Femmes iraniennes dans la pension de Montmartre
378 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Femmes iraniennes dans la pension de Montmartre , livre ebook

-

378 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Ce livre est l'assemblage de six amours malheureuses dont chacune est contée par son héroïne. Cette suite de récits a lieu à Montmartre dans une pension de famille où se trouvent réunies des femmes iraniennes d'âges et de confessions diverses. Elles montrent la profonde unité de l'expérience amoureuse et de son rapport avec le Divin quelle que soit la religion à laquelle on appartient. L'auteur s'attache à peindre avec un grand souci d'exactitude la vie intime des familles iraniennes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 26
EAN13 9782296478978
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Femmes iraniennes dans la pension de Montmartre
Mahnâz ANSÂRIÂN
Traduit du persan par
Brigitte Simon et Pierre Lafrance
FEMMES IRANIENNES DANS LA PENSION DE MONTMARTRE
Roman
Préface de Pierre Lafrance
L’Harmattan
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55830-4
EAN : 9782296558304
Préface
Doucereuse ? Fade ? Ou, au contraire, puissante ? Envoûtante ? Comment nommer l’odeur de la rose ? Mahnaz Ansarian opte pour les deux derniers qualificatifs. Dans son second roman Une pension à Montmartre , elle évoque volontiers les subtiles griseries qu’on éprouve dans la ville de Kachan quand toutes les distilleries d’eau et d’essence de rose chauffent leurs alambics. A ce degré d’intensité, les senteurs de la rose vont bien au delà de leurs amabilités coutumières et transportent d’allégresse ceux qui les hument. Il en va de même, mais plus modestement, et toujours selon l’auteur, des parfums qui se dégagent des maisons iraniennes lors de la préparation des menus de fête. Mêlée à celle du safran, l’odeur de l’eau de rose semble suggérer les bonheurs d’une vie de famille libérée de ses angoisses, de ses contraintes, de ses quotidiennetés.
C’est donc sous le signe de la rose, comme autrefois le grand Saadi, que Mahnaz écrit. Elle brandit fièrement le vase contenant cette eau de rose dont on use dans notre langage familier pour dénigrer le roman d’amour. Cependant, nos prétendus dédains ne sauraient faire illusion : le premier grand roman français ne fut-il pas le Roman de la Rose ? Et l’œuvre fondatrice de notre tradition romanesque moderne n’est-elle pas La Princesse de Clèves, cette tragédie de l’amour extrême et mortel ?
Une pension à Montmartre n’est pas un seul roman d’amour mais la rencontre de plusieurs d’entre eux qui se répondent l’un à l’autre comme les chants d’une polyphonie et se trouvent réunis en un commun désespoir, un même appel de dernier recours à la consolation divine, tout en étant vécus par six iraniennes de religion différentes : une chrétienne, une sunnite, une juive, une zoroastrienne et deux chiites. Ces femmes s’accordent, en suivant chacune sa propre tradition spirituelle, à mesurer ce qui, dans l’amour, se rapporte au divin, au mystère et au miracle.
Pourquoi Montmartre ? On n’ose formuler la réponse tant elle paraît aller de soi telle que l’on donnée les peintres d’une « belle » grande et triste époque. Le lieu n’est-il pas, à sa manière une « colline inspirée ». L’histoire du triple martyre qui lui donna son nom n’y diffuse-t-elle pas une impalpable sacralité ? Et puis, la chansonnette célébrant un autre martyre : « A s’appelait Rose, a l’était belle, a sentait bon la fleur nouvelle » ne mêle-t-elle pas rose, amour, infortune et quelques saintes innocences, tout cela sur les pentes de « la Butte » ?
L’auteur a donc perçu que le meilleur lieu où parler d’amour malheureux était Montmartre et méritait qu’on y vînt de la lointaine Perse.
C’est ce que font les six femmes, certaines toutes jeunes, d’autres moins. A tour de rôle, elles se conteront leurs malheurs, mesureront la folie de leurs espoirs et trouveront dans l’interpellation des puissances célestes et la prière une certaine acceptation de leur sort, une paix intérieure qui leur faisait radicalement défaut sous leur propos enjouées, leurs rires, leurs plaisanteries. En outre, c’est dans le partage de leurs peines, dans l’amitié qui s’approfondit entre elles et dans l’usage de la parole libératrice qu’elles trouveront la voie d’une mélancolique sérénité.
Là n’est pas le seul sujet du livre. L’auteur parle, bien entendu, de la découverte de Paris par ces iraniennes, de leurs surprises, de leurs émotions dans cette ville cosmopolite et inventive.
Bien plus, la description de leurs journées dans la pension où elles sont rassemblées, le récit que chacune fait de sa propre expérience permettent de connaître, jusque dans ses infimes détails, la vie des iraniens, de leurs familles, de leurs cercles d’amis. Ainsi, le livre nous initie aux divers aspects de leur sensibilité et de leur sociabilité, sans oublier les charmes divers de leur cuisine. On a rarement répondu avec autant de sérieux et de minutie à la plaisante question de Montesquieu : « Comment peut-on être persan ? ».
En fait, l’auteur, en tant que professionnelle du film et de la série télévisée, sait relater avec une précision de scénariste la vie de ses personnages au fil, non seulement des jours, mais des heures et des minutes. Cela conduira le Dr. Kroumirs Monchizadeh qui a préfacé la seconde édition du livre à remarquer, chez l’auteur, un sens tout « balzacien » du détail.
Au long du roman courent, par ailleurs deux interrogations. La première porte sur le comportement masculin. Pourquoi est-il à ce point énigmatique pour les femmes ? Dans le récit, transparaît une constante relevée par le préfacier iranien : les femmes font porter leurs attentions, leurs soins, leurs forces sur le perfectionnement de l’« ici », que ce soit la pension ou maison familiale ? Alors que les hommes, ont presque tous, la nostalgie d’un « ailleurs ».
Plus grave encore est l’autre question sans cesse posée : qu’est ce que le destin ? Comment s’accommoder de son injustice ? Là, vient un « repons » régulièrement entonné au nom des diverses confessions dont se réclament les six amies. C’est une profession de foi qu’on pourrait presque qualifier de quiétiste : Dieu est bon ; tout advient selon Sa volonté ; notre destin ne peut être contraire à notre bien ; en dépit des apparences, toute épreuve doit permettre d’accéder à une paix insoupçonnée.
Étrangement, cette affirmation est répétée avec une particulière constance par celle dont l’histoire est la plus douloureuse, la maîtresse des lieux, encore jeune, souffrant en toute discrétion et la dernière à conter son malheur.
Contre l’amour lui même, nulle révolte. Aucune des six femmes ne le met en accusation. Bien au contraire, il est « miracle » comme le rappel très souvent une des héroïnes, par un tour de force symbolique et divertissant. Surtout, il est grâce. Toutes s’accordent à le reconnaître.
Mais qu’est ce que la grâce ? La fin du roman tente de répondre à cette question : la grâce n’est jamais due, elle ne s’obtient pas ; elle est donnée de surcroît. C’est ce qui se révèle le jour où les six femmes, toutes gagnées par l’esprit de renoncement, célèbrent ensemble « l’a choura », cette cérémonie de deuil et de rédemption. Alors, les cloches du Sacré-Cœur n’ont plus qu’à sonner.
A travers deux mondes bien particuliers, celui de Montmartre, celui de l’Iran et par delà les différentes appartenances religieuses des personnages, l’auteur nous offre l’occasion d’une réflexion de portée universelle.
Pour autant, il n’a aucune prétention didactique, se garde d’émettre le moindre « message » se bornant à laisser librement courir son imagination romanesque.
Comme l’a relevé son préfacier, professeur de lettres à l’Université iranienne, notre auteur ne se contente pas d’explorer des « territoires » variés et ne nous fait jamais perdre de vue « la Terre ».
Ajoutons que le soin d’écrire, et d’écrire juste anime Mahnaz Ansarian. Ainsi joue-t-elle en permanence de trois niveaux de langage : celui, littéraire et soigné, de l’écrivain lui même, celui, de bonne tenue mais résolument oral dont use chacune des narratrices et qui, en français, exclut le passé simple, l’imparfait du subjonctif et diverses inversions, celui, franchement familier des jeunes filles se parlant entre elles.
Pierre Lafrance
Offrande à la terre
Remerciements à tous ceux qui ont contribué à la parution de ce roman en France, en particulier à Benedicte Heriard qui a donné généreusement une bonne part de temps à La pension de Montmartre et à Aichetou, l’auteur d’origine mauritanienne qui a écrit, entre autres, L’Impossible retour 1 et dont l’apport pour la publication de ce roman a été précieux.
1 Aichetou a écrit une dizaine de récits dont le premier, L’Impossible retour - très autobiographique - est paru a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents