Fraternité Matin n°16832 - du lundi 01 février 2021
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Fraternité Matin n°16832 - du lundi 01 février 2021 , magazine presse

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Date de parution 01 février 2021
Langue Français
Poids de l'ouvrage 23 Mo

Extrait

er Lundi 1 février 2021 / N° 16 832 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orangeCi) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Téléphonie Après le basculement à dix chiffres Les précisions de l’Artci P. 13
1 554 candidats retenus Voici ceux qui se sont désistés et les recalés À partir d’aujourd’hui, dansFraternité Matin, Législatives 2021 la liste des candidatures validées par la Cei P. 6 à 10 Accès à l’eau potable Inhumation de Zadi Kessy à Yacolidabouo De nouveaux projets dans 200 localités P. 12 Tarif social de l’électricité 1,4 million de familles ont (PHOTO:SÉBASTIEN KOUASSI) bénéIcié de Lebâtisseurdortàjamaisdansla baisse de 20% le village qu’il a façonné P. 2 à 5 P. 15
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N ation
Après les hommages de la Nation
Lundi 1 février 2021
Marcel Zadi Kessy a rejoint ses ancêtres à Yacolidabouo
L’ancien président du Conseil économique, social, environnemental et culturel dort désormais d’un repos éternel sur les terres qui l’ont vu naître. arcel Zadi Kessy oudans la prudence, selon la MZK a déïnitivementparabole des dix vierges. regagné la terre deLe destin du mortel est ainsi M ses ancêtres samedicondamné à s’ajuster de ma-dernier. C’est dansnière continuelle aux attentes l’intimité familiale que l’an-de l’éternelle. Car « nul ne cien président du Conseilsait ni l’heure ni le jour » (Ma-économique, social, environ-1-13).thieu, 25, nemental et culturel (Cesec),Depuis la vallée sombre de décédé à 84 ans, a été inhu-garde,sa fragilité, l’homme mé dans son village natal dedans ces circonstances de Yacolidabouo, en milieu dedouleur, les yeux rivés sur journée.la montagne de l’Espérance Plus tôt, dans la matinée, laque reète la lumière du messe de requiem à la pa-Christ sur la croix. roisse Notre Dame de toutes« Seigneur Jésus, tu nous grâces du village a réuni pa-vois déchirés et abattus, nous rents, proches, amis et an-ne comprenons plus. Nous ciens collaborateurs.nous tournons vers toi. Tu as Malgré la fatigue de la veil-connu toi-même le scandale lée funèbre, la populationde la mort sur la croix. Per-a fait, nombreuse, le dé-mets-nous de redécouvrir la placement de la paroisse.profondeur de ton amour qui Chacun ayant un lien spé-nous fait passer de la mort à cial d’affection et de grati-la vie », a supplié, comme de tude avec l’illustre disparu.juste, l’homme de Dieu. Las ! Parmi eux, des dignitaires,Plusieurs oraisons ont précé-dont plusieurs ministres. No-dé la messe de requiem. La tamment, les ministres Alaindépouille du défunt patron Richard Donwahi, Goudoudu Cesec et ancien patron Raymonde Cofïe, Eugènedu groupe Société de Dis-Aka Aouélé et la secrétaireLa dépouille de l’ancien patron du Cesec a fait escale à la paroisse Notre Dame de toutes grâces pour la messe de réquiem.tribution d’Eau de la Côte d’État Myss Belmonde Dogo.d’Ivoire (Sodeci)- Compagnie Là, au pas de l’Église, lesivoirienne d’électricité (Cie) a naissance de sa double di-rares cadres qui aiment leur la puissance sans la maîtrise lais Birago Diop, comme un ûtes traditionnelles ont souf-également reçu les honneurs mension sociale et spirituelle village et qui s’investissent n’est rien », a rappelé le soupir qui nous soulage en é dans le ciel des sonoritésmilitaires. manifestée sur terre. pour son développement. prêtre célébrant Dominique permanence : « les hommes funéraires pour répandre lesLe 28 janvier, MZK avait déjà Aux allures de cathédrale, Loin de voir la construction Fieni, vicaire général du dio-ne sont pas morts… » prières pressantes des hu-reçu les hommages de la na-avec sa belle rosace, la pa-cèse de San-Pedro.de la paroisse, la maison mains adressées au maîtretion au siège du Cesec à Abi-roisse Notre Dame de toutes et les bureaux des prêtresMais pourquoi donc ?Face au îni, parions des cieux, aïn qu’il daignedjan. Et cela, en présence grâces est elle-même un don comme une œuvre, une ré-Pourquoi lui, MZK ? Cesur l’inîni accueillir dans son divindu chef de l’État Alassane de l’illustre disparu. Difïcile, alisation sociale au mêmefut, comme toujours, le lieu règne, ce serviteur qui le re-Ouattara. Un grand serviteur dans ces conditions, d’être titre que l’hôpital, l’usine oude l’éternelle question desPour Dominique Fieni, ce joint dans l’au-delà. Le glas ?s’en est allé insensible au vide que laisse l’école, elle est le couronne-mortels.départ du génie créateur de L’Église, comme les le bienfaiteur. ment, le clou. Car le social, Le vicaire a suggéré de seYacolidabouo renouvelle sur-hommes, a rendu hommageBENOIT HILI,ENVOYÉ SPÉ-« Nous le savons tous, le s’il ne repose pas sur le spi-réfugier dans la ritournelletout à chacun, l’invitation des à celui qui s’en va, en recon-CIAL À YACOLIDABOUO président Zadi fait partie des rituel, n’est rien. Tout comme éternelle du poète sénéga-Écritures appelant à vivre
L’ancien président du Cesec, Marcel Zadi Kessy, a été inhumé à Yacolidabouo dans l’intimité fami-liale. .(PHOTOS SÉBASTIEN KOUASSI)
Ils ont été nombreux à vouloir rendre un dernier hommage à Marcel Zadi Kessy
er Lundi 1 février 2021
Nation
MZK réunit toute la classe politique
3
a célébration de lafut, pour les siens, d’une mort donne parfois la grande beauté physique vie. Et les funérailles et morale. Une âme dont L de Marcel Zadi Kessy toute la vie sur terre a été ont redonné vie à la le rendez-vous du partage. fraternité entre les leaders Le ministre Donwahi a sou-politiques du marigot ivoi- ligné à quel point« l’œuvre rien.de bâtisseur de Zadi a dé-Cet homme, dont l’huma-passé Yacolidabouo pour nisme a transcendé less’étendre aux autres locali-chapelles au point d’offrirtés ». Fils du premier secré-à son village une chapelle taire général du Pdci de la majestueuse, a réussi, au région, MZK a aussi réussi seuil de son repos éternel, à faire de la Nawa le deu-l’ultime tour de manivellexième poids lourd politique de réunir à ses obsèques du parti, derrière la zone du toutes les chapelles poli-district d’Abidjan. tiques. Là où certains perdent un « Les obsèques de notrechef ou un patron, le vieux frère ont mobilisé toute laparti perd donc « un guide classe politique (…) Alas-», selon Britto Boniface qui sane Ouattara lui-mêmea rappelé le parcours d’un « s’est déplacé, il lui a faithomme exceptionnel ». rendre des honneurs mili-Les obsèques de MZK ont taires. Il a remis le drapeaurassemblé le grand peuple national à Mme Zadi. Et il acomme les autres épisodes du douloureux feuilleton de la séparation, a rassemblé toutes les chapelles politiques du paysLa messe de requiem, Bété dans toute sa diver-donné la somme de 20 mil-(PHOTOS: SÉBASTIEN KOUASSI, ENVOYÉ SPÉCIAL À YACOLIDABOUO)sité politique, intellectuelle, lions de FCfa. Le présidentvoire artistique. Aux côtés Bédié était avec nous àde Maurice Kacou Gui-fants de Jeannette KoudouDonwahi du Rhdp et l’anrégion de la Nawa. C’était - Donwahi a traduit la « tris-la cathédrale (Saint-Paulkahué, l’on pouvait aperce-pour venir saluer la familleà l’occasion des oraisonscien ministre Britto Boni- tesse » de toute la Nawa, d’Abidjan) pour la levée duvoir le président du comité », a coné le président duface du Pdci-Rda ont rap- funèbres qui ont eu lieu à «puissance tutélaire du corps. Le président Laurentde rédaction de la Constitu-comité d’organisation des l’esplanade de la paroissepelé la dimension socialepeuple bété». Pour lui, c’est Gbagbo nous a envoyé letion du 6 novembre, Boni-obsèques, Maurice Kacou Notre Dame de toutesde l’homme. Et, surtout, satoute la région qui pleure ministre Dano Djédjé, M.face Ouraga Obou et bien Guikahué, par ailleurs se- grâces de Yacolidabouo sa- vision du développement la disparition de ce « der-Djédjé Benjamin, son Ilsd’autres têtes fortes du crétaire exécutif en chef medi.partagé qui l’a conduit ennier patriarche ». Ce grand Michel Gbagbo et les en-pays issus de la région. du Pdci-Rda et natif de la Le ministre Alain-Richard politique. Alain-Richard baobab qui se couche BENOIT HILI Un fin humaniste a fini ses chemins
Une riche délégation d’hommes politiques a tenu à accompagner le grand serviteur de l’État.
u natif de Yacoli-dabouo, il ne reste plus que les super-D latifs pour le dé-peindre. Et parmi les tableaux, il y a ceux de sa propre famille. Absents aux oraisons funèbres, samedi dernier à la paroisse Notre Dame de toutes grâces de Yacolidaboua, Eugène Zadi et Yolande Zadi, respective-ment frère cadet et lle du
disparu, ont tenu à partager leurs témoignages à l’as-sistance éplorée. Selon le frère cadet, l’illustre disparu laisse en héritage les vertus cardinales de la patience, de l’humilité, de la justice, du respect des autres, de la générosité et surtout du travail.Eugène Zadi, de sa fenêtre de témoin et d’ac-teur aux côtés de Marcel Zadi Kessy (MZK), croit que
ce dernier fut simplement un «don de Dieu».«Aus-si loin que mes souvenirs d’enfant, puis d’adolescent, puissent remonter, je ne me rappelle que d’un seul week-end de repos. Marcel, je ne t’ai vu que travailler. Sans relâche. Aujourd’hui, on peut s’en étonner, s’en offusquer et se perdre en conjectures. Dans un pays où la culture du travail a été
dévaluée, voire totalement vidée de sa substance, au bénéIce de la culture du loisir et de la jouissance, toi, au contraire, tu as voué ta vie au travail », indique-t-il, dans son témoignage lu à la tribune. Le témoignage de Yolande Zadi a, lui, ten-té de parcourir les chemins de l’humanisme de ce père disparu.« Comment je peux, vivre (loin) ici, quand
Le ministre Alain Richard Donwahi a traduit l’afiction de toute la Nawa après la disparition de celui qui était l’un de ses derniers patriarches.
il y a la pauvreté et la mi-sère autour de moi », avait martelé son père un jour. Et pour la lle, cette phrase dénissait son père. Elle contient peut-être aussi le secret du développement intégré de Yacolidabouo. L’acte fondateur de ce vil-lage étant à rechercher dans l’engagement hu-maniste de MZK. Yacoli-dabouo, Ayo et Yako !
Ingénieur diplômé en tech-niques de développement depuis 1965, MZK fut, faut-il le rappeler, l’un des artisans de première heure du dé-collage de la Côte d’Ivoire moderne. Il a contribué à apporter et à transmettre le feu de la lumière à des mil-liers de foyers, notamment à la tête du groupe Sode-ci-Cie. B. HILI
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N ation
Temoignage
Lundi 1 février 2021
Marcel Zadi Kessy, Un Patron en avance sur sa génération ’ai rencontré le pré-Ce n’est pas sans raison qu’ilrière des plus honorables et sident Marcel Zadi Kes-s’étonnait de nous voir reveny glaner des lauriers qu’on lui -sy au début des années connaît. Les contes africains diquer à tout bout de champ daJns le secteur électrique et quatre-vingt-dix, juste nous le rappellent si bien : le et piaffer d’impatience. «Vous après la privatisation mauvais génie qu’on redoute, êtes trop pressés!», aimait-t-il on ïnit souvent par le croiser répéter à ses collaborateurs. la création de la Compagnie au détour de son chemin. Je m’étais mis à son école de Ivoirienne d’Electricité (CIE).la patience, mais je ne suis C’était à l’occasion des tra-Le paradoxe d’un managerpas sûr d›en sortir avec un vaux de recherches queà la fois patrondiplôme. La preuve, j’avais j’effectuais dans le cadre deet syndicalisteïni par le laisser à la CIE, moi ma thèse de doctorat sur la qui étais persuadé qu’il par-privatisation en Côte d’ivoire Au moment où Marcel Zadi tirait avant moi. Son secret sous la direction du profes-: il rêvait et il agissait. A sonKessy quitte notre monde, seur Mamadou Koulibaly. lui dont le nom se confond âge, il se préoccupait encore J’avais retenu pour ce travail désormais à ceux des entre-de ce que notre communau-15 entreprises (dont la CIE) prises qu’il a forgées à l’image té va être dans les trente ou qui étaient concernées par de sa vision, je voudrais lui cinquante prochaines an-l’ambitieux programme de exprimer ma gratitude et lui nées. Il se situait sur la tra-privatisation d’alors, enga-rendre un vibrant hommage. jectoire de l’histoire longue où gé par le Gouvernement. Je Pour la conïance qu’il a pla-s’opèrent les changements, connaissais de loin le patron cée en moi pour porter loin et non dans le court terme de CIE-SODECI bien avant, son message de progrès où on ne se contente que à travers la façon assez origi-dans un environnement afri-de faire l’inventaire des faits nale dont il dirigeait ses entre-et de leurs conséquences.cain où nos dirigeants, dans prises. Je l’observais de loin leur grande majorité, sont Cette projection dans un futur en tant que chroniqueur éco-plus portés sur la recherche auquel il risquait de ne plus nomique à travers les publi-effrénée de la boniïcation appartenir comme la plupart cations du groupe Fraternité de leurs intérêts immédiats de ses congénères est l’ex-Matin où j’ai longtemps colla-plutôt que sur l’amélioration pression du culte de la pa-boré au service économique. durable des conditions d’exis-tience qu’il incarnait et de la Mes travaux de recherches tence de leurs collaborateurs vision positive qu’il portait. sur la CIE m’ont, par la et de leurs concitoyens. Peut-on, sincèrement, être suite, donné l’occasion de La politique sociale qu’il a un leader dans le plein sens l’approcher davantage pour mise en œuvre à la SODE-du terme sans se soucier de comprendre sa vision et son CI et à la CIE, qui n’est pas l’héritage qu’on va laisser mode de gouvernance. C’est le fruit d’une lutte syndicale aux générations futures ? ainsi qu’en 1994, j’avais sou-mais plutôt l’expression de A Yacolidabouo, son village haité l’avoir dans mon jury de sa propre vision de ce que natal qu’il aimait follement, thèse en qualité de personna-doivent être l’entreprise afri-il a laissé des marques. Il a lité extérieure sur les quatre caine et le bien-être de ses fabriqué une génération de membres que comptait le jury. travailleurs, en est la preuve nouveaux paysans capables Mais, empêché par son agen-de se prendre en charge ettangible. Un jour, un leader da chargé, il n’a pas pu sié-syndical proche de la classe d’assumer la modernisation ger et s’est fait représenter à ouvrière avec qui j’échan-de leur village. Il leur a refusé la cérémonie de soutenance geais m’a dit ceci : « Je n›ai d’être des ouvriers smigards par Gbaloan Séri, alors Direc-pas installé une base à la de l’usine installée dans le teur général de la SODECI et CIE-SODECI parce que ton bled et qui transforme le très tôt arraché à notre affec-anciens amours administraune des ïliales transformée -patron est déjà un syndicaun serviteur de l’Etat qu’un -caoutchouc naturel. Il a rêvé tion. Ce décès brutal de son ensuite en groupement d’in-liste ». C’est tout à l’honneur de les voir devenir planteurstifs. A côté de lui, j’avais le capitaliste. “Parce qu’ils sont dauphin dont l’allure rappelle térêt économique (GS2E), j’ai sentiment que son costume dans l’administration, ils se d’un patron généreux qui, d’hévéa. Ils sont aujourd’hui le château d’eau, l’avait effon-de manager le coinçait par continué à collaborer dans de riches planteurs.bien qu’ayant son portefeuille croient plus nationalistes que dré. Tout comme l’a dévasté, l’ombre du président, au point rapport à sa forte ambition les autres. Ce n’est pas parce à droite, a tout son cœur qui quelques années seulement de susciter quelquefois la de servir la Côte d’Ivoire. Le qu’on est fonctionnaire qu’on bat à gauche. Le désir achar-Un chef méticuleux, perfec-après, la mort à 50 ans de jalousie de certains de mes hic, c’est que la mauvaise est plus patriote et qu’on a le né de partage et l’élan de so-tionniste et tolérant Alphonse Goueti Bi Trazié, supérieurs hiérarchiques. gouvernance de nos Etats le monopole de l’amour pour lidarité qui l’animaient n’étant un technocrate sur qui il fon-son pays”, réagissait-il avec que les conuents d’un grand Si le président Marcel ZadiParmi les collaborateurs qui décourageait et ne le motivait dait un grand espoir pour sa ont servi Marcel Zadi Kes-euve africain où la richesse un certain agacement, qui pas du tout. Il travaillait dans Kessy a eu une longévité ex-succession. Que dire en déï-sy à son cabinet au poste se crée ensemble pour être ceptionnelle à la tête de sesle monde des affaires et était témoigne que le cœur de nitive à ce propos ? Le grand de conseiller, je pourrais au service du capitalisme in-entreprises, c›est à cause departagée collectivement. l’ancien patron des patrons patron, n’est-ce pas celui qui prétendre avoir eu une re-ternational par défaut et non Pour lui, l’entreprise africaine ivoiriens battait fortement ses bons résultats, dans un a une capacité de substitution marquable longévité. Même par vocation. S’il est resté pour l’Etat. Sa nomination ne peut exister si elle n’est environnement ivoirien où la et pour qui nul n’est irrempla-parti de la Compagnie gestion et surtout celle dessurprise à la tête du Conseil pas culturellement enracinée. en longtemps à la SODECI et çable ? 2007 dans le cadre d’un dé-à la CIE, au point de refuser services publics laisse à déDu président Zadi Kessy, je Economique, Social, Culturel -part volontaire, j’ai continué à maintes fois des offres de res-sirer. “Avec les Européens,retiens trois enseignements et Environnemental où il a Un serviteur de l’Etat plusterminé sa carrière de manam’abreuver à sa source ; soit ponsabilité ministérielle sous -nous disait-il, c’est le résulprincipaux : la patience, le -qu’un capitalistetat qui compte. A un momentgoût du travail bien fait et la dans le cadre de ses activités ger humaniste sur une note Houphouët-Boigny, ce n’est associatives de développe-forcément pas à cause des bien triste, est une sympho-donné, ils ne tiennent plustolérance. Pour demeurer Dix mois environ après ma ment dont il est passionné supers proïts qui s’y trouvent, nie inachevée. “Je ne suis aussi longtemps à la tête des compte de la couleur de votre soutenance, j’ai démissionné ; soit pour le représenter à mais plutôt en raison de son pas maître de mon destin”, deux grandes entreprises de peau. A nos réunions à Pa-de mon ancienne entreprise, travers la Côte d’ivoire ou à attachement au service public m’avait-t-il conïé, tel un pro-service public et bénéïcier ris, il leur arrive de critiquer la Caisse Autonome d’Amor-phète, un jour des années dont l’eau et l’électricité sont les Africains, sans se rendred’une promotion à la tête l’extérieur, quelquefois loin du tissement (actuelle BNI), continent comme en Malaisie la meilleure traduction. Y-a-t-il deux mille. A la tête de cette de la maison-mère à Paris compte qu’un Africain est où j’ai passé neuf ans et où en Asie du Sud-Est en 2009, dans nos pays, en dehors de Institution étatique, sa riche comme ce fut le cas à un mo-assis à côté d’eux”. Contrai-j’exerçais les fonctions de pour confronter sa philoso-l’éducation et la santé, des rement à la plupart des diment donné et être appelé à carrière s’est heurtée, au -chef de service du personnel, phie du management et du services aussi générateurs moment où il ne s’y attendait servir l’Etat de Côte d’ivoire à rigeants africains nommés pour rejoindre le cabinet de développement aux autres de bien-être et de la quali-pas du tout, aux pires difïcul-par les patrons européens ou75 ans, il lui a fallu incarner la Marcel Zadi Kessy comme expériences. té de la vie des populations tés du management public patience et les vertus du tra-américains à des postes de Assistant. Entré au cabinet Quarante ans après avoir que l’eau et l’électricité ? Si qu’il a tant redoutées et qui vail. Aux âmes bien nées, la responsabilité dans les ïliales en juillet 1995, j’y suis resté pris ses vacances de l’Etat, Marcel Zadi Kessy a signé l’avaient amené très tôt à se valeur ne décroit pas quand de multinationales, il n’a pas jusqu’en 2005. Même affecté je n’étais pas du tout surpris un long bail dans ce secteur «refugier» dans la bureaucra-l’âge avance, dirais-je pour joué «les commandants de par la suite comme DRH dans de le voir retourner à ses vital, c’est parce qu’il est plus tie privée pour faire une car-paraphraser le philosophe. cercle». Il n›a pas «assimilé»
Lundi 1 février 2021
les yeux fermés les modèles de gestion occidentaux. A ses partenaires européens, il a su suggérer, sans passer par une «rébellion», un modèle de management susceptible de s›enraciner et de créer les conditions de développement durable de leurs affaires. Il a fait cela en alliant réexion et pratique. C›est justement sur ce chemin que l›écono-miste que je suis a rencon-tré le manager méticuleux et perfectionniste qui refuse les copies brouillonnes. Il avait le culte du travail bien fait et m›a amené moi-même à ne jamais être satisfait de mon propre travail. Avec lui, j›ai appris, que la qualité est dans le plus petit détail, qui va de la tenue du bureau à la pro-preté du véhicule de service. Et que le patron, c’est moins le fauteuil dans lequel on est assis que la considération du collaborateur le moins gra-dé et les mesures simples qu’on prend telles que les «boîtes à chèques» dont il a eu l›idée géniale pour sou-lager les clients de longues ïles d’attente, l’implication des femmes dans la ges-tion, le fonds commun de placement qui rend les sa-lariés heureux à leur départ, l›assurance maladie pour les retraités qu›il a instaurée ou encore la Mutuelle de l’eau et de l’électricité (MA2E), la microïnance qu’il a initiée pour les travailleurs de CIE-SODECI et des entreprises afïliées. Une banque-mai-son, véritable trouvaille inno-vante, qui va certainementchanger les années à venir la vie des travailleurs et celle de leurs familles : «Ma ïerté sera d’autant plus grande que les sociétaires et les dirigeants de notre Mutuelle sauront créer, dans les années à venir les conditions les meilleures pour faire de cette jeune ins-titution de microïnance, une institution prospère au ser-vice du bien-être de nos col-laborateurs. Les débuts sont prometteurs. J’ai grand espoir pour l’avenir », prophétisait-il. Cette microïnance mobilise aujourd’hui en épargnes et en crédits plus d’une dizaine de milliards de francs chaque année. Elle vient de se lancer dans le projet immobilier.
Une microînance pour combattre la pauvreté des salariés
Le président Marcel Zadi Kessy aimait répéter à ses collaborateurs, sans aucune honte, que l’entreprise capita-liste au service de laquelle il était ne peut pas les enrichir mais peut plutôt les aider à prospérer. Cette Mutuelle est l’instrument approprié de la lutte contre la pauvreté des travailleurs. Alors, elle leur inculque la culture ïnancière qui n’est pas la tasse de thé des salariés de chez nous. Elle leur apprend à épar-gner et à investir dans de
N ation
Le Chef de l’État a salué les actions de développement de Zadi Kessy à Yacolidabouo.
micro-projets avec des prêts adaptés et moins chers. Avec ce projet social de haute por-tée, nous ne sommes plus dans l’assistance, c’est à dire le social pour le social. Nous sommes désormais dans la logique de la responsabilisa-tion et de l’autonomisation de nos travailleurs, le vrai talon d’achille de l’entreprise afri-caine. C’est là la preuve que ces entreprises longtemps gouvernées par Marcel Zadi Kessy et auxquelles il a im-primé sa marque de fabrique sont désormais à un niveau de citoyenneté et d’intégra-tion culturelle élevé. Avec MA2E, le rêve fou de Marcel Zadi Kessy, le vagabond du développement, et celui de nombreux salariés de ses entreprises, est en train de devenir une réalité sous nos yeux. Là où le désespoir et le pessimisme ambiants avaient droit de cité. C’est de mon modeste point de vue une vraie école pour toutes les entreprises et les administra-tions publiques qui aspirent au progrès et à la modernité.Demain est possible ! Le rêve est donc permis si on y croit ?Un pionnier de l’actionnariat salarié Que dire, enïn, de l’acces-sion du personnel de la CIE et de la SODECI, à travers les deux fonds communs de placement, au capital de la maison-mère à Paris ? Si ce n’est pas encore le « para-dis capitaliste », c’est proche d’une vraie consécration qui annonce un avenir promet-teur d’un actionnariat sala-rié africain dont il a toujours rêvé et dont SODECI et CIE sont les pionniers dans la sous-région. Imprégné de l’houphouetisme, Marcel Zadi Kessy était même plus hou-
phouëtphile qu’houphouë-tiste. La paix et la cohésion sociale étaient sacrées chez lui. Il avait horreur du conit et n’hésitait pas à lever une armée de pompiers lorsque le front syndical s’allumait. Si le SYNASEG radical est mort à la CIE, c’est de sa propre overdose qu’il a suc-combé. Le président Zadi ayant tout fait pour le guérir de son extrémisme, sans hélas, jamais y parvenir. Comme un père qui «aime bien et châtie bien», l›ancien patron aimait nous faire des compliments mais aussi nous iniger quelques corrections qui pouvaient quelquefois dégénérer. Mais il n›hésitait pas à se montrer en déïni-tive clément et tolérant, qu›il s›agisse des syndicalistes
provocateurs où de collabo-rateurs récalcitrants.
La politique comme la sorcellerie
Tourner la page, quelle que soit la situation, c›était une qualité reconnue au président Zadi Kessy. L’avait-il appris des Blancs qu’il a longtemps côtoyés ? J’y pense quelque-fois. Mais je crois que c’était sa propre nature, pour ne pas dévaloriser l’état d’esprit d’un homme qui était habité par le fervent désir de cohésion et d’entente qui sont le préalable à un bon travail en équipe, tant en entreprise que dans toute communauté humaine. «Pour être au service des hommes, prêchait-t-il, il faut les aimer plus qu’il ne vous aime ». Sa
personnalité est condensée dans cette pensée. Son rapport intelligent à la politique et aux politiques, qui lui donnait une dimension modérée que l’opinion appré-ciait, j’en connais le secret. Il l’a révélé un jour de 2011 à Kinshasa quand j’étais à ses côtés, lors d’une grande conférence qu’il a animée en présence de nombreux chefs d’entreprises du secteur public de la RDC à l’invita-tion de la Banque Mondiale. Un chef d’entreprise s’était étonné de le voir, avec ses qualités de grand manager, faire aussi la politique. Voici sa réponse très applaudie et qui est à méditer par tous : “On ne peut pas occuper en Afrique les fonctions qui sont les miennes sans faire la poli-
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tique. Mais je fais la politique comme ceux qui, dans nos sociétés traditionnelles, font la sorcellerie sans pour autant être des mangeurs d’âmes. Pour ne pas être mangé par des mangeurs d’âmes, il faut vivre avec eux. Voilà com-ment j’en suis arrivé à la po-litique”. C’est tout un mérite, dans nos sociétés africaines où tous ceux qui côtoient les mangeurs d’âmes ïnissent toujours par “bouffer”. Dans la société secrète, lui, Marcel Zadi Kessy, résistait à la vi-laine tentation de «manger». Il faisait la politique avec une certaine élégance et une cer-taine éthique ; en refusant la politique politicienne et en s’abstenant d’être candidat à quoi que ce soit. Hélas ! Marcel Zadi Kessy n’est plus de ce monde. Mon mentor, source de notre ins-piration, a tiré sa révérence. Yaco à son épouse Kany do-tée d’un courage hors norme et par qui le Bon Dieu est passé pour prolonger sa vie sur terre ! Yaco à Eugène et à toute la famille inconsolable ! Yaco, enïn, au peuple or-phelin de Yacolidabouo à qui je dis MERCI pour avoir fait don à la Côte d’Ivoire du plus illustre de ses ïls ! En paix, repose Président ! Le Comité de direction est ïni ! Tu pars, mais tu demeureras parmi nous, tant que notre génération et toutes celles à venir liront «Culture africaine et Gestion de l’entreprise moderne» ; tant qu’elles se replongeront dans des folles idées de changement en par-courant «Développement de proximité et Gestion des com-munautés villageoises ». Tu nous quittes, mais ta vision et les valeurs que tu nous as enseignées te survivront. Elles vont t’immortaliser à jamais
DR RENÉ-FRANÇOIS MONCKEH
ECONOMISTE, ANCIEN ASSISTANT
DU PRÉSIDENT MARCEL ZADI KESSY
La méthode Mzk a fait ses preuves aussi bien en entreprise que dans le développement local.
rmonckeh@yahoo.fr
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