Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1865)
148 pages
Français

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Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1865) , livre ebook

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Description

Si, prenant en compte le renforcement des échanges commerciaux entre l'Europe et le Nouveau Monde, Napoléon III s'inquiète des dommages que cause la guerre de Sécession à l'économie française, il perçoit aussi nettement les bénéfices à retirer d'un conflit qui pourrait modifier profondément les équilibres géopolitiques sur ce continent. Il ressent donc le besoin d'intervenir dans ce conflit qui déchire l'Amérique malgré la désapprobation de ses ministres des Affaires étrangères...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296800670
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le gouvernement impérial
et la guerre de Sécession
(1861-1865)
Collection Histoire, Textes, Sociétés
dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque


Pour questionner l’inscription du sujet social dans l’histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir.
L’objet affiché est d’explorer comment un ensemble de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété des sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d’une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d’expression dans l’imaginaire, singulier ou collectif.

Déjà parus

Laure Lévêque (éditeur), Paysages de mémoire. Mémoire du paysage , 2006.
Laure Lévêque (éditeur), Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires , 2006.
Monique Clavel-Lévêque, Le paysage en partage. Mémoire des pratiques des arpenteurs, 2006.

Stève Sainlaude


Le gouvernement impérial

et la guerre de Sécession

(1861-1865)

L’action diplomatique


L’H ARMATTAN

© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54142-9
EAN : 9782296541429

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
« C’est une grande et sainte mission, bien digne d’exciter l’ambition des hommes, que celle qui consiste à apaiser les haines, à guérir les blessures, à calmer les souffrances de l’humanité en réunissant les citoyens d’un même pays dans un intérêt commun, et en accélérant un avenir que la civilisation doit amener tôt ou tard. »


Louis Napoléon Bonaparte. Extinction du paupérisme , 1844.
INTRODUCTION
L’élection du président Abraham Lincoln, le 6 novembre 1860, sert de détonateur à un conflit qui va déchirer, pendant quatre ans, la fédération américaine. Vue d’Europe cette sécession des Etats serviles, dont le bruit se perd pourtant dans les limbes du monde occidental, captive les observateurs. Une première raison à cette emprise vient du souvenir de la guerre d’indépendance {1} . Jadis, aux côtés des colons américains la France a œuvré à l’édification de l’Union et elle se sent concernée par sa possible disparition. D’autre part, ceux qui portent un intérêt au conflit conçoivent que la crise pourrait modifier profondément les équilibres géopolitiques outre Atlantique. Ils s’inquiètent aussi des risques qu’elle fait courir aux économies européennes, une appréhension qui résulte du renforcement de l’interdépendance du monde occidental. C’est sans doute pourquoi, alors qu’elle survient concomitamment à la question italienne, à l’insurrection polonaise, à la guerre du Danemark et aux tensions austro-prussiennes, la guerre de Sécession suscite chez les diplomates, mais aussi dans la presse et l’opinion française éclairée, un intérêt passionné qui peut sembler disproportionné au regard des événements européens.
Le premier d’entre ces observateurs est l’Empereur lui-même que le Nouveau Monde n’a jamais laissé indifférent. Dès les années 1840 il nourrit pour lui d’ambitieux projets nés d’une imagination fertile qui redessine l’intérieur du continent en faisant la part belle à la latinité. Comploteur malheureux, pendant son incarcération à Ham il se penche sur le sort de l’Amérique centrale pour laquelle il rêve de développement économique et de prospérité. D’un canal opportunément tracé au Nicaragua entre les deux océans, il entrevoit un pont reliant l’Europe à l’Asie d’où émergerait un pôle commercial dispensant de justes rétributions aux hommes de cette terre. Son étude aux accents saint-simoniens l’amène à développer une vision plus large qui épouse les contours de l’Amérique latine en général, et du Mexique en particulier, dont il croit possible d’enrayer l’abaissement, sinon la décadence.
Louis-Napoléon Bonaparte le conspirateur, devenu Napoléon III l’Empereur, n’abandonne pas ses chimères et envisage de leur offrir une concrétisation. Le souverain, qui se juge porté par un destin singulier, pense détenir les clés du redressement général de ces vestiges de l’empire espagnol. Mais une menace pèse sur ce grand dessein. Au nord, une page de l’histoire des jeunes Etats-Unis vient de s’écrire dans les territoires à l’ouest de la Louisiane que le premier Napoléon leur a cédée au début du siècle. Après avoir fait main basse sur le Texas, le Nouveau-Mexique et la Californie ils ont atteint le Pacifique et l’Empereur s’inquiète du regard qu’ils portent désormais vers le sud du Rio Grande. Pour préserver ce monde latin qui lui est cher, il est taraudé par l’idée d’endiguer leur expansion méridionale.
Dans ce contexte, la guerre de Sécession qui déchire l’Union surgit à point nommé. Face à cette situation inédite Napoléon III ne peut demeurer simple spectateur ; il lui faut saisir cette occasion inespérée d’autant plus que la conflagration survient à un tournant du régime, celui où ses ambitions majorent leur amplitude par des expéditions lointaines. Sa politique mondiale effleure les lisières de l’Asie ou de l’Afrique, tout autant que les terres insulaires du Pacifique et de l’Océan indien. Dans ce schéma global, tandis qu’opportunément l’Amérique se déchire, le Nouveau-Monde trouve toute sa place pour que s’exerce l’influence française.
Quelle posture diplomatique la France doit-elle adopter ? Le gouvernement impérial est confronté à un dilemme : la révolte semble légitime puisqu’un Etat doit pouvoir quitter une union à laquelle il a librement consenti d’adhérer. Cependant, le moyen employé, qui consiste à s’opposer d’emblée à une élection démocratique, et l’objet du soulèvement, qui cherche à préserver l’esclavage, rendent délicat le choix diplomatique. Donner quitus au nouvel Etat, dont l’existence est contestée par le gouvernement du Nord, reviendrait à préjuger du bien-fondé de sa création et de sa pérennité. Attribuer une légitimité à un gouvernement hostile à celui considéré jusqu’alors comme légal, et avec lequel la France ne déplore aucun différend, prendrait dès lors l’aspect d’une intervention, pour ne pas dire d’une ingérence, dans les affaires américaines.
Une autre complication vient du décryptage des informations, car cette décision suppose une vision claire des événements. Or la guerre passe par plusieurs phases qui ne sont pas toutes faciles à saisir. Il faut y ajouter le temps de réception des dépêches qui n’encourage pas la réactivité, une nouvelle en annulant parfois une autre. Gardons toujours présent à l’esprit que, sans compter le temps de débarquer le courrier et de l’acheminer à destination, il faut près d’un mois pour faire l’aller-retour entre le vieux continent et le Nouveau-Monde {2} . Enfin, difficulté supplémentaire, la concomitance des événements européens interdit de se consacrer pleinement à ce dossier et oblige à le remiser régulièrement au second plan des préoccupations du moment.
Dans un premier temps le gouvernement français cherche à apporter plusieurs réponses juridiques à des situations différentes et, en premier lieu, au statut à conférer aux deux gouvernements et aux combattants. De surcroît, tout en prenant en compte les règles de navigation à accorder aux bâtiments neutres, il lui faut réfléchir aux prescriptions pour l’accueil des navires des belligérants dans les ports de France et aux conditions d’exercice du blocus des côtes du Sud par le pouvoir fédéral. Les hostilités se prolongeant, durant l’automne et l’hiver 1862/1863 la France propose son entremise pour tenter d’accorder les points de vue des adversaires tandis que Napoléon III se laisse gagner par l’idée de reconnaître le Sud.
Bien que certaines questions développées dans ce livre aient déjà fait l’objet d’études {3} , il

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