Fraternité Matin n°17173 - du mardi 22 mars 2022
32 pages
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Fraternité Matin n°17173 - du mardi 22 mars 2022 , magazine presse

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 22 mars 2022
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Mardi 22 mars 2022 / N° 17 173 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orange.ci) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Musique Detty K,
l’Ivoirien qui fait
parler de lui
PHOTO : DR aux États-UnisP.10
Reportage/Leurs mères décédées à l’accouchement Ces nouveaux-nés abandonnés
à la maternité Pp. 2-3-4 Ils sont souvent tenus pour responsables PHOTO : JULIEN MONSAN de la mort de leurs génitrices et ainsi rejetés.
Promotion de l’alphabétisation
Dominique Ouattara appelle à
Politique d’urbanisation en Côte d’Ivoire
Touré Ahmed Bouah présente son
premier ouvrage à Koné Kafana l’intensification des actions P. 8 P. 9 Journées Partage d’expériences et de modèles P. 16 carrières à Tiassaléde réussite pour une meilleure insertion
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Reportage
Mardi 22 mars 2022
Pensionnaires à Marcory Orphelins au berceau, ces héros du sort
Parfois tenus pour responsables de la mort de leurs génitrices qui perdent la vie en leur donnant vie, les nouveaux-nés orphelins sont quelquefois livrés à eux-mêmes. Comment survivent-ils ? Quel sort leur est réservé ? Notre reportage au cœur de l’Ong Mission d’Amour. ercredi 16 mars. IlA chacun son petit nom est 9h. Dans la mi-ni-villa où nous nousPour garder l’ambiance corMy, l’ambiance est chaleu-survivre, la maman, respon-trouvons au groupe-d’une famille normale et ment foncier à Mar-heureuse de vivre ou de reuse. Marquée par des crissable de la Fondation inter-de joie d’enfants innocents.nationale Mission d’Amour Mais aussi quelques pleursdonne à chacun de « ses pour réclamer un peu plus» enfants, un petit nom. Un d’attention, mieux que lesnom qui généralement sied autres. Les bras ouverts, lescomme un gant, à celui qui le plus courageux accourent porte. Âgé de trois ans, tout vers leur « maman » pour menu et très calme, « Petit être chéris. D’autres, devant monsieur » se blotti toujours les « tanties » à la cuisine, sur la poitrine des visiteurs font de petits tours malicieux de passage. Histoire de col-pour être les premiers ser-ler à lui l’image d’un père ab-vis au petit-déjeuner. Pour sent de sa chaîne sociétale ces bout-de-chou, toutes actuelle. De teint clair, et un les femmes qui aident «leur peu taquin, « Sami », quatre maman» dans ses tâches ans, vit bien la phrase en al-quotidiennes sont des tantes lemand inscrite sur son tee-affectueusement appelées shirt : « Tant que je ne dors «tanties». Innocents, pro-pas, personne ne dort ». En pulsés dans un rude com-moins d’une heure il avait bat psycho-social, projetés trois fois de suite prétexté au cœur des conflits larvés avoir soif. Mais une fois l’eau ou ouverts des familles, ils servie, il portait à la bouche vivent au rythme du temps et le verre sans engorger une concrétisent l’idée des voies seule goutte. C’était juste Au berceau ou…(PHOTOS : JULIEN MONSAN) insondables de Dieu. Avec pour lui, une façon de capter eux, le hasard s’offre comme enfants dans cette situationplus parce qu’ils mettaientmoins compliquées. Le père dans ce centre depuis leurelle, al’attention. Blanche, le signe palpable d’une main particulière :« J’ai été témoin l’accent sur cette volontés’étant retrouvé pratique-naissance. Encore endormil’habitude une fois tous ses divine tendue. Assise au mi-d’un cas, où, après dix ans mortelle du père qui voulaitment seul dans la prise endans son berceau, un bout-frères et sœurs réunis, de lieu de la cour carrelée, ma-de mariage, le couple n’arri- coûte que coûte un enfant.charge des enfants et ne de-chou de huit mois, a étéréclamer le dos de maman, man Koné Lagnon Fidèle, vait pas à enfanter. L’homme Pour la belle-famille donc,s’étant pas remarié aussi- retrouvé dans la broussailleet susciter chaque fois chez première responsable de et la femme se sont soumis à c’était au père de garder cettôt, a choisi de les mettre àd’une banlieue d’Abidjan.ses frères, l’envie d’en faire l’Ong Mission d’Amour, ac-plusieurs consultations aussi enfant tant désiré. Elle trou-l’abri dans ce centre spécia-Ici, on le nomme Gazéka-autant. Pour les satisfaire, « cepte de parler de la vie de bien chez les naturo-théra- vait l’époux très égoïste aulisé. Il passe les voir à songnon, simplement parce qu’ilmaman » les porte deux à ces enfants dont l’histoire peutes qu’auprès des mé- point de conduire leur îlle àrythme et contribue parfois dégage l’expression d’unedeux : un au dos et l’autre interpelle les consciences et decins de l’hôpital classique. la mort. Et pendant deux ans,à leurs besoins jusqu’aupersonne qui sera physi-à l’épaule. Elle écoute leurs jour où il est revenu il y a quement forte et autoritaireplaintes souvent insensées quelques mois pour annon-à l’âge adulte. A bien prêteret répond gentiment aux cer qu’il pense avoir enfin l’oreille, sa respiration en-questions des autres, invite trouver une dame avec quicombrée est certainement parfois l’une des « tanties ou …Ils vivent au rythme du temps et concrétisent l’idée il compte refaire sa vie. Sidue au temps passé à l’air des maîtresses » pour les tout va bien, il envisage de libre dans la broussaille. amener à chanter ou dan-des voies insondables de Dieu. Avec eux, le hasard s’offre reprendre ses enfants admis
comme le signe palpable d’une main divine tendue.
invite plus d’un, à la néces-sité de construire un monde de paix, d’amour incondition-nel et de solidarité partagée. Koné Lagnon Fidèle sou-haite surtout garder l’anony-mat des bouts-de-chou, pour chaque pan de vie contée. C’est pour elle une façon de garder secret du grand public, les choses de la fa-mille. Cette grande famille qu’elle forme au sein de « la Fondation internationale Mis-sion d’Amour pour sauver les nouveaux-nés orphelins et lutter contre la mortalité ma-ternelle ». Elle ouvre son ré-cit par la vie de ce bébé dont l’exemple la conforte dans sa volonté de protéger les
Ils ont simulé les ovaires de la femme. Et Dieu merci, elle tombe enceinte. C’était important pour l’honneur du couple. Malheureusement, l’heure de l’accouchement ne leur a pas souri. La mère perd sa vie en donnant vie. Choqué au plus profond de lui, le père avait tout de suite marqué sa hargne. Il refusait de voir cet enfant par sentiment de culpabilité. Ajouté à cela, les reproches de la belle-famille le tenant plutôt lui, et non l’enfant, entièrement responsable de la mort de leur parente. De cet enfant, le père ne vou-lait plus en entendre parler. Les parents maternels non
c’était très difîcile pour ce père qui culpabilisait et se di-sait que s’il n’avait pas forcé les choses, sa femme serait encore en vie. C’était difîcile pour ce père, moralement déséquilibré au point où, pour lui, toutes les femmes s’appelaient Marguerite du nom de sa défunte épouse ». Dans la maison d’accueil de cette Ong, l’émotion est grande pour celui qui arrive pour la première fois dans ce centre spécialisé. Ici, la base pour l’admission est commune mais l’histoire de chaque enfant est particu-lière et toujours émouvante. Pour des jumeaux âgés de huit ans, les choses sont
…tout près d’elle, la présidente de l’Ong «Mission d’amour» garde un regard attentionné.
Mardi 22 mars 2022
ser. Histoire de les entretenir jusqu’à l’heure du déjeuner. Pour les préparer à l’édu-cation préscolaire, les soirs, ils seront conduits devant le tableau noir conçu sur une partie du mur de la salle à manger en vue d’apprendre à compter et lire les lettres de l’alphabet. A côté de cet es-pace réfectoire pour les plus grands, la salle de soins, elle, se distingue par le nombre impressionnant de boîtes de lait disposées sur la table et les registres soi-gneusement dressés, pour identifier les pensionnaires et assurer leur suivi médical. La deuxième table, plus pe-tite, réunit toutes les photos de leurs lieux de visite aussi bien à Abidjan qu’à la Ba-silique de Yamoussoukro. Pour la présidente de cette Ong du même nom que la Fondation Mission d’Amour qui la porte, tous ces gestes trouvent leur sens dans la volonté de construire chez les enfants, l’idée de se sentir aimés, guidés et pro-tégés. Il s’agit aussi de faire germer en eux, la volonté d’avoir des repères sociaux et de construire plus tard, un monde de paix, d’amour et de solidarité. Un monde différent de celui, truffé de valeurs culturelles décalées.
Reportage
Avoir quelques moments de joie dans un monde de paix, c’est important.
Pesanteurs culturelles décalées
L’exemple de cette jeune pensionnaire de 5 ans en dit long. Admise à la mai-son d’accueil de Mission d’Amour, depuis le berceau et le décès en couches de sa génitrice, elle y avait été accompagnée par son père, avec l’accord de tous ses
parents maternels et pater-nels. Pour eux, un enfant qui perd sa mère en couches serait forcément un enfant de malheur. Alors pas ques-tion de ramener à domicile un tel malheur au risque de l’étendre à d’autres membres de la famille. Certains pa-rents auraient même envisa-gé de la conduire à la mer ou en forêt pour la soumettre au
rituel du retour d’enfant indé-siré. Cinq ans donc que « la petite » vit dans cette maison d’accueil sans une seule vi-site d’un parent, à part celle des différents responsables de l’Ong et des nombreux vi-siteurs au grand cœur. Pour le plus âgé de ce centre, les choses ne sont pas si diffé-rentes. Seize ans qu’il vit dans ce pensionnat. Arrivé
au berceau après le décès en couches de sa mère, son père lui rendait régulière-ment visite. Il avait surtout besoin de trouver à son fils, sur le champ, une mère ai-mante et un environnement chaleureux. Il avait réguliè-rement fait acte de présence au centre, jusqu’à l’âge de quatre ans. Avant d’espacer ses visites. Et aujourd’hui,
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plus rien : aucune visite, au-cun coup de fil. En retour, sa ligne téléphonique semble avoir été interrompue. A la maison, les locataires ignorent sa nouvelle habita-tion. Inscrit à l’école depuis le préscolaire par la maman de la maison d’accueil, il est aujourd’hui admis en classe de seconde et fait la fierté de cette Ong où chaque jour se vit au rythme du passage des donateurs et d’un per-sonnel acquis à la cause. Ici, les dons en lingettes pour bébé, en vêtements, en médicaments de premières nécessités, en savonnettes ou trousses de bain sont toujours les bienvenus pour faire face aux besoins de la trentaine de pensionnaires âgés de huit mois à 16 ans. Comme tout enfant, il leur ar-rive d’exprimer leurs envies, de dire tout haut leur sou-hait de manger ce jour, un plat, pas forcément inscrit au menu.« S’ils nous disent au-jourd’hui qu’ils veulent man-ger du poulet et des frites, nous faisons l’effort de satis-faire au mieux leurs besoins »,signifie la présidente de la Fondation internationale Mission d’Amour pour qui la foi et l’amour inconditionnel restent les maîtres-mots de . son noble combat BRIGITTE GUIRATHE
• Koné Lagnon Fidèle, « la mère » des enfants sans mère ans un récit émouvant qu’elle tente d’embel-lir pour lui ôter son caractère effrayant, préDsidente de l’Ong Mission Koné Lagnon Fidèle, d’Amour, évoque les pre-miers moments de son com-bat. Entre le sourire d’espoir et les yeux larmoyants rem-plis de souvenirs doulou-reux, elle conte son histoire. Celle qui a boosté sa volonté de se lancer dans une mis-sion d’amour au service des nouveaux-nés dont la mère décède en couches et de lut-ter contre la mortalité mater-nelle. C’est aussi l’histoire de cette structure internationale créée le 22 décembre 2005. <div>« Tout est parti d’une histoire personnelle, d’un vécu personnel, d’une expé-rience personnelle », précise à l’entame la première res-Au nom de la sollidarité partagée, les enfants bénéficient également de plusieurs dons en nourriture et en médicaments.(PHOTOS : JULIEN MONSAN) ponsable de l’Ong Mission d’Amour, qui se souvient du fait savoir que ma voix inté- étaient déjà en danger. On comme si je me suis trompée m’a réconfortée en me disant tous désespérés étaient en jour où elle s’est retrouvée à rieure me demande de faire ne pouvait même pas faire de chambre, mais en réalité, Dieu est grand, tout va bien train de voir comment an-l’hôpital pour son troisième une échographie. Il m’a dit, de bilan préopératoire parce j’avais peur de me retrouver se passer. Après, j’ai enten- noncer la mauvaise nouvelle accouchement. C’était en tu n’arrives pas à respirer qu’il fallait rapidement rentrer dans ma chambre. Je suis du des questions du genre quand à un moment donné, 2005. Il y a donc 16 ans, re-et tu me parles d’échogra- au bloc opératoire. On m’a rentrée dans sa chambre, je où est-ce qu’elle est ? En j’ai éternué. Et là, les mé-late-t-elle:« Le travail pour phie. Mais dans tous les cas, demandé d’aller à la chambre me suis présentée et je lui fait, le personnel médical me decins ont joué leur va-tout. cet accouchement était très l’échographie devait se faire numéro 5 pour me préparer. ai donné les raisons de ma cherchait pour me conduire Je me souviens de la façon particulier en ce sens qu’à à l’hôpital et je peux dire que Quand on dit préparer, c’est présence à l’hôpital. Elle m’a au bloc. Et là-bas, j’ai don- dont ils se précipitaient pour chaque contraction, j’étouf-c’est cette échographie qui te raser, te porter la camisole dit qu’elle faisait une crise de né naissance à un garçon me donner des gies. En fait, fais. J’avais du mal à respi-m’a sauvée la vie parce qu’il et te mettre dans la chaise pré-éclampsie. Sa tension qui a aujourd’hui 16 ans. Et c’était l’une des techniques rer. Ce qui n’était pas normal. a été décelé un double circu- pour t’accompagner au était montée jusqu’à 20 et les pendant l’opération, j’ai fait efîcaces pour me ramener Pour les deux précédentes laire du cordon qui étranglait bloc opératoire. En partant médecins cherchaient à la deux arrêts cardiaques. Pour à la vie. A ces coups, je pre-grossesses, je n’avais pas déjà l’enfant. Et l’enfant fai- à la chambre 5, j’ai vu une stabiliser. Je lui ai fait savoir le premier, on a pu me rat- nais conscience au fur et à vécu cette expérience. J’ai sait les selles dans le liquide femme à la chambre 4 qui que moi-même j’ai été appe- traper quant au deuxième, mesure parce que j’avais donc interpellé mon époux amniotique. Ce qui veut était sous perfusion. Alors, lée pour qu’on me prépare à on était sûr que les carottes qui a demandé qu’on se dire que sa vie et la mienne je me suis dirigée vers elle, aller au bloc opératoire. Elle étaient cuites. Les médecins SUITE PAGE 4 rende à l’hôpital. Je lui ai
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