marche arrière toute, surtout, ne pas grandir. Car grandir n’est pas automatique. Il en faut le désir chez l’enfant et nous avons pour habitude de plaisanter, chez les pédagogues, à propos des méthodes de lecture : « Avec un enfant qui n’a pas envie d’apprendre à lire, aucune méthode n’est efficace. Alors, qu’il est difficile d’empêcher un enfant d’apprendre à lire, quelle que soit la méthode, quand il en a envie. » Il faut que l’enfant perçoive, dans son processus de maturation, un gain potentiel qui va rendre sa vie de grand meilleure que sa vie de petit. Et ce n’est pas forcément le cas. C’est pour cette raison qu’il doit rester à sa place d’enfant. La place d’adulte doit revêtir la dimension d’un pouvoir qu’il n’est pas censé avoir tant qu’il est petit. Il faut habituer l’enfant, dès le plus jeune âge, à faire seul tout ce qu’il peut faire seul. Cela prend souvent du temps le matin et on n’a plus vite fait d’habiller l’enfant plutôt que de le laisser faire. Cela en prendra d’autant plus que les habitudes vont se prendre tard et encore plus si, à la lecture de ce livre, on tente de « re

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