Fraternité Matin du 26/06/2023
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Fraternité Matin du 26/06/2023 , magazine presse

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Date de parution 26 juin 2023
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Lundi 26 juin 2023 / N° 17 548 www.fratmat.infoPrix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • Franc e: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
L’éditorialAdama KONÉ d’
La Côte d’Ivoire de la musique haque année, le 21 juin (premier jour de l’été marquant le solstice d’été), depuis 1982, le monde entier célèbre la musique. Qu’elle sa,Cfunk, rap, zouglou, coupé décalé... la musique soit traditionnelle ou moderne, avec ses va-riables word, slow, zouk, soul, reggae, sal-rythme notre quotidien, notre vie. En voiture, en boîte de nuit comme dans diverses cérémonies, . c’est un véritable accompagnateur socialSuite page 5
Interview exclusive /Gbagbo, crise post-électorale, alliance...
Simone GbagbPp. 2-o3-4
à cœur ouvert ‘‘ Il s’est passé des choses très vilaines à l’aéroport le 17 juin 2021 ’’ ‘‘ Gbagbo n’avait-il pas suffisamment d’intelligence pour savoir quoi décider en 2010?’’
Ahoussou-Kouadio depuis Tiébissou :
‘‘ Le nouveau Houphouët-Boigny
s’appelle Alassane Ouattara ’’P. 9 PHOTO : DR
Tabaski 2023 Du mouton pour toutePp.10sà 14les bourses
PHOTO : HONORÉ BOSSON
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I nterview
Lundi 26 juin 2023
Rupture avec Gbagbo, ses liens avec le Président Ouattara, son regard sur la Cei, présidentielle 2025... Simone Gbagbo à cœur ouvert
L’ex-Première dame, dans cet entretien, évoque l’incident survenu à l’aéroport avec son époux, parle de son divorce avec ses anciens camarades politiques,
des alliances à tisser pour les élections locales, planche sur le cas de la Cei et fait des propositions pour la communalisation de la Côte d’Ivoire.
Dans quelle peau vous sentez-vous le mieux au-jourd’hui, celle de Simone Ehivet ou de Simone Gbagbo ? Pour moi, c’est la même per-sonne. Je me sens donc bien dans ma peau. C’est ce que je peux dire tout simplement.
Comment se porte le Mou-vement des générations capables (Mgc), votre parti politique ?  Nous avons créé ce parti politique en août 2022. Cela fera bientôt un an qu’il existe. Nous sommes au stade de l’implantation dans les ré-gions. Notre ambition est que le Mgc soit présent sur l’ensemble du territoire na-tional. Nous sommes en train de travailler à cela. A Bouaké où je suis passée, à la faveur d’une activité, nous avons fait le point sur nos structures. Au terme de ce décompte, nous nous sommes rendu compte que nous sommes présents un peu partout. Il faut main-tenant consolider, enraciner cette présence aussi bien dans le district d’Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Nous étions à Gagnoa où nous avons présenté le vice-pré-sident chargé du district du Gôh-Djiboua. Voilà le genre d’actions que nous menons un peu partout, à chacune de nos sorties.
Que répondez-vous à ceux qui disent que c’est pour fuir les frustrations que vous subissez au Ppa-CI que vous appelez Fpi ori-ginel, que vous avez créé le Mgc ?
PHOTO : HONORÉ BOSSON Vous êtes l’une des îgures emblématiques à avoir créé le Front populaire ivoirien (Fpi) originel. Ne ressentez-vous pas ce sentiment de mal-être dû au fait qu’on vous a arraché quelque chose que vous avez contribué à construire ?
gny. C’était le parti unique. Nous nous sommes battus pour obtenir le multipartisme. Ce qui nous a permis de rendre cette entité politique officielle. Vous me deman-dez si j’ai l’impression qu’on m’a arraché ce parti, je dis simplement que nous étions des centaines de milliers à
Il s’est passé des choses très vilaines, ce jour-là, à l’aéroport
Fuir quelles frustrations ?Je n’ai pas besoin de créer un parti politique pour fuir des frustrations. Nous ne nous sommes plus entendus et donc nous nous sommes sé-parés. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Cha-cun est parti de son côté.
Je suis effectivement membre fondateur du Fpi. Nous l’avons fondé en 1982. Nous étions juste cinq personnes. Le parti a grandi petit à petit. Nous n’avons pas pu le faire reconnaître par le pouvoir de l’époque, dirigé par le Pré-sident Félix Houphouët-Boi-
être membres du Fpi. Le fait d’avoir été membre fondateur ne signifie pas que le parti est notre propriété.
Dites-nous clairement les raisons de votre départ du Fpi! Je suis partie parce que je ne m’entendais plus avec
ceux qui vont, plus tard, créer le Parti des peuples afri-cains-Côte d’Ivoire ( Ppa-CI).
Quels étaient les points de discorde ? Ils sont nombreux. Nous avons des divergences, par exemple, concernant les mé-thodes de travail, les valeurs.
A la vérité, votre départ du Fpi n’est-il pas dû à votre mésentente avec Laurent Gbagbo ? Mais ce fait ne suffit pas pour aller créer un parti politique. Il y a plein de couples qui ont créé ensemble des partis poli-tiques. Et à un moment donné de l’évolution de la vie, ils se sont séparés. Cette réalité ne les a forcément pas amenés à créer des partis politiques différents. Bref, je suis partie parce que je ne trouvais pas satisfaisantes les offres qui étaient faites en fonction de l’idéal qu’on avait, des objec-tifs, du travail qu’on avait dé-finis ensemble. Il y avait des choses sur lesquelles nous n’étions plus d’accord.
Pourquoi n’entrez-vous pas en profondeur dans ce sujet pour donner les vraies raisons de la sépa-
ration ? Mais pourquoi voulez-vous que j’évoque ces questions en profondeur ? Je n’en dirai pas plus. Constatez simple-ment que chacun est parti de son côté. On a créé deux for-mations politiques distinctes.
Les élections locales sont prévues le 2 septembre prochain. Tandis que les partis politiques d’enver-gure comme le Rhdp, le Ppa-CI, le Fpi, le Pdci-Rda s’activent sur le terrain, dans la perspective de cette compétition électo-rale, c’est le silence radio au Mgc. Est-ce à dire que ces consultations n’inté-ressent aucunement votre formation politique ?
Évidemment que le Mgc se prépare pour ces échéances électorales. Nous allons faire connaître nos candi-dats au moment opportun. Nous ferons également des alliances. Mais nous ne pourrons pas couvrir tout le territoire en termes de candi-datures, car nous venons de naître. Mais nous aurons tout de même nos listes de can-didats et des listes où nous serons en alliance.
Avec quels partis poli-tiques envisagez-vous de faire des alliances ? Nous comptons nouer des alliances principalement avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire ( Pdci-Rda). Toute alliance avec le Ppa-CI et le Fpi est-elle exclue alors ? Avec le Ppa-CI, on verra.
Mais si vous prévoyez une éventuelle alliance avec ce parti fondé par Laurent Gbagbo, relativement aux élections, qu’est-ce qui justiîe donc votre départ du Fpi originel ? Précisons que le Fpi originel a éclaté en trois organisa-tions. Cela est le résultat de la pression de la crise. Ce fait ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas se mettre ensemble pour briguer des postes ou des sièges lors de ces élections.
Nous sommes à deux ans de l’élection présidentielle de 2025. Ambitionnez-vous de concourir à cette joute électorale ? Ce n’est pas impossible que je sois candidate. Mais je pré-cise que c’est le parti, Mgc, qui va s’asseoir pour étudier nos chances à cette joute électorale, en vue de décider si c’est moi qui doit défendre ses couleurs ou si c’est quelqu’un d’autre. Ce que je peux dire, c’est que nous se-rons à l’élection présidentielle de 2025. C’est une certitude.
Quels sont les rapports entre Simone Gbagbo et ses anciens cama-rades du Fpi, notamment Charles Blé Goudé et Afî N’Guessan ? En ce qui concerne nos rap-ports, je voudrais commen-cer par Pascal Affi N’Gues-san, actuel président du Fpi. Nos relations sont celles de bonne amitié. Nous nous saluons quand nous nous voyons. Quand nous avons créé le Mgc, des cadres de son parti et lui sont venus assister à notre assemblée. Lorsque nous avons fini la cérémonie de mise en place du Mgc, nous sommes allés les saluer. Les relations ne sont donc pas mauvaises. Nous ne sommes pas en palabres. Mais nous n’avons pas d’activités communes à faire. Avec le Ppa-CI, pour le moment, nous n’avons pas de rapports. Ce parti est en train de s’implanter. Nous en faisons pareillement.
Lundi 26 juin 2023
Y a-t-il des contacts phy-siques ou téléphoniques entre des camarades du Ppa-CI et vous ? Cela arrive souvent qu’on communique au téléphone pour se souhaiter des vœux ou se soutenir à la faveur d’un évènement. Nous ne sommes pas des ennemis. Par exemple, quand le nou-vel an arrive, Hubert Oulaye m’appelle au téléphone pour me souhaiter bonne année. Moi aussi je pose le même type d’acte. Nos rapports ne sont pas des relations d’inimi-tié. Mais ce ne sont pas aussi celles de travail. Quant à Blé Goudé Charles, j’ai de bonnes relations avec lui. Nous nous retrouvons souvent dans des activités qui nous rapprochent.
Parlant d’Afî N’Guessan, vous avez dit que vous n’êtes pas en palabres. Mais en 2003, après les accords de Linas Marcous-sis, on nous a dit que vous aviez eu un accrochage. Il s’est même dit que vous l’aviez gié. Que s’est-il réellement passé ? En 2003, nous étions en plein dans le débat concer-nant ce document qui a été signé en France. C’est Affi N’Guessan qui conduisait la délégation du Fpi. Quand il est revenu, je lui ai dit que le document qu’il a ramené était infâme. Nous avons dis-cuté très chaudement à l’an-cien siège du Fpi qui était, à l’époque, à Koumassi. Nous ne nous sommes pas du tout entendus. Les débats étaient rudes. Nous étions en désaccord total. Mais nous n’en sommes pas arrivés aux mains, comme l’ont raconté des gens. Je ne l’ai pas giflé.
plateforme idéologique. Je ne crois pas qu’il ait changé.Sa formation est un parti so-cial-démocrate. Nous aussi. Sur ce plan, rien n’a bougé.Dans la vie, vous pouvez être marié et ne pas vous en-tendre avec votre époux ou épouse. Vous décidez même de vous séparer. Cela ne si-gnifie pas que tout est rompu, dans la mesure où vous avez bâti des liens de famille, où il y a des enfants entre vous. Il y a beaucoup de choses qui
I nterview
de choses ont également été dites. Il se raconte même qu’il vous aurait repoussée à l’aéroport international Félix Hou-phouët-Boigny. Que s’est-il réellement passé entre vous ? Il y a eu des images qui ont été interprétées et qui ont choqué. Effectivement, à l’aéroport, il s’est passé des choses très vilaines. Ce jour-là, pour l’accueillir, je suis
accéder à ma voiture. Il y avait un acte que je lui de-mandais de poser. Mais je ne vous dirai pas de quel acte il s’agissait. Il faut dire qu’il était fatigué. Il m’a fait des gestes de la main en disant qu’après et donc de rentrer. Cela a été interprété comme une gifle ou une opposition.
Parlant de la crise post-électorale, certaines opinions ont conîé que
Gbagbo n’avait-il pas sufIsamment
d’intelligence, avec toutes les équipes
qui étaient autour de lui, pour savoir
ce qu’il devait décider pour lui-même
et ce qui convenait à la nation ?
Votre divorce en vue avec Laurent Gbagbo marque-t-il aussi une rupture idéolo-gique ? Notre divorce en vue n’a rien à voir avec notre idéo-logie. On partage la même
ne se détruisent jamais, en dépit de tout.
Le 17 juin 2021 marquait son retour en Côte d’Ivoire après sa libération à La Haye. Ce jour-là, beaucoup
montée jusqu’à la passerelle aéroportuaire. Les gens qui l’entouraient étaient surexci-tés. Ils ne voulaient pas qu’il me salue. On a tout de même réussi à faire les salutations. Je suis ressortie après pour
vous l’avez empêché de faire une déclaration pour renoncer au pouvoir et que, par ricochet, c’est vous qui l’avez poussé dans la situation qu’il a connue. Un commentaire ?
Laurent Gbagbo n’avait-il pas suffisamment d’intelligence, avec toutes les équipes qui étaient autour de lui, pour savoir ce qu’il devait déci-der pour lui-même et ce qui convenait à la nation ? Lais-sez les gens raconter ce qu’ils veulent.
Quelle était votre place dans son dispositif ? Lisez mon livre ‘’ Du sous-sol de la République à la restau-ration’’. J’en parle amplement dans cette œuvre. Mais je tiens à vous dire que le Chef de l’État d’alors avait son dis-positif. J’étais là en tant que responsable du parti. En cette qualité, je donnais mon avis. Je faisais aussi des proposi-tions.
De toutes les Premières dames, vous êtes celle que l’on a vue au front. Mme Thérèse Houphouët-Boi-gny ne s’afîchait pas comme vous le faisiez. Pa-reillement pour l’actuelle Première dame Domi-nique Ouattara. Pourquoi manifestiez-vous autant de dynamisme lors de la crise ?  J’étais au premier plan, comme vous le dites, parce que je suis une femme poli-PtiHqOueT.OJ:étHaiOsNuOneRÉmiBlitOaSntSeOdNe mon parti avant même que je me marie avec Laurent Gbagbo et qu’on accède au pouvoir. Mme Dominique Ouattara fait des affaires. Elle fait aussi du social. Mme Henriette Bédié, avec sa fondation ‘’Servir’’, s’impli-quait aussi dans les œuvres de charité et des actions d’assistance. Chaque Pre-mière dame a ses aptitudes, quelque chose de spécifique qui la caractérise.
Après votre mise en liberté et une fois à Abidjan, lors de vos rencontres, vous avez dit que vous priez pour le Président de la République Alassane Ouattara. Continuez-vous aujourd’hui de prier pour le Chef de l’État ? Oui, c’est normal. Quand quelqu’un dirige le pays, vous devez vous résoudre à cela, même si vous n’êtes pas d’accord. Dès l’instant où il est à la tête de l’État, la sécu-rité des populations relève de son fait et même de sa bonne humeur. Il faut donc prier pour qu’il soit de bonne humeur, pour que les forces vives ivoi-riennes vivent dans la paix.
Quel esprit vous a poussé à prier pour lui ? Je l’ai dit dans mon livre. J’ai expliqué à plusieurs reprises déjà que quand je suis arrivée à Odienné, le 22 avril 2011, j’étais très en colère contre le Président de la République. La situation dans laquelle nous nous trouvions, avec l’intervention d’autres per-sonnes dans la crise, m’avait rendue amère. Je priais donc beaucoup pour pouvoir me
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ressourcer. Un jour, je faisais mes prières comme à l’accou-tumée. C’est ainsi qu’en ou-vrant la Bible, je suis tombée sur le Psaume 72, un texte magnifique écrit à l’époque par Salomon qui venait d’être nommé roi d’Israël et qui s’est mis à prier en demandant à Dieu de tenir son règne. C’est un texte que j’avais pourtant lu à plusieurs reprises dans la Bible dont je maîtrise le contenu. Mais pour cette fois-ci, la lecture du psaume a eu un effet sur moi. Je me suis même dit que j’aurais dû le lire à Laurent Gbagbo, Président de la République à cette époque, afin que sa gouver-nance soit bonne et bénie par Dieu. Ce jour-là donc, j’ai en-tendu une voix me disant de prier pour le Président de la République Alassane Ouatta-ra. Ce qui m’a fait sursauter. Je me disais que c’est im-possible de prier pour lui. Et la voix insistait. A mon corps défendant, j’ai commencé à faire la prière. Mais le cœur n’y était pas. Ma bouche di-sait une chose que mon cœur ne croyait pas ou n’acceptait pas. Mais j’ai continué à lire le texte comme une prière qu’on adresse à Dieu. A partir du 3e jour, mon cœur devenait lé-ger. Je commençais à ressen-tir moins d’animosité, moins d’aigreur, moins de colère en moi. J’ai donc persisté dans cette prière de jour comme de nuit. Au 7e jour, mon cœur a commencé véritablement à épouser les paroles de ce psaume. Les sentiments de colère, d’aigreur, d’amertume se sont dissipés en moi. Ce texte, en réalité, m’a guérie en extirpant toute la souffrance qui était en moi. Ce qui m’a permis de vivre à Odienné durant 3 ans et demi. Les vi-siteurs étaient étonnés de me voir en joie. Les éléments des forces de l’ordre qui étaient commis à ma surveillance étaient surpris de ma transfor-mation. Nos relations se sont normalisées au point qu’ils ve-naient s’adresser à moi quand ils avaient des besoins et des problèmes. Je partageais aussi avec eux les vivres ou les cadeaux que les gens de chez moi ou des proches m’apportaient.
Êtes-vous en contact avec le Président Ouattara ? Non, pas du tout. Je n’ai au-cune relation avec lui.
Sous sa gouvernance, on voit que la Côte d’Ivoire est en chantier avec la construction d’infrastruc-tures routières et autres ouvrages. Quel est votre re-gard sur ces réalisations ? Je les regarde comme tout le monde. On parle des routes qu’il construit. C’est lui le Pré-sident de la République. Cela fait partie des obligations liées à sa fonction. Il refait et rénove les voies qui étaient dégradées. C’est bon.
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Vous appelez à une véritable indépendance de la Cei et plus globale-ment à la transparence du système électoral. Que reprochez-vous au sys-tème électoral actuel et à la Cei ? Quelles sont vos propositions ? Il faut rappeler que par le passé les élections étaient organisées par le ministère de l’Intérieur. Ce sont donc
organe soit une entité com-plètement distincte des partis politiques. Ceux-ci peuvent se constituer en organes de supervision pour voir si le travail se déroule bien ou non. Ce sont des choses qui se font dans certains pays. Prenons le cas du Canada, à Montréal, le président de leur instrument électoral est une personnalité élue par l’Assemblée nationale. Elle doit attester que toute sa vie, elle n’a pas milité ni même
Les sentiments de colère,
d’aigreur, d’amertume
se sont dissipés en moi.
les préfets et le ministre de l’Intérieur qui organisaient les élections. L’on n’a pas trouvé cette formule satisfaisante. C’est ainsi que nous avons souhaité, quand nous étions au Fpi à l’époque, que l’or-gane qui organise le scrutin soit distinct du ministère de l’Intérieur pour devenir une structure électorale. On a eu gain de cause après le coup d’État de 1999. Nous avons fait une première expérimen-tation avec l’organe électoral qui s’appelait, pendant cette période, Commission natio-nale électorale. Cette enti-té a donné satisfaction. On avait donc décidé d’améliorer cette structure. Malheureu-sement, le coup d’État de 2002 est survenu. La réalité de ce moment, avec cette at-taque contre le pays par une rébellion, a poussé à une modification des textes afin de faire entrer dans l’équipe dirigeante de la Commission chargée d’organiser les élec-tions des représentants de la rébellion. On a travaillé avec cet organe et nous avons vu les résultats. Aujourd’hui, je me dis que nous devons tirer les leçons de ces différentes expériences. Ma proposi-tion est que nous arrivions à créer une structure chargée des élections qui soit vrai-ment autonome. C’est-à-dire qu’elle ne soit pas dirigée par des personnalités appar-tenant à des partis et grou-pements politiques. Ce sont ces formations politiques qui vont aux élections. Naturel-lement, ce sont elles qui pro-posent des candidats pour ces échéances électorales.Quand on les maintient dans la structure de direction de l’organe national chargé d’or-ganiser les élections, c’est comme si elles sont juges et parties en même temps. Ma proposition est que désor-mais, dans notre pays, cet
avoir été membre d’un parti politique. Tout près de nous, ici, au Ghana, c’est pareil. Idem en Afrique du Sud. Ce sont des choses qui se font et peuvent s’expérimenter chez nous.
Le président de la Commis-sion électorale indépen-dante (Cei) actuel, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, n’a pourtant jamais appartenu à un parti politique... Mais les autres qui sont au-tour de lui appartiennent à des formations politiques.
Mais ceux-ci ont prêté serment. Dès lors, ils ne répondent plus de leurs partis politiques une fois qu’ils siègent à la Cei... Cela ne suffit pas. La majori-té des membres de la Cei, je le redis, est issue des partis politiques. Comment ces derniers peuvent-ils être au-tonomes et, en même temps, représenter leurs entités politiques ?
L’on peut ne pas être militant ou appartenir à un parti politique, mais avoir un penchant pour une per-sonnalité politique ou une formation politique. Le jour des élections, l’on votera forcément pour le candidat de son choix... En effet, mais dans ce cas de figure, il ne subit aucune pression de la part du parti politique qu’il chérit dans son cœur ou de la personnalité qu’il estime. On ne peut se défaire totalement du poids du parti politique qui vous a désigné pour intégrer la Cei. Ce faisant, il va tenir pendant combien de temps, sous pré-texte qu’il a prêté serment ?
Vous parlez souvent de la politique de la décentrali-sation, notamment de celle de la communalisation. À
I nterview
PHOTO : HONORÉ BOSSON ce sujet, que propose votre parti, le Mgc ? Quand on regarde la Côte d’Ivoire, nous constatons qu’il y a des agglomérations avec le statut de communes. Si vous allez à Gagnoa, par exemple, il y a la commune. A l’intérieur de celle-ci, on
veloppement. En revanche, dans la sous-préfecture, il y a des villages qui n’ont pas la chance de bénéficier du bud-get de la commune. Ils sont dirigés par des chefs de village, sous l’autorité du sous-préfet, le représentant
Nous comptons 201 com-munes en Côte d’Ivoire. Présentement, je n’ai pas le chiffre du nombre des villages dans le pays. Mais en 2010, on en dénombrait 11 000. Nous avions travaillé , quand nous étions au pouvoir, à re-
Ma proposition est que nous arrivons à
créer une structure chargée des élections
qui soit vraiment autonome. C’est-à-dire
qu’elle ne soit pas dirigée par des per-
sonnalités appartenant à des partis et
groupements politiques.
trouve des quartiers et même des villages qui sont rattachés à la ville. Ces villages bénéfi-cieront de la politique de ges-tion de l’équipe communale. Ces bourgs sont aussi pris en compte dans les ressources de la commune pour leur dé-
de l’État. Ce représentant de l’administration de l’État n’a pas aussi de budget pour faire le développement. Il gère simplement l’aspect sé-curité, fait son travail de re-présentation de l’autorité éta-tique dans un espace défini.
grouper des villages et en faire des communes. Ainsi, nous avions pu proposer la création de 1 200 communes. Si ce projet prenait forme, il n’y aurait plus de villages, de campements en dehors d’une commune. Nous sommes en
Lundi 26 juin 2023
2023. La Côte d’Ivoire est indépendante depuis 1960. Aujourd’hui, nous aurions dû avoir communalisé le pays. Ce qui permettrait à chaque habitant, dans un village, de bénéficier d’un budget d’en-tretien du village. Notre vision et programme consistaient à faire en sorte que tout le pays bénéficie de la politique de communalisation que nous appelions la décentralisation régionale.
Mais ce projet est en marche avec le gouver-nement en place ! Au-jourd’hui, le développe-ment a trouvé des villages dans les coins les plus re-culés de la Côte d’Ivoire... Même au temps du Président Houphouët-Boigny, c’était pareil. Il organisait des fêtes tournantes pour développer le pays et faire en sorte que les zones les plus reculées soient touchées par ces actions.
Je veux dire que le pouvoir actuel fait des pas vers cette communalisation dont vous parlez... Oui peut-être. Mais ce n’est pas encore assez.
Vous dites dans votre ou-vrage qu’il est coûteux de faire la communalisation...  Bien sûr que c’est coûteux. Mais elle est incontournable
INTERVIEW RÉALISÉE PAR KANATE MAMADOU
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