Fraternité Matin n°17148 - du lundi 21 février 2022
40 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Fraternité Matin n°17148 - du lundi 21 février 2022 , magazine presse

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
40 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le savais-tu ? Tu peux t'abonner à ce journal en cliquant sur la petite cloche. Tu recevras alors une alerte par mail à chaque nouvelle parution !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 février 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Adzopé Abel Botchi ouvre la “ Maison PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALESdu député ” P. 8 Lundi 21 février 2022 / N° 17 148 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orange Ci)Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € Réconciliation nationale
KKB :“ Les Ivoiriens se
epxacrlluesnitvàenouveau; c’est
le résultat d’un travail ” PHOTO : VÉRONIQUE DADIÉ Le ministre de la Réconciliation et de la Cohésion nationale, Kouadio Konan Bertin, présente sa méthodologie et évoque ses Intraeprpvoritseavwec Bédié, Gbagbo, Blé Goudé et Guillaume Soro Pp. 4-5 Électricité / Inauguration du Dispatching national de Yamoussoukro
La Côte d’Ivoire se positionne comme le hub de la sous-région Pp. 12-13 Gestion des entreprises d’ÉtatLutte contre le terrorisme P. 11 Des militaires de dix pays Des administrateurs indépendants pour en formation à l’Académie de Jacqueville P. 3 renforcer les Conseils d’administration
2
Politique
Lundi 21 février 2022
e 6sommet Ua-Ue à Bruxelles L’Afrique et l’Europe signent un nouveau pacte de coopération Africains etEuropéens se sont engagés à donner un nouveau souffle dans le processus de leurs coopérations multilatérales.
géographique, la reconnais-sance de l’histoire, les liens humains, le respect de la souveraineté, la responsabi-lité et le respect mutuel, les valeurs partagées, l’égalité entre les partenaires et des engagements réciproques », note en sus, le communiqué ïnal du sommet. Comme enjeux majeurs, ce nouveau partenariat en-tend relever plusieurs déïs, et non des moindres. Entre autres être l’élément fédéra-teur «de la promotion com-mune» des priorités et des valeurs partagées aussi bien par l’Afrique que par l’Eu-rope. Tant au niveau du droit international que des intérêts publics qui scellent l’union des communautés africaines
et européennes. Par le ren-forcement de la sécurité et la prospérité des citoyens. Tout comme «la protection des droits de l’homme, l’éga-lité de genre ainsi que l’au-tonomisation des femmes dans tous les domaines de la vie, le respect des prin-cipes démocratiques, la bonne gouvernance et l’État de droit, les actions visant à préserver le climat, l’envi-ronnement et la biodiversité, la croissance économique durable et inclusive, la lutte contre les inégalités, le sou-tien aux droits de l’enfant et l’inclusion des femmes, des jeunes et des plus défavori-sés», indique le communi-qué du sommet.MARCEL APPENA
Les Chefs d’État ivoirien et Français, Alassane Ouattara et Emmanuel Macron (à l’extrême droite) et des personnalités européennes qui ont pris part au sommet.(PHOTOS: PRÉSIDENCE) ne nouvelle «vi-l’Ua adhèrent à une visionrable ». De ce fait, la note sion commune pourcommune d’un partenariatconjointe Ue-Ua fait savoir 2030», tel est l’inti-renouvelé pour construire unque cette vision s’inscrit clai-U tulé du communiqué avenir commun, en tant que rement dans «la durée et qui a sanctionné partenaires et voisins les la prospérité», au nom des le sommet Union euro-plus proches», afïrme trèspopulations africaines et eu-péenne-Union africaine qui clairement le premier pointropéennes pour le bonheur s’est tenu les 16 et 17 fé-du communiqué. des générations futures. vrier 2022, à Bruxelles, ca- Comme objectif, les deux Par ailleurs, cette nouvelle pitale de la Belgique, abri- institutions se sont convain-donne adoptée par l’Ue et tant le siège de l’institutioncus que cette vision com-l’Ua sera un trait d’union européenne. «Conscientsmune s’assigne le but deentre les peuples, les ré-des possibilités et des déïs«consolider un partenariat gions et les organisations communs sans précédent renouvelé pour la solidarité, africaines et européennes. et toujours plus nombreux, la sécurité, la paix, le déve- «Ce partenariat renouvelé les dirigeants de l’Ue et deloppement économique du- sera fondé sur la situation Les participants à cette rencontre de haut niveau se sont engagés au renforcement du partenariat Ua-Ue. 1000 milliards de F Cfa pour Covid-19: l’Ue s’engage à fournir développer les infrastructures450 millions de doses à l’Afrique n «paquet» d’investis-avec le concours des initia-la vitalité et du renouveau sements Afrique-Eu-de la coopération entre lestives de l’Équipe Europe, en e partenariat renouvelé est déterminée à fournir à vaccination. Et, en collabora-rope d’au moins 150différents pays des deuxs’appuyant résolument sur entre l’Afrique et l’Eu- l’Afrique au moins 450 mil- tion avec le Cdc Afrique, elle milliards d’euros (soitcontinents.les priorités et l’environne-deUles «pour construire  FCfa) deux continents visentConcrètement, pour mobili-que la lutte contre la ma-forme de l’équipe spécialeet la formation des équipes rope consiste à relever lions de doses de vaccin, encompte s’impliquer dans «laprès de 1000 milliardsment des pays africains.Selon la correspondance, L des déïs immédiats telscoordination avec la plate-distribution efïcace de doses une Afrique et une Europeà démontrer et à partagerser ce paquet d’investisse-ladie à coronavirus. «Le pre-pour l’acquisition de vaccinsmédicales ». prospères et durables pouravec le reste du monde lements, il s’agit de mobiliseren Afrique (AVATT), d’ici lamier déï consiste à assurer Pour que le continent puisse un accès juste et équitable mi-2022 ». faire face aux urgences à une ambition commune d’icisuccès d’un programmedes fonds publics pour inci-aux vaccins. Ensemble, nousA juste titre, les Européensvenir en matière de santé 2030 et en tenant comptepour la prospérité respec-ter les investissements pri-soutiendrons les mécanismesont annoncé qu’ils mettentpublique, surtout, forts des le-de l’agenda 2063 de l’Ua,tueux des (...) citoyens etvés en ayant recours à des locaux et régionaux de pas- à contribution plus de 3 mil-çons tirées de l’actuelle crise annonce le communiqué ï-de notre planète».instruments de ïnancement sation de marchés, ainsi que liards de dollars (1 500 mil-sanitaire, «nous sommes nal du sommet. En outre, ce vaste pro- qui sont innovants. «Nous l’attribution et le déploiementliards F Cfa, équivalent de déterminés à soutenir la sou-«Le paquet d’investisse-gramme d’investissementnous engageons à pro-de produits médicaux», lit-400 millions de doses de vac-veraineté à part entière de ments contribuera à la misequi s’inscrit dans la straté-mouvoir une gouvernance on dans le communiqué ïnalcins) dans le cadre du méca-l’Afrique en matière de santé en place d’économies plusresponsable, transparente,gie «Global Gateway», vise », s’engage les Européens;nisme Covax. «L’Équipe Eu- conjoint du sommet de l’Ue et diversiïées, inclusives, du-à attirer plus d’investisse-inclusive et réactive, confor-de l’Ua.rope contribue à cet objectifqui assurent qu’ils s’engagent rables et résilientesments publics et privés sur mément aux instruments in-» dans complète les actions de à soutenir «un programmeConcrètement, les Euro- et péens se sont engagés à li- cette équipe spéciale », in- commun pour la fabrication le domaine des investis- le continent africain «en ternationaux », précise alors vrer à l’Afrique, d’ici le moisdique le communiqué. de vaccins, de médicaments, sements, de la santé et des’appuyant sur les initiatives le communiqué ïnal de la de juin prochain, 450 millions A ce titre, l’Europe afïrmede dispositifs de diagnostic, l’éducation.rencontre Ue-Ua.et les partenariats existants de doses de vaccins. En té-qu’elle va mobiliser 425 mil-de traitements et de produits Pour Africains et Euro- ». En plus, ce niveau d’in-moigne cette précision de lalions d’euros dans le but de santé en Afrique ». péens, un tel niveau d’in-vestissements durables àM. APPENA note: « L’UE réafïrme qu’elle d’accélérer le rythme de la M. A. vestissement témoigne de«grande échelle » se fera
Lundi 21 février 2022
Politique
Flintlock 2022
3
C’est parti pour huit jours d’intenses exercices aîn de lutter contre le terrorisme
Les forces spéciales de dix pays dont quatre d’Afrique sont à l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (Ailct) de Jacqueville,
pour renforcer leurs capacités et être plus efficaces face à la montée du terrorisme dans les pays du golfe de Guinée.
près l’annulation de salué, au nom du général demandement et le contrôle, à l’édition 2021, l’opéra- corps d’armée Lassina Doum-renforcer l’interopérabilité et, tion 2022 du Flintlock, bia, le fait que le commande-enïn, à améliorer le succès nivAeau pour lutter contre le ait porté son choix sur l’Aca-deur des États-Unis, Richard destinée à des exer- ment des opérations spécialesopérationnel. cices militaires de haut des États-Unis pour l’AfriqueTout comme lui, l’ambassa-terrorisme, a démarré, hier, à démie qu’il dirige. Pour lui, elleBell, a souligné que la parti-l’Académie internationale de est un instrument au servicecipation de dix pays à cette lutte contre le terrorisme (Ailct) de la formation, de l’entraîne-édition du Flintlock exprime de Jacqueville. ment et de la réexion straté-la volonté de faire face en-Organisée par le commande- gique qui se présente commesemble à une même menace. ment des opérations spéciales un projet novateur en Afrique. des États-Unis pour l’Afrique, Avec l’ambition de devenir,la cléLa conîance, cette édition accueille, pour à terme, un pôle d’expertisede la réussite huit jours, quatre pays et de compétence régionale d’Afrique et six des continents reconnu en matière de luttePour Richard Bell, la première européen et américain. Il s’agit contre le terrorisme, au béné-règle pouvant permettre à du Niger, du Cameroun, du ïce de la stabilité des États ettous ces pays de réussir le Ghana et de la Côte d’Ivoire de la sécurité des populations.pari de mettre ïn au éau pour le continent africain et duRevenant sur l’exercice pro- est la culture de la conïance Canada, des États-Unis, deprement dit, le directeur gé- réciproque et surtout le la France, de la Norvège, desnéral de l’Ailct a fait savoir fait de mériter la conïance Pays-Bas et du Royaume-Uni.des populations. Selon sesqu’il est conduit en étroite A l’ouverture de cette éditiondires, la première règle deliaison avec les composantes qui a enregistré la présencedes forces spéciales, des par- la contre-insurrection, c’est du premier responsable desd’être en parfaite harmonietenaires occidentaux et les armées, le général de corpsavec la population contreÉtats-Unis. Il vise à consolider d’armée Lassina Doumbia,les capacités des forces spé-Le chef d’état-major général des armées et l’ambassadeur des États-Unis ont proîté de l’ouverture du Flintlockl’ennemi. Parce que« lorsque 2022 pour échanger sur des questions pertinentes avec les journalistes.(PHOTO : DR) accompagné des générauxciales des nations africainesl’État peut compter sur le sou-Alexandre Touré Apalo de lafont que le Flintlock est plusque le Ghana accueillera le invitées. La participation de tien de la population, il peutsoudre seul ces problèmes gendarmerie nationale, Yous-qu’un exercice militaire, note-la Côte d’Ivoire s’inscrit, pré- Flintlock avec la Côte d’Ivoire », insiste-t-il. C’est d’ailleursencaisser de lourdes pertes souf Kouyaté de la policet-il.en 2023, l’ofïcier américain cise-t-il, dans un processus «Nous nous entraînonspour cette raison qu’il rappelleet continuer d’avancer ». Tout nationale et de l’ambassa-s’est réjoui de l’augmentationprogressif d’intégration dans ensemble, nous partageonsque l’un des principaux objec- en saluant le gouvernement deur des États-Unis d’Amé-le programme d’entraînement des investissements des par-les charges, nous augmen-ivoirien et la France pour l’ini-tifs du Flintlock est le partage rique Richard Bell, l’engage-tenaires et ce, à mesure queet d’appui des forces armées tons l’interopérabilité et noustiative conjointe de créationd’informations. Pour l’ofïcier ment d’unir les forces pouraméricaines.« Ce processusles différents pays africainsconstruisons des relations.de l’Ailct qui est appuyée,américain, si les pays ne combattre le terrorisme étaita démarré par l’obtention duétaient déployés.Il en résulte la ressource lapeuvent pas communiquer, pour l’instant, à hauteur de palpable.statut d’observateur lors des plus importante qui est la1,5 million de dollars Us (en-ils ne peuvent pas travailler viron 900 millions de FCfa) Le général Joseph Allahprécédentes éditions, puisPlus qu’un simple exerciceconïance »,ensemble.poursuit Jamie « En travaillant en infrastructures, il a fait sa-Kouamé, directeur générals’est poursuivi par l’accueilmilitaireSands. Selon qui le Flintlocksur nos relations bilatérales de l’Ailct, l’a d’ailleurs signi-des programmes d’échangesrenforce la capacité à contreret multilatérales, en créantvoir que tous les participants ïé dans son adresse. Selonet d’entraînement conjointsorganisations extrémistesDans son adresse, le les de meilleurs mécanismes deà l’édition 2022 du Flintlock lui, en accueillant le Flint-depuis 2019 », a-t-il expliqué. contre-amiral de l’armée violentes, à collaborer au-de-communication et en parta-sont des troupes d’élite qui lock 2022,« la Côte d’Ivoireaméricaine s’est voulu clair là des frontières et à assurerPour le contre-amiral Jamie geant les informations, nousvont apprendre ensemble réafïrme sa déterminationà la synergie et la la sécurité des peuples.Sands, commandant des quant renforcerons la compréhen-« Les et mettre en œuvre les meil-d’acquérir les capacités d’en-complémentarité des forcesopérations spéciales des Usa sion et la conïance »ennemis de la stabilité et du , sou- leures méthodes pour gagner diguer l’extension du mouve-armées des différents payspour l’Afrique, cet engage- progrès ne reconnaissent pasla lutte, tout en respectant letient-il. Avant d’indiquer que ment djihadiste, sous toutesment à héberger le Flintlock pour réussir la lutte. Les ef-les frontières, ce qui nousdroit international et en proté-la communication dans ce ses formes, vers le Golfe dereète la volonté de la Côte forts combinés de la commu-oblige à travailler ensemble.geant la population.genre de lutte augmente la Guinée ».nauté présente à Jacquevilled’Ivoire de relever les déïs Aucun de nous ne peut ré-capacité à assurer le com-HERVÉ ADOU C’est pour cette raison qu’il arégionaux. Avant d’annoncer Lassina Doumbia :“ Prendre en compte le retrait de Barkhane du Mali dans nos nouvelles stratégies ” n marge à la céré- sina Doumbia, répondant àle départ des forces fran-a indiqué que la menace à quer que, depuis quelques échanges de savoir-faire, monie d’ouverture de la question sur le retrait de laçaises, qui est un fait, dansd’informations de technici-années, la Côte d’Ivoire et laquelle font face les États, Flintlock 2022, le géné- force Barkhane et de Takubanotre planiïcation, l’organi-té entre des unités qui ontaujourd’hui, nécessite l’ac- ses pays frères et amis s’at- E ral de corps d’armée, au Mali, s’est voulu pragma-sation de notre dispositif ».nettement beaucoup plustèlent à trouver les moyens quisition de savoir-faire par- chef d’état-major des tique. Selon lui, le départ deticulière sur tous les plans. Pour lui, ce retrait ne doit que les autresnécessaires pour former d’expériences armées ivoiriennes, Lassi- ces troupes doit amener lesleurs hommes aïn d’amélio- dans le but de s’améliorer. Apas faire peur en termes Notamment au niveau de la na Doumbia, et l’Ambassa- États à repenser toutes lesd’occupation du terrain mais prévention, de l’anticipation, rer leurs technicités et leurs la ïn de ce partenariat, pré-deur des États-Unis en Côte stratégies en incluant cettede l’intervention et la judi- disposer d’une ressource cise le général Lassina Dou-compétences. C’est dans ce d’Ivoire, Richard Bell, se sont réalité. C’est pourquoi, ilhumaine de qualité pour ciarisation.« Il faut néces-contexte que Ailct a, dit-il, été mbia, les unités doivent être prêtés à quelques ques- précise qu’en tant que paysmener la lutte.sairement que nos armées« Car le pre- beaucoup plus compétentesconstruite. Et pour la même tions des journalistes venus ayant déjà subi au moins unemier outil dans un conflit s’adaptent avec l’acquisitionraison, des pays comme la et adaptées au traitement de nombreux à ce premier ren- attaque terroriste,« nous de-est d’abord la qualité des de nouvelles connaissancesCôte d’Ivoire ont cherché la menace terroriste. dez-vous en terre ivoirienne.vons y faire face en tant queressources humaines »,et de savoir-faire particulierà intégrer le réseau Flint-Au cours des échanges, Las-soldats et prendre en comptedit-il. Poursuivant, le Cema»lock qui permet de faire des, soutient-il. Avant d’indi- H. ADOU
4
P olitique
Lundi 21 février 2022
Réconciliation nationale / Kouadio Konan Bertin: ‘‘ Les Ivoiriens se parlent à nouveau, c’est le résultat d’un travail ’’
Le ministre de la Réconciliation et de la Cohésion nationale parle, sans détour, de sa nomination dans le gouvernement et du processus en cours pour rapprocher les Ivoiriens.
Vous avez été nommé au gouvernement au lendemain de la présidentielle de 2020 à laquelle vous étiez candidat. Comment justiîez-vous cette nomination et quelle est la mission qui vous a été assignée ? La crise électorale de 2020 avec son corolaire de violences a été une épreuve supplémen-taire pour les populations ivoi-riennes et pour tous les amis de notre pays. Au fur et à mesure que se met-taient en place les ingrédients de cette crise, j’ai volontaire-ment pris le parti d’une grille d’analyse à rebours des posi-tions convenues. Il fallait évi-ter au pays un nouveau conit avec son cortège de victimes. J’ai donc, envers et contre tous, déclaré ma candidature. Plus important encore, je l’ai mainte-nue vaille que vaille pour éviter à la Côte d’Ivoire le chaos. Ma position m’a, de facto, éloigné des stratégies des partis poli-tiques et de leurs calculs. C’est cette place accordée aux Ivoi-riens et à notre pays dans ma démarche analytique et dans mon agir politique qui a sans doute pesé dans le choix du Président de la République de me conïer le ministère de la Réconciliation nationale deve-nu, par la suite, ministère de la Réconciliation et de la Co-hésion nationale. Je lui en suis particulièrement reconnaissant et ma loyauté à son endroit sera inébranlable. Quant à ma mission, elle découle de la vision du Pré-sident de la République mise en œuvre dans la politique du gouvernement. Elle consiste, entre autres, à promouvoir et à mettre en œuvre des ac-tions de réconciliation et de cohésion nationale, à travail-ler à la consolidation de l’unité nationale, à lutter contre les injustices, l’exclusion et les inégalités ; à contribuer signiï-cativement à la réduction des conits et à faire la promotion de la démocratie. En un mot, ramener une paix durable et guérir la nation.
Quelle méthodologie avez– vous mise en place dans l’exécution de vos tâches ? Pour la conduite de cette mis-sion, mon équipe et moi avons envisagé trois phases. Le ministère est né dans un contexte de tensions où per-sonne ne semblait disposé à écouter l’autre. Il a donc fallu
ramener la conïance et cela nous a pris une bonne année. Cette phase est celle de la dé-crispation au cours de laquelle il a fallu lever les entraves à la réconciliation. La deuxième phase est la phase inclusive d’écoute et de dialogue qui permettra de recueillir les propositions des acteurs impliqués dans le pro-cessus de réconciliation et de cohésion nationale. Son ob-jectif est d’enrichir la feuille de route que nous a conïée le Chef de l’État par la prise en compte des attentes véritables de la classe politique, de la so-
de la nation.
Peut–on faire la réconcilia-tion sans la justice ? La justice est un des piliers de tout processus de récon-ciliation. Elle est l’assurance que les victimes ne seront pas abandonnées à leur sort. Han-nah Arendt ne disait-elle pas: «Le pire mal perpétré est celui qui est commis par personne». Par conséquent, l’absence de justice dans un processus comme le nôtre, c’est comme si on disait aux victimes qui souffrent dans leur âme et dans leur chair: circulez, y a rien à
de l’ordre </span>judiciaire. Dans certains cas, la justice est passée, même si selon les appartenances partisanes, on peut apprécier ou pas. Cepen-dant, dans l’immense majorité des cas, c’est la justice tran-sitionnelle qui a été choisie. Bien qu’elle porte sur le pas-sé, elle a un objectif prospec-tif puisqu’elle apaise les bles-sures, encourage le dialogue social et renforce l’État de droit. Idéalement, elle aborde les rai-sons sous-jacentes du conit telles que les inégalités et les discriminations, pour préve-nir le retour des violences et
Mon ambition est de mener à bien la noble vision du Président de la République, celle d’une Côte d’Ivoire réconciliée, solidaire et prospère. A cet effet, je dispose de moyens humains de qualité qui sont à la tâche et s’emploient chaque jour à aider à la consolidation du tissu social.
ciété civile ivoirienne et des dif-férentes communautés. La dernière phase est celle de la mise en œuvre concertée des propositions et des ac-cords. Ici, il s’agit de l’applica-tion pratique des propositions et recommandations issues du dialogue avec les forces vives
voir. Cela dit, on ne peut raisonna-blement faire le reproche au gouvernement ivoirien d’avoir ignoré la question de la justice. Notre pays, qui a accordé une large part à la justice transi-tionnelle, n’a pas pour autant élagué les <span> juridictions
construire une paix durable. D’ailleurs, selon la Conariv, plus de 4 000 victimes ont fait l’objet d’une réparation indi-viduelle, tandis que les répa-rations communautaires sont encore en cours. S’agissant de la lutte contre les inégalités et les discriminations,
il a été adjoint au ministère de la Réconciliation une mission supplémentaire concernant la cohésion nationale. En tout état de cause, dès son accession à la magistrature su-prême en 2011, SEM. Alassane Oouattara, Président de la Ré-publique, a entrepris de récon-cilier les ïlles et ïls de Côte d’Ivoire en mettant en place les conditions d’une paix durable, à travers divers mécanismes par-ticipant de la justice transition-nelle. Quatre piliers composent cette justice, à savoir le droit à la vérité, le droit à la justice, le droit à la réparation et le droit à la garantie de non-répétition. Ainsi mon département minis-tériel, s’appuyant sur les piliers de la justice transitionnelle, ne saurait envisager la réconci-liation sans la justice. Car le sentiment que justice a été rendue contribue à renforcer la conïance des citoyens dans les institutions.
Faut-il réaliser la réconcilia-PHOTO : VÉRONIQUE DADIÉ tion à tout prix ? Dans le cas ivoirien, par quelque bout qu’on prenne cette question, la réconcilia-tion est une nécessité absolue. D’abord, elle permet de poser un regard rétrospectif et sans concession sur nos errements collectifs. Ensuite, elle nous oblige à ne pas escamoter la question des victimes. Enïn, elle est l’occasion unique de tirer les enseignements qui per-mettront de bâtir une société paisible dans laquelle l’intérêt général et les droits du citoyen sont constamment protégés.
Réconcilier les Ivoiriens, n’est-ce pas un manteau trop lourd à porter pour vous ? C’est le Président de la Répu-blique qui m’a conïé cette res-ponsabilité et ce que les Ivoi-riens attendent du ministre de la Réconciliation et de la Cohé-sion nationale, c’est d’agir pour que notre pays retrouve la paix et la stabilité politique. Mon rôle n’est sûrement pas de faire éta-lage de mes états d’âme.
Avez-vous les moyens de votre ambition ? L’action publique se déploie, en général, en situation de ressources contraintes, car un pays jeune comme la Côte d’Ivoire a plusieurs priorités à traiter en même temps. A cet égard, dans la mesure du pos-sible, mes équipes et moi es-
sayons de combler le gap des ressources par l’imagination. Mon ambition est de mener à bien la noble vision du Pré-sident de la République, celle d’une Côte d’Ivoire réconciliée, solidaire et prospère. A cet effet, je dispose de moyens humains de qualité qui sont à la tâche et s’emploient chaque jour à aider à la conso-lidation du tissu social. En outre, les ressources ïnan-cières allouées en 2021 à mon département ministériel ont permis la mise en place des services et la réalisation d’ac-tivités.
Quels résultats avez-vous atteints ? En seulement une année de fonctionnement, il me semble prématuré de parler de résul-tats. Ce ministère est une créa-tion nouvelle dans l’architecture gouvernementale. Nous avons consacré l’essen-tiel de nos activités à le mettre en place et à peauïner notre méthodologie. Nous avons rencontré les acteurs les plus inuents et nous avons aussi commencé à établir un outil pratique de pilotage de la ré-conciliation et de la cohésion nationale : c’est la cartographie dynamique des conits et des foyers de tension. Il nous per-mettra d’être proactif et efïcace dans la prévention des conits. Ce qui est l’essence même de notre mission. En dépit de cette précaution de bon aloi, car on fait la paix dans la discrétion et l’humilité, les Ivoiriens peuvent être ïers de trois faits vécus et qu’on pourrait tenter de ne pas perce-voir tant ils semblent relever de l’évidence : sur le front des ten-sions internes, notre pays est en paix ; sur le plan politique, les élections législatives de mars 2020 se sont déroulées sans le moindre heurt. Enïn, la rencontre entre le Président de la République et son prédéces-seur reste un moment fort de la vie nationale. En tout état de cause, il semble difïcile de mesurer les résultats d’une politique de réconcilia-tion. Cependant, force est de constater que depuis la der-nière présidentielle, chacun peut observer une profonde accalmie dans le pays, les Ivoiriens se parlent à nouveau. C’est le résultat d’un travail. Le baromètre d’une politique de réconciliation, c’est l’at-mosphère ambiante qui règne
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents