Fraternité Matin n°16794 - du lundi 14 décembre 2020
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Fraternité Matin n°16794 - du lundi 14 décembre 2020 , magazine presse

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Publié par
Date de parution 14 décembre 2020
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Extrait

L’éditorial deVenance Konan Nouveau départ our un nouveau départ - Ne sens-tu pas qu’il y a une grande ten-sion dans le pays ?, me demanda récem-Pde la dernière proposition de l’opposition ment un de mes amis avec qui je discutais d’organiser un « dialogue national ». - Si, lui répondis-je. Il y a une tension parce que quelqu’un veut qu’il y ait tension. Lundi 14 décembre 2020 / N° 16 794 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orange .ci) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € Suite page 5 PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES Après son élection Ouattara prête serment aujourd’hui P. 4
Interview /Gaoussou Touré, ministre de la Promotion de la riziculture
‘‘ Le privé sera la locomotive
du développement du secteur ’’ PHOTO : DR PP. 2-3 Examen du BudgetRencontre de la communauté baoulé à Divo Le sénat approuvele projet de loi de Inances 2021Forte mobilisation PP. 12-13 Protection des enfants vulnérables :Bakayoko poursoutenir Ly-Ramata annonce une hausse du budget dédiéPP. 6-7 Construction, urbanisme… :Bruno Koné veut le Chef de l’État combler le déIcit de 500 000 logements à Abidjan Politique de la ville :François Amichia fait valider 4 actions prioritaires Expertise 44 nouveaux experts célébrés en genre Chaire Unesco / P. 9
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Interview
Lundi 14 décembre 2020
Gaoussou Touré(ministre de la promotion de la Riziculture) :
Faire en sorte que le paysan soit un opérateur économique à part entière ”
Les enjeux de la nouvelle politique de production de riz sont de taille ! Entre autres, relever le défi de l’auto-
suffisance... Le ministre en charge de ce secteur détaille ici tout le plan d’action du gouvernement.
M. le ministre, depuis 2011 et même bien des années en arrière, la Côte d’Ivoire consacre des moyens im-portants à l’autosufîsance en riz. Pourquoi sommes – nous loin d’atteindre cet objectif ? Effectivement, il y a fort long-temps que la Côte d’Ivoire cherche à être indépendante en matière de production de riz. En 2012, une stratégie allant jusqu’en 2020 avait été mise sur pied pour que le pays puisse atteindre cette suffisance en riz. Force est de reconnaître que ce résul-tat ne sera pas atteint d’ici la fin de l’année. Il y a plu-sieurs raisons. Entre autres, le mode actuel de production qui est de type traditionnel. Subsistent aussi plusieurs autres contraintes liées à l’ir-rigation et aux financements. Je voudrais faire remarquer que partout dans le monde, là où la politique du riz a por-té ses fruits, c’est qu’il y a eu aussi une excellente po-litique d’irrigation. Or, chez nous ici, malgré la grande superficie dont on dispose, nous n’avons que 4% qui sont irrigués. Autre chose, en dépit des efforts fournis par l’Etat, les résul-tats restent très faibles. L’Etat a consenti à mettre en place des barrages, sans pouvoir faire les aménagements qui s’imposent. Certains bar-rages ont été bien aména-gés, mais faute de fonds de roulement, ils ont donc été abandonnés. On dénombre près de quatre-vingts. Construits à grand frais, ils n’ont pas été utilisés. Dans la nouvelle stratégie, on va réhabiliter ses infrastructures pour leur donner une cure de jouvence.
Le développement de la rizi-culture a été conîé, depuis 2018, à l’Agence pour le développement de la îlière riz (Aderiz). Avec la création d’un ministère dédié à la promotion de la riziculture, le 4 septembre 2019, qu’est-ce qui change ?L’ensemble des acteurs de la filière est heureux de la création de ce ministère. Cela témoigne d’une ferme volonté du Président de la République de pousser loin la politique rizicole en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, le 4 septembre 2019, il a créé ce ministère, une excellente idée qu’il faut saluer à sa juste valeur. Car les experts
de la filière s‘accordent sur le fait que d’ici 2030-2040, le principal défi que le monde entier va relever, c’est com-ment arriver à nourrir les dix milliards de personnes que comptera la planète. 2030, c’est bien demain, et il faut bien être prévoyant, car gou-verner c’est avant tout pré-voir. Tout le monde est aussi d’accord que seul l’Afrique va réussir à relever ce défi, pour la simple raison qu’elle dispose des 65% de terres arables non cultivées. L’Asie, malgré son expertise et son expérience en production de riz, ne dispose plus d’espace pour produire davantage. Les experts s’accordent donc à dire que si rien n’est fait sur le continent africain, la baisse de la production de riz va s’accroître, la pauvre-té sera alors grandissante. C’est pourquoi, le Président Alassane Ouattara, soucieux du bien-être des populations ivoiriennes, a décidé de créer ce ministère pour que toutes les décisions et les mesures idoines soient prises pour que la Côte d’Ivoire soit au-tosuffisante avant 2025. Et qu’à l’horizon 2030, la Côte d’Ivoire puisse être comptée parmi les pays africains ex-portateurs de riz.
M. le ministre, quels sont aujourd’hui les be-soins réels en termes de consommation de riz en
Côte d’Ivoire ?Il y a aujourd’hui une nou-velle politique 2020-2030. Pour atteindre les objectifs de cette nouvelle vision, il y a une série d’éléments qu’il faut mettre en route. Ce qui importe à partir de mainte-nant, c’est d’arriver à élabo-rer et mettre en œuvre des projets rizicoles intégrés. C’est-à-dire qu’on part de l’ir-rigation, de l’aménagement des parcelles rizicoles, pour ensuite arriver à la mécani-sation de l’exploitation des parcelles. Question d’épau-ler et d’appuyer au mieux les riziculteurs. En leur per-mettant de bénéficier, donc, d’intrants, de formation et du fonds de roulement dont ils ont besoin, pour leurs activités. Avant, l’Etat était au-devant des activités, pour raisons de sécurité ali-mentaire. Mais aujourd’hui, l’Etat a décidé de se retirer de l’aspect production. Non seulement l’Etat veille au grain pour assurer cette sé-curité alimentaire, mais il a décidé d’accorder une place de choix au secteur privé. Dorénavant, c’est le secteur privé qui sera la locomotive du développement du sec-teur. On a donc divisé la Côte d’Ivoire en vingt pôles de dé-veloppement économique, chargés de la mise en œuvre des projets rizicoles. C’est la raison pour laquelle, dans le choix des ressources hu-
maines, nous avons tablé sur la rigueur. Il s’agit de trouver des personnes ressources compétentes, motivées et gonflées à bloc pour faire décoller effectivement ce projet. C’est donc sur les épaules des leaders de pôles que va reposer le développement de la riziculture. Cette sélection rigoureuse en valait la peine, eu égard aux objectifs visés par l’Etat. Par ailleurs, il y a des éléments que nous de-vons mettre en œuvre pour réussir cette nouvelle poli-tique rizicole en Côte d’Ivoire.Par exemple, depuis huit mois nous sommes en pré-paration de la campagne 2021. Avant, c’est au mo-ment des campagnes qu’on cherchait à résoudre les problèmes. Et donc, comme la campagne n’attend pas, il était difficile de faire face aux préoccupations. Depuis huit mois, nous avons commencé la campagne par la semence. A ce niveau, il faut préciser qu’il y a plus de 200 variétés de riz sélection-nées. A priori, cela constituait un gros handicap pour le dé-veloppement rizicole. Dans la mesure où, sans tenir compte des variétés, les pro-ducteurs les acheminaient à l’usine, pour rentabiliser son travail, sans sérier ces varié-tés. L’usinier était alors obligé de les mélanger. Le faisant, c’est un produit tout-venant
vraiment du bon goût. Déjà à la cuisson, l’odeur vous invite à table. Après les semences, il faut regarder du côté des engrais et des herbicides, pour les mettre à la disposition des producteurs. On a alors mis un accent particulier sur les partenariats, avec les meil-leures entreprises, au ni-veau mondial, susceptibles de nous aider à la mise en œuvre de notre programme. C’est le cas d’Ocp Africa pour l’engrais, avec des groupes aussi comme Sono-vo, Yara. On va poursuivre cette politique de partenariat avec Callivoir, très bientôt. Notre objectif, à ce niveau, c’est d’avoir une multitude d’opportunités et de possibi-lités. Jusque-là ces grosses firmes n’octroyaient pas de crédit. Mais, aujourd’hui, ils le font, en fournissant des intrants aux leaders de pôle, car conscients du fait qu’ils sont des opérateurs et non pas de simples individus qui viennent pour négocier. Ces leaders de pôle vont recevoir des intrants qu’ils vont payer à la fin de la récolte. Ce pro-blème vient donc de trouver une solution. Au niveau de la mécanisa-tion, nous sommes en train de trouver des solutions. Au niveau des partenariats, la plus importante, à nos yeux, c’est celle que nous venons de signer avec Orange Côte
type privé, si les groupes multinationales qui vont four-nir les intrants ne sont pas payés, il sera quasiment im-possible de travailler avec eux. On n’avancera pas ! Au contraire, on va simplement reculer.
Quelle est aujourd’hui la quantité de riz importée pour satisfaire la demande locale ?La Côte d’Ivoire exporte, an-nuellement, en moyenne, un million à un million et demie de tonne de riz. Ce qui occa-sionne une sortie de devises de l’ordre de 300 à 350 mil-liards F cfa. Cela veut dire que la Côte d’Ivoire, pays agricole par excellence, en-richit les producteurs de riz vietnamiens, thaïlandais, chinois et américains. C’est surtout cette énorme sortie de devises qui motive, no-tamment, le gouvernement à prendre à bras-le-corps sa politique d’autosuffisance alimentaire en riz. Or, nos producteurs rizicoles ici ont du mal à aller de l’avant. Car, si les 350 milliards de F Fca qu’on utilise pour l’importation du riz sont in-jectés dans l’économie ivoi-rienne (la consommation étant fonction du revenu), ce sont toutes les activités économiques qui avance-ront considérablement, avec de fortes croissances dans le domaine agricole. C’est
« On est unanime pour dire que la Côte d’Ivoire produit
1,5 million de tonnes de riz par an. Avec une consomma-tion de 2,8 millions de tonnes l’année, on se rend bien compte du gap »
qu’il offrait au consomma-teur. Or, cela n’était d’ailleurs pas à son gout! C’est la rai-son pour laquelle, on a vite fait de qualifier le riz local ivoirien de mauvaise qualité. D’où leur préférence pour le riz importé. Aujourd’hui, il s’agit de mettre l’accent sur la qualité, il faut travailler sur les semences, en misant sur des semences certifiées. Je suis heureux de dire que nos chercheurs ont fait des avancées remar-quables. La Côte d’Ivoire dispose de variétés qui n’ont rien à envier aux produits venus d’ailleurs. Car, cer-taines variétés ont des par-fums naturels qui donnent
d’Ivoire. Il va permettre d’avoir une totale transpa-rence dans la gestion de la filière. Cette initiative est importante, dans la mesure où les producteurs étaient eux-mêmes ennemis de leur propre succès, étant enten-du que les semences qui leur étaient fournies, ils les divisaient en deux : une pe-tite partie pour la riziculture et la plus grande partie pour acheter des produits alimen-taires, pour leur subsistance. Ils font la même chose, pour l’engrais et les herbicides. Tout est donc faussé à la base. Aujourd’hui, comme nous sommes dans une dy-namique d’exploitation de
la raison pour laquelle dans sa politique agricole actuelle, le gouvernement est en train de mettre tout en œuvre pour amener le pays à être auto-suffisant dans les produits de première nécessité.
Et quel est le volume de riz produit et transformé sur place ?Au niveau de la production locale, on a des estimations. Car, d’un service à l’autre, d’un interlocuteur à un autre, les chiffres sont différents. Tout de même, on est una-nime pour dire que la Côte d’Ivoire produit 1,5 million de tonnes de riz par an. Avec une consommation de 2,8
Lundi 14 décembre 2020
millions de tonnes l’année, on se rend bien compte du gap.
Vous indiquiez tantôt qu’on dispose de variétés de riz avec de très bons goûts. Mais, les grandes surfaces sont encore do-minées par le riz importé. Pourquoi avons-nous du mal à trouver du riz local dans les grandes sur-faces, alors que, comme vous l’aviez aussi indiqué, la production locale dé-passe plus d’un million de tonnes, chaque année ? C’est maintenant que nous sommes en train de démarrer une véritable politique dans la filière riz. C’est pourquoi j’estime que le partenariat que nous avons signé avec Orange Côte d’Ivoire vaut tout son pesant d’or. Jusque-là, nous ne disposons que de simples estimations. Nous n’avons pas une réalité des chiffres fiables de produc-tion. Mais à partir de 2021, nous serons en possession de statistiques fiables. Avec le partenariat avec Orange, tout sera clair et transparent !
Vous avez évoqué la trans-formation de la îlière du riz, à travers notamment les vingt pôles qui seront créés, ainsi que les conventions que vous signez avec plu-sieurs partenaires. Quelles sont les autres grandes innovations que vous annoncez pour 2021 ?Les activités du gouver-nement seront plus ration-nelles, avec la mise en place de systèmes qui permettront d’assurer une régulation du marché. C’est un processus très important. Avec nos lea-ders de pôles, l’accent sera mis sur le riz de luxe et le riz semi-luxe. On note, en effet, une évolution des habitudes alimentaires chez l’Ivoirien. Initialement, c’est le riz 35% de brisure (appelé Deni Ka-cha), qui était consommé. Aujourd’hui, le consomma-teur a passé ce cap, pour manger du riz de type 15% ou 5% de brisures. Lorsque les vingt leaders de pôles seront opérationnels et permettront d’atteindre l’au-tosuffisance au niveau de la qualité des 15 % et 5% de brisures, on va augmenter les taxes, on mettra un ac-cent sur la régulation pour accroître la compétitivité, en faisant en sorte que le riz venu d’ailleurs ne vienne pas gêner le marché local. L’arme fatale sera l’accent qui sera particulièrement mis sur la qualité. On a donc sé-lectionné des semences de riz bon goût dont la qualité est largement au-dessus des céréales importées. En plus, ces riz sélectionnés sont très frais et plus nourrissant, avec des qualités diététiques au niveau de la santé. Or, ceux qui sont importés peuvent durer au moins dix ans dans les stocks de sécurité. Sans oublier aussi qu’on utilise
des produits chimiques pour leur conservation. On va donc distribuer ces se-mences sélectionnées, en-suite seront mises en place des stratégies de distribution et de marketing pour mieux faire connaître le riz local. On l’appellera «Riz Ivoire », pour marquer la différence avec les autres qualités sur le marché ivoirien.
M. le ministre, vous avez évoqué les semences sélectionnées de grande qualité, ainsi que des grands pôles. Dans la nouvelle politique, il y a un maillon essentiel constitué des producteurs indivi-duels. Quel sera leur place dans votre stratégie ? S’ils sont laissés-pour-compte, s’ils ne bénéîcient pas de semences, cela ne va-t-il pas contribuer à appauvrir le milieu paysan ?Depuis huit mois, nous sommes en phase de pro-duction de semences. Donc le problème ne se posera pas, ni pour les leaders de pôle, ni pour les producteurs individuels. Sur le territoire national, 657 mille hectares de parcelles seront mis à la disposition des producteurs. Pour ces parcelles, il nous faut 27 mille tonnes de se-mences que nous sommes en train de produire. De sorte que, dès que sonne l’heure de la campagne, tous ceux qui ont besoin de semences puissent s’en en procurer. Les semences tout-venant seront out, pour faire place aux semences certifiées. Cette stratégie permettra d’accroître la production à l’hectare. Mieux, ce sera du riz de très bonne qualité qu’apprécieront les Ivoiriens. Il faut souligner en passant qu’il y a des qualités de riz qui ont un bon rendement, mais qui ne sont pas du tout prisées par les consomma-teurs locaux. Or c’est ce type de riz qui était mis sur le marché par les producteurs, dans le but d’écouler leurs productions. Ce qui est à la base des méventes.
Par rapport au riz impor-té, n’y aura-t-il pas de crainte à voir grimper les prix du riz local de très bonne qualité ? En tenant notamment compte du fait que les producteurs vont s’endetter auprès les banques ?L’objectif de la politique ac-tuelle du gouvernement en ce qui concerne la filière du riz, c’est de passer à une riziculture traditionnelle non rentable et non finançable également, à une production de riz de qualité supérieure, à une riziculture moderne, compétitive, rentable, du-rable et respectueuse de l’environnement.
Le riz pourra-t-il être ven-du à moindre coût ?A partir du moment où, sur la base des mêmes charges,
Interview
La Côte d’Ivoire dispose de 650 mille hectares de parcelle, dont 35 mille sont irrigués.(PHOTO: DR)
on améliore les rendements, automatiquement on gagne en compétitivité, en rende-ment et au niveau de la po-litique de distribution. Or, ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que les paysans ont 0,5 hectare, avec des produc-tions dont très peu avoisinent la tonne. Cela veut dire qu’ils sont quasiment condamnés à rester dans la pauvreté à vie ! C’est la raison pour laquelle dans la nouvelle stratégie de la riziculture en Côte d’Ivoire, il faut faire en sorte que le paysan soit un opérateur économique à part entière qui vit de son activité, du reste, rentable, créatrice d’emplois et de richesses. Je pense que ce sera une aubaine pour les paysans des zones rurales classées les plus économiquement faibles du pays.
Quel est l’impact pour le consommateur ? Peut-on dire qu’il y aura une baisse de prix au niveau du riz ivoire, de sorte qu’il soit moins cher que les autres qualités de riz qui sont exportées ? Notre objectif, c’est d’ac-croître les rendements
cité ?A ce niveau, il faut noter qu’il y a un grand changement, avec la nouvelle vision ap-portée à la filière rizicole. De l’époque du Président Félix Houphouët-Boigny jusqu’au-jourd’hui, la Côte d’Ivoire a investi des fonds énormes, pour assurer la mécanisation agricole du pays. Malheureu-sement, la politique adoptée n’a pas été bonne. Le pays avait choisi d’octroyer du matériel agricole aux produc-teurs, aux coopératives. Ce qui était une initiative louable. Mais, la maintenance, l’en-tretien, les réparations ... n’ont pas suivi, de sorte qu’aujourd’hui, toute la Côte d’Ivoire se trouve confrontée à un réel problème de maté-riels agricoles. Ce qu’on va faire doréna-vant, c’est que l’Etat va équi-per les vingt pôles de maté-riels agricoles nécessaires pour une mécanisation totale du pays. Ce ne sont donc plus les leaders de pôles du pays qui vont gérer ce parc de matériels agricoles. Ce sera donc une affaire des leaders de pôles, à qui l’Etat va octroyer des crédits pour mieux s’équiper. Et ils se-
bailleurs de fonds. Nous n’en doutons pas, étant entendu que le secteur est rentable et porteur d’espoir. L’Etat va demander aux bailleurs d’octroyer des crédits aux leaders de pôles, pour qu’ils puissent bien jouer leur rôle dans la nouvelle politique ri-zicole ivoirienne. Pour être leader de pole, il est recom-mandé de déposer un mil-liard sur la table. On a eu des craintes au départ, mais au-jourd’hui ce sont douze lea-ders qui sont à jour. Ils sont cent pour cent Ivoiriens. Par-mi eux, il y avait un Afro amé-ricain qui a décidé de prendre la nationalité ivoirienne. Ils seront donc la locomotive qui va tirer le wagon du dé-veloppement rizicole dans notre pays. À propos des huit autres, ils sont en train de se mettre à jour. C’est sûr qu’ils viendront pour se joindre aux douze.
Pourriez- vous donner la garantie aux Ivoiriens, en assurant que d’ici trois, quatre ou cinq ans la Côte d’Ivoire sera autosufî-sante en production de riz ?Je peux donner cette ga-
« On va donc distribuer ces semences sélectionnées,
ensuite seront mises en place des stratégies de
distribution
et
de
marketing
pour
mieux
faire
connaître le riz local. On l’appellera «Riz Ivoire ».
à l’hectare, pour que les consommateurs puissent acheter le riz local de qualité supérieure à un prix réduit, par rapport au riz impor-té. Et que, par conséquent la compétitivité du riz local puisse être assurée en per-manence.
Qu’en est-il à présent de la mécanisation ? Des contrats signés permet-tront-ils aux planteurs de bénéîcier de machines pour travailler avec efîca-
ront rétribués en fonction des prestations vis-à-vis des paysans. Le leader de chaque pole se chargera de faire l’entretien de son maté-riel, pour que les différentes machines tiennent la route et puissent durer.
Reste que vous devriez trouver cette somme, en dehors des caisses de l’Etat !C’est à ce niveau que l’Etat doit jouer le rôle de mobili-sation de fonds auprès des
rantie aux Ivoiriens. C’est l’engagement que j’ai pris lorsque j’ai accepté d’assu-mer les responsabilités de ce ministère. Nous sommes sur la bonne voie, car ce qu’on n’avait pas pu obtenir hier, nous sommes en train de l’avoir aujourd’hui. Si c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui devait injecter ces mille mil-liards de F Cfa dans la poli-tique rizicole du pays, j’aurais décliné respectueusement cette offre. Parce qu’il est clair que l’Etat ne mettra pas
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mille milliards de F Cfa sur la table. Or, aujourd’hui, la voie que nous avons empruntée nous permet d’arriver à bon port. Car, ici ce n’est plus une seule personne qui met la main à la poche, ce sont plutôt vingt leaders qui, aidés par l’Etat, mobiliseront toutes les ressources financières pour pousser loin le bouchon du développement rizicole en Côte d’Ivoire. La production de riz de-mande, en effet, beaucoup d’investissements, à com-mencer par l’irrigation dont le coût est très élevé. Ima-ginez-vous que les barrages mis en place par l’Etat ont coûté 25 à 30 millions de F Cfa. Mais, avec l’arrivée des leaders de pôles, c’est-à-dire le secteur privé, il est clair que les frais de réalisation de barrages vont considé-rablement baisser. Tout cela constitue des atouts que nous allons capitaliser. On sait, par exemple que la Côte d’Ivoire dispose de 650 mille hectares de parcelle, dont 35 mille sont irrigués. En 2022, ce sera différent, parce que l’Etat va mettre en l’état les anciens barrages qu’il avait pris soin de construire. Sans irrigation, en tout cas, il est difficile de mettre en œuvre la politique rizicole !
Monsieur le ministre les terres qui seront utilisées dans le cadre de la mise en œuvre de la politique rizi-cole resteront toujours les propriétés des Ivoiriens ?Oui. L’option qu’a prise la Côte d’Ivoire dans le cadre de cette politique, ce n’est pas de vendre dix mille ou vingt mille hectares à tout ceux qui viendront pour nous aider dans cette politique ! Ce n’est vraiment pas de cela qu’il s’agit. Ce dont il est question, c’est d’aider les paysans à produire da-vantage sur leurs propres terres, de les aider à passer du stade de pauvreté à celui de richesse. L’Etat veillera au grain ! Car ; il s’agit avant tout de son rôle régalien. Et c’est le lieu de dire merci pour son engagement en fa-veur de la filière riz, et pour sa bonne compréhension. Il a l’art de faire des prévisions justes qui, à la longue, im-pactent positivement sur le niveau de vie des Ivoiriens. Je me réjouis de la confiance qu’il m’a faite, dans le but de partager, à bon escient, mon expérience de trente années que j’ai passé dans le sec-teur privé, précisément dans la filière du riz. Question de faire profiter cette expérience aux Ivoiriens, aux Africains, et pourquoi pas, au monde entier. Dans la mesure où nous avons eu aujourd’hui (ndlr, le 10 décembre), une rencontre avec les ministres de la Cedeao en charge de la production du riz dans leur pays.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR AMÉDÉE ASSI
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P olitique
Lundi 14 décembre 2020
Après son élection à la présidentielle Ouattara prête serment aujourd’hui Le Président de la République prononcera ce matin la formule sacramentelle ouvrant son premier mandat de la troisième République. rois cents invités dontde l’audience de prestationformule que prononcera le douze Chefs d’État.de serment par le présidentChef de l’État. Après la pres-Deux représentants de du Conseil constitutionnel,tation de serment, le Pré-T Présidents de la Répu-suivie de la lecture de lasident Ouattara recevra les blique. Jean Yves Le décision de proclamationfélicitations des membres Drian, ministre de l’Europe des résultats déïnitifs dedu Conseil constitutionnel et des Affaires étrangères del’élection présidentielle. Onet du secrétaire général de la France pour Emmanuel aura ensuite la prestationcette institution. On suivra Macron et Gwede Mantashe, de serment par le Présidentensuite la remise du grand ministre des Ressources Alassane Ouattara qui secollier de l’ordre national au minières et de l’Énergie de fera sur la Constitution. C’estPrésident de la République l’Afrique du Sud pour Cyril l’innovation. Dorénavant, lespar la Grande Chancelière. Ramaphosa. De nombreuxPrésidents prêteront ser-Après cette phase, il y aura présidents de Communau-ment sur la Constitution. «l’adresse solennelle du Chef tés économiques régionales Devant le peuple souverainde l’État, suivie des hon-(Cer) de l’Afrique. C’est de Côte d’Ivoire, je jure so-neurs militaires sur l’espla-devant ce parterre de per- lennellement et sur l’honneurnade du Palais de la Prési-sonnalités que le Président de respecter et de défendredence. de la République, Alassaneïdèlement la Constitution,Le 31 octobre, les Ivoiriens Ouattara, après son électiond’incarner l’unité nationale,dans une grande majorité lors du scrutin du 31 octobre,d’assurer la continuité deont renouvelé leur conïance prêtera serment. Cette cé- l’État et de défendre sonau Chef de l’État. La prési-rémonie, la présidence l’a intégrité territoriale, de pro-dentielle de 2020 a enre-voulue sobre pour raison de téger les droitset libertésgistré un taux de participa-Covid-19. C’est ce qui a jus-tion de 53,9%. Le nombredes citoyens, de remplir tiïé le choix du Palais prési-consciencieusement les de- d’électeurs était de 7 495 dentiel.voirs de ma charge dans l’in-082. Alassane Ouattara, le Cinq temps forts marquerontcandidat du Rhdp, a recueillitérêt supérieur de la Nation. cette prestation de serment.Que le peuple me retire sa3 031 483 voix sur un total On aura, selon le commu-conïance et que je subisse de 3 215 909 suffrages ex-la rigueur de la loi, si je tra-. niqué de la Présidence dif-primésfusé vendredi, l’ouverturehis mon serment ». C’est laÉTIENNE ABOUA PHOTO : PRÉSIDENCE
Des Chefs d’État déjà présents
Le Président du Burkina Faso, Roch Christian Kaboré a été accueilli par le Chef de l’Etat Alassane Ouattara.(PHOTOS : JOSÉPHINE KOUADIO) ne première vague desa descente d’avion par leprésence du Président de la Chefs d’État est arri-Président de la République, Mauritanie, Mohamed Ould vée hier, pour partici- Alassane Ouattara. Fraîche- El-Ghazaouani. duUPrésident Alassane Ouat- l’issue de l’élection présiden- Bissau, Umaro Sissoco Em-per à la cérémonie de ment réélu avec 51,59% desA ces Chefs d’État, il faut prestation de serment voix à la tête de son pays à ajouter ceux de la Guinée tara. tielle du 7 décembre, Nana balo, accueilli à sa descente Il s’agit du Président de la Akufo-Addo a tenu à soutenir d’avion par le Premier mi-République du Ghana, Nana son homologue ivoirien. A la nistre Hamed Bakayoko. Un Akufo-Addo, par ailleurs pré-suite du Président ghanéen,peu plus tôt, aux alentours sident en exercice de la Com-Roch Christian Kaboré dude 16 heures, Denis Sas-munauté économique des Burkina Faso est arrivé àsou-NGuesso, président du États de l’Afrique de l’OuestCongo et sa suite ont été17h39 avec sa délégation. (Cedeao). Il a été accueilli à Il faut également noter laaccueillis par le Chef du gou-
Denis Sassou Nguesso du Congo à lui, été accueilli par le Premier ministre Hamed Bakayoko.
vernement, accompagné du ministre d’État, secrétaire général de la Présidence, Patrick Achi, du ministre des Affaires étrangères, Ally Coulibaly, et Fidèle Sarasso-ro, directeur de cabinet de la Présidence. Par ailleurs, l’ancien Chef d’État, Goodluck Jonathan du Nigeria (2010-2015), n’a pas voulu se faire conter l’évènement. Il a foulé le sol d’Abidjan à 15h13 mi-
nutes. L’ avion de l’ancien président français Nicolas Sarkozy (2007-2012) a éga-lement atterri dans la soirée pour participer à l’évène-ment. En dehors de lui, plu-sieurs avions de Premiers ministres de pays amis de la Côte d’Ivoire se sont posés ce 13 décembre. Il s’agit de ceux de Ibrahima Kassory Fofana, Premier ministre de la République de Guinée et de Rose Christiane Ossouka
Raponda, Premier ministre du Gabon. Les Présidents Sahle-Work Zewde de la République d’Ethiopie, Georges Weah du Liberia, Patrice Talon du Bénin, Macky Sall du Séné-gal, Faure Gnassingbé du Togo, Mahamadou Issoufou du Niger, Julius Maada Bio et son épouse de la Sierra Leone sont également an-. noncés aujourd’hui
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