Du bon usage des statistiques de l enseignement primaire aux XIXe et XXe siècles - article ; n°1 ; vol.29, pg 59-67
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Du bon usage des statistiques de l'enseignement primaire aux XIXe et XXe siècles - article ; n°1 ; vol.29, pg 59-67

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1986 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 59-67
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Jean-Noël Luc
Du bon usage des statistiques de l'enseignement primaire aux
XIXe et XXe siècles
In: Histoire de l'éducation, N. 29, 1986. pp. 59-67.
Citer ce document / Cite this document :
Luc Jean-Noël. Du bon usage des statistiques de l'enseignement primaire aux XIXe et XXe siècles. In: Histoire de l'éducation,
N. 29, 1986. pp. 59-67.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1986_num_29_1_1367BON USAGE DES STATISTIQUES DU
DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
A UX XIXe ET XXe SIÈCLES
par Jean-Noël LUC
Depuis une quinzaine d'années, les historiens et les sociologues
utilisent fréquemment les statistiques collectées sur l'enseignement
primaire à partir du début du siècle dernier. Plusieurs de ces travaux
apprécient différemment le processus de scolarisation, l'impact de
la législation nationale et celui des initiatives locales ; mais cette
diversité cache un point commun : tous, ou presque, interprètent
les statistiques officielles sans prendre en considération leur mode de
fabrication. Or, depuis les premières enquêtes régulières organisées
sous la Restauration, le système de collecte des données, le territoire
national de référence, le champ des investigations et, surtout, les
catégories d'élèves recensés ont plusieurs fois changé.
Si certains auteurs font allusion au caractère approximatif des
résultats ou à la disparité des modes de recensement, la plupart n'en
pipent mot. Les plus prudents (A. Prost, F. Mayeur.., pour s'en
tenir aux auteurs de travaux de synthèse) limitent leurs analyses aux
effectifs d'élèves, et leurs conclusions à des tendances générales
souvent suggestives. D'autres, plus audacieux ou moins informés,
cèdent à la tentation de raffiner. L'informatique aidant, ils consti
tuent des séries insolites, calculent pour toutes les époques
de prétendus taux de scolarisation, recourent aux tests de proba- Jean-Noël LUC 60
bilité et, forts de leur logistique, dressent le palmarès des départe
ments au point de pourcentage près (1) ...
Comment ne pas être séduit ? Le foisonnement des indices rassure,
le dégradé des cartes fascine, la nouveauté des conclusions impres
sionne. Hélas, le vers est dans le fruit : sous plusieurs résultats éton
nants, se cachent des comparaisons abusives, des séries incohérentes,
des valeurs erronées... Car le bon usage des statistiques de l'enseign
ement primaire exige de considérer, au préalable, tous les facteurs
susceptibles de déterminer la nature et l'authenticité des résultats (2).
Le système de collecte des données et la qualité des investigations.
Les enquêtes réalisées avant l'organisation de l'inspection primaire,
à partir de 1835, sont les moins satisfaisantes car l'administration
ne peut pas contrôler les déclarations des municipalités et des comités
de surveillance des écoles. La nomination des inspecteurs départ
ementaux puis leur implantation dans chaque arrondissement, en
1850, suppriment certaines causes d'erreurs sans résoudre tous les
problèmes. Jusqu'en 1859, par exemple, date de la diffusion syst
ématique mais dans les seules écoles publiques d'un registre
matricule adapté aux exigences de l'enquête, les effectifs d'élèves
sont souvent calculés à l'aide de documents incomplets ou imparf
aits. Enfin, et bien qu'il n'ait pas l'exclusivité des fautes et des
abus, l'enseignement privé demeure un facteur d'inexactitude per
manent dans la mesure où ses statistiques d'élèves reposent sur des
bases équivoques ou énigmatiques (élèves présents et dénombrés par
l'inspecteur le jour de sa visite, ou effectif déclaré par le chef d'éta
blissement..).
(1) L'exemple le plus récent - et le plus caricatural - de cette tendance
est fourni par l'article de R. Grew, J.P. Harrigan, J.B. Whitney, « La Scolarisation
en France, 1829-1906 », Annales ESC, janvier 1984, pp. 116-157. Voir notre
étude critique de ce travail dans « L'Illusion statistique », à paraître dans les
Annales ESC an 1986.
(2) Cet article résume certains chapitres d'un ouvrage paru en 1985 :
J.-N. Luc, La Statistique de l'enseignement primaire aux XIXe et XXe siècles,
politique et mode d'emploi, Paris, INRP-Economica, 244 p. On trouvera, dans
cet ouvrage, des explications complémentaires, les calculs permettant d'aboutir
aux résultats présentés ici et les références aux archives et aux sources imprimées
consultées. Un second volume (par A. Prost, F. Huguet, J.P. Briand, J.M. Cha-
poulie et J.-N. Luc) paraîtra en 1986 et présentera un annuaire rétrospectif
commenté des effectifs scolarisés depuis le XIXe siècle aux niveaux préélément
aire, élémentaire et primaire supérieur ainsi que dans les enseignements spécial
et technique. bon usage des statistiques 6 1 Du
D'autres facteurs, conjoncturels, peuvent aussi fausser les résultats
des investigations officielles : si l'on en croit les aveux des autorités
elles-mêmes, les enquêtes de 1846, 1850, 1861 et 1872 sont incomp
lètes ou défectueuses.
Les frontières mouvantes de la statistique des « écoles primaires » .
Au début du XIXe siècle, la notion d'école est encore floue, les
structures d'enseignement primaire sont protéiformes et les mailles
de l'enquête, plutôt lâches. Jusqu'aux années 1840, sinon après, une
partie des actes et des institutions scolaires échappe aux investiga
tions : la plupart des écoles clandestines ou temporaires et de nom
breux établissements privés, entre autres ceux qui sont réservés aux
filles. Les métamorphoses de la notion d'« écoles primaires » ajoutent
encore à la confusion : jusqu'au début de la Troisième République,
selon les époques et, sans doute, selon les habitudes des agents du
recensement les écoles primaires supérieures, les écoles de hameaux,
les classes élémentaires des établissements secondaires, les écoles des
hôpitaux, les ouvroirs et, plus largement, les pensions et les maisons
d'éducation de jeunes filles sont officiellement pris en compte ou
négligés par les enquêtes.
À partir de 1876, à l'initiative de la Commission Levasseur, la
statistique se resserre sur certaines écoles de l'ordre primaire admin
istrées par le ministère de l'Instruction publique : les écoles matern
elles (recensées à part) et les écoles primaires ordinaires, élément
aires et supérieures (y compris les écoles de hameaux). Les classes
élémentaires des établissements secondaires et les classes ou écoles
spécialisées, créées à partir de 1909, sont ultérieurement mais,
parfois, épisodiquement prises en considération.
D'après les variations du champ officiel de l'enquête et son orga
nisation réelle, on peut estimer les nombres d'écoles primaires et
d'enfants scolarisés inférieurs à la réalité dans la première moitié
du XIXe siècle, puis légèrement surestimés, jusqu'à la fin des années
1870, par le recensement des institutions secondaires déjeunes filles
et de certains ouvroirs.
Les variations du territoire national de référence.
De la Restauration à nos jours, l'extension ou la réduction du
territoire métropolitain renforce ou atténue artificiellement, dans trois Jean-Noël LUC 62
circonstances, l'évolution des effectifs nationaux des écoles primaires
et des élèves.
1860 : Rattachement de la Savoie et du Comté de Nice.
- Proportion des écoles des trois nouveaux départements dans l'ef
fectif national en 1863 : 2,5 %.
- Croissance du nombre d'écoles entre 1850 et 1863 : + 13,5 % à
partir des données brutes, + 10,6% à partir de données rapport
ées au même territoire, + 9,6 % à partir de rapportées
au même territoire et à l'année scolaire (1).
1871 : Perte de l'Alsace-Lorraine.
- Proportion des écoles d'Alsace -Lorraine dans l'effectif national :
+ 6,5% en 1866 ou en 1868-69 et + 1,7% en 1872.
- Estimation de la perte représentée par la réduction du territoire en
1871 :4,9%(2).
- Croissance du nombre d'écoles en

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