Ce récit poignant dresse un constat sans concession des dérives d'une certaine société musulmane, qui confond honneur et tradition. En pleine guerre civile, dans un Afghanistan (?) rongé par les rivalités de clans après la chute du communisme, une femme reste au chevet de son mari, mourant et inconscient, et se confie à lui. Elle lui avoue son amour et son ressentiment, lui raconte sa vie faite d'humiliations mais aussi de rencontres solaires, comme celle de son beau-père (un sage, moqué de tous) et de sa tante (une femme de "mauvaise vie", rejetée de sa famille). Au travers de ce monologue émouvant, c'est toute une société qui est décrite: les souffrances des femmes, humiliées dès leur plus jeune âge, mais aussi des hommes, trompés par leur volonté de sauvegarder à tout prix l'honneur de leur famille, de leur village, de leur peuple. Non, une Kalachnikov ne sauve aucun honneur, elle creuse la honte... Une œuvre exceptionnelle, remarquablement bien écrite, et d'une actualité brûlante: un cri d'alarme, mais qui l'entendra ?