Les Contre-Guérillas françaises dans les Terres Chaudes du Mexique (1862-1867)
310 pages
Français

Les Contre-Guérillas françaises dans les Terres Chaudes du Mexique (1862-1867) , livre ebook

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310 pages
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Description

La guerre d'Intervention au Mexique (1862-1867) est encore mal documentée. Méconnue. On oublie trop souvent, d'un côté comme de l'autre, le rôle des forces spéciales : les Contre-Guérillas, unité ayant traumatisé bien des populations. Des romanciers leur ont consacré plusieurs ouvrages, mais les historiens préfèrent jeter un voile pudique sur ces forces spéciales. Cette unité a pourtant joué un rôle clef dans ce conflit, remporté des victoires et contenu des défaites. La longue recherche qui lui est ici consacrée permet d'en retracer l'histoire et d'en spécifier l'originalité.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2016
Nombre de lectures 14
EAN13 9782140018930
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

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Extrait

pudiquement qualifiée en France d’expédition du Mexique, qui a jeté les bases d’une multitude de liens politiques, scientifiques, humains et, dans
ÉricTALADOIRE
LES CONTRE-GUÉRILLAS FRANÇAISES DANS LES TERRES CHAUDES DU MEXIQUE (1862-1867)
Recherches Amériques Latines
e Des forces spéciales auXIXsiècle
Les Contre-Guérillas françaises dans les Terres Chaudes du Mexique (1862-1867) e Des forces spéciales au XIX siècle
Recherches Amériques latines Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin
La collectionRecherches Amériques latinespublie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili.
Dernières parutions Mariella VILLASANTE CERVELLO,Violence politique au Pérou. 1980-2000 : sentier lumineux contre l’État et la société. Essai d’anthropologie politique de la violence, 2016. Erasmo SAENZ CARRETE,L’exil latino-américain en France de 1964 au e début du XXI siècle, 2016. e Jean-Pierre TARDIEU,Les penseurs ibériques et l’esclavage des Noirs (XVI -e XVII siècles). Justifications, réprobations, propositions, 2016. Jean-Pierre TARDIEU,L’affaire du Dragon (1792-1799). Les incidences au Rio de la Plata d’une menace de famine à l’île Maurice, 2016. François BALDY,Bernal Diaz del Castillo et la conquête de la Nouvelle Espagne (Mexique),2015. Beyla Esther FELLOUS,La nature juridique des accords entre l’Union européenne, le Chili et le Mexique, 2015. Arnaud MARTIN,La laïcité en Amérique latine, 2015. Bernard GRUNBERG,A la recherche du Caraïbe perdu. Les populations amérindiennes des Petites Antilles de l’époque précolombienne à la période coloniale, 2015. Bruno MUXAGATO,Le leadership du Brésil en Amérique du Sud. De la contestation à l’émergence d’une hégémonie consensuelle, 2015. Françoise et Roland LABARRE,De la Castille médiévale à l’Amérique latine contemporaine. Seize études d’histoire et de littérature, 2015. La liste complète des parutions, avec une courte présentationdu contenu des ouvrages, peut être consultéesur le site www.harmattan.fr
Éric TALADOIRELes Contre-Guérillas françaises dans les Terres Chaudes du Mexique (1862-1867) e Des forces spéciales au XIX siècle
Du même auteur Les Mayas, en collaboration avec Jean Pierre Courau,Éditions du Chêne, Paris, 2003. Ballgames and Ballcourts in Prehispanic Mesoamerica. A Bibliograph, Paris Monographs in American Archaeology, n° 29, BAR International Series 2338, Oxford, 2012. D’Amérique en Europe. Quand les Indiens découvraient l’Ancien Monde (1493-1892),CNRS Éditions, Paris, 2014. Avec Patrice Lecoq,Les civilisations précolombiennes,Que Sais-je ? N° 567, PUF, Paris, 2016. Illustration de couverture:Le colonel Dupin à la fin de l'Intervention (détail). On note l'épuisement dans le regard.© L’HARMATTAN, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris www.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10084-5 EAN : 9782343100845
Je fais un sale boulot, mais j’ai une excuse : je le fais salement. Georges Darien,Le voleur.Oh ! Si j’étais Mexicain, quelle haine j’aurais pour ces Français, et combien j’en aurais fait périr ! Col. Charles du Pin.
INTRODUCTION «Dupin era el coco de los niños de tierra caliente» écrit l’historien Jean 1 Meyer, dans son ouvrageYo, el Francés, se faisant ainsi une nouvelle fois l’écho d’une rumeur, peu vérifiable, selon laquelle le colonel du Pin aurait longtemps joué, auprès de nombreux enfants mexicains des États de Veracruz et du Tamaulipas, le rôle de notre croquemitaine. Récemment encore, dans les régions montagneuses entre Veracruzet Puebla, on parlait de «El Dupin» comme d’un ogre. Si les enfants ne mangent pas bien leursopa de frijoles, on leur dit que El Dupin va venir les prendre. Lointain souvenir de l’Intervention française au Mexique, la persistance du nom de cet officier dans le folklore et les mémoires pourrait paraître anecdotique, si elle ne trouvait, bizarrement, un parallèle dans la notice qui lui est consacrée dans leDictionnaire du Second 2 Empiremarginale qui acquit une réputation« Personnalité Tulard :  de supérieure à celle de nombreux autres », écrit J. Jourquin, l’auteur de la notice à son sujet. Il est, de fait, facile de vérifier l’absence, dans cet ouvrage de référence, de multiples autres oubliés de cette Intervention, parmi eux Ney d’Elchingen, et même le Général de Galliffet, le « Fusilleur de la Commune », qui ont tous deux commandé successivement la même unité irrégulière que du Pin. La consultation de ce dictionnaire révèle aussi l’importance secondaire, aux yeux des auteurs, de cette expédition française au Mexique dans l’histoire du Second Empire : une ou deux pages, pour un volume qui en compte des centaines. Du Pin est donc une « personnalité marginale », dans un événement tout aussi marginal aux yeux du public français. Pourquoi, alors, lui consacrer une notice et pourquoi son souvenir s’est-il perpétué au Mexique, quand tant d’autres officiers français sont tombés dans l’oubli ? Les termes mêmes choisis sont révélateurs : en France, la plupart des auteurs qui s’y sont intéressés parlent d’expédition française au Mexique (1861-1867) : une expédition, un voyage lointain, qui s’apparente à une expédition coloniale. La colonisation française abonde en opérations de même nature, en Afrique ou en Asie. Certaines ont permis de s’emparer de vastes territoires, d’autres ont lamentablement échoué. Le choix du mot permet de minimiser l’ampleur de la campagne qui a mobilisé des dizaines de milliers d’hommes pendant cinq longues années, de gommer ses conséquences, d’oublier qu’il s’agissait d’une tentative de s’emparer, par les armes, d’un État souverain. Le Mexique, reconnu
1 Jean Meyer : « Yo, el Francés » (2000 : 174). L’ouvrage est une étude biographique de membres de l’Intervention qui fait une large part aux témoignages qu’ils ont laissés. 2 Dictionnaire du Second Empire, sous la direction de J. Tulard (1995).
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diplomatiquement par les nations européennes comme par les États-Unis depuis des décennies, abritait sur son territoire des Ambassades, dont l’une représentait la France. Le terme d’expédition permet aussi d’oublier que le Mexique a infligé aux armées françaises une lourde défaite, et les a mises en échec. Le 5 mai 1862, l’armée d’invasion a été battue à Puebla : cette victoire a été décrétée fête nationale par le Président Juárez, pour commémorer l’unité du Mexique face à une invasion étrangère. Intervention implique une ingérence par la force, l’invasion militaire d’un pays souverain. Les Mexicains parlent donc, à juste titre, de l’Intervention française, et même de la seconde Intervention, soulignant ainsi que la venue des Français en 1861 représente la seconde agression, puisqu’une première guerre a opposé les deux pays en 1838 : cette « Guerre des Gâteaux », qu’on évoquera plus loin, n’a, en France, laissé aucun souvenir. L’invasion du Mexique par les armées de Napoléon III représente donc bien l’agression d’un pays soi-disant ami, du moins reconnu diplomatiquement, dans une perspective coloniale, malgré l’ignorance du public et l’indifférence, voire le mépris de nombreux historiens. Trop d’écrits français sur l’Intervention émettent des jugements aussi péremptoires qu’insultants à l’égard des Mexicains. Un 3 chroniqueur aussi célèbre en son temps que le commandant Lachouque , célébré par Alain Decaux comme « historien », se permet de décrire les volontaires civils qui se sont dressés contre l’agression étrangère comme « un ramassis de bandits et de gredins qui ont pullulé sous le souffle de l’anarchie ». Le même auteur massacre sans la moindre vergogne les noms de ces adversaires : Carbajal devient Carbajol ! Les noms de lieux ne sont pas plus exacts, ce qui traduit une arrogance d’autant plus injustifiée que le corps expéditionnaire est rentré la tête basse. C’est faire bon marché des défaites que les libéraux mexicains ont infligées à ce qui était considéré, à l’époque, comme la meilleure armée du monde ! Vexés ou traumatisés par une défaite sans gloire, les Français voudraient bien, eux, oublier, ou dénaturer cet épisode et ses conséquences : la mort de Maximilien, abandonné de celui qui l’avait porté au pouvoir, la folie de l’Impératrice Charlotte, et la chute honteuse du Second Empire. De son côté, le Mexique, dont la résistance acharnée et le triomphe final ont fortement contribué à la formation de l’identité nationale, toujours manifeste dans la célébration de la bataille de Puebla, a surmonté cette invasion sans l’oublier. Il célèbre la gloire de ses combattants, leur élève des statues, se donne le luxe de pardonner aux Français, quitte à les tourner en dérision. Et pourtant, cette Intervention française au Mexique a laissé dans les esprits de tous une empreinte tenace, que reflètent bien leDictionnaire du Second Empirecommeles traditions mexicaines. 3 Lachouque, 1980.
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L’imagerie de l’Intervention, à l’usage des enfants mexicains Pourquoi cet individu, le colonel du Pin, a-t-il échappé à l’oubli, ou a-t-il du moins laissé, dans l’histoire méconnue en France de l’Intervention, une trace vivace chez les deux protagonistes ? Qui est ce personnage, qui, outre sa réputation d’ogre pour enfants, s’est aussi attiré les surnoms plus ou moins flatteurs de Monstre des Terres Chaudes, Fra Diavolo, Diable rouge, de Hyène du Tamaulipas ou de Boucher rouge. Plus aimable, dans ses mémoires, le 4 général Du Barail , un des chefs de l’expédition, qui ne peut se départir d’une certaine estime, le qualifie de condottiere, de « mousquetaire à la Dumas », « d’épave estimée ». Il ajoute pourtant qu’il était « superbe à la tête de ses 4 Du Barail, 1896.
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