Aloïs
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
172 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bit-Lit - Ange déchu - 350 pages


Moi, c’est Aloïs. Vous vouliez voir ma belle gueule d’ange sur la couverture ? Raté ! Va falloir lire pour me connaître. Mais attention ! Je suis un ange déchu avant tout, et détective sans état d’âme... à dénoncer ce que l’humanité fait de pire.Un régal !


Comment cette histoire a commencé, déjà ? Ah oui ! J’étais tranquille, dans mon fauteuil du Soul Wolf, à siroter un single malt, une femme sur mes genoux, lorsque cet inspecteur de Scotland Yard a débarqué, avec son enquête qui piétinait.


Je lui aurais bien ri au nez, s’il n’avait pas eu ce regard insistant vers Andy, chanteuse irrésistible, il est vrai. J’aurais pu lui déployer mes ailes noires sous le nez qu’il ne les aurait pas vues.


Je pensais régler ça dans la journée, mais c’était sans compter sur mon passé. Vraiment, il y a des jours où tout fout le camp.



Vous allez voir, Londres est une ville pleine de surprises !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782379610691
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aloïs, la voix d’un ange


Charlie Genet
Charlie Genet



Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-069-1
Corrections : Nord correction
Concept de couverture : Didier de Vaujany
Logo du Soul Wolf : Mikaël Pennec
Pour Alix, mon mari, mon ami, mon amour, toi qui supportes mes aléas et partages ma vie. Merci d’avoir partagé ton humour avec Aloïs.
« Une nuit que j’étais
à me morfondre,
Dans quelque pub anglais
Du cœur de Londres,
Parcourant l’Amour Monstre de Pauwels
Me vint une vision… »

Serge Gainsbourg, Initials BB
1
Aloïs


Vous pensiez avoir tout vu, tout lu ? Voici l’histoire de l’ange déchu.

Les sanglots de l’homme se mêlent au solo du saxophoniste, les notes accompagnent la douleur de mes révélations. L’orchestre jazz reprend son ensemble, le trompettiste couvre les reniflements sonores de l’attristé, et le batteur s’accorde avec le rythme lent de mon cœur insensible. Je ne lève pas les yeux vers mon client. Je préfère me noyer dans le liquide ambré de mon verre. Ce n’est pas que la détresse humaine m’est indifférente, mais je n’ai pas une once de compassion pour ce mec bafoué. Les cocus, j’en reçois des dizaines par an, et ce, depuis des décennies, alors les larmes de crocodile restent mortes-eaux pour moi.
— Pourquoi ? chouine-t-il. Pourquoi m’a-t-elle fait ça ?
Phase une, l’incompréhension. Pourquoi est-ce arrivé ? Pourquoi moi ? J’en passe et des meilleures.
Si vous êtes négociant en antidépresseur, c’est le moment ! Je vous offre un client.
Je daigne enfin lever mon regard bleu-gris vers lui. Je l’observe, j’ai bien une petite idée de la raison pour laquelle sa femme l’a trompé, mais je vais éviter d’aborder le sujet, n’étant pas là pour l’enfoncer. Un suicidé ne paie pas.
— Vous n’auriez pas dû !
Phase suivante, le refus. Je suis le responsable, même si c’est lui qui m’a engagé pour ce job.
— Monsieur Blit, répliqué-je calmement, vous vouliez que je découvre ce que votre charmante épouse faisait de ses après-midi. Vous doutiez de son engouement soudain pour le bridge, et vous aviez raison.
— Elle a dû être manipulée ! s’indigne-t-il. C’est cet homme qui l’a séduite.
La phase de déni : ma femme est victime d’une machination.
— Vous lui poserez la question vous-même. Mais il ne me semble pas que ce soit le même homme sur les différentes photos.
Je n’ajouterai pas que son épouse est très entreprenante envers tout ce qui a un pénis, mis à part lui. J’ai eu l’honneur d’un tête-à-tête pour vérifier cette hypothèse. Je souris au souvenir torride de mon échange avec la jeune Mme Blit.
Il y a des avantages en nature dans tous les jobs, alors ne faites pas cette tête outrée. Je ne vais pas dire non à une petite gâterie quand c’est offert généreusement. Je suis poli !
— Comment avez-vous eu ces clichés ? renifle-t-il.
La phase du doute : ai-je bien fait mon job ?
Ma patience commence à s’étioler, j’ai horreur des pleurnichards.
— Ça n’a pas été très difficile, le Bridge est en fait un club libertin. Votre femme y est une cliente régulière. Ce club est ouvert à tous, sous condition d’acquittement du droit d’entrée, ainsi que d’être au goût des habitués présents ou d’être recommandé par l’un d’entre eux. Je n’ai eu qu’à y aller, un jour où Mme Blit s’y trouvait.
— Vous avez pu prendre des photos en toute impunité ? demande-t-il, suspicieux.
— Les minicaméras sont des merveilles de technologie et d’une discrétion parfaite.
Il se pétrifie sur son siège, les informations montent doucement jusqu’à son cerveau. Il n’y a plus de doute dans son regard, il est cocu.
— Je devrais y aller pour la confronter ! s’emporte mon client.
Phase suivante : la colère, c’est celle que je préfère.
J’avale une gorgée de mon whisky. Les émotions de ce genre sont violentes et, même si j’ai dépassé la période où j’aimais les provoquer, je ne peux m’empêcher de m’en repaître. Je ferme les yeux et apprécie l’électricité dans l’air, écoute la cavalcade des battements de son cœur, le craquement des jointures de ses poings serrés.
— Ils ne vous laisseront pas entrer, annoncé-je posément.
— Vous y êtes entré, vous, pour prendre ces photos ! s’indigne-t-il.
— Je suis un beau gosse appétissant ! le nargué-je.
Que voulez-vous, aucune femme ne me résiste ! Le privilège de ma gueule d’ange. Lui, a contrario, il a la tronche d’un gnome enrhumé.
— Vous sous-entendez que je suis moche ! s’énerve-t-il en bondissant de son fauteuil.
— Je n’irai pas jusque-là…, souris-je avant d’avaler une gorgée de pur malt.
Les clients du Soul Wolf se tournent vers nous, certains curieux, d’autres agacés d’être dérangés et, en majorité, excités à l’idée d’un éventuel bain d’hémoglobine. La clientèle de cet établissement a le sang chaud, enfin, façon de parler.
Du coin de l’œil, j’aperçois le visage fermé de Clark, le patron. Mon ami n’a pas envie de nettoyer de la tripaille sur le parquet alors que la soirée débute à peine.
Je reporte mon attention sur l’homme aux joues rebondies, au teint coquelicot de colère, avec la goutte au nez. C’est pathétique ! Il semble sur le point de faire une crise cardiaque. Ce type a besoin d’extérioriser sa rage, mais je ne suis pas d’humeur. En un regard, je lui intime de se calmer. Plutôt opposant au départ, il finit par se plier à mon injonction silencieuse, et se rassoit, les épaules basses.
— Votre colère n’est pas dirigée contre la bonne personne. Votre femme termine sa « partie de cartes » dans une demi-heure, je suis certain que vous saurez trouver les mots justes pour lui expliquer votre façon de penser.
Il extirpe un mouchoir en tissu de sa poche et souffle bruyamment. Quelle élégance ! Vraiment, cet homme a tout pour plaire !
Avant-dernière phase du cheminement du bafoué : la résilience.
— Et si je ne lui dis rien ? Je ne veux pas la perdre.
Voici l’invitation à l’enterrement de ses couilles au fond du jardin ; autrement dit, adieu fierté et dignité.
— Je ne suis pas psy, monsieur Blit, je suis détective privé. Ce que vous faites de mes résultats m’indiffère au plus haut point. Si ça ne vous dérange pas d’être le seul à ne pas baiser votre femme, alors vous êtes un mari comblé. Pour ma part, j’ai des charges à payer, j’attends par conséquent d’être rétribué pour mes talents.
OK, mon bureau est une table dans un bar et les obligations financières, mon addition.
Il acquiesce et sort son chéquier.
— Tss, nous en avons parlé avant, je ne suis pas épicier, je ne prends que le cash.
L’homme me jette un coup d’œil. Devant mon visage fermé, il fouille dans sa sacoche, attrape une enveloppe dodue et me la tend. Je ne l’ouvre pas, je la glisse dans la poche intérieure de ma veste en cuir. Mon client reste assis sur le fauteuil face à moi, le regard dans le vide : retour à la phase une.
L’orchestre s’arrête pour la pause, le set suivant est assuré par la belle Andy, avec sa voix envoûtante. Je compte bien l’écouter, me détendre, siroter tranquillement et seul mon single malt de dix-huit ans d’âge.
— N’oubliez pas de régler les consommations en partant. Clark n’est pas un barman conciliant avec les mauvais payeurs, lancé-je.
L’homme sursaute, se lève précipitamment, revêt son manteau et se plante devant moi, se balançant d’un pied sur l’autre.
— Une ultime question, monsieur Fallen, si vous me le permettez ? À combien s’élève votre service supplémentaire ?
Je le fixe, un léger sourire étire mes lèvres.
Dernière phase : la vengeance.
La partie la plus intéressante du job, vous allez adorer.

2
Aaron


Je jette un dernier coup d’œil au miroir. Je ne suis pas narcissique, mais j’aime que tout soit sous contrôle. Ma coupe en brosse est égalisée au millimètre, je vérifie la longueur de mes cheveux bruns toutes les semaines, ne laisse place à aucune folie capillaire. Mon nez droit et étroit et ma bouche fine me confèrent un air sévère que je n’essaie pas d’égayer par un sourire, ça me donnerait des allures de minot gentillet. Je ne suis pas un homme que l’on aborde dans la rue pour lui demander l’heure, pas assez avenant. Néanmoins, je suis quelqu’un sur qui on peut compter dans toutes les situations. Je ne suis pas un séducteur non plus, pourtant j’ai toujours eu du succès, je plais aux femmes. Il faut croire que mon côté inaccessible les attire, à moins que ce ne soit ma fossette au menton ou ma mâchoire volontaire.
Je vérifie mon costume bleu nuit, ajuste ma cravate, je suis prêt. Je rejoins l’assemblée de mes collègues, tous réunis dans ce restaurant pour célébrer le départ en retraite de mon binôme. Patrick Molton quitte la Metropolitan Police , dite aussi Met , après trente ans de service au sein du Grand Londres. Demain, celui qui m’a formé et qui a fait de moi le flic que je suis aujourd’hui rejoindra son épouse Irma, partie en avance dans leur maison de campagne. Cet homme fut un excellent inspecteur, sa carrière est exemplaire, même le commissaire principal a fait le déplacement pour le saluer.
Une fois tout le monde attablé, je me lève et réclame l’attention par un raclement de gorge. Le silence acquis, je fais un court laïus en l’honneur de mon collègue, lui souhaite une belle retraite et me rassois, le visage fermé, mais le cœur gros de perdre mon ami.
— Merci, Aaron, me dit-il lorsque les discussions reprennent autour de nous.
— Je t’en prie, en tant que coéquipier, je ne pouvais pas te laisser partir sans dire un mot.
— Je parle de la soirée. Je sais que ce n’est pas le grand manitou qui a organisé ça, murmure-t-il.
Pour le commissaire principal Helmut Tinler, nous ne sommes que des pions œuvrant pour son profit et sa gloire. Il y a longtemps que cet homme imbu de lui-même ne voit plus la population londonienne comme des êtres humains, mais comme un moyen de monter en grade. Chaque grosse affaire résolue, chaque gang démantelé, chaque quartier « nettoyé » lui ouvre des portes pour son ascens

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents