À travers tes yeux
179 pages
Français

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À travers tes yeux , livre ebook

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Description

Romance contemporaine - 350 pages


Je m’appelle Charlotte, je rêve de lumières.


Pourtant, lorsque le destin vous conduit à de douloureux sacrifices, tout peut s’assombrir.


Et à travers l’objectif, comme à travers ses yeux, mon regard sur le monde et sur ma propre vie ne sera plus jamais le même.



Mais tout n’est-il pas qu’une question de point de vue ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 19
EAN13 9782379613142
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À travers tes yeux



MARIE SOREL
MARIE SOREL

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-314-2
Photo de couverture : MrCat
PARTIE 1

Romain


Chaque histoire a un début. Pour la connaître, il faut savoir remonter le temps, tourner les aiguilles en sens inverse et retrouver ses fantômes…
Chapitre 1
Charlotte


Six mois que je suis partie, six mois que je fais semblant que tout va bien. Chaque fois que ma mère m’appelle, je lui raconte des histoires et pour le coup ce n’est pas de Jane et de Tarzan ni de princesses {1} dont il s’agit… enfin tout ça pour dire plus sérieusement que je lui mens. Mon conte de fées s’est très vite transformé en une histoire placide et presque grotesque. Je suis une cendrillon en pantoufles, bien loin des escarpins dont je rêvais derrière la vitrine d’un magasin. Le prince charmant, n’en parlons même pas, il a dû chopper la belle au bois dormant au passage et se casser dans un village fort lointain.
– Ne t’inquiète pas pour moi, je vais bien, la vie ici est géniale.
Est-ce que j’en rajoute une couche ? Très certainement, je sais que ma mère se fait un sang d’encre, elle a besoin d’entendre ces paroles apaisantes aussi fausses soient-elles.
– Et la fac, ma chérie, comment ça se passe ?
– Très bien, les cours sont exceptionnels…
Des mensonges, encore et encore. Il y a six mois, j’ai annoncé à ma famille que je souhaitais rejoindre la capitale pour étudier. Leurs écoles étaient bien meilleures que la mienne dans laquelle je n’avançais pas. J’avais tout préparé, un dossier béton, toutes les documentations, les simulations de bourses, les APL… J’avais même promis de chercher un travail pour subvenir à mes dépenses personnelles. La conversation a duré des heures, des jours, je m’enfonçais de plus en plus. Je devais les convaincre. Un matin, ils sont arrivés, tout sourire. Ils acceptaient que je parte, que je quitte notre campagne pour la ville, la vraie, la grande. Un instant, j’ai cru que c’était une blague, j’ai vérifié le calendrier, nous n’étions pas le premier avril, donc pas de poisson. À presque vingt ans, je me lançais dans une aventure dingue. Seule. Sans filets de sécurité. Je savais ce que je voulais, depuis longtemps, depuis toujours. Mon rêve, mon avenir, devenir mannequin et pas celle dans les catalogues La Redoute . Non, ma place n’était pas à côté du vibro qu’on faisait passer pour un masseur de joues. Soyons honnêtes, on sait très bien que ce n’est pas cette partie du corps qui sera sollicitée avec ! Non, moi je rêvais de podium, de grands magazines. Je feuilletais, regardais tout ce qui pouvait m’apprendre : les livres, les documentaires… Je m’imaginais à leur place, je me rêvais idole d’une génération de petites filles.
– Maman, je dois te laisser, il est l’heure que j’aille bosser. On se rappelle plus tard.
– D’accord, ma chérie, si tu as besoin, tu le dis, je ne veux pas que tu t’épuises à travailler et que tu sacrifies tes études.
– Ne t’inquiète pas, tout va très bien, je m’en sors parfaitement.
– Je te fais confiance, tu as toujours réussi ce que tu entreprenais, je suis fière de toi, chérie.
BOUM. Le coup de la culpabilité qui percute mon cœur et me vrille l’estomac. Il fait sacrément mal, celui-ci. Si elle savait, si elle savait à quel point elle se trompe, elle serait tellement déçue. Je dois réussir avant qu’ils ne découvrent ce que je cache. Je ne veux pas voir la lueur de déception dans leurs yeux. Ils sont ceux sur qui j’ai pu me reposer, ceux qui ont tenu le tuteur pour que je grandisse telle une magnifique plante, droite et fière. Enfant intrépide, adolescente renfermée, rêveuse, je me suis épanouie au fil du temps, laissant éclore celle qui était enfermée, qui n’osait se montrer. Je ne peux aujourd’hui les décevoir, je refuse de voir dans leurs yeux cette trahison, cette tristesse s’ils apprenaient la vérité. Je dois me battre, obtenir ce à quoi je suis destinée. Et ce n’est pas dans les champs de ma Corrèze natale que je pourrais accomplir ce projet. Je suis partie sans me retourner, j’ai laissé mes amis, mes ex-petits amis… Je ne suis restée en contact qu’avec Pauline. Elle m’appelle régulièrement, je lui vante la beauté de la capitale. J’espère qu’un jour elle me rejoindra. Nous sommes soudées comme les doigts de la main, j’espère simplement qu’il s’agit de la même main. Je raccroche après avoir dit à ma mère que je l’aime. Il me reste peu de temps pour me préparer, je dois enfiler ma tenue, survivre à cette journée de boulot, puis filer au casting pour lequel je me suis inscrite. Tout ça sans sentir la frite. Ce n’est pas gagné ! J’imagine parfaitement la scène, moi défilant dans un joli maillot de bain, ondulant gracieusement, les cheveux suivant le même mouvement et le photographe qui hurle : mais qui a ramené de la friture ici, ça pue sortez-moi ça d’ici, TOUT DE SUITE ! Alors, je serais obligée de quitter les lieux, moi, ma fierté, mes odeurs de graisse.

Lorsque j’arrive au fastfood dans lequel je travaille, j’ai la nausée. Je ne supporte plus ces effluves, ce bruit, ces commandes expédiées, répétitives. Chaque fois que je regarde un plateau, j’ai le sentiment de prendre un kilo, et des plateaux y’en a un paquet qui défilent dans la journée. En prime, les gens n’ont pas d’heure, ils ingurgitent sans se poser de questions, matin, midi et soir, milieu de journée ou de la nuit, qu’importe, la satisfaction avant tout. Je repense alors aux trois carottes qui ont constitué mon repas de la veille, je me rassure en me disant que c’est pour la bonne cause, le casting, mon rêve juste à la pointe du légume.
– Charlotte, faut que tu te bouges là ! On n’a pas que ça à faire !
Je me tourne, regarde celui qui s’adresse à moi. J’aimerais lui dire ce que je pense, que je ne suis pas faite pour cette vie-là, que je ne resterais pas bien longtemps… si tout se passe comme prévu. Non, je ne serai pas la plus heureuse le jour où on me filera le chemisier blanc de ceux qui sont montés en grade ! Je refuse d’être comme lui, même son physique est assorti au lieu, il ressemble à une frite, tout en longueur, fin, blond, les cheveux gras… Ne sachant pas exactement ce que l’avenir me réserve, je me tais. Je ravale les mots à la place des burgers que je dois mettre en boîte et qui ainsi ne serviront pas à embellir mon fessier. Ne pas laisser échapper ma verve ne me nourrit pas, mais ça évite que je me fasse virer. C’est déjà pas mal.
Je travaille ici depuis deux mois, une vraie chance, c’est plutôt bien payé. Les horaires sont très variables, ce qui me permet d’avoir aussi du temps pour moi. Dès que je le peux, je fais les petites annonces à la recherche du super plan, de ce qui me permettra d’arriver tout en haut, de vivre ce rêve.
– Sérieux, bouge tes fesses, Charlotte ! Tu as vu la queue devant toi ? Faut vraiment que tu fasses un effort parce que tu te rapproches dangereusement de la sortie sans retour possible.
– C’est bon, Hugo, c’est bon.
Je me ressaisis, je ne dois pas perdre ma place, ils auront vite fait de me remplacer et moi de retrouver la compagnie des bovins qui habitent ma campagne natale. Régulièrement, je me dis que je supporterais plus les meuglements que d’entendre mon pseudo supérieur qui devrait s’occuper de son derrière plutôt que de reluquer le mien. Même leurs regards globuleux sont plus agréables. Je garde mes réflexions, gère cette boule tapie au fond de mon ventre, éteins les projecteurs sur ma vie future et j’avance. Un pas supplémentaire c’est un de plus vers ma destinée. Bientôt, tout sera fini. Bientôt.
Enfin, le calvaire est terminé, je cours jusqu’à ma chambre de bonne. Je dois me doucher, enlever cette foutue odeur qui me recouvre, s’incruste dans chaque pore de mon corps. Sous le jet d’eau, je frotte, frotte, c’est comme si ma peau avait tout absorbé, s’était imprégnée. Je dois être aux deux tiers de la bouteille de gel douche quand je décide qu’il est temps d’arrêter. En sortant, je fixe mon armoire. La tenue… robe moulante sexy ou pantalon tailleur classe façon Saint-Laurent ? Choix cornélien.
Chapitre 2
Romain


Un café noir, très noir. Peut-être arrivera-t-il à me sortir des limbes d’une nuit de tous les vices ? Ce monde est dingue, je le hais, pourtant, je ne peux m’empêcher de me jeter dedans, de m’y délecter, de profiter de ce nom que je porte comme un fardeau. J’ai décidé qu’il fallait en tirer un avantage. Chaque matin, je me réveille avec ce sentiment de dégoût, cette rage, cet écœurement. Une nausée s’empare de moi, je fixe la fenêtre derrière laquelle s’étale une ville qui reprend vie. La vue est pourtant splendide et je ne parle pas de la jolie brune à peine couverte par le drap blanc de mon lit. Sa peau ébène ressort à merveille. La lumière, qui filtre par la grande baie vitrée, projette un halo extraordinaire, donnant l’impression d’une nymphe endormie. Je l’observe un instant, vêtu seulement de mon boxer, assis au comptoir de ma cuisine ouverte. Ce loft est une merveille, un lieu prédestiné pour mon métier. Je me lève, sans bruit. Dans le studio qui jouxte la pièce principale, je trouve un de mes appareils, je reprends place, avale une nouvelle gorgée de ce nectar bienfaisant. Puis, l’œil dans l’objectif, je capte cet instant, je le grave, l’immortalise. Le clic ne la réveille pas, elle semble bien loin d’ici. Un léger sourire naît, j’aimerais la toucher, repositionner cette mèche de cheveux qui barre son visage. Le drap effleure sa peau, couvre un sein, dévoile le second. Une jambe découverte. Je capte chaque partie de cette beauté indécente. Je repense à la soirée d’hier. Inauguration, encore. Une de plus pour célébrer la créativité, le talent de mon père. Je m’y suis rendu sans conviction avec l’envie de tout brûler. Tous ces badauds ne savent pas qui il est. Ils ne le connaissent pas comme moi, ne subissent pas ce narcissisme pathétique, pathologique.



– Monsieur Guillemin, une

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