Réformer l ENA, réformer l élite
171 pages
Français

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Réformer l'ENA, réformer l'élite , livre ebook

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Français

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Description

Nos élites ont perdu la confiance des Français. Mal préparées à défendre les intérêts français en Europe, insuffisamment formées à maîtriser les enjeux économiques qui touchent le quotidien de millions de Français, ayant perdu tout lien avec la défense et l'institution militaire, elles sont entretenues dans une approche universaliste et naïve du monde... L'auteur propose un projet de réforme de l'ENA audacieux et réaliste, ayant valeur d'exemple pour nos filières d'élites et pour notre système éducatif.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 117
EAN13 9782336260891
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation... Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions
STEIWER Jacques, De la démocratie en Europe , 2008.
GARDERE Elisabeth et Jean-Philippe, Démocratie participative et communication territoriales. Vers la microreprésentativité , 2008.
PARANQUE Bernard, Construire l’Euro-Méditerranée , 2008.
SAVES Christian, Sépulture de la démocratie. Thanatos et politique , 2007.
VEVE Eric, Elections de mars 2008. Les clés pour comprendre les enjeux , 2008.
GUNSBERG Henri, Le lycée unidimensionnel , 2007.
SCHNEIDER Bertrand, France : la grande transition du XXe au XXIe siècle , 2007.
URTEAGA Eguzki, La politique d’immigration du gouvernement basque , 2007.
GROU P., CICCHINI J., HAMARD G., MERTENS-
SANTAMARIA D., Pour un redécoupage des régions françaises. Mondialisation économique et taille des régions , 2007.
FAURE Alain et NEGRIER Emmanuel (sous la dir.), Les politiques publiques à l’épreuve de l’action locale , 2007
USANNAZ Emile, Refaire société , 2007.
BOURSE Michel, Eloge du métissage , 2007.
FERRAND Eric, Quelle école pour la République , 2007.
POITOU Philippe, Le livre noir du travail , 2007.
HELDENBERGPI Anne (sous la dir.), Les démarches qualité dans t’enseignement supérieur en Europe , 2007.
Gilbert VINCENT, L’avenir de l’Europe sociales , 2007.
Réformer l'ENA, réformer l'élite
Pour une véritable école des meilleurs

Pierre-Henri d' Argenson
Sommaire
Questions Contemporaines Page de titre Page de Copyright Introduction Chapitre 1 - Les hauts fonctionnaires et l’Europe Chapitre 2 - Intelligence économique Chapitre 3 - Elites, armée, nation Chapitre 4 - Pour une éducation morale des hauts fonctionnaires Chapitre 5 - Si l’on faisait enfin de l’ENA une école d’élite Chapitre 6 - L’ENA ou la fabrique du socialisme d’Etat Chapitre 7 - Moderniser le concours d’entrée Chapitre 8 - Michel, 24 ans, élève virtuel Conclusion
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296052536
EAN : 9782296052536
Introduction
Les élites ont fait l’objet ces dernières années de critiques nourries, et souvent justifiées. Beaucoup des maux dont souffre la France leur sont attribués : on leur reproche d’une part une certaine incapacité à faire face aux enjeux vitaux auxquels notre pays est confronté, d’autre part un éloignement, voire une franche ignorance des attentes, des aspirations, des craintes et des problèmes que rencontrent nos concitoyens dans leur vie quotidienne. Tout ceci révèle un profond malaise de la société française, qu’il serait dangereux et irresponsable d’ignorer. Une réforme de l’élite est souhaitable, mais il faut bien reconnaître que les propositions de réformes de système sont jusque-là restées lettre morte.
La réflexion publique sur la formation des élites en France, et par réflexion publique nous entendons celle qui se fraye un chemin jusqu’à la sphère médiatique, présente depuis les soixante dernières années un caractère remarquable et pour le moins étonnant, qui est de s’être centrée presque exclusivement sur l’Ecole nationale d’administration et ses anciens élèves. La fascination des Français pour la chose publique et politique, et par la même occasion pour les hautes charges de l’administration, y est pour quelque chose. L’ENA est devenue à elle seule l’incarnation de la formation des élites à la française. En concentrant passions et critiques, elle a d’ailleurs servi de paravent aux autres filières d’élite, qui ont chacune, l’Ecole polytechnique, Sciences Po, HEC, l’Ecole normale, l’Université et d’autres, évolué à leur gré, et poursuivi leurs propres objectifs et réformes pratiquement hors du débat public. Quand débat il y eut, ce fut essentiellement autour d’un seul sujet : celui de la sélection, toujours contestée, jugée trop élitiste et pas assez ouverte aux minorités ou aux catégories sociales défavorisées.
Cette concentration des réflexions et critiques sur l’ENA s’est traduite par un foisonnement de rapports officiels traitant de sa réforme, dont pratiquement aucun ne peut se vanter d’avoir été concrétisé, mis à part quelques bribes et morceaux dissimulés sous un vernis d’agitation et de propagande. Il faut dire que cette fixation a conforté le caractère politique des projets de réforme de l’ENA : tout changement pouvant apparaître comme une remise en cause du pouvoir en place, aucun gouvernement n’a souhaité s’y atteler sérieusement.
L’ENA reste aujourd’hui au cœur de la représentation que l’on se fait des élites françaises, chez nous comme à l’étranger. Il est constant que lorsque les Anglo-saxons s’attachent à décrire notre système d’élites, ils s’appuient sur l’exemple de l’ENA pour en révéler les caractères, y compris lorsqu’ils cherchent à décrire la culture managériale du secteur privé. La dichotomie public-privé est en effet sur ce point peu significative en France : les cadres du privé brocardent d’autant plus volontiers les défauts de l’ENA et de la haute fonction publique qu’eux-mêmes fonctionnent globalement de la même manière : l’encadrement supérieur des entreprises françaises peut-il se vanter d’être moins rigide qu’au sein de la haute fonction publique ? L’ENA révèle en effet de manière caricaturale ou exemplaire les traits dominants de notre système élitaire et de sa culture. Puisque tels sont la sensibilité des Français et l’aspect de notre débat public, nous en prenons ici notre parti : c’est pourquoi notre réflexion sur les élites portera de manière privilégiée (mais non exclusive) sur l’ENA, en affirmant dès à présent qu’à travers elle, c’est bien l’ensemble des élites qui sont concernées par les idées et les principes que nous défendons.
Que prétendons-nous apporter de plus à l’empilement de projets bâtis autour d’une institution qui semble avoir fait l’objet de toutes les études et de toutes les controverses ? Quel est l’enjeu d’une nouvelle réflexion et d’un nouveau projet de réforme ?
L’ENA arrive aujourd’hui au moment le plus important de son histoire, en raison de la mutation de l’élite républicaine à laquelle nous assistons depuis une dizaine d’années, et qui apparaît de plus en plus visible. Cette mutation se traduit par le déclin de la place des énarques dans les sphères du pouvoir et par leur remplacement (partiel) par une nouvelle génération plus mélangée, composée d’avocats, de grands élus locaux, de patrons d’entreprises. Cette mutation n’a rien que de très naturel : elle ne fait qu’accompagner les grandes transformations économiques (privatisation de l’économie) et politiques (décentralisation) que la France a connues depuis les années 1980.
Or on observe à la faveur de ce changement un phénomène de délaissement et de désintérêt pour l’ENA de la part du monde politique, qui a deux origines : une volonté implicite ou explicite de déclassement de l’ENA, autrement dit de suppression par pourrissement de l’institution (dont l’éloignement à Strasbourg n’a constitué que l’un des avatars) ; et un abandon par fatigue de ne jamais arriver à réellement réformer cette école autrement qu’à travers des bricolages, comme cela a été le cas pour le changement de scolarité opéré en 2006. Bien sûr, d’aucuns se réjouissent de cette situation, croyant voir se profiler la déconfiture d’une haute fonction publique honnie et peut-être bientôt vaincue.
Nous répondons d’entrée de jeu la chose suivante : non seulement l’ENA ne disparaîtra pas, mais l’un des plus gra

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