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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juin 2011 |
Nombre de lectures | 25 |
EAN13 | 9782296466029 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
CHANTS LIMITROPHES
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55321-7
EAN : 9782296553217
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Patrick CHUINE
CHANTS LIMITROPHES
L’Harmattan
Baal ! Baal !
Baal ! Baal !
Vaste cri percuté de rives en rivages
sous des tonnelles de fumées.
Il est venu le dieu soudain parmi les hommes-
démesure
et son souffle soufré comme des vents
de sable
aux craquèlements des façades.
Il est venu le dieu, espoir des haruspices
fouilleurs sans fin d’entrailles
complaisantes.
Il est venu comme vient un orage avec ses
avant-
gardes de grisaille et d’ozone,
démon prestigieux fleurant le soufre
et le safran
à flanc de villes hypnotiques.
Baal !
Fondus les simulacres dans le cœur arrêté
de toutes les Karthage ; fondues comme cristal
les marines silices !
Et demeure le sel des antiques baptêmes
sur le front lacéré des îles sous le temps ;
demeurent les nuages vastes passants
neigeux des océans évaporés,
et demeure le vent !
Baal !
Invoqué dans toute pierre des églises,
évoqué par le chant des foules ondoyantes,
il est venu le dieu-mangeur-d’enfants
et son souffle a brûlé le chaume
au champ des foules ondoyantes.
A vous les survivants de la guerre dernière,
ce chant, à vous ce cri sans fin lancé
aux brumes de l’oubli !
Toute pierre gardera cicatrice en forme
de souvenance gravée au feu d’une autre
pierre.
A vous les survivants en forme de fossiles,
à vous ce chant, geyser d’abyssales brûlures ;
il heurtera souvent des tympans éclatés :
Baal !
Pensée vierge arrêtée au cercle de pâles
hémisphères,
brisés reposent des éclats d’éclairs
au crépuscule du songe.
Baal !
Ton cri s’estompe dans le soir ; ton cri
s’estompe …
Les outres de peau noire pleuvent leur pluie
sans larme sur les feux allumés ;
l’enfer se tord en spasmes incendiaires …
Et le silence sous l’étoile, le silence
sur toute pierre de ce monde,
silence balsamique sur toute blessure
de vivant, silence éternel silence
pour l’ombre portée, pour l’horrible
lithographie de la mort qui se cabre …
BAAL Baal baal …
Vaste cri percuté aux murailles du songe,
qui donc vivant ou mort pourra te donner
la réplique ?
Evaporés les tragédiens dans le feu de la
herse ;
demeurent les rideaux déchirés de fumées
emphatiques ;
et le silence sur toute chose, le silence
comme une pluie d’orage,
diluvienne …
Sur des sépulcres ébauchés, les mouches
de goudron bleu orbitent en silence …
De leur jeu programmé se dressent des visages
assoupis dans leur absence de sommeil.
Profondeurs …
Silence des arbres-tentacules, du ciel où
vibre un soleil solitaire.
Calme solennité du silence aux ombres
archaïques ;
il pleut sur l’océan des larmes de lumière
blanche.
Silence :
absence du cri dans toute gorge de vivant ;
l’algue seule s’accroche au rocher
qu’elle embrasse.
Asphyxie :
triste mot contenu dans la pierre ;
rêve d’un songe, le monde n’a pas de bouche
aux bornes de l’informulé.
Des vents nouveaux s’enroulent aux pierres
transparentes, des vents
vierges de sonore vibration.
Naissance, renaissance ;
illusion écarlate d’un monde anonyme
baigné d’un placenta de diffuse lumière :
la terre vierge miroir aux vibrantes étoiles.
Au flanc des fourmilières éventrées,
les fourmis dorment leur sommeil
minéral.
A Toi l’Unique, à Toi la Femme.
-- A toi l’Unique, à toi la Femme
de l’éclair épargnée, à toi ces mots
à tout jamais gravés au tombeau de tes songes.
Je t’ai trouvée comme on trouve un coquillage
de nacre aux spirales du sable :
dans le sommeil.
Et mon tympan sur ton sein gauche
a perçu le rythme de la mer …
Sur ce désert sans fin de dunes de cristal
la soudaine étrangeté d’une vie chaude,
miracle d’un cœur et d’une cadence ;
et le souvenir des villes hypnotiques :
au loin leur squelette blanchi …
Tu es femme née de la mort :
gloire sans fin au soleil qui t’habille !
-- Qu’entre tes doigts coule sans fin
le miel de ma peau sombre !
tu es homme né de la mort ;
tu avais dans la bouche les mots
de ma naissance
et à ton front j’ai reconnu mon ancienne
blessure.
Moi
déesse vierge encore sur l’autel d’holocauste
j’attendais sans savoir l’offrande de tes
lèvres.
La pluie fait sur mon corps des perles
insolentes ;
bois, homme des temps à venir.
Et que ta soif sans fin demeure !
-- Pour toi l’Unique, pour toi la Femme
mon cœur se gonfle et ma main tremble
comme la fleur de dune.
Je sens couler le fleuve des souvenirs d&rs