Le pain de l amertume
202 pages
Français

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Le pain de l'amertume , livre ebook

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202 pages
Français

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Description

L'action se situe au Maroc. Bilal est un jeune maghrébin sans emploi et sans ressource. Bilal s'est juré de ramener à sa petite soeur la poupée dont elle rêve. Un jour, son destin bacsule. Arrêté à la douane algérienne pour détention de drogue, Bilal va connaître l'enfer de la prison. Incarcéré avec des droits communs, il se lie d'amitié avec Farid, un jeune détenu.
Une rencontre insolite, deux destins qui se croisent, forment la trame de cette histoire incroyable...et inquiétante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 228
EAN13 9782296695870
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le pain de l’amertume
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan

Halima BEN HADDOU, L’Orgueil du père, 2010.
Amir TAGELSIR, Le Parfum français, 2010.
Ahmed ISMAÏLI, Dialogue au bout de la nuit, 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge, 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent, 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés, 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l’esprit, 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon . Une jeunesse 70, 2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes, 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l’espoir, 2009.

Dernières parutions dans la collection écritures arabes

N° 232 El Hassane AÏT MOH, Le thé n’a plus la même saveur , 2009.
N° 231 Falih Mahdi, Embrasser les fleurs de l’enfer, 2008.
N° 230 Bouthaïna AZAMI, Fiction d’un deuil, 2008.
N° 229 Mohamed LAZGHAB, Le Bâton de Moïse, 2008.
N° 228 Walik RAOUF, Le prophète muet, 2008.
N° 227 Yanna DIMANE, La vallée des braves, 2008.
N° 226 Dahri HAMDAOUI, Si mon pays m’était conté, 2008.
N° 225 Falih MAHDI, Exode de lumière, 2007.
N° 224 Antonio ABAD, Quebdani, 2007.
N° 223 Raja SAKKA, La réunion de Famille, 2007.
Titel


Haytam ANDALOUSS Y


Le pain de l’amertume


roman
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11404-3
EAN : 9782296114043
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Un peu d’injustice pousse les peuples à la soumission.
Beaucoup d’injustice les pousse à l’exode.
J. A. Becker
CHAPITRE PREMIER
La grande salle était de plus en plus bruyante. Je regardai vers l’orchestre, encore vide de ses musiciens et de ses chanteurs. Des serviteurs s’affairaient autour de nous, tenant à bout de bras des plateaux garnis de gâteaux de toutes sortes.
Nous étions réunis pour le mariage de mon ami Rachid Rochdy. Ce dernier venait de me faire entrer par la porte de service. Nous avons traversé une pièce où des hommes, en blouse blanche et couvre-chef, étaient occupés à disposer des plats cuisinés, tous plus sophistiqués les uns que les autres.
Je regardai les convives et parmi eux quelques visages que je n’avais pas revus depuis longtemps. Comme quoi, le monde est petit.
Il y avait dans cette célébration de mariage une ambiance presque surréaliste. Le père de Rachid était une personne aisée, propriétaire notamment d’une chaîne d’hôtellerie. Il était devenu, depuis peu, un fervent partisan de la lutte contre la fracture sociale. Outre les familles du quartier qu’il leur arrivait de côtoyer, il avait demandé à son fils d’inviter tous ses anciens camarades dont la plupart étaient issus de familles modestes. Rachid avait ratissé large, si bien que l’ambiance oscillait entre soirée mondaine et soupe populaire. Cela eut pour conséquence de rebuter certains proches qui trouvèrent une excuse pour se dérober à la cérémonie.
Les invités étaient au complet et l’on eut droit à l’incontournable thé à la menthe.
Réparties dans la salle, il y avait quatre tables surélevées sur des estrades. Elles étaient chichement décorées et à chacune d’elles, un homme trônait en habit traditionnel. Il préparait le thé en procédant à l’infusion du breuvage. Devant chaque préparateur, une centaine de verres à thé étaient répartis sur deux larges plateaux circulaires en argent finement ciselés. Les théières étaient grandes et de même éclat. Le costume du préparateur indiquait sa région d’origine. À chaque service, le thé ne sera donc pas préparé de la même façon, ce qui lui donnera, d’un plateau à l’autre, un goût et un bouquet unique.
Ces tables aménagées constituaient chacune une place d’honneur. Elles avaient même plus d’allure que l’orchestre. Le protocole était ainsi respecté. J’avais peine à imaginer que cette boisson traditionnelle, servie en toute occasion, ne datait en fait que du dix-neuvième siècle. Elle était pratiquement inconnue de nos ancêtres, et sa consommation ne remonte qu’à quelques générations à peine.
De nos jours, elle est devenue un emblème national. Son histoire constitue une véritable révolution culturelle. Il y eut un avant, et il y eut un après.
Malheureusement, dans toute consommation de masse se cache le revers de la médaille. Le thé à la menthe, servi très sucré, a favorisé le développement du diabète dans le pays. Mais là, c’est une autre histoire.
Tout à coup, l’animation monta d’un cran. Un groupe de musiciens accompagnés de leurs instruments venaient d’entrer et se dirigeaient vers l’orchestre.
J’aperçus également le père de Rachid au milieu des convives. Dominant le brouhaha de la salle, sa voix retentit pour nous souhaiter la bienvenue. Cela suscita une volée de vœux et de bénédictions à son encontre.
Rachid était rayonnant de joie. L’organisation du mariage se déroulait sans accroc et cela contribua à lever ses dernières appréhensions. Il est vrai qu’il était aidé par ses amis, Bilal et Abd-el-Karim, qui se sont occupés jusqu’à la dernière minute de la salle.
Les trois jeunes gens étaient heureux de partager ces instants de fête. En les voyant, je ne pus m’empêcher de penser à cette phrase du Coran : « À côté de l’adversité est une facilité. »
Car Rachid, Bilal et Abd-el-Karim revenaient de loin. Il y a un an encore, ils croupissaient dans une prison algérienne pour une affaire de drogue. Ils s’étaient fait arrêter au cours d’un voyage qui devait les mener en Libye.
Je me disais, non sans un certain malaise, que s’ils avaient été pris au bout de leur voyage, ils eussent probablement risqué la peine de mort. Et nous ne serions peut-être pas ici ce soir pour fêter ce mariage. La justice libyenne est expéditive, mais elle est surtout connue pour le sort qu’elle réserve aux clandestins qui tentent de se rendre en Europe via son territoire. D’après les recoupements de nombreux témoignages, il y aurait deux mille disparus marocains, et autant de subsahariens, dont les familles restent sans nouvelles.
Oui, mes amis revenaient de loin. Leur mésaventure serait restée ignorée si un fait divers ne m’avait poussé à la raconter. Un événement qui éclaire d’un jour nouveau leur histoire et m’a amené à m’intéresser à d’autres protagonistes qui ont croisé leur chemin. Voici, à la lumière de ce qu’ils ont vécu et du témoignage qu’ils m’ont rapporté, leur incroyable péripétie.
CHAPITRE SECOND
Ce matin-là, Bilal Sénéghaly avait les paupières lourdes. L’appel du muzin {1} venait de le tirer doucement du sommeil, mais il avait du mal à ouvrir les yeux. Il resta allongé quelques minutes avant de se redresser sur son lit. Puis il se dirigea vers la salle de bain pour aller faire ses ablutions.
L’eau finit de le réveiller complètement. Bilal enfila sa tunique, puis se rendit à la mosquée pour la prière de l’aube.
La petite mosquée de quartier se dressait sombre dans la nuit toujours présente malgré la lueur du jour qui pointait à l’est. Le minaret carré, caractéristique de l’art monumental africain, dominait l’ensemble architectural.
Après la prière, Bilal avait l’habitude de se retrouver avec son ami Abd-el-Karim Sékendri. Les deux amis décidèrent d’aller déjeuner ensemble. Ils se rendirent à un petit restaurant populaire qui oscillait entre la mansarde et le galeta. Puis ils prirent place autour d’une vieille table en bois. Il y en avait plusieurs dans la salle, elles étaient presque toutes identiques et recouvertes d’une nappe en plastique de même couleur.
Un homme se détacha d’un minuscule comptoir et s’approcha d’eux. Les deux jeunes gens commandèrent leur petit déjeuner. Il s’agissait d’une soupe à base d’orge servie dans un bol dans lequel on ajoute une mesure d’huile d’olive.
Ils n’attendirent pas longtemps. L’homme revenait déjà avec un plateau sur lequel étaient posés deux bols fumants. En fait, le restaurant était connu pour sa soupe ap

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