Fraternité Matin n°17450 - du jeudi 23 février 2023
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Fraternité Matin n°17450 - du jeudi 23 février 2023 , magazine presse

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 23 février 2023
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Jeudi 23 février 2023 / N° 17 450 www.fratmat.infoPrix: 300 Fcfa  Cedeao : 450 Fcfa  France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Secteur de la boulangerie
Une subvention de
2 milliards de FCfaannoncée P. 9
Revenu décent, élimination du travail des enfants, emploi des jeunes, protection sociale…
La Côte d’Ivoire, l’Allemagne
et l’Oit font le poinP.t2- 3
Le vice-Président Tiémoko Meyliet Koné a reçu,
hier, une délégation allemande et le directeur
général de l’Organisation internationale du travail.
Sécurisation du territoire
Téné Birahima Ouattara aux soldats: ‘‘ Nous devons rester vigilantsP.6
Promotion des start-up
Amadou Coulibaly invite les P. 9
acteurs techniques et Inanciers
à s’impliquer aux côtés de l’État PHOTO : PORO DAGNOGO
2
Politique
Amélioration des conditions de travail
Jeudi 23 février 2023
L’Allemagne, l’Oit et la Côte d’Ivoire pour un revenu décent aux producteurs
Le vice-Président Tiémoko Meyliet Koné a reçu, hier, des ministres allemands et le Dg de l’Organisation internationale du travail. aire en sorte que les pro-ducteurs de cacao, de café, d’hévéa puissent quFe poursuit l’Allemagne et mieux vivre de leur pro-duction. C’est l’objectif l’Organisation internationale du travail (Oit). Une déléga-tion s’est rendue, hier soir, au Palais présidentiel, au Pla-teau. Elle était conduite par la ministre fédérale du Déve-loppement, Svenja Schulze et comprenait son collègue en charge du Travail, Huber-tus Heil et le directeur géné-ral de l’Oit, Gilbert Houngbo. Ces personnalités ont été reçues en audience par le vice-Président Tiémoko Mey-liet Koné. Au terme d’un entretien qui a duré plus d’une 1h30, Gil-bert Houngbo a confié que le but de leur visite consistait à recueillir l’assentiment de la Côte d’Ivoire sur« la néces-sité de trouver un minimum de décence dans les reve-Le vice-Président en séance de travail avec ses invités.(PHOTOS: PORO DAGNOGO) nus payés aux producteurs de base. Le vice-Président; c’est une question de justicelemagne et la Côte d’Ivoire,s’agit pas essentiellement duet son pays sont liés par desla Côte d’Ivoire se renforce, le ministre de l’Emploi et de sociale ».afin de trouver le juste équi-café-cacao, mais plutôt devaleurs communes démocra-mais qu’il soit équitable, res-la Protection sociale, Adama Le directeur général de l’Oit, libre entre l’économique, lel’ensemble des chaînes detiques, celles relatives à lapectueux de la protection du Kamara et les conseillers développant cet aspect, a social et l’environnemental.valeur ou d’approvisionne-protection du climat, à la lutteclimat et surtout exempté du sont revenus sur l’impor-souligné que l’objectif prin-ment »,« Une partie de la discussion a-t-il expliqué.contre le travail des enfants.travail des enfants »,a-t-elle tance de garder à l’esprit la cipal de la mission est dea porté sur la production duLa ministre allemande Sven-« Nous tenons à préciser queaffirmé. part de ces revenus générés renforcer la coopérationcacao. Nous sommes tousja Schulze, pour sa part, anous voulons que le com-qui reviennent aux produc-KANATE MAMADOU entre son organisation, l’Al-tombés d’accord qu’il nesoutenu que l’État ivoirienmerce entre l’Allemagne et teurs de base. Pour nous,
La deuxième personnalité du pays échangeant avec un membre de la délégation. La ministre fédérale du Développement, Svenja Schulze (au micro), expliquant l’objet de leur présence aux journalistes.
Jeudi 23 février 2023
Politique
3
Travail décent, élimination du travail des enfants, emploi des jeunes, protection sociale... L’Oit fait le point avec les autorités ivoiriennes
Le nouveau directeur général de l’Organisation internationale du travail, Gilbert F. Houngbo, séjourne en Côte d’Ivoire depuis hier. Frédéric Lapeyre,
directeur pays de l’Oit pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo, en situe les enjeux, dans cet entretien.
Quel est le mandat réel de l’organisation centenaire qu’est l’Oit ? L’Organisation internationale du travail (Oit) est l’unique or-ganisation au sein du système des Nations unies qui réunit non seulement les représen-tants des gouvernements, mais aussi ceux des organisations représentatives d’employeurs et de travailleurs de 187 États membres. Elle a fêté ses 100 ans d’existence en 2019. Et depuis sa création, son man-dat est de promouvoir la justice sociale et un monde du travail meilleur, à travers l’établisse-ment de normes internatio-nales du travail, la promotion du dialogue social et l’appui à la formulation et à la mise œuvre de politiques visant à promouvoir le travail décent pour tous les hommes et les femmes dans le monde.
Pouvez-vous nous donner un exemple de normes in-ternationales du travail et de leur contribution à l’amélio-ration du monde du travail ? Ces normes, qui peuvent être des conventions, à caractère contraignant quand elles sont ratifiées par les Parlements nationaux, ou des recomman-dations, sont nombreuses et touchent tous les aspects du monde du travail mais parmi celles-ci il y a 10 conventions qui sont considérées comme fondamentales car elles concrétisent les principes et des droits fondamentaux au travail. Ces principes et droits portent sur la liberté syndicale et la reconnaissance effective du droit de négociation col-lective ; l’élimination de toute forme de travail forcé ou obli-gatoire ; l’abolition effective du travail des enfants ; l’élimi-nation de la discrimination en matière d’emploi et de profes-sion. Et depuis juin 2022, nous avons aussi le droit fondamen-tal à un environnement de tra-vail sûr et sain. Ces conven-tions sont contraignantes pour tous les États membres, même pour ceux qui ne les ont pas ra-tifiées. La Côte d’Ivoire, ayant ratifié les dix conventions fon-damentales, s’est engagée, au regard du droit international, à les transposer dans son droit et à s’y conformer.
Qui sont les membres de l’Oit en Côte d’Ivoire ? Les mandants tripartites de l’Oit en Côte d’Ivoire sont le gouvernement à travers le mi-nistère de l’Emploi et de la Pro-tection sociale comme minis-tère de tutelle, la Confédération générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci) et les or-ganisations de travailleurs (Les centrales syndicales – Ugtci, Cisl Dignité, Fesaci Cg, Unatrci et Humanisme) qui participent
donc à la gouvernance de notre organisation. Ils prennent part chaque année, en juin, à la Conférence internationale du Travail réunissant tous nos mandants.
Quelle est la vision du nouveau directeur, Gilbert Houngbo, pour l’Oit ?  Gilbert Houngbo, ancien Pre-mier ministre du Togo, secré-taire général adjoint du Pro-gramme des Nations unies pour le développement (Pnud) en Afrique subsaharienne et président du Fonds internatio-nal de développement agricole (Fida) est depuis octobre 2022 le directeur général de l’Oit. Il est le premier directeur géné-ral issu du continent africain depuis la création de l’organi-sation. La vision de Houngbo repose sur un élément central du pré-ambule de la Constitution de l’Oit: « Attendu qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale ». Les progrès accomplis ces dernières dé-cennies en matière de justice sociale doivent être préservés et accélérés, et les solutions mondiales aux nouveaux dé-fis et opportunités doivent être centrées sur les valeurs hu-maines, environnementales, économiques et sociétales. Pour lui, un nouveau contrat social mondial s’impose et pour cela il propose de bâtir une coalition mondiale pour la justice sociale. L’objectif géné-ral de la coalition proposée est de contribuer à la réduction et à la prévention des inégalités et de veiller à ce que la justice sociale soit une priorité dans
l’élaboration des politiques et des activités nationales et mondiales, dans la coopération au développement et dans les accords financiers, commer-ciaux et d’investissement.
Quels sont les autres grands thèmes au cœur du travail de l’Oit ? L’Oit aborde plusieurs autres priorités du monde du travail, notamment la promotion du travail décent dans les chaînes d’approvisionnement ; la mi-gration de travail et la protec-tion des travailleurs migrants ; l’extension de la protection sociale ; la formalisation de l’économie informelle ; le dia-logue social ; la lutte contre les discrimination et violences, no-tamment basées sur le genre ; l’élimination du travail des en-fants ; la sécurité et la santé au travail ; la mise en place d’un environnement approprié pour des Pme, créatrices d’emplois et la transition écologique juste.
Quel est l’objectif de la venue du Dg de l’Oit en Côte d’Ivoire cette semaine ? Le Dg Houngbo veut saisir l’opportunité de cette mission en Côte d’Ivoire qui a été pla-nifiée pour coïncider avec celle des ministres Hubertus Heil, ministre fédéral allemand du Travail et des Affaires sociales et madame Svenja Schulze, ministre fédérale allemande de la Coopération économique et du Développement, pour échanger avec les autorités nationales et les partenaires sociaux sur les bonnes pra-tiques et les priorités de la Côte d’Ivoire. Ce, dans le cadre de son Plan national de déve-
loppement et de sa Stratégie nationale Cacao durable qui visent à assurer une redistri-bution équitable des fruits de la croissance et à promouvoir un modèle de développement inclusif. A travers notamment des transformations produc-tives structurelles, la lutte pour l’élimination du travail des en-fants, un programme ambitieux d’emploi des jeunes et l’exten-sion de la couverture de pro-tection sociale. Dans ce cadre, la question de la promotion du travail décent dans les chaînes d’approvisionnement sera no-tamment discutée.
Quelle est la stratégie de l’Oit sur cette question ? La stratégie de l’Oit pour par-venir au travail décent dans les chaînes d’approvisionnement sera présentée au Conseil d’administration de l’Organi-sation en mars 2023. Mais ce qui est certain, c’est que l’ap-proche adoptée met fortement l’accent sur le renforcement de la capacité des mandants de l’Oit à parvenir à un travail décent dans les chaînes d’ap-provisionnement en adoptant une approche coordonnée et ambitieuse pour s’attaquer aux causes profondes des mauvaises conditions de tra-vail dans les chaînes d’appro-visionnement. Cela signifie combiner tous les moyens d’action de l’Oit (Normes inter-nationales du travail, Déclara-tion sur la politique sociale des entreprises multinationales, re-cherche, appui aux politiques, assistance technique et coo-pération pour le développe-ment) dans des programmes coordonnés pour remédier aux déficits de travail décent et assurer la cohérence des poli-tiques en faveur du travail dé-cent dans les chaînes d’appro-visionnement. Cette mission sera l’occasion de renouveler l’assurance du soutien de l’Oit aux efforts importants du gou-vernement dans sa politique d’extension de la couverture de protection sociale à travers la Cmu et le Rsti et d’élimination du travail des enfants.
Le Dg de l’Oit va se rendre à Agboville lors de sa mis-sion, pouvez-vous nous en dire plus ? Outre les rencontres officielles avec le vice-Président de la République de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné, maître Adama Kamara, ministre de l’Emploi et de la Protection so-ciale, le président de la Cgeci et les secrétaires généraux des cinq centrales syndicales, il se rendra à Agboville avec les deux ministres fédéraux al-lemands pour visiter une plan-tation de cacao et une coopé-rative afin de discuter avec les planteurs des problèmes qu’ils
rencontrent, en l’occurrence la question de la traçabilité, des causes profondes des déficits de travail décent et des ré-ponses qui y sont apportées. Ensuite, le Dg, aux côtés du ministre Adama Kamara, par-ticipera à un évènement de sensibilisation à l’initiative du Citef (le Comité intersyndical des travailleurs de l’économie informelle). Cet évènement réunit plus de 150 travailleurs de l’économie informelle et des coopératives agricoles pour leur enregistrement à la Cmu et au Rsti.
Il y a aussi un évènement prévu concernant les efforts nationaux pour l’élimination du travail des enfants ?En effet, une conférence de haut niveau sur le thème « Pro-mouvoir le travail décent dans les chaînes d’approvisionne-ment pour éliminer le travail des enfants en Côte d’Ivoire » se tiendra, le 24 février, à l’Es-pace Latrille. Elle est organisée par le Bureau pays de l’Oit, en collaboration avec le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, président du Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le tra-vail des enfants. Cet évène-ment, sous le haut patronage de madame Dominique Ouat-tara, Première dame de Côte d’Ivoire, présidente du Comité national de surveillance sur la traite, l’exploitation et le travail des enfants, sera l’occasion de présenter les modèles d’in-tervention innovants mis en œuvre par les institutions éta-tiques de Côte d’Ivoire, en col-laboration avec le secteur privé et les partenaires sociaux, pour agir sur les causes profondes du travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement et plus particulièrement celles qui résultent de déficit de tra-vail décent.
Quelles sont les actions concrètes que l’Oit mène en Côte d’Ivoire pour lutter contre le travail des en-fants? L’Oit apporte depuis longtemps un appui technique à la Côte d’Ivoire dans le cadre de l’éla-boration des cadres politiques et règlementaires qui per-mettent d’encadrer et d’orien-ter les efforts nationaux de lutte contre le travail des enfants. Ces interventions contribuent d’une part à la mise en œuvre du Plan d’action national sur l’élimination du travail des en-fants (2019-2023) et d’autre part à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de ca-cao durable adoptée en juillet 2022. Elles sont aussi alignées à l’Appel à l’action de Dur-ban adopté au terme de la 5e Conférence mondiale sur l’éli-mination du travail des enfants
qui s’est tenue en Afrique du Sud, en mai 2022. On peut no-ter aussi que l’Oit a contribué à la mise en place et à l’exten-sion du Système d’Observation et de Suivi du travail des en-fants (Sosteci) qui est un outil essentiel dans la lutte contre ce fléau du monde du travail. De récents appuis ont permis la mise en place de 36 comi-tés villageois Sosteci dédiés à la lutte contre le travail des enfants, dans les sous-préfec-tures de Grand-Zattry et M’Bat-to. Sur le volet de la promotion de la protection sociale en tant qu’instrument de réduction de la vulnérabilité face au travail des enfants, l’Oit a contribué aux côtés de la Cnam, à l’en-rôlement de plus de 5 000 producteurs de cacao à la couverture Maladie universelle (Cmu). Ces appuis ont, pour la plupart, été possibles grâce au projet de l’Oit intitulé Accel Afri-ca, financé par les Pays-Bas, à travers lequel de nombreuses bonnes pratiques nationales ont pu se développer.
Qu’en est-il de la mission de Soubré que vous venez d’entreprendre ? Je reviens juste de Soubré où, dans le cadre d’un parte-nariat stratégique entre l’Oit, l’Unicef et l’Oim, nous allons mettre en œuvre un projet très important intitulé: « Ensemble pour agir sur les causes pro-fondes du travail des enfants dans la Nawa » qui est finan-cé par l’Union européenne et la Suisse. Pendant deux jours, un intense et fructueux débat a pris place entre les autorités nationales et locales, les par-tenaires sociaux, les acteurs du secteur privé et ceux de la société civile, afin de mieux coordonner les interventions multiples sur le terrain pour l’élimination du travail des en-fants. L’objectif d’un tel projet est de développer une approche terri-toriale mobilisant les différents acteurs, pour s’attaquer en-semble aux facteurs structurels du travail des enfants (la pau-vreté, le manque de services et d’infrastructures de base, les besoins de renforcement des compétences, etc.), avec en vue la diffusion des bonnes pratiques dans les autres ré-gions. Il faut saluer ici le rôle de la Côte d’Ivoire au sein de l’Alliance 8.7 comme pays pionnier, à l’avant-garde des ef-forts pour le développement de nouvelles approches visant à atteindre l’objectif de dévelop-pement durable 8.7 concernant l’éradication du travail des en-fants, du travail forcé, de l’es-clavage moderne et de la traite d’êtres humains.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR GERMAINE BONI
4
P olitique
Jeudi 23 février 2023
Réconciliation et cohésion nationale KKB :‘‘ Nous demandons aux Ivoiriens d’accompagner le Président Ouattara par des comportements de tolérance ’’
Le ministre de la Réconciliation et de la Cohésion nationale était L’Invité des rédactions de Fraternité Matin. Il lance un appel à l’union autour du Président de la République. ’où vient-il que, depuis et chétif, mais aujourd’hui, il dez, vous aurez les résultats. quelque temps, des pète la forme. Il a tout repris. Très souvent, ceux qui tirent Ivoiriens, et cela fait Il n’y a rien de tel quand on les celles viennent d’ail-noDJe vais vous dire une chose, tre communauté qui est à chefs qu’ils doivent veiller sur un moment, causent est chez soi. Et cela a man- leurs, mais ils peuvent aussi beaucoup de torts à qué à beaucoup d’entre eux. être parmi nous. Je dis aux l’étranger?la sécurité dans leur localité,c’est une condence. Il y a un ambassadeur qui Aux premières heures des ils doivent être des modèles. m’a demandé à l’un de nos préparatifs du retour du pré- Mais s’ils passent leur temps meetings: «Petit frère, tout sident Laurent Gbagbo, j’ai à se battre, à se entredéchi-ce monde-là vit ici?» J’ai eu le privilège d’être un jour rer, comment les villageois répondu par l’afrmative. à un conseil présidentiel et vont leur faire conance? «Où les as-tu trouvés ?»... c’est là que j’ai mesuré la Nous sommes en train de Vous diplomates, faites en grandeur d’âme et d’esprit travailler pour que la cohé-sorte que les Ivoiriens n’aient du Président Alassane Ouat- sion règne dans le Grand pas peur de vous fréquenter. tara. Abidjan, sur l’ensemble du Faites en sorte de ne pas Moi qui venais de rejoindre territoire national et dans le conrmer les préjugés que son équipe il n’y avait pas monde de la chefferie. Les les gens véhiculent. Soyez encore deux semaines, il y questions de réparation sont les ambassadeurs de l’en- avait quelques réticences. Il une réalité. C’est pourquoi il semble des Ivoiriens. Quand a pris la parole ce jour-là et y a la direction des Répara-nous étions plus jeunes, à a dit la chose suivante : « Si tions qui est logée à la Ré-un moment donné, on avait j’avais eu la chance d’avoir conciliation nationale, mais commencé à avoir la culture des gens qui m’avaient re- ici, il ne s’agit pas réparation des nems. Tu veux inviter connu mes droits, on au- comme nous l’entendons. quelqu’un? Tu veux te faire rait pu éviter beaucoup de Nous faisons de la répara-(PHOTO : JOSÉPHINE KOUADIO) plaisir? Il n’y a pas deux choses. Devenu Président tion psychologique, nous as-coins, c’est d’aller manger de la République, ne comp- sistons les victimes, nous les des nems. Qui fabrique les tez pas sur moi pour ne pas encadrons, mais après, il y a sociaux, cela a commencé 2022, ce statut n’existe plus. : vous avez le Président, nems ? Quelle est la commu- reconnaître à Laurent Gba- un ministère dédié, celui de à baisser un peu en inten- Je vais au Togo et au Gha- comme un grand avion, qui nauté ivoirienne qui fabrique gbo les siens. C’est un an- la Solidarité. sité. Beaucoup de choses na. Je vais faire un dernier balaie et moi je fais le ratis-cela ? Ce sont les Vietna- cien Chef d’État et il a des sont en train de disparaître. ratissage pour voir pourquoi sage au sol. Quand il a dé-miens. Mais ils ont conquis le droits. Quand il vient, c’estLa Nation Et de plus en plus, je sens quelques-uns, malgré tout blayé en l’air et que je sens monde avec ça. le pavillon présidentiel…Je cette convivialité quand on ce qu’on leur donne comme qu’il n’y a plus d’obstacles, Pourquoi ne pouvons-nous lui donnerai tout ce dont il aC’est l’appréciation du ci-voyage. Ma première mis- gage, s’obstinent à rester là je suis au sol pour faire le pas conquérir le monde droit ». Quand mon tour detoyen que je suis. La nation, sion sur la France, j’ai pas- où ils sont. Si un Ivoirien est ratissage. Et les choses avec l’attiéké en étant en parole est arrivé, j’ai dit quec’est ce à quoi nous aspirons sé deux mois à l’organiser. allé au Togo durant la crise, se passent correctement. France, aux États-Unis ou en quand on a la chance d’avoirtous, c’est-à-dire conduire ce Il y avait plus de velléités de qu’il a épousé une Togolaise Croyez-moi, il n’y a plus de Chine ? Si on vit en parfaite un leader aussi éclairé, toutconglomérat de tribus, d’eth-boycott et d’atteintes phy- et qu’ils ont des enfants, il réfugiés. Quelques Ivoiriens, union et qu’on se considère ce qu’on nous demande,nies, y compris tous ceux siques qu’autre chose. Mais est possible qu’il soit établi pour des raisons qui leur comme Ivoirien partout où c’est de l’accompagner, de leque nous avons volontaire-en Allemagne où je vais la là-bas et qu’il ne trouve plus sont propres, ont décidé de nous sommes, nous pou- suivre sans réserve.ment accueillis chez nous et semaine prochaine, tout le nécessaire de revenir. Nous vivre ailleurs. Concernant le vons y arriver. Et comme nos <div>Si sur le continentqui vivent avec nous, dans monde, tous les Ivoiriens, avons des Togolais en Côte retour de Laurent Gbagbo frères à l’étranger exercent africain, on avait eu desune communauté de destin. toutes les tendances sont à d’Ivoire qui ne veulent plus et de Charles Blé Goudé, une inuence sur notre vie leaders aussi éclairés, nosLe jour où le Sénoufo sentira pied d’œuvre pour organiser retourner chez eux, y a-t-il un ce n’est pas mon commen-ici à Abidjan, nous pensons pays n’auraient jamais étéque le malheur du Bété est le mon arrivée. Ils n’ont plus crime à cela ? taire qui importe. Chaque qu’autant on parle de paix en crise. J’ai compris la vo-sien, que si le Bété pleure, il cette méance, cette peur, Si un Ivoirien, arrivé au Gha- Ivoirien doit faire le sien. Ce ici, il faut aussi en parler là- lonté du Président Ouattaradoit pleurer aussi; le jour où ces préjugés. Les gens com- na, parce qu’il parle français, que nous faisons, parce que bas. Ce sont eux-mêmes de conduire son peuple àle Baoulé sera convaincu mencent à se fréquenter. For- est engagé par structure et nous avons la chance d’être qui le disent. Ils envoient la paix, à la réconciliation.que son bonheur est égale-cément, cela a un impact sur payé à 2 000 000 de FCfa à ce poste, c’est de travailler de l’argent à leurs parents C’est pourquoi je demandement celui du Yacouba, que la cohésion, aussi bien là où par mois, pourquoi vou- à leur retour. Blé Goudé est ici, ils peuvent donc agir sur à chaque Ivoirien de lui em-quand le Yacouba est heu-ils vivent qu’en Côte d’Ivoire. lez-vous qu’il revienne en rentré, on s’est vu deux ou eux pour promouvoir la paix. boîter le pas, de l’accompa-reux, il doit l’être aussi, pour Je crois que sur ce point, il Côte d’Ivoire ? trois fois. Maintenant quand il Parce que c’est souvent de gner dans cette voie, par desne citer que ces quatre tribus, y a les retombées. Tous les Ce ne sont plus des réfugiés, m’appelle, il me dit : « Je suis là-bas que viennent les mots comportements de paix, dealors nous pourrons parler de ponts qu’on bâtit, les nance- ce sont des citoyens qui ont dans la Nawa, je suis dans le d’ordre. Ils sont derrière les tolérance, de réconciliation,nation. Une nation, ce n’est ments ne sont forcément pas choisi de s’établir ailleurs. Gontougo... ». boycotts. Et souvent, avant de cohésion.pas celle où, à l’occasion des d’ici, on les prend ailleurs. Nous avons parlé avec les L’ancien Président Gbagbo, même que les partis sur leélections, chacun peut dire à Qui va venir investir dans artistes qui sont encore hors on s’est vu à Yamoussoukro, plan local ne donnent desLes conflits qui divisent lel’autre: tu ne peux pas être un pays qui est en crise, qui du pays, la balle est mainte- je lui ai demandé une au-consignes, vous voyez déjàmilieu des chefscandidat ici mais là-bas. Tant n’attire personne? L’un dans nant dans mon camp. Nous dience pour lui présenter les des barricades partout parcequ’on est encore à ce stade l’autre, les efforts conjugués sommes en train de préparer vœux. Il m’a dit: «Mon ne-qu’elles sont venues d’ail- C’est une réalité. Nousdu discours, on n’est pas donnent les résultats que leur retour: Gadji Céli, Serge veu, je suis au village, quand leurs. Rien que pour cela, avons pris la question à bras-une nation. La nation, c’est nous avons sous nos yeux. Kassi et bien d’autres. je reviens». Je lui ai dit: « nous sommes dans l’obli- le-corps et nous y travaillons.la nalité, c’est le but. Nous C’est pour cela qu’il est im- Je n’irai pas plus loin jusqu’à Monsieur le Président, vous gation de nous assurer que Ce n’est pas facile. Dans cedevons tous nous battre pour portant, de mon point de vue, ce qu’ils soient sur le territoire avez l’air très en forme». Il tous les Ivoiriens, partout genre de situation, il faut tou-que nous ayons une nation. que personne ne soit laissé ivoirien. Ils ont dit leur volon- m’a répondu qu’il va bien. où ils se trouvent, sont au jours attendre la n pour seA Bouaké, il n’y a pas long-pour compte sur le chemin té de regagner le pays. On a Pourtant, quand il revenait même niveau d’information prononcer. Le réconciliateur,temps, un grand monsieur, de la réconciliation et de la échangé en frères, en amis. au pays, beaucoup parmi sur le processus de récon- on le voit à la n, c’est celuiYébouet Lazare, connu pour cohésion. Nous allons faire un dernier vous avait écrit: ‘’Gbagbo ci, ciliation et qu’ils y adhèrent. qui travaille sans magnéto-être le délégué du Pdci-Rda ratissage, s’il y a encore des Gbagbo ça’’. On n’est mieux Et que chacun, aussi bien en phone, sans caméra et quide Bouaké, voulait être le Les Ivoiriens réfugiésactions à mener pour faire que chez soi. Côte d’Ivoire qu’à l’étranger, parle peu. Vous m’avez vumaire de cette ville. Mais revenir ceux qui ont déci- J’ai un grand-frère qui oc-a des comportements de ré- vous-mêmes à Adjamé Bin-Bouaké est vaste : c’est Pourquoi des Ivoiriens sont dé de rester dans leur pays cupe un haut poste et qui conciliation, de cohésion, de gerville, c’est l’action. J’aiBotro, Bodokro et Diablo. encore à l’étranger alors adoptif, nous le ferons. était très malade. Tout le paix. Depuis quelque temps, reçu récemment les chefsLes gens se rassemblent, ils qu’ils ne sont plus des ré- Je vais essayer de résumer, monde avait annoncé sa quand je regarde les réseaux atchan à mon bureau. Atten-disent: «Non, va chez toi au fugiés ? Depuis le 30 juin de caricaturer les choses mort. Il est revenu déguré
Jeudi 23 février 2023
village. Tu es de Diabo, tu n’es pas de Bouaké.» Vrai ou faux ? Comment peut-on être alors étonné qu’un Koudou ou quelqu’un d’autre veuille être maire à Bouaké, si déjà entre eux les Yobouet, les Kouamé, on doit chercher le village des uns et des autres? Dans un tel contexte, com-ment peut-on parler de nation ? La nation, c’est une quête, c’est la nalité et nous devons faire en sorte que cela se réalise. Houphouët-Boigny avait tellement bien compris les choses que très tôt, il a pris le taureau par les cornes. Regardez comment il procé-dait à l’époque. Tu as eu ton entrée en 6e, tu as à peine 11 ou 12 ans; de Man, on t’envoie à Korhogo. Au lycée, quand tu arrives pour la pre-mière fois, tu découvres qu’il y a des Baoulé, des Yacouba et vous vivez ensemble, vous grandissez. A l’âge de 21ans, vous ne savez même pas si un tel est Yacouba ou pas. Houphouët avait son plan, son idée, il avait son objectif. Mais vous allez me dire, nous aussi, nous avons une faiblesse. C’est que quand le Baoulé, le Bété et le Yacouba s’asseyent, si ce n’est pas en français, ils ne peuvent pas communiquer. C’est avant qu’on nous ra-contait ces choses-là. On di-sait que la Côte d’Ivoire jouait contre le Sénégal en Coupe d’Afrique. Laurent Pokou et Manglé veulent se parler, le joueur sénégalais le sait et il reste à côté, puisque c’est en français qu’ils vont converser. Alors qu’eux, ils se parlent en wolof. Donc Manglé est obli-gé de dire au joueur sénéga-lais: «Quitte-là, je vais parler à mon frère». Ce sont autant d’éléments qu’il va falloir ras-sembler pour, un jour, aller à la nation. La nation, c’est
P olitique
Les journalistes des rédactions de Fraternité Matin ont animé le débat.(PHOTOS : JOSÉPHINE KOUADIO)
la responsabilité commune de chaque citoyen, jeune ou vieux. Ayons des attitudes qui nous conduisent vers cette nation dont nous rêvons tous, heureusement d’ailleurs.
Le rôle des jeunes et des femmes dans le processus de réconciliation
Le constat que nous faisons heureusement pour la Côte d’Ivoire et c’est pour cela que je suis conant, partout où il est question de paix, de réconciliation, de cohésion, les jeunes et les femmes sont plus nombreux que le reste du corps social. Cela veut dire que les jeunes ont compris que ce que nous faisons, c’est d’abord pour eux que nous le faisons. Cela veut dire que l’avenir est garanti. C’est pour cela qu’ils sont les plus nombreux à tous les rendez-vous de paix, de réconciliation et de cohésion. Ils n’attendent même pas qu’on leur donne
une place. Les femmes et les jeunes prennent leur place. Nous avons donc proposé des acteurs de paix sur l’en-semble du territoire, pour qu’ils sachent à qui on va dé-livrer des médailles de paix. A Duékoué, dans le Guémon, c’est une dame cheffe de village que nous avons pro-posée. Nous avons fait nos enquêtes. Quand j’en parle à Anne Ouloto, elle me dit : «Petit frère, vraiment tes services sont compétents». Quand j’en parle au préfet, tout le monde est unanime. Elle n’a pas attendu qu’on lui donne une place, cette dame. Elle est reconnue dans la ré-gion du Guémon comme une grande actrice de paix, de cohésion et de réconciliation. Les femmes et les jeunes at-tendent qu’on leur donne une place dans le processus de réconciliation. Ils ont compris que c’est dans leur intérêt que cela doit se faire. Ils ont pris toute leur place. Cela est réconfortant et nous fait rê-
ver. Nous sommes obligés d’arriver à la réconciliation et à la cohésion sociale. La Côte d’Ivoire de demain nous attend. Houphouët-Boigny l’a dit, chaque génération doit avoir le souci de léguer aux plus jeunes plus qu’elle n’a obte-nu de ses devanciers. Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Houphouët-Boi-gny nous ont laissé une Côte d’Ivoire prospère et solide. Nous devons nous poser la question de savoir quelle Côte d’Ivoire nous devons laisser aux plus jeunes. C’est notre responsabilité. C’est pourquoi je suis heureux de servir le Président Alassane Ouattara. Il a une grandeur de vue et il faut l’accompa-gner pour la Côte d’Ivoire de demain. J’ai sufsamment expliqué toute cette stratégie de co-hésion. J’ai en charge de mettre en œuvre la vision du gouvernement en matière de réconciliation nationale.
Les membres du cabinet du ministre de la Réconciliation étaient fortement représentés à cette tribune d’échanges.
L’affaire Guillaume Soro
 Guillaume Soro et moi avons fréquenté la même université. Nous n’avons pas toujours été ensemble parce qu’il y a eu le cas Fesci; ceux qui m’ont connu savent que je n’ai jamais été pour la Fesci. Aux premières heures des indépendances, nous n’étions pas bien nantis ni mieux logés en matière de cadres dans ce pays. Quand on parle de l’histoire des Dahoméens, beaucoup ne savent pas ce que c’est. Mais si on a été amené, à un moment donné, à les chasser, c’est parce qu’ils étaient nombreux ici. Que faisaient-ils chez nous? Ces Dahoméens, qui ont ensei-gné la plupart de nos cadres d’aujourd’hui, ainsi que les Sénégalais avaient une avance sur la Côte d’Ivoire. Quand Houphouët a choisi la communauté pour que des historiens fassent croire qu’on ne nous a pas octroyé l’indépendance parce qu’on n’a pas versé du sang, c’était une stratégie savamment pensée. C’est vrai nous voulions l’indépendance, mais quand on l’a, comment fait-on pour soigner nos ma-lades puisqu’on n’a pas de médecins? Comment on ac-quiert la connaissance pour devenir médecin, si ceux qui ont le savoir ne sont plus avec nous? Quand Hou-phouët-Boigny s’est ren-du compte que beaucoup d’Ivoiriens avaient acquis des connaissances pour s’occuper d’eux-mêmes, on a parlé, dans les années 1980, d’ «Ivoirisation de cadres». Ce sont des choses qui doivent servir de repères. Dans les années 1990, dans un pays où les autres ve-naient pour nous enseigner, on observe maintenant une tendance contraire. C’est ici que tous les pays d’Afrique venaient acqué-rir la connaissance. Quand nous sommes arrivé à l’uni-versité, il y avait une vague
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de Cap Verdiens qu’on avait déversée en Côte d’Ivoire, parce qu’ils ne savaient pas où aller pour étudier. Hou-phouët avait demandé qu’ils soient logés gratuitement à Yopougon, là où nous n’avions pas de place. Il y avait aussi des bus gratuite-ment pour les étudiants. Mais entre le nombre croissant d’étudiants, de bacheliers et les infrastruc-tures pour les accueillir qui n’avaient pas beaucoup évolué, il commençait à avoir une inadéquation, puis il y a eu des revendications sur des choses réelles. On était nombreux et il n’y avait pas beaucoup de bus. On demandait qu’il y en ait plus. Pourtant, on nous faisait casser un, deux ou trois bus, parce qu’on en re-vendiquait plus. Le peu de salles de classe qui existait, on y mettait le feu. A l’époque, quelques en-seignants qui arrivaient à l’université tels que Wodié, Gbagbo étaient privilégiés. Mais les autres étaient bri-més. On prenait plaisir à agresser les policiers. On leur arrachait leurs armes. Certains leur prenaient leurs bombes lacrymo-gènes pour les jeter sur eux. C’était devenu un jeu sur le campus. Résultat, on n’a eu pas ce qu’on a de-mandé, mais nos diplômes ont commencé à perdre de la valeur du fait des années blanches. Je ne pouvais adhérer à une telle mé-thode de lutte. Nous avons appris à nous connaître et à nous respec-ter. Soro Guillaume est un ami, un frère, tout comme Blé Goudé. Je leur ai dit: «Le hasard a voulu qu’on se retrouve en politique. Mais si nous voulons faire la politique, il faut la faire autrement. Faire en sorte que nous ne soyons pas des loups les uns pour les autres. Que l’on ne soit pas une source de frayeur pour le voisin, qu’on se respecte . dans nos différences»
RETRANSCRIPTION : GERMAIN GABO HERVÉ ADOU DRAMOUS YETI CASIMIR DJEZOU FAUSTIN EHOUMAN FATOU SYLLA CÉLESTE KOLIA EDOUARD KOUDOU MARIE-ANGE AKPA
SABINE KOUAKOU EMELINE PEHE AMANGOUA MELEDJE TRESORE FRANCK YEO
COORDINATION :
ETIENNE ABOUA
Demain la suite des échanges avec les journalistes
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