Un papillon dans la marge
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Un papillon dans la marge , livre ebook

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Description

« Je marche sur les chemins en brodequins. J’y croise des hommes solitaires, comme moi. J’ai moins de biceps mais on vit le même univers. Le matin, j’oublie le miroir et je file ouvrir le parc aux brebis. Toute la journée, je les guide dans la montagne. Ce métier, je l’ai choisi. Je suis bergère, moi, Léa, une parmi les autres. » Quand un intrus vient bousculer la quiétude de l’alpage, Léa découvre qu’il n’est pas forcément plus simple de comprendre les humains que les brebis. Sa curiosité et sa bienveillance vont lui permettre d’accéder à l’univers insoupçonné d’un enfant autiste, qui l’aidera à se découvrir autant qu’elle l’aidera à s’ouvrir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2019
Nombre de lectures 10
EAN13 9782842066963
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0796€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un papillon dans la marge
Un papillon dans la marge
La bergère et ’enant
Héène Armand
© La Fontaine de Siloé MND Difusion 38 avenue Jean Jaurès 73000 Chambéry Tél. 04 79 68 22 15 www.ontainesiloe.com contact@ontainesiloe.com
Maquette couverture :La Fontaine de Siloé Maquette intérieure et mise en page :La Fontaine de Siloé
Dépôt légal :novembre 2019
La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou repro-duction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’au-teur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. » (article 40, alinéa 1). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les arti-cles 425 et suivants du Code pénal. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
© a Fontaîne de Sîoé, 2019 ïSBN : 978-2-84206-696-3
Sommaire
ï ne aut rîen oubîer ................................................ 7 « Cette année, je seraî seue » ..................................... 15 Un té en apage ....................................................... 27 Des résîstants ont aîssé eur vîe ................................. 37 Foutez-moî a paîx ! ................................................... 45 Quand rôde a peur ................................................... 55 « Tu as tué maman ! » ................................................ 69 ’écrîvaîn ................................................................... 87 e vîeux berger et ’enant percé .............................. 99 e tîmbré entre sans rapper ...................................... 111 Tout de suîte ’éternîté............................................... 121 Peîn été .................................................................... 131 Conessîons ............................................................... 143 Descente d’apage ...................................................... 159 Fîn sans In................................................................ 175 Gossaîre ................................................................... 179 Remercîements.......................................................... 183
Il ne faut rien oublier
éa sourît. Sans a rassurer, ’îdée uî pat. Ee saît que ce ne sera pas une saîson comme es autres. Maîs ee a coîsî. Ee vouaît poursuîvre son rêve. De soîtude, de sîence et d’actîon. dîraît que tu as toujours queque cose à prouver, ma éa, uî On avaît dît sa mère avant qu’ee ne quîtte a maîsonnette quî uî tîent îeu de camp de base, courbée sous e poîds peîn de promesses de son sac à dos et de son gros baucon. pars me réînventer, Ma-Man. Je en as de drôes de mots, ma éa. Tu
Ee aîme entendre résonner es syabes trîompantes. Ee dît Ma-Man comme sa mère dît pus sobrement Ma éa. Ee pourraît aussî dîre Ma-hîde puîsque c’est e prénom de Ma-Man. Quand ee est avec ee, ee ance es deux syabes à a voée, à tout bout de camp, comme on sèmeraît un ymne à a joîe. Un prétexte à souîgner e boneur d’avoîr cette mère-à, une certîtude de pouvoîr tout uî dîre, tout uî deman-der, un sentîment d’excusîvîté, une possessîon aussî douîette qu’une couette duveteuse dans aquee ee peut se réugîer.
a couette justement ! ï ne aut pas ’oubîer.
ï ne aut rîen oubîer• 7
Matîde est venue aîder sa Ie aux dernîers préparatîs. éa part a-bîter oîn, pour cent vîngt jours au moîns, cent quarante au pus, seon e temps qu’î era. ï ne aut rîen emporter de trop et ne rîen oubîer du nécessaîre. à-bas, ee devra se débrouîer seue, s’occuper des bêtes et aîre ses portages. Ee ne saît combîen de oîs ee aura à déménager d’un caet à ’autre, ee ne saît combîen de dénîveé ee aura à parcou-rîr avec son barda sur e dos, d’un étage à ’autre. es étages sont auts en apage. Troîs cents, quatre cents mètres. Ça aît de grandes marces.
C’est toujours comme ça à ’annonce de a saîson d’estîve*, tout un carîvarî qu’î aut organîser. Maîs ceuî-cî est partîcuîer. éa ne saît pas très bîen où ee va.
Ressortîr es tenues de travaî. Une armada de vêtements tecnîques. Pantaons de randonnée, vestes poaîres, sous-vêtements termîques, des caussettes conortabes, un ponco de puîe, un parapuîe, des bottes…  Quand on se prend a Lotte tout e jour et pusîeurs jours d’aiée, î n’y a pus rîen quî tîent au sec.  Coîsîs bîen tes caussures, ma éa, dît sa mère.  J’en prends deux paîres. T’înquîète, ce sont de très bonnes caus-sures de marce. Quand ’une sèce, ’autre est aux pîeds. Toujours une paîre en servîce commandé. ne vas tout de même pas avoîr de a puîe tous es jours ma éa  Tu !  Ben non. ï en aut aussî pour es bees journées, des sorts, des t-sîrts, un capeau de toîe.
éa espère bîen qu’î y en aura à prousîon, de ces bees journées enso-eîées quî donnent du cœur à ’ouvrage, même à où ee va, dans es Apes du Nord, oîn de son Sud-Ouest nata.
Mère et Ie înspectent, trîent, puîs rouent un à un es vêtements avant de es déposer bîen serrés es uns contre es autres dans un vaste sac de baroudeur. Seon a texture ou ’usage, îs ont retenu de a saîson pré-cédente es onduatîons de ’erbe ou es couures de a puîe, enermé e soeî ou a nuît. Et surtout gardé ’odeur des toîsons. Même avés,
8 •Un papîon dans a marge
nettoyés, aérés, îs n’ont pas oubîé e parum des brebîs. éa aîme cette senteur ronde, puîssante, enveoppante, de caîr et de musc. Quand ee garde e troupeau, que es bêtes caument* après avoîr aît eur ventre*, î uî arrîve de poser sa tête sur ’une d’ees, a moîns arouce. e nez dans a aîne, ee ume, à grandes ampées odorantes.
Avant de boucer son sac à dos dans eque ee a soîgneusement ran-gé a îtanîe des îndîspensabes du quotîdîen – couverture de survîe, jumees, guêtres, gants, bonnet, ampe rontae, nécessaîre de secours – ee ajoute une énorme trousse de toîette, gonLée par a prévîsîon de pus de cent jours de crèmes et de soîns de beauté, un mîroîr, un vernîs à onges, un mînî-Lacon de parum, on ne saît jamaîs, une petîte bote enermant précîeusement deux paîres de bouces d’oreîes, deux caîers, des crayons de papîer, et quatre îvres de ses amours d’auteurs qu’ee pourraît îre et reîre à ’envî. Ee a coîsîLes dernîères nouvees de Jîm Harrîson,C’est une chose étrange à a In que e mondede Jean d’Ormesson,La Quarantaînede Jean-Marîe Gustave e Cézîo etMen-dîants et orgueîeuxd’Abert Cossery qu’ee adore par-dessus tout. Des îvres qu’ee peut îre et reîre sans se asser. Ee auraît vouu partîr aussî avecLa petîte Ie de Monsîeur Lînhde Pîîppe Caude,L’attrape-cœur de J.-D. Saînger,Un thé au Saharade Pau Bowes.
«Ce seraît extraordînaîre de boîre un thé au Sahara en attrapant e cœur de a petîte Ie de M. Lînh.» Tout ça sur un Lanc de montagne apîne.
Et sî ee pouvaît attacer une petîte carrîoe à son sac à dos, ee y auraît mîs en vrac et avec paîsîr Marguerîte Duras, Ferdînand Céîne, Abert Camus, Dorîs essîng, Pîerre otî, Marguerîte Yourcenar, Ernest Hemîngway… queques grands russes, Gontcarov et Dostoevskî, et pourquoî pas Rîmbaud, Votaîre, Prévert. J’en passe… et j’en passe… Du beau monde. Des grands cassîques, de bees syntaxes, des mots coîsîs, des prases ébouîssantes, des rytmes sans caut. Des auteurs quî vous entranent dans eur îstoîre, sans vanîté de ne se aîre com-prendre que d’eux-mêmes en usant d’écrîtures égostes.
Cassîques maîs écectîques, ses coîx sont toujours passîonnés. Dès es premîères îgnes, ee saît. Aussîtôt, ee prend possessîon du îvre et se donne en une ecture, comme une ongue étreînte. Ee ofre à a sa-
ï ne aut rîen oubîer• 9
veur des mots toute sa déectatîon et vampîrîse ’auteur au-deà de son îmagînaîre. Ee souîgne, annote, grîfonne, aît des ajouts, questîonne, corne… s’adonne à une savante trîturatîon étîcîste. Puîs ee e aîsse reposer et ne ’oubîe pas. Sî pus tard ee e reprend, ce n’est jamaîs comme a premîère oîs. a conversatîon reprend avec de nouvees découvertes, de nouveaux étonnements ; ee re-souîgne, re-annote, re-grîfonne… re-martyrîse amoureusement e texte avec une pus grande ardeur que a premîère oîs.
Maîs a carrîoe seraît de trop. En apage, es journées ne aîssent que peu de répît et es nuîts sont courtes. Ee ne trouveraît pas sur ses nouvees terres e dîvan d’Obomov* quî încîte à a paresse. Bîen que d’une în-teîgente conversatîon, tout ce petît monde parvîendraît tout de même à perturber sa soîtude.
«ï auraît au que je garde des chèvres dans a garrîgue pour avoîr e temps de îre.» Sî ee pouvaît aussî trouver des petîts temps d’écrîre, pour ee sîmpement, ses aspîratîons et ses înspîratîons au rytme de ses îbres respîratîons. Et e temps de crayonner queques dessîns, tout-petîts, quî ne prennent pas de pace maîs quî gardent a mémoîre. Ee ajoute en-core, dans une des poces extérîeures, un carnet d’esquîsses, une petîte poîgnée de crayons, une bote de pastes. Pour satîsaîre aux oîs de ’équîîbre, s’înterrogeant devant a seconde poce béante, ee y ourre sans ésîter son mînî-dîctîonnaîre, une pîèce matresse, puîs s’empare au asard de deux ou troîs des pus petîts ormats de sa bîbîotèque, ceux qu’ee appee ses îvres naîns qu’ee dénîce au gré de ses mu-sardes dans es brocantes ou es îbraîrîes. Sans même en îre es tîtres, ee es ourre dans ’espace resté îbre. Ee est satîsaîte de ’ordre étabî dans ses bagages et dans sa tête. Tout y est. Sa vîe peut commencer, à-bas. te aîsse ermer a porte. Je t’appeeraî dès que je pourraî. Bîsou Je Ma-Man.  Au revoîr, ma éa.
éa voît sa mère rapetîsser dans e rétrovîseur. Sa robe Leurîe Inît par se conondre avec a praîrîe prîntanîère, sa ceveure de bé mûr par s’emmêer dans e vert cru des jeunes pousses. Aînsî, sur a ongue îgne droîte, jusqu’au tournant de a route. Matîde reste îmmobîe sur e
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