UN FILS DIFFERENT
206 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

UN FILS DIFFERENT , livre ebook

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206 pages
Français

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Description

Ce roman nous entraîne à la découverte des réalités d'un amour fusionnel entre Dylan, descendant de négriers, et Ednar, arrière-petit-fils d'esclaves. Jean-Claude Janvier-Modeste dévoile le destin infernal du jeune Ednar, lié à son attachement pour le petit béké, qui durera plusieurs décennies. L'auteur démontre que la religion, l'éducation et la morale, parfois, dans leur insincérité, chamboulent toutes les vérités sur ce sujet tabou dans les îles, et remet en question les principes d'une société antillaise plongée dans le fanatisme et le rejet de la différence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 30
EAN13 9782296466579
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un fils différent
Lettres des Caraïbes
Collection dirigée par Maguy Albet

Déjà parus

Beaudelaine PIERRE, La Négresse de Saint-Domingue, 2011.
SAST, Le Sang des Volcans, 2011.
Claire Marie GUERRE, Clone d’ange, 2011.
Sabine ANDRIVON-MILTON, Anatole dans la tourmente du Morne Siphon, 2010.
José ROBELOT, Liberté Feuille Banane, 2010.
Yollen LOSSEN, La peau sauvée, 2010.
Sylviane VAYABOURY, La Crique. Roman, 2009.
Camille MOUTOUSSAMY, Princesse Sitā. Aux sources des l’épopée du Rāmāyana, 2009.
Gérard CHENET, Transes vaudou d’Haïti pour Amélie chérie, 2009.
Julia LEX, La saison des papillons , 2009.
Marie-Lou NAZAIRE, Chronique naïve d’Haïti, 2009.
Edmond LAPOMPE-PAIRONNE, La Rivière du Pont-de-Chaînes, 2009.
Hervé JOSEPH, Un Neg’Mawon en terre originelle. Un périple africain, 2008.
Josaphat-Robert LARGE, Partir sur un coursier de nuages, 2008.
Max DIOMAR, 1 bis, rue Schoelcher, 2008.
Gabriel CIBRELIS, La Yole volante, 2008.
Nathalie ISSAC, Sous un soleil froid. Chroniques de vies croisées, 2008.
Raphaël CADDY, Les trois tanbou du vieux coolie, 2007.
Ernest BAVARIN, Les nègres ont la peau dure, 2007.
Jacqueline Q. LOUISON, Le crocodile assassiné, 2006.
Claude Michel PRIVAT, La mort du colibri Madère, 2006.
Danielle GOBARDHAN VALLENET, Dumanoir, l’incroyable destinée , 2006.
Max DIOMAR, Flânerie guadeloupéenne, 2006.
Le Vaillant Barthélemy ADOLPHE, Le papillon noir , 2006.
Christian PAVIOT, Les fugitifs , 2006.
J ean- C laude J ANVIER- M ODESTE


Un fils différent
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55404-7
EAN : 9782296554047

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A mon amie Renée Ravoteur pour ses conseils
et sa collaboration à la correction de ce livre ;
qu’elle trouve ici l’expression de ma profonde gratitude.


A Olivier C. pour la photo de couverture.
L’introversion comme l’extraversion est souvent la face cachée qui couvre le drame.


Aux personnes victimes de l’homophobie.
CHAPITRE I LE GRAND MÉPRIS
Le sort voulut qu’Ednar naisse le 14 juillet 1939 dans un petit village situé dans le Nord de la Martinique. C’était le jour où la « Jeanne d’Arc » arriva dans l’île, avec le ténébreux amiral Robert Georges Achille Marie-Joseph qui s’installa au « Lido », puis à « L’Amirauté » qui se situait à Didier sur les hauteurs de Fort-de-France. « Cette période de guerre est à classer parmi les années les plus tristes, les plus difficiles, et les plus sombres de l’histoire de notre pays. Les trente-six mois durant lesquels l’île fut sous l’autorité administrative, politique, économique et militaire de l’amiral Robert ont laissé des traces indélébiles pour ses contemporains. La mémoire populaire, disons plutôt l’inconscient collectif des Martiniquais, a été profondément marquée. Au demeurant pour évoquer cette période de misère, on parle « en tan Robè (du temps de Robert) » - documentation : Histoires antillaises 1982, éditions Grosdésormaux -
Ainsi durant ces années sombres, quelque part dans l’île, Eloi fonctionnaire à la poste épouse dans l’intimité, entre deux témoins, Adesse, repasseuse à domicile, malgré l’opposition de leurs familles.
Ednar était le benjamin d’une fratrie de cinq enfants. Dès son plus jeune âge, c’était un gamin turbulent, extraverti mais d’une grande sensibilité ; il était très proche de sa mère. Comparé à son aîné Eloi junior (plus connu comme Ti Éloi) brillant élève en études à la ville, Ednar était un élève plutôt dissipé, blasé, paresseux même. Le comportement et la complexité de ce frère négligeant les études exaspèrent Ti Eloi. Incontestablement s’installe une situation conflictuelle entre Ednar et son frère de douze ans son aîné. Ainsi, dès l’âge de sept ans, Ednar se trouve sous l’emprise de Ti Éloi. Sa vie devient rapidement un calvaire interminable subissant insultes et brimades de celui dont il est le souffre-douleur. Personne à la maison ne voit s’ouvrir sur cet enfant les portes de l’enfer. Adesse, sa mère, ne songe qu’à s’occuper du grand Éloi ; l’époux, lui, était retenu au lit par une pleurésie longtemps mal soignée. Naguère on échappait rarement à cette infection qu’on combattait à coups de tisane. Jusqu’à son adolescence, Ednar, à vrai dire, n’a jamais su réellement de quelle maladie avait souffert son père. A la mort de ce dernier, Ednar n’avait que dix ans. Le choc fut terrible pour ce gamin qui éprouva un sentiment de révolte face à cette injustice que lui infligeait la vie. Après cette immense tragédie, Adesse devint le seul refuge pour son petit garçon ; se sentir protéger plus que jamais lui était devenu indispensable. Et pour cause, à sept ans, ce garçonnet subit des attouchements sexuels de la part d’un collègue de travail de son père. Malheureusement, sachant que personne ne s’intéresserait à son problème, il ne put se confier. Man Éloi (Adesse), sa mère, ne détectait pas les soucis de son fils, ni à quel point il était martyrisé par son frère. Il ne put jamais trouver les mots pour exprimer son désarroi et sa souffrance. De plus, compte tenu de ses résultats scolaires, il se savait en position de faiblesse. Il était le seul enfant de la famille à ne pas aimer l’école pendant que Ti Éloi s’acharnait à réussir sa formation de pilote de ligne. Une brillante carrière dans l’administration était promise à son frère Hugues, tandis que ses jeunes sœurs Myrté et Elmire se passionnaient pour leurs études. Elles visaient le « bachot » qui leur permettrait d’accéder à la Faculté. On ne sait pour qu’elle raison, Adesse était incapable de défendre Ednar contre la tyrannie de son grand frère. Et voilà qu’en plus de toutes ces difficultés, un autre drame s’ajouta à son calvaire. Une nouvelle tentative d’agression sexuelle perpétrée par Octave, l’un des meilleurs copains de son frère Hugues.
À onze ans, la vie d’Ednar commençait par une descente aux enfers, cet abîme qui déjà le convoitait en le livrant à la merci et à l’incompréhension des personnes censées l’aimer et le protéger. Affecté par ce sentiment de culpabilité, cet enfant ne put dévoiler les secrets trop lourds à porter dans son cœur. Jamais dans sa famille il n’osa avouer son malheur dans le sous-bois. Il en parla à demi mots à ses copains de classe, qui eux non plus n’avaient pas le droit de répéter ces choses-là aux grandes personnes. À l’époque, il n’était pas permis aux jeunes enfants de dénoncer les perversités ni les égarements des anciens. Cependant, face à Octave, malgré sa peur, il garda son sang-froid, ce qui lui permit d’éviter les sévices. – Si tu ne me laisses pas tranquille je raconte tout à ma mère. Son courage paya ; Octave prit peur et rétorqua : « D’accord, j’arrête, mais tu ne dis rien à personne. Pour s’assurer de son silence, son agresseur lui proposa une multitude de cadeaux ; mais Ednar refusa. Néanmoins, un problème se posait à lui : il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où il se trouvait, et pensait avoir encore besoin de l’aide de ce sinistre individu pour retrouver son chemin. Ses intimidations ayant payé, son agresseur le laissa tranquille et le raccompagna. À peine eut-il reconnu sa route, qu’Ednar pressa le pas et rejoignit en courant le domicile familial. Évidemment, il ne dit rien à personne. Même si Octave n’était pas allé au bout de ses intentions, le jeune garçon pestait de rage d’avoir été la proie de ses désirs, même inassouvis. Hormis la révélation de sa mésaventure à ses camarades de classe qui, depuis, traitaient Octave de « sacré makoumè » (espèce de pédé), ces faits qu’il terrait en lui n’eurent pas de grandes conséquences pour Octave. Il se sortait à bon compte de son agression. Mais pour Ednar, la peur de passer pour un « ti makoumè » lui rongeait les tripes. Ce traumatisme i

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