Niveau: Secondaire, Lycée, Terminale
1 Jean MAIRET LA SOPHONISBE ACTE I SCÈNE 1 SYPHAX, SOPHONISBE SYPHAX Quoi, perfide ! s'entendre avec mes ennemis ? Est-ce là cet amour que tu m'avais promis ? Est-ce là cette foi que tu m'avais donnée, Et le sacré respect qu'on doit à l'hyménée ? Ingrate Sophonisbe, as-tu si tôt perdu La mémoire du soin que Syphax t'a rendu ? Quelque inégalité qui soit entre nos âges, Parmi mille sujets de soupçons et d'ombrages Qu'un mari plus crédule eût pris à tout propos, Ai-je rien entrepris qui troublât ton repos ? As-tu pas toujours eu, comme reine absolue Toute la liberté que toi-même a voulue ? Cependant ton caprice, ennemi de mon bien, Trahit ingratement mon honneur et le tien. Tu sais que pour complaire à cette vieille haine Que ta race eut toujours pour la race romaine, J'ai quitté l'amitié de ce peuple puissant Par où je conservais mon État florissant. Sans tes mauvais conseils, à qui j'ai voulu plaire Et de qui ma ruine est le juste salaire, On ne me verrait pas détruit comme je suis, Ni l'esprit aveuglé d'un nuage d'ennuis ; J'aurais dessus le front ma couronne affermie, Car j'aurais Rome encore et la Fortune amie. Mais quoi ? m'ayant perdu de gloire et de bonheur, Il te restait encore à me perdre d'honneur ; Il te restait encore pour comble de malice À te lier d'amour avecque Massinisse.
- ton esprit discret
- mauvais conseils
- trait effronté de visible impudence
- amour
- feinte amour
- horreur de la foi conjugale
- syphax
- sens avec la honte
- ennemi